Encore nous ?
en corps ce temps qui nous (dé)noue ?
Me dis souvent en m’endormant
que chaque jour est une vie
le faisant défiler mentalement
à saute-mouton mémoriel
dans la laine d’une semi-conscience qui pique
Si chaque jour est une micro vie quasi infinie qui nie le fini…
je vous le dis, l’infini joue petit bras
Une vie entière,
arrondie à 50 ou 92 ans
est plénitude, insolent éphèmère durable infini d’un jour successif :
un seul jour de fin de printemps s’étirant de 5 à 23 heures est un petit infini fini
Et même novembre, tiens, décembre, ça joue les raccourcis diurnes
c’est un ruban déjà bien long
même si ce jour a une fin
on sait bien qu’après 18 250 (50 ans à la louche) ou 36 500 jours (plus ou moins 100 ans), la faim de vivre n’y est plus.
Pourquoi dit-on que la vie est courte ?
et un seul des 365 jours à 10, 20, 30, 40, 50, 61, 72, 83 ans ?
‘est pas déjà un long ruban attrape-mouches qu’il nous est donné de vivre ?
Est-elle si courte la vie ?
Il ment petit, l’infini
Cela étant dit en passant
That is what i tell.
Encore vous ?
La différence entre le papillon de 24 heures qui ignore son obsolescence programmée d’un jour (mission possible : 24 heures pour vivre) et la nôtre ? Nous savons que chaque jour luit comme brèche ténue dans la nuit. Donc, je suis infiniment grand petit dans les possibles d’un 13 octobre.
Pelléas est médisante ? Non, autre grosse contre-vérité. Non seulement la vie n’est pas courte mais une prodigieuse succession de vies, mais l’amour existe. Quand il dure plus de 3 X 365 jours/vie.
L’opéra, comme la pièce de Maeterlinck, est une transposition du mythe de Tristan et Yseult : deux jeunes gens sont irrésistiblement amoureux; leur amour est interdit par la présence d’un mari âgé et violemment jaloux et ne peut s’accomplir que dans la mort.
Pelléas est médisante ? Non. Debussy a déclaré : « J’ai voulu que l’action ne s’arrêtât jamais, qu’elle fût continue, ininterrompue. La mélodie est antilyrique. Elle est impuissante à traduire la mobilité des âmes et de la vie. Je n’ai jamais consenti à ce que ma musique brusquât ou retardât, par suite d’exigences techniques, le mouvement des sentiments et des passions de mes personnages. Elle s’efface dès qu’il convient qu’elle leur laisse l’entière liberté de leurs gestes, de leurs cris, de leur joie ou de leur douleur. »
De la vie antilyrique le fini est la mélodie/maladie :
C’est mon cadeau d’anniversaire.
Mon cadeau d’âme niée par l’air.
Braves petits soldats du réel.
88 milliards de corps, de 8 entrelacés,
de rats mourants amoureux se bécotant dans les parcs publics. et c’est comme ça que c’est bon.
comme un brame familial en forêt de Rambouillet
No end ! endless… Cela relève de l’intime conviction, certes. Mais aucun volontarisme ici.
« L’avenir de Monsieur est devant lui, et il l’aura dans le dos chaque fois qu’il fera demi-tour. »
Cet aphorisme de l’humoriste Pierre Dac serait incompréhensible pour un locuteur de l’Aymara, une langue sud-américaine, qui présente le seul cas connu d’inversion de la conception du temps par rapport à la nôtre.
Pour exprimer notre conception du temps, nous utilisons des métaphores spatiales. Dans toutes les langues connues, le passé est associé à l’arrière, et le futur à l’avant de la personne. Sauf dans la langue aymara, parlée dans une partie de la Bolivie, du Pérou et du Chili : associé à ce qui est connu par la vue, le passé est situé devant, tandis que le futur, inconnu, est derrière soi. Une enquête de terrain, qui a recoupé les mots et les gestes des locuteurs, a permis de confirmer qu’il s’agit bien d’une façon de penser inverse de la nôtre.
Comment décrire l’infiniment petit et l’infiniment grand en une seule et même théorie ? Pour les physiciens, la tâche consiste à concilier les deux grands piliers de la physique du XXe siècle, mécanique quantique et relativité générale.
