Le plus court voyage de ma vie (à l’occasion de l’ouverture de la ligne Paris-Funchal d’une autre compagnie, Aigle Azur). Et par ricochet mon plus beau cadeau d’anniversaire, car tombé pile ce jour-là. Je n’ai pas vu les baleines à fleur d’eau que l’on devine sur la photo de la seconde double page ci-dessous, j’ai essaimé l’île de bas en haut en 4/4 pour tout voir (pollu-honteux, mais content, une fois de plus), j’ai découvert avec plaisir les gens et la nourriture de cette succursale de l’âme portugaise, aussi chaleureuse que sur le continent, comme on désigne la-bas le Portugal. Certes un peu victime du tourisme de masse à Funchal où débarquent des flots de croisiéristes retraités qu’on immergera pas dans les cuves des caves de Madère, un liquoreux très bon sitôt sorti du bas de gamme auquel on le voue trop souvent en circuit de grande distribution.
Maiiiiiiiis Madera est totalement ouverte aussi aux nombreux randonneurs indépendants, notamment amoureux de sa Laurisilva proche des sommets : une forêt de lauriers et d’eucalyptus restée telle quelle depuis la préhistoire, milieu odorant et rare vous plongeant donc hors du temps… Sans oublier les secondes falaises en à-pic sur la mer les plus hautes du monde (477 mètres), d’où des points de vue incomparables vers lesquels on emmène le gadjo-touriste en Land Rover. A bord, praticité et parfum d’aventure. illusion de baroudeur en sortie de pot d’échappement, griserie de s’échapper… avant d’être rattrapé par les flots des flux.
Et un hôtel chic à Funchal, strorytellé sur les saisons de la vigne, et signé Ricardo Bofil : le Vine Hotel : « Each floor has a dominant color, inspired by the four different seasons of ripening grapes: the second floor is green, remember the spring on the third floor is purple, to remember the summer, the fourth floor is gray remember the winter the fifth floor is brown to remember the fall. »
Peopleries : Le footballeur Ronaldo, qui en est originaire, y a acheté après le succès une superbe – donc trop grande- maison pour sa mère… Autre natif célèbre, le magnat Luis Berardo, bien sûr devenu collectionneur d’art (une sorte de Pinaut portugais, donc) y sponsorise pas mal de choses. Mais c’est à Lisbonne, au Centro cultural de Belèm,
qu’est exposée une substantielle partie de son immense collection, à découvrir gratuitement, beaucoup de Portugais modestes du coup, y ont accès. Lui, au moins, ne fait pas payer sa collection comme Pinault quand il l’expose à Paris (à l’automne 2013) à la Conciergerie. Un accrochage sur le thème de l’enfermement, ça s’appelle » A Triple tour « , c’est encensé par les critiques flagorneurs, il y a tout ce qu’il faut de sommités vaines de l’art contemporain (Damien Hirst y expose un de ses placards à médicaments, que je déteste, même s’il fonctionne comme une métaphore d’une sociétét occidentale sous pharmacopées). Quelle cage dorée en tour d’ivoire, que celle de la Conciergerie ! Très chic toc…
Ce mien article parût dans Air Med, magazine de la compagnie éponyme… il est téléchargeable ici en pdf : My Madère