Aperçus d’étapes d’un voyage sur un bateau à propulsion hybride flambant neuf. Devenu un paquebot-baleine long de 2546 kilomètres. Ce voyage commença à Funchal, capitale de Madeira, s’étira durant 36 heures de mer vers les Açores, où l’on visita quelques îles. Chaque nuit nous emportant d’une île à l’autre, bercés par la houle.Après 8 jours de Mer… Je ne sais pas si ça vous arrive aussi. Une fois revenu, je continue à tanguer sitôt que je m’assois, ressens comme un flottement, un ballottement permanent. L’immobilité tangue, c’est le mal de terre, venant après celui de mer, paraît-il. Étrange sensation, pas désagréable, si l’on n’est pas sujet au vertige intérieur. Le lendemain, c’est déjà presque fini…
Reste un sentiment de mer mêlé à l’écume du souvenir naissant. Un ressac. Cette mer qu’on voyait défiler de la baie vitrée de sa cabine. Une sorte d’image- mouvement sans fin, un plan séquence d’image-mer qu’on retrouvait à chaque étage, s’animant dans les fenêtres rectangulaires aux bords argentés, dorés par le soleil, le long des tables du restaurant, des salles, des salons. Leur forme me rappelait celle de diapositives. Les alignements des baies vitrées en quadrilatère formaient à mes yeux une sorte de « planche- contact », comme celles utilisées par les photographes pendant l’ère argentique du tirage et du développement. Un développement tant chimique que mémoriel, par extension des possibles. Des temps argentiques, une traversée entre rêve et tangage que le souvenir se chargeait de dorer…
Une planche contact d’instants ballotés appliqués à une mer qui défilait dans la douce illusion d’une absence de fin. Sur fond de » droit à la déconnexion » retrouvé en bonus inattendu. En Mer, plus de réseau. Sauf le redoutable « réseau satellitaire mondial » offrant des services à un milliard la minute…Les étapes d’un voyage devenu un paquebot-baleine sont inscrites dans ses flancs. Au moins sur ce mien dessin…Détail des étapes.Une vision digne de l’univers pictural du peintre Edward Hopper, non ? Un salon du navire et ses fenêtres-diapos…
La houle sans fin, des creux de quatre mètres annoncés pour les premières nuits par le commandant Neto. Ce roulis berçait, il donnait du piment au mouvement lancinant de la mer oscillant sous nos pieds. Un tempo, un pouls d’intériorisation de la houle dans nos corps se jouait…Santa Maria, chute d’eau en baie de Sao LourençoArc-en-ciel de nos rêves du monde… Il dura une minute After the rain à l’arrivée en la baie de Sao Lourenço, Santa Maria. Un passager vidéaste croisé durant ma promenade du matin sur le septième pont a juste eu le temps de le filmer, on s’amuse de l’avoir tous deux aperçu…Ma sortie baleines entre Faial et Pico, l’île-volcan. J’en revins bredouille, ni baleine ni dauphin entrevus, inutilement secoué comme un prunier par le roulis d’un zodiaque au pilote attaquant la vague avec la fougue de la…Terrain vague en chantier à Horta, île de FaialArrivée à Sao Lourenço, Santa Maria. La sortie en zodiaque exploratoire vers la côte fut bien agréable. Un dernier goût de petite aventure. Comme en Antarctique ou au grand Nord, où l’on débarque toujours ainsi, rappelait notre guide Marianne.Un Imperio, édicule religieux de rites cérémoniels et nombreuses fêtes de saints, à Faial. Les saints sont nombreux aux Açores, où les Mysterios, ces mystères des éruptions volcaniques ont fourni prétexte en d’autres temps à interprétation religieuse.Ce site était si beau. À Biscoitos, un site de biscottes volcaniques croustillantes sur l’île de Terceira. Ce puissant ventre de lave maritime l’avala tout cru en idée. Peut-être était-ce la meilleure chose qui puisse lui arriver. Car son ventre devenait une baleine nocturne en proie à un ressac délicat. Celui de fâcheux ganglions au développement suspect. D’autres formes noirâtres, pas si loin en imagination de ces roches noires qualifiées de biscottes…Le poste de pilotage du World explorerJ’adore ce genre d’autels volcaniques en crête, sur un rocher de la baie de São Lourenço, purs produits du hasard, un peu voués à d’inexistantes divinités…Le ferry de la liaison inter-îles Faial-Pico. Le haut du Pic en arrière-plan de l’île- volcan se dérobe toujours : il a l’art de ne pas tout révéler. De n’être pas tout à fait avalable par le regard.Une pensée pour le chanteur belge Arno, qui disparut ce même weekend qui nous vit arriver puis repartir de Santa Maria un dimanche matin…Un écran de la salle de pilotage donne vue du septième pont.Composition à l’envers…Angra do heroísmo, ville au patrimoine baroque portugais classé UNESCO
Le carnet de bord de Colette J’ajoute à cet album des croquis de Colette, dite Coco, une co-voyageuse à bord du World explorer affrété par la Compagnie de croisières Rivages du monde. Cette dessinatrice passionnée de carnets de bord fut de la même sortie en zodiaque que moi, à Santa Maria, puis partagea à notre retour ses premières esquisses, qu’elle retravaillera. Son trait sait romançer si bien notre équipée. Avec la qualité de suggestion d’un roman graphique économe en mots…
L’homme au manteau et chaussures de cuir jaune canari (en case sous celle de la mise à l’eau d’un canot) et autres éphémères amis de bord… Il s’avère que cet homme est l’auteur dune quarantaine d’ouvrages autour de la recherche du bien-être, de la reconstruction de soi et autres variations sur la résilience (Fabrice Midal).
Je découvre le film de notre semaine, réalisé par le vidéaste du bateau, toujours élégant, un gars qui vit près d’Aix. La musique est vraiment trop flon-flon pour moi. :). Les effets de drone sont un plus. Je devrais me mettre au drone, tiens, j’aime trop ce point de vue en surélévation et redescente, comme celle d’un rêve… Ou celle d’un dessinateur, carnettiste. La liberté des points de vue : Vu du ciel, vu du bout d’une chaussure ou d’une chaussée… https://youtube.com/watch?v=5OemzqoW1T0&feature=share
2 réflexions sur “Impressions sur un paquebot-baleine aux Açores”
Merci pour ces récits-voyages poétiques, au doux flon flon des vagues (quand elles ne bousculent pas trop) dans cette quête aux cachalots, baleines et dauphins. La piscine d’eau sulfureuse, qui sans l’odeur, a tout du paradis, l’humour du sac et de la pomme, Le petit tableau Hopperien, l’arc-en-ciel fugace capté par votre œil affûté d’auteur dénicheur-voyageur, les clins d’œil futés aux consorts Hermann Melville, Stevenson, Fabrice Midal, les croquis, les nuages Chantilly, les biscottes volcaniques croustillantes… Autant de délices dont on se délecte au fil de la lecture et de l’eau.
Merci pour ces récits-voyages poétiques, au doux flon flon des vagues (quand elles ne bousculent pas trop) dans cette quête aux cachalots, baleines et dauphins. La piscine d’eau sulfureuse, qui sans l’odeur, a tout du paradis, l’humour du sac et de la pomme, Le petit tableau Hopperien, l’arc-en-ciel fugace capté par votre œil affûté d’auteur dénicheur-voyageur, les clins d’œil futés aux consorts Hermann Melville, Stevenson, Fabrice Midal, les croquis, les nuages Chantilly, les biscottes volcaniques croustillantes… Autant de délices dont on se délecte au fil de la lecture et de l’eau.
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Merci infiniment pour ce commentaire, ce chemin de traverse d’une plume avisée… comme l’anticyclone que l’on sait.
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