Que faire du monde ? Une carpe

La « Carpe Diem », vous connaissez ? Elle résulte de ce constat désabusé : Il est difficile en tant que particule élémentaire, micro-parcelle humaine, de combattre et résoudre l’enfer sur Terre :

ce manque néo-libéral flagrant d’intelligence collective qui caractérise notre formation historique, disons, plus cupide que la moyenne. Et qui aboutit à une succession inévitable de désastres écologiques. S’empilant en millefeuilles à effet papillon garanti.

Un constat en accord avec ce que de nombreux scientifiques décrivent depuis des années : le début de la sixième « extinction de masse » — non mentionnée dans le rapport du GIEC — et la première dont l’Homme est responsable. Mais aussi « la première qui pourrait être stoppée si nous agissons de manière décisive maintenant », note Mark Tercek, président de l’ONG Nature Conservancy.

Alors que fais-je ?

Je ne cuisine plus de viande, je trie mes déchets, y compris ceux de mon âme. Je classe comme je pense, je prends les transports en commun. Je n’en finis plus de me flageller sur l’autel d’une grande cause : la faute qu’il y aurait à être partie prenante, même minuscule, du suprématisme humain, de la veule arrogance des Puissants menant le Monde à sa perte au nom du profit immédiat. Pourtant, que cela est loin de moi…


Que faire d’autre ?

Ah oui, éviter l’avion, les poissons riches en mercure, tous les produits chimiques et agroalimentaires.

Éviter de devenir un produit, quand c’est gratuit sur le Net. Éviter de devenir son propre produit. Éviter de se répéter

Alors oui, une seule espèce perdure : La « Carpe Diem » de lac profond. Tendance Loch Ness, sauf que nous sommes ce monstre.

La carpe diem nageant dans son culte de l’instant. Celui dont il faut profiter avant le nez en moins.

Faute de pouvoir « agir pour sauver la planète ». L’instant à profiter tranquille, celui du philosophe, ce bonhomme jouisseur.

Cette Carpe diem n’est pas au détriment des siècles à venir. Et pourtant, si. Car le monde se fiche des siècles à venir. Comme de sa première chemise Big bangesque. Ce qui est aussi dommage qu’injuste…

Y a des réveils où les miroirs feraient mieux de réfléchir avant de renvoyer notre image ! Je me sens comme ce vieil éléphant asiatique. Mais il n’y a pas que la conscience d’être une espèce nuisible.

Il y a aussi le fait que je sens bien qu’on essaie de me faire vieillir. Mes pieds sont comme ceux du vénérable pachyderme par endroits. Si je ne m’enduis pas de crème, mes mains se momifient à petit feu. C’est sournois !

Je me console de l’impossible et du probable en utilisant ma sortie de 🚇 préférée, place Colette au Palais-Royal. Elle joue sur la forme des kiosques parisiens. Matériaux : boules de verre soufflé de Murano et plomb. L’artiste l’ayant conçu, Jean-Michel Othoniel, est de grande qualité, l’un de mes favoris. Il est exposé chez Perrotin (rue de Turenne) jusqu’au 8 juin…

En plus, côté orwellien, cela ne s’arrange pas. Regardez le futur en Chine. Et ces 250 drones de surveillance qui siffleront sur nos têtes parisiennes, en plus des caméras à chaque coin de rue. Mais cela ne dérange vraiment personne : le besoin de sécurité est le plus fort en ce monde inquiet. Et il grandit chez nos jeunes amis.

Ne prenons que le beau. Le beau retrouvé.

Ce matin-là, il était le Mont-Blanc. 
Son idéal blanc, au Mont-Joly
Blanc comme
Neige de soi
Crissant bien
Flottant dans sa combinaison rouge-bleu trop grande
Il glissait vers la noire du grand chamois à Megève

En skiant, il oubliait que la liberté est un lacet défait que l’on renoue sans fin

Il oubliait la médiocrité ronronnante du monde. Celle de la plupart des êtres, tournant à vide autour de la répétition de leur parcelle de vérité. Issue de leur encodage social, de leur insipide entresoi clanique et conversationnel. 
Oublier la difficulté à accoucher d’un semblant d’idée, malgré 30 phrases de caquetage périphérique autour de futilités. La futilité des gallinacés humains entendus dans les transports.

Tout cela l’oublier – sans oublier le reste de l’immonde médiocrité des faibles et des forts.

Cela était fastidieux. Difficulté persistante à ne plus s’en encombrer.


Ah c’est vrai ! On doit juste penser de telles choses… Pas les dire. Sous peine de friser la suspicion de condescendance. Et il faut parler et écrire simplement. Sinon, ça décroche…

Ce sénateur américain du Missouri ayant achevé ses deux mandats avant la retraite, rencontré avant-hier. Un monsieur si grand, distingué, d’une discrétion exquise. Ou d’une fausseté répugnante, on ne sait jamais trop avec les gens de cette espèce…

Il souriait avant-hier, au cours de notre échange autour de la citation de Coubertin en forme de consensus : « L’important, ce n’est pas de gagner, c’est de participer ». 


-« No! it’s to win! » Lâcha-t’il en un sourire carnassier de vieux lutteur politique . Mais gagner quoi ? Promener sa haute taille de patricien au bout d’une canne et d’un pardessus noir après tant d’années de pouvoir ?

Oh… Je sais que n’en sais rien. Nu ne suis rien.

Une fois de plus, se répétait-il, ne prendre que le beau.

Oublier du monde les ignonimies. Tout ce qui dérange ou arrange trop.

Variafiction riedelienne sur…
« Le voyageur au-dessus de la Mer de nuages ».

#parallelespotentiels#kaspardavidfriedrich#romantismeallemand#christopheriedel

Oublier de se souvenir

Evacuer le trop plein

observer (sans feindre d’être au-dessus de la mêlée). Mais le détachement souverain n’est-il pas le détachant de l’âme ?

Le white spirit du voyageur au-dessus de la mer de nuages ?

Une belle vue de dos ne me contredira pas

2 réflexions sur “Que faire du monde ? Une carpe

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