L’une des solutions étudiées, la théorie de la gravité quantique à boucles, monte en puissance. Elle reste difficile à tester, au même titre que sa principale concurrente, la théorie des cordes sans linge.
Mais elle offre de nouvelles perspectives. En particulier, la conception de l’espace-temps qu’elle propose, radicalement différente de celle d’Einstein, permet une tout autre lecture des grandes énigmes de la cosmologie moderne. Elle va même jusqu’à faire disparaître le Big Bang. qui m’est toujours apparu comme une douteuse esbroufe tout juste digne de Terence Malick.
Feuilletez ces quelques pages de La Recherche sans temps perdu pour avoir un aperçu de ces thématiques à hauts hics…
Cela étant dit en passant,
J’adore l’iconographie de référence cosmique, dont le champ sémantique pourrait aussi bien s’appliquer à la dernière publicité pour quelque cosmétique à promesse dermique…
Ci-dessous : S’agit-il du descriptif des allégations de bénéfice santé de la crème aux molécules gloutonnes revivifiantes qui ré genère l’infiniment grand en vous ?
Laissons dans mon sac à rêveries le cabinet de curiosités cosmologiques, avec ses trous noirs et ses naines blanches, ses big bangs et ses soupes primordiales. Patience dans l’azur, ce sera pour une autre fois. Ce n’est d’ailleurs pas le temps qui manque: nous avons encore devant nous quelques millions (ou milliards?) d’années.
Il y a pourtant un échappatoire
Car on peut, tout à l’inverse, dénier d’emblée toute réalité à la zone hors champ des événements contemporains, au même titre que la zone future et la zone passé. Autrement dit, on peut vouloir traiter de façon symétrique la séparation spatiale (entre événements distants et déconnectés) et la séparation temporelle (passé, futur). Ce qui est ailleurs n’est pas, jusqu’à preuve du contraire.
On s’interdit ainsi de répandre le temps sur l’espace en invoquant une simultanéité globale (fût-elle relativisée); on restreint sa perspective au seul temps local, celui qui flue ici et maintenant. Cette décision débouche sur une position solipsiste tout aussi extravagante, mais tout aussi défendable, que la précédente. Alors le maintenant ne déborde pas de l’ici, et il n’y a de réel que le point de présent que j’occupe. Ce qui veut dire aussi: l’espace n’est rien. Il ne s’agit plus de dire que la configuration spatiale de l’univers à l’instant t est une chose relative, mais plus radicalement qu’il n’y a littéralement rien de tel.
L’espace est, pour de bon, défiguré, déconnecté de lui-même. Il n’y a de réel que l’ici-maintenant. Mais comme chacun (y compris des versions futures de moi-même) peut en dire autant et revendiquer avec autant de force la réalité de son présent local, la notion même de réalité risque de devenir inopérante.
Et si l’on veut éviter d’être reconduit aussitôt à l’espace-temps bloc où tout est donné, il faut renoncer une fois pour toute à donner une tenue à l’univers dans sa totalité. Il faut refuser de réunir les perspectives dans une vue globale. Cette décision a un prix.
On peut montrer qu’elle implique l’apparition, dans mon passé causal, d’événements qui auront été réels (puisqu’ils figureront dans mon passé, le moment venu) sans avoir pourtant jamais eu à faire partie de la réalité présente. Cela n’a rien d’étonnant si l’on se souvient que la réalité présente est désormais confinée au voisinage de mon ici, et que les conséquences d’un événement éloigné (que mon présent local ignore alors nécessairement) peuvent m’affecter à l’avenir (inscrivant du même coup, mais seulement après coup, le dit événement dans mon passé causal).
Le passé comme tel ne se contenterait donc pas de croître à mesure que le temps passe; il se renouvellerait en se chargeant progressivement d’existences rétrospectives, comme des signaux que l’avenir enverrait de loin en loin vers le passé, en enjambant le présent. Enjambez-moi en picorant une bonne chiffonnade de jambon blanc aux herbes, cela me fera le plus grand bien.
Ceci est mon 49 ième cadeau d’anniversaire