










Mais sais tu quoi ?
Je suis somme toute
Bien assez atomisé déjà
Un mix entre petits gars caillera
bourdonnant à mes oreilles
Un zeste de bourgeois du côté Ouest en sommeil
cultivant jusqu’à la putréfaction sur piedestal
L’entre-soi en blazer dix-neuviémiste de jeunes petits tas las
Point plus ne m’en faut : tous les mois
il me faut changer de ville pour oublier
les turpitudes des sillages tout tracés
Tenter en corps de transformer en contines ce qui
Bien souvent, ne vaut d’être conté qu’aux beaux jours printaniers
D’une conscience primesautière retrouvée
Bien sûr aussi dans le métro ces cohortes d’êtres apparemment aussi pré-formatés que leur habits
Et réconforts lolesques
Sortis d’un catalogue
de prêt-à-penser en 10 idées
Ca y est
Il est encore 22 heures
Revenu chez mon moi d’ici
j’entends des infos (radio
Car ne supportant plus les bobines
Télévisées des maîtres à (dé)penser)
Sous mes tropiques de l’autre côté
Quand il est 22 heures, on pense minuit
Et vice versa
Le conseil qu’on m’a pu donner à Maputo ?
Oublie ton ego, si pesant
Jette-le aux orties tous les soirs
Deviens ainsi une nouvelle machine désirante
Le lendemain sans fin
Je ne sais ce qui fut
Encore moins ce qui sera/encore/déjà
Je sais que l’inter génération de service pensera qu’elle sera
Comme je fus ce qu’elle fut et ce qu’elle sera
Comme je ne fus pas et ne pus penser tout à fait
Ce qu’elle sera
(Le Lubéron au mois d’août dans le meilleur des cas)
Je ne règle aucun compte, tous me règlent
M’étant toujours efforcé de faire de cette vie un conte
Ma foi…avec quelque succès (périssable mais certain)
Et moult palaces et découvertes géorandonnantes
Que 100 millions ne connaitront pas
Ni plus ni moins valable que ce que d’autres conteront
Il y aura encore des littérateurs prompts à de commerciaux ratages
consensuels
Comme ces relations de la résignation
Ces vies de couple qui ne sont qu’aimable prétexte
A continuer envers tout
De bon gré mal gré
Ce qui n’est déjà… pas si mal
Tandis que je vapote la vie
Qui me fut donnée
Qui fut don de moi
Et oubli
De soi
Tandis qu’on s’efforçait
De rechercher la soie
En soi
Of course mon premier jet dans le métro
Etait bien meilleur
Que ce qui ici advînt
Mas poco importo !
Mais peu importe
En regard
Du tentant…
Du diabète aux diables sucrés
qui maybe m’emporteront
A force de compenser par le sucré
Ce qui ne fut pas
assez
Ce qui pourtant le fut
Mais… jamais assez !
Flaine
Arraches y ta Fraisse
Skies y tel que tu penses devoir être
Soies y toi, sans bâtons
Il cesse enfin de pleuvoir en un 24 janvier après les bourrasques de dix-jours d’affilée
La douche par la gouttière juste devant ta porte
Le TGV vers les Alpes pour y échapper
La sortie raquettes annulée par le mauvais temps prévu encore aujourd’hui comme demain
Mais pas après demain
Si tu ne peux aller en raquettes jusqu’en haut de la montagne de service
Au moins tu iras t’ébrouer encore comme un jeune vieux chien fou dans la neige
Que j’espère drue et incessante
Mais le bleu de carte postale sera le lendemain au rendez-vous
Le Totem sera ton totem
De la tempête tu serais l’emblème
Avec encore du Mékong laotien de décembre et début janvier plein la tête
Flaine, la station en béton de Marcel Breuer, prendrait le relais du dixième fleuve du monde
Qui te permit sur lui de naviguer
Te mère te voyant arriver (le dimanche d’avant ce départ)
Te dit que tu lui rappelles son fils
En te précisant son âge
Elle t’appelle Moïse
Elle dit que tu es un ami de Jean, qui est passé ce matin
Jean, son compagnon d’infortune, te dit,
consulté pour la vraisemblance de ce détail
Qu’y a pas de Moïse qui vaille
Que Moïse n’existe pas
Seul indice : ce matin-là, votre maman a entendu la messe à la télé (elle n’est pas pratiquante pour autant)
Mais Moïse, celui-là, ne le sait pas
Une quarantaine de minutes de retard
a l8h39; arrivée a Bellegarde
Des cascades d’eau sous un tunnel précédant la gare
Le train est au ralenti, ruisselant
Deux managers causent coeur de business à la voiture bar :
« Quoi, tu comprends, dans les grands groupes, aucun manager ne veut prendre de décisions. Ils ne décident plus rien. Ils laissent faire leurs équipes, et quand il y a un clash avec l’un d’eux, disent : mais qui t’a demandé de faire ça ? Tu as pris un trop gros risque. « Bellegarde, prends garde à toi !
À mon retour de Flaine, station de béton volé au vent, qui est aussi l’un des 12 berceaux alpins du base
Jump français, un train de LGV franco suisse vole en 2018 à travers un lit de nuages « pour ceux qui ne renoncent à rien. » Message mégalo de campagne de comm.
Il m a fallu 53 ans pour ne renoncer à rien, sinon a une partie de l’idée de moi. 53 ans pour réapprendre à (m’)aimer, tout en me détestant parfois, comme nous tous.
Aujourd’hui j ai enfin fait de mon art de skier une danse. En glissant sur deux noires et une rouge, les bien nommées Méphisto et Faust, ainsi nommées par Marcel Breuer et son équipe, qui ont aussi donné à de nombreuses pistes et immeubles de la station de Flaine le nom de constellations d’étoiles.
