Tchéquie: l’Épopée Slave du peintre Alfons Mucha en Moravie du Sud. Il deviendra célèbre à Montmartre…

Pour 5 ans, l’Épopée slave en 20 toiles géantes du célèbre peintre Art Nouveau Alfons Mucha (qui vécut à Montmartre et devint célèbre en France) est visible dans un joli petit château de Moravie du Sud, sa région d’origine. Bel univers pictural dans une jolie région collinaire viticole. C’est la plus méridionale de République Tchèque, pas loin de la frontière avec l’Autriche.

Un bon plein de découvertes en cette Moravie méridionale, de la capitale régionale, Brno, seconde ville du pays, en passant par Olomouc et Mikulov, perles baroques. Ou Zlin, cité fonctionnaliste à la sauce « brutaliste coco pur jus », jadis empire de la chaussure Bata…

Nous partons précisément voir Mucha dans le château de Moravsky Krumlov

Pour 5 ans, l’Épopée slave du célèbre peintre tchèque Art Nouveau Alfons Mucha – qui vécut aussi à Montmartre et devint célèbre en France – a repris ses quartiers en Moravie du Sud, sa région d’origine : la plus méridionale de la République Tchèque, pas loin de la frontière avec l’Autriche. Qu’on distingue si bien du haut d’une des collines de Mikulov…

Nous partons précisément dans le château de Moravsky Krumlov. Nous sommes à une heure de Brno, la seconde ville du pays (après Prague, la capitale). Qui vaut plus qu’un détour : C’est une belle découverte, Brno. Nous y reviendrons pour vous donner envie d’y aller…

Cette épopée slave de Mucha est un bon prétexte de plus pour faire un crochet dans cette jolie région, qui est celle du site de la bataille napoléonienne d’Austerlitz.

Une région collinaire, charmante, connue pour ses vins aussi. En particulier du côté de Mikulov, un adorable village où il fera bon passer une nuit ou deux. Aller faire du vélo, déguster quelques vins chez un producteur, avec de fines tranches de fromage au cumin et de bon pain au levain…

Oui, on a aussi eu un coup de cœur pour Mikulov et pour la petite ville baroque d’Olomouc, qui vaut d’y passer deux nuits.


L’Épopée Slave, donc, est un cycle fictionnel de 20 toiles monumentales, fortement symbolistes, qui magnifient l’histoire regionale, des temps préhistoriques à 1918.

L’Épopée slave a été exposée à Moravský Krumlov de 1963 à 2011, ensuite à Prague, au Japon (2017), en 2018 entre Prague et Brno. Depuis août 2021, elle est de nouveau exposée à Moravský Krumlov.
Des produits dérivés en vente à la librairie du château. Prix en couronnes tchèques.
Le petit-fils d’Alfons Mucha, ici en bonne compagnie de démons de la Saint-Nicolas, a retiré son masque le temps d’une photo.
Et voici son grand-père…

C’est une puissante saga, assez wagnérienne dans l’âme. Qui tranche avec les gracieuses affiches ultérieures au style Art nouveau du même Mucha à Paris, où il vécut à Montmartre, au tournant du vingtième siècle naissant. Il va travailler comme illustrateur pour les spectacles de Sarah Bernard, ainsi que pour un certain nombre de marques emblématiques en France. C’est un travail d’affiches assez reconnu, devenu partie intégrante de la mémoire collective de l’Art Nouveau en France. Il a ses cartes postales à Montmartre. Mucha a donc eu au moins deux vies… ou sept, comme un chat ?


Visite du château le jour de la Saint-Nicolas (Santa Klaus), en présence de John Mucha, le petit-fils du peintre. Toute une série de démons et quelques anges nous accueille donc, avant leur tournée en carriole du village, au grand bonheur des enfants. Un drôle de mélange !

L’Épopée slave, le célèbre cycle de peintures de l’artiste tchèque Alfons Mucha, a fait son retour dans la ville de Moravský Krumlov en Moravie du Sud, pour une durée de cinq ans.

Les œuvres sont exposées au Château de Moravský Krumlov depuis 2021. En attendant que Prague dispose d’un lieu d’exposition adapté au format de ces toiles monumentales.

Le petit-fils, John Mucha, est très reconnaissant à cette municipalité, dont le château un peu perdu héberge enfin l’ensemble : « Ca a pris 100 ans de trouver un lieu d’exposition depuis mon grand-pére, qui avait légué à la ville de Prague son oeuvre. Les toiles étaient tout simplement roulées dans l’atelier familial où ses œuvres sont conservées » confie-t-il sobrement.

Il précisa à ma demande qu’ensuite, à partir de 2025, la série épique sera hébergée à Prague, dans un lieu du centre-ville nommé « Safarin », pour 25 ans. Jusqu’en 2051. Postérité assurée ! Ce qui me permit de comprendre cela, que je pressentais :

« L’œuvre a longtemps été l’objet d’un important litige entre la petite ville de Moravský Krumlov, où elle était exposée, et Prague, propriétaire qui souhaitait la récupérer. Alfons Mucha avait choisi de léguer l’Epopée slave à la capitale à condition toutefois que celle-ci soit exposée dans un bâtiment destiné à l’accueillir. » ( Source : Radio-Prague)

En attendant, ce drôle de chateau perdu à la façade safran clair accueille joliment l’épopée slave. Il en campe bien le décor. Il pourrait en faire partie…


Il faut dire qu’il y a 4000 oeuvres et dessins d’Alfons Mucha, dont des études de l’épopée Slave. Cela laisse largement de la place pour 2 lieux d’exposition, conclut le petit-fils…
https://www.czechtourism.com/fr/p/fr-epopee-slave/

Claude Vautrin, un confrère journaliste, décrit ainsi la trajectoire de l’artiste :

« Alfons Mucha, l’affichiste tchèque reconnu et fer de lance de l’Art Nouveau, est né en Moravie du Sud. A Moravsky Krumlov, un château abrite encore pour quelques années une de ses oeuvres mythiques, l’Epopée slave. La plongée dans l’histoire profondément universelle. mêle les origines d’un peuple, d’une culture, d’une nation, la violence aussi, comme la pensée à l’écart des batailles, bref la quête de liberté, passant par la nécessaire transmission. Souvenons-nous par ailleurs qu’Alfons Mucha décéda à Prague le 14 juillet 1939, après un interrogatoire mené par la Gestapo. » Émouvant. Une héroïne digne de son univers veille sans doute sur lui, quelque part…

Biographie

Un bronze gravé de Mucha, 1899

Alfons (Alphonse) Mucha est né en 1860 à Ivancice, en Moravie, République tchèque). Il est issu d’une famille nombreuse de la petite bourgeoisie. L’enfant dessine beaucoup et, très tôt, a pour habitude de caricaturer ses camarades !

Après le lycée, il devient violoniste à la cathédrale de Brno. Aussi bon calligraphe que dessinateur, il est engagé comme greffier dans le tribunal où son père est huissier. Il regagne Vienne alors qu’il a 19 ans ; là, il est engagé par la maison Kautsky-Brioché-Burghardt, spécialiste dans les décors de théâtre.

Après la fermeture de cette maison, Mucha s’installe à Mikulov, mon village préféré ( lire plus haut).

En face, une colline à vignes, l’adorable chapelle en crête de paysage. M’y promenant, javais un peu l’impression de voler dans le ciel de Mikulov. Comme l’un de ces personnage de tableaux du peintre russe Marc Chagall…

il y peint des paysages, des portraits, et réalise des inscriptions de pierres tombales. Le comte Kluen, le seigneur du lieu, le charge d’effectuer des peintures murales dans son château et ce travail, qui plaît, lui permet d’être accepté par la noblesse locale. Mucha entre en 1885, pour deux ans, à l’académie des Arts de Munich.

Mucha à Paris : la célébrité arrive !

A 27 ans, l’artiste part pour Paris où il s’inscrit à l’Académie Julian et doit gagner sa vie ; une période difficile qui durera quelques années. Ses qualités le font connaître, il est engagé par l’importante maison d’éditions Armand Colin.

Mucha vit à Montmartre et rencontre de nombreux artistes (Gauguin, entre autres). Il s’intéresse à la photographie, réalise des illustrations pour la presse. Il découvre le travail de Steinlen. 

En 1894, un concours de circonstances l’amène à réaliser sa première affiche pour une pièce de Sarah Bernhardt ; « Gismonda », son affiche sera un véritable succès – auprès du public, il collaborera avec Sarah Bernhardt pendant six ans, avec un contrat exclusif pour le théâtre.

La comédienne a une réputation internationale. Les fabricants de parfums, champagnes ou bicyclettes se pressent alors à la porte de Mucha ! Ses œuvres sont désormais sur tous les murs et quotidiennement l’on croise ses créations (cigarette Job, biscuits Lu, champagne Ruinart, etc.). C’est la célébrité !

Petit à petit, on donne le nom d’Art Nouveau au style de Mucha, les commandes affluent de toutes parts, ce qui amènera Mucha a être sollicité pour l’exposition universelle de 1900. Il commence à enseigner en 1896. En 1897, la Galerie la Bodinière organise une exposition qui lui est consacrée, la préface du catalogue sera écrite par Sarah Bernhardt. D’autres expositions suivront, plus prestigieuses encore…

Mucha part pour New York en 1905, où son arrivée fait figure d’évènement. Il revient bientôt en France et souhaite désormais avoir plus de temps pour se consacrer à sa peinture. En 1908, il réalise sa dernière grande œuvre Art Nouveau : la décoration du German Theatre. 

En 1910, Mucha décide de consacrer le reste de sa vie à peindre vingt tableaux de grandes dimensions représentant une épopée symbolique du peuple slave et ce depuis l’Antiquité. Mucha entreprend alors un voyage d’étude, puis en 1911, s’installe à Zbirov où il travaille sur ses grandes toiles ; en même temps, il fait des travaux pour la toute jeune Tchécoslovaquie (timbres, billets de banque, etc.) pour lesquels il ne veut accepter aucune rémunération.

En 1919, les sept premières toiles sont exposées à Prague. Les onze premières partiront pour les États-Unis où l’artiste part vivre pendant deux ans ; les toiles font sensation.

En 1921, il revient en Europe pour ne plus jamais la quitter. Toute son énergie est consacrée à l’Épopée Slave. Celle-ci sera officiellement remise à la ville de Prague en septembre 1928, mais il y travaillera jusqu’à sa mort. En 1939, à 79 ans, Mucha, malade, subit un interrogatoire de la Gestapo. Il décèdera quelques semaines plus tard. Une dizaine de jours avant son anniversaire.

Pour découvrir la Tchéquie visitczechrepublic

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