J’ai enfin pu visiter la maison de Boris Vian, aka « Bison » dans un adorable petit passage collé au Moulin rouge, la cité Véron. Cet appartement, doté d’une belle terrasse donne sur l’arrière du Moulin rouge, qui est d’ailleurs toujours propriétaire des murs ! Ursula, seconde femme de Boris, dansa d’ailleurs parfois pour le cabaret, assurant des remplacements…
C’est une pure petite merveille jazzy et ingénieuse, Zazou et poétique, restituant dans son jus l’habitat de l’écrivain. Pas Ursula, l’appartement. Enfin presque : notre guide, Nicole Bertolt est la passeuse de l’œuvre et de la vie vianesque. Elle vit ici, elle a peine customisé certains détails, comme ces rideaux à motifs très sixties. Chaque pièce est partie intégrante d’un millefeuille recomposant des strates de souvenirs. La cuisine pourrait être celle de vos grands-parents…
Peu importe ces détails, tout est plus que parfait quand on aime l’écrivain qui, se sachant condamné par son souffle au coeur, a écrit 23 poèmes cristallisant son angoisse dans le recueil « J’voudrais pas crever.«
Son voisin de palier était Jacques Prévert, qui disait de Boris :
« Le poète, c’est lui ! » Ce n’est que l’un des mille faits que raconte la très inspirée Nicole durant la visite…
Elle est la légataire universelle, elle est pataphysicienne, elle se raconte à travers 45 années d’existence chez l’écrivain. On lui fait remarquer en fin de visite que ce serait bien qu’elle puisse transmettre à son tour pour les visiteurs du futur. Elle répond qu’elle cherche toujours quelqu’un pour endosser ce costume. Il faudrait car, oui, en 2133, 2246, 2333, l’ami Vian aura toujours des lecteurs… Peu, mais il en aura à coup sûr.




Boris, ingénieur centralien qui travailla pour l’organisme de certification AFNOR, avant de faire de l’ingénierie une composante de sa poétique jazzy, n’est pas datable ni périmable. Donc ne sera jamais tout à fait obsolète. Il avait en effet la poésie infuse. Tout comme un sens aiguisé, oulipien, du dépassement de la contrainte stylistique. C’était une gymnastique mentale. il a d’ailleurs écrit 563 chansons…
Voyager en classe « Bison », c’est pas rien ! Ca vaut autant qu’un tas de Cantilènes en gelée ! Signalons que vient de paraître un livre inachevé achevé par Hervé Le Tellier, autre oulipien émérite et Goncourt 2020 pour son roman « L’anomalie ». Une histoire d’avions parallèles. À l’heure qu’il est, un double de Boris V. doit continuer à voyager dans un avion inconnu…
🦬怜
Pratique : pour visiter la maison du Bison (surnom qu’il s’était donné), il faut écrire à Nicole Bertolt ( son contact de trouve sur le site de la Maison), lui dire pourquoi l’on veut venir. Ceci afin d’éviter un » tourisme de masse » risquant d’endommager ce petit lieu privé de 80 m2 qui n’est pas classé dans le réseau public des « Maisons d’écrivains ». Pour ne pas perdre son âme…
Boris mourût en classe tous risques, n’eut pas le temps de traverser une longue existence en touriste, se retrouva tout nu au paradis des écrivains trop Toto disparus, Boris tôt sut son risque, fit de sa vie la transcendance d’un degré de risque assumé…

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