J ai compris que les bâtons ne me servaient a rien. Les bâtons ne servent jamais à rien. Il faut onduler sans, ressentir le pente en s’équilibrant avec jambes et mains. Les bâtons sont des marqueurs humains de bipède assez beta, somme toute. Il faut retrouver l’animalité en descente glissante : juste être son corps sentant la pente. Juste être la pente descendant en soi. On pourrait presque fermer les yeux par séquences, ne les rouvrir qu’en cas d’instinct réagissant, pour mieux faire cela.
Le lendemain, quand le Diamant Noir, la plus inspirante des noires, a rouvert après un paquet de neige et d’avalanches déclenchées (aux boums spectaculaires qui retentissaient dans la fin de nuit douillette de ma chambre du Terminal Neige Totem, béton brut de décoffrage et mobilier superbement rétro), j’ai ondulé.
J’ai ondulé de haute en bas à corps joie
Deux fois j’ai ondulé dans le creuset central de la piste délicieusement abrupte.
Puis, revenu, j’ai opté pour le continent blanc du hors pistes. J’ai pris à droite en haut du télésiège me débarquant.
Mon corps était la pente
je ne faisais aucune erreur en la dévalant suavement
En multipliant les petits virages experts
Dans le merveilleux silence crissant
En sentant chaque bosse
chaque détail sous mon corps
en vibrant de freinage et d’accélération.
J’étais un elfe dansant
J’étais chaque mètre de la pente ressentie.
Il m’a fallu 53 ans pour descendre une belle noire avec les hanches, les épaules, les bras, les poignets, comme seuls marqueurs de direction. Plus besoin de plantés de bâton virils dans la neige. Stupide, en tout cas dispensables, les bâtons.
Comme pour cette mode de la marche nordique : il suffit d’agiter les bras pour scander, si l’on tient à du mouvement en haut du corps. Alors que la marche n’en a aucun besoin. Il s’agit juste… de marcher !
Mais le planté de bâton appuie, souligne le contact avec la terre-mère, peut-être. Cela fait du bien à la plupart des gens, dirait-on.
Mon niveau (ou plutôt ma vélocité, vitesse, certainement pas le niveau, ajouta ma fille Lou), égalait ou dépassait celui d’un troupeau de chasseurs alpins à blouson blanc et pantalon treillis kaki. Un troupeau « divisé en deux groupes très inégaux », commente l’un de leurs deux meneurs. Je skiais au moins aussi vite qu’eux, mieux que la vanité de celui qui dit cela.
Grâce à mon enfance dans les 70’ qui m’envoya sur les planches pour la première fois vers 10 ans, grâce aux colonies de vacances des Fauvettes, grâce à ma maman enseignante qui se saignait pour pouvoir m’y envoyer. Apprentissage qui m’apprit à skier tôt, de sorte que cela s’imprégna une fois pour toutes, comme on fait du vélo.
A Flaine, avec 4m 20 en haut des pistes en cette fin janvier, j ai dansé en yogi mobile, ponctuant sans bâtons mes tournants de mouvements de mains, de hanches et
d’épaules.
De déroulés de mon être en fusion pure avec la pente.
Ah, si j avais si bien dansé ma vie, je n’en serais pas là ! Mais en fait, si. Je serai là.
Je suis la pente naturelle, je me fonds dans le drôle de paysage urbain de la station en redescendant vers Flaine Forum, vers l’immeuble Bételgeuse (1968), l’hôtel Gradins Gris, incorporé à l’hôtel le Totem.
Avec mes bras, je décris ensuite les angles insolites de la Chapelle oecuménique (sans signes extérieurs de religion afin de pouvoir accueillir toutes les monothéiques) classée aux Monuments historiques.
Je me confonds vers 1968 en 2018. Je glisse, en moi comme en dehors, le long de la pente intérieure de cinquante ans écoulés. Le temps coule en moi comme moi sur lui. La descente remontée est rapide…
J’épouse chaque courbe de la pente et chaque angle du bâti de béton de l’équipe des constructeurs s’imprègne dans ma rétine.
Le soir, Je visite et tâte les six cheminées de béton de Marcel Breuer dans la station. Des pièces uniques, superbes, dont j’aspire la chaleur, puis les tisons refroidissants, en seconde partie de soirée, de celle qui est dans le salon de l’hôtel Totem.
Je suis une bulle, mille bulles (ou flocons)
Se disséminant aux quatre vents. Dans chacune de ces bulles, un mot écrit, une phrase, des milliers de phrases (un livre) écrites durant la veille, en lisière de tous les sommeils, au bord de tous les vivants.
Autant de bulles contiennent les mots non dits. Des non mots, des pensées non restituées, les embryons des textes qui furent, comme ceux qui ne furent que des furets dans la forêt des mots.
Aucun des mots que les rêves (et les réunions) ont formulés. Les introductions qui ne débouchèrent sur rien. Plutôt que l’habituel trop plein de tout, les digressions abandonnées (par aquoibonisme ou passage au moment d’après, à autre chose).
Toutes les bulles non procrastinées. Contenant de vrais morceaux de phrases et d’abouti.
Ces bulles éclatent d’égale façon dans quelque ciel. Les bulles de toutes les pensées et consciences. Les œuvres abouties. Les bulles plutôt que rien.
Pourquoi y a t’il les bulles plutôt que rien ? Parce que la bibliothèque des bulles et flocons les archive toutes, en haut de la piste du Diamant Noir sans nom, à Flaine.
Bon okay je vais jeter mon égo chaque soir et faire des bulles avec des pensées neuves.
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