Cet Airbus 220 tout neuf
baptisait avec moi
la piste de Lisboa
Après les grumeaux nuageux de la nébuleuse et blanchâtre
masse nuageuse en France,
Une transition mer Montagne
en Espagne m’avait déjà fait rentrer dans
un bleu de ciel
un bleu de mer
transcendant de bas en haut
son écume vers
La crête neigeuse de
montagnes en arrière-plan
Des éléments déjà présents
dans ma tête depuis 4 jours. Ca remonta à la surface…
Bleu ciel puis bleu nuit
Je replongeais en fait
dans l’absolu de bleu profond. Un Bleu qui luit. Le profond bleu de Prusse à intensité variable des toiles de cette femme, Johanna Perret, exposant dans le Marais parisien ici. Jusqu’au 3/4/22.



Un plein d’ardoise, aussi
L’artiste a fait venir des « traînes » de pierriers de ses montagnes à elle, en Haute-Savoie
Elle les a égrèné dans la galerie
Elles y renaissent de partout
Y en a une qui coule incongrument
Juste derrière la porte d’entrée
J’en ai pris conscience seulement en sortant, cette surprise était bonne…
Ce sont
400 kilos en blocs d’ardoise glanés à L’Argentière, à côté d’Avoriaz
ils sont bien loin de leur carrière
Certains ont pris une touche d’oxydation rouille
Ça sinue de partout dans la galerie en longueur
Formant des colliers
Des serpents d’ardoise
Au pied des monts alpins

Ces monts visibles dans ses tableaux usant la technique léonardienne du sfumato
Des glacis de bleu y prédominent
Puis l’on voit les monts qui transparaissent en filigrane, des révélations progressives
(un peu comme un Polaroid séchant)
Des monts diaphanes
Engouffrés de bleu de Prusse :
un puissant narcotique chromatique
Bleu de Prusse, nuit de ces ciels s’eclarcissant
Sur le fil de notre conversation, des chemins de crête associant les idées
Elle dit
Qu’apparaît aussi dans certains de ces ciels (via des nuances de rose ou d’orange décelables en second regard) quelque chose restituant plus que l’idée de la pollution de la vallée de l’Arve.



Cette vallée qui est la sienne
Cette pollution qu’elle voit de chez elle ou en randonnant, parfois
S’aventurant parfois sur de glissants pierriers, des éboulis
comme j’aime à le faire aussi
Nous nous amusons de cette coïncidence
Aboulez, éboulis !
Y a rien de plus traître que de se frayer une voie après la pluie
sur un de ces pierriers
Aussi beaux qu’une oeuvre de Land Art, mais en mieux car issus d’un puissant hasard répétitif,
En gros, un pierrier
Est une avalanche de pierres sur 200 mètres de pente raide
C’est amusant à gravir et à descendre
Le cabri que je suis
Parfois le fit
C’est limite trop dangereux
Et on aime cette mise en risque…
Johanna l’apprécie aussi
Mine de rien
Mine d’ardoise
Bleu d’absolu montagneux
Vous verrez que le tryptique au fond de la galerie
est à ce propos
bien « mys-terre/yeux«
Vous rentrerez dans la montagne
Et saurez un peu au passage de la pollution qui guette derrière la beauté de ses toiles
Bref, cette installation in situ vous a un complément de sens quand on sait d’où l’artiste vient :
Les Alpes, la ville jadis minière
et industrieuse de Cluses
que je connais aussi, peu importe Ce n’est pas essentiel de le savoir, mais cette topographie me séduit
La d’où l’on vient
Se produit aussi de l’essentiel
PS : Elle a d’ailleurs cofondé un lieu d’art à Cluses, Chemin des Cimes, je crois. Quelque chose comme ça
Tout un programme à découvrir
Chemin des yeux faisant… Ici une vidéo expliquant technique et démarche de l’artiste


loucartergallery.com – Jusqu’au 2/4/22
Chez Lou Carter
Seconde adresse, celle du 43 rue de Montmorency, du mercredi au samedi 14/19 heures
Arts et Métiers 🚇 ou Rambuteau 🚇