Que demande le peuple des classes moyennes ? Entre autres choses, un resto tranquille, une bouffe correcte, quelques touches de surprises. Comme chez Plumeau. Son emplacement est mon préféré.
Difficile, par ailleurs, de trouver un restaurant sympa à Montmartre. Celui-ci est correct, sans plus, de toute façon toute l’offre montmartroise s’est boboisée à donf. Mais je ne veux pas parler de cela aujourd’hui.
Ce Plumeau-là est à deux pas de l’usine à terrasses de la Place du Tertre. Elles y occupent tout le parvis, les portraitistes sont tout autour, comme des piafs haranguant le (trop rare) chaland, ils sont perchés derrière leur chevalets.
En descendant la place, juste à droite, hop, ruelle, vue sur Paris, escaliers, art mural. Ne manquez pas la Villa art nouveau aux superbes vitraux de… chauve-souris. Stop, c’est là, 3 mètres plus loin mètres. Vous voilà à l’abri du gros flux touristique. Descendez encore, vous voilà longeant le musée Dali, puis serpentant sur le pavé pour redescendre. Mais, svp remontez !
Car « Chez Plumeau fait le job au 4 Place du Calvaire. Et sa terrasse sur pavé, comme toute cette placette, n’en est pas un, de calvaire. Au contraire !
Je veux vous parler de la glycine, qui était l’esprit fleuri du lieu. De l’ancienne, historique, et de son arrière petite-fille. L’endroit était connu pour sa glycine magistrale, âgée de cent ans bien tapés. Elle vous avait de beaux troncs et racines, entremêlés façon bonsaï. Elle trônait en terrasse, embaumait au printemps en cascade de fleurs d’un rose-blanc si tendre à l’oeil et au nez. Une merveille… Qui en avait pris un bon coup. Hélas elle sentait aussi l’urine rémanente, stockée à ses pieds par les vilains nocturnes, les inévitables errants (la terrasse restant ouverte, même fermée). J’ai testé pour vous, sur les tables d’à côté, ça montait au nez en juillet août. Moyen…
Donc, il a fallu la couper. Pas la terrasse, la glycine ! Et la remplacer par une nouvelle, arrivée en Mars 2021. La voici, elle est mimi, non ? Il faut bien accepter l’idée qu’il y ait nouvelle naissance, renaissance, bref le cycle de toute vie. Sauf la mienne. Pas concerné : Je suis immortel. Chaque jour, jusqu’au lendemain.
Il se trouva de grincheux trolls des réseaux pour dire : la coupe, le scandaleux abattage de la glycine, c’est la faute à la mère Hidalgo ! Régulièrement, à chaque abattage d’arbre parisien âgé, on voit passer de tels posts, faisant feu de tout bois d’abattage. Ils émanent toujours du même collectif signant et tagant ainsi :
« Le saccage de Paris ». Ils sont juste 10 000 sur un groupe, composé pour l’essentiel de vieilles barbes et autres sacs bourgeois siglés « Vieux Thon ». On me parle d’extrême droite en arrière-plan, je ne sais pas.
Leur actions et revendications ne volent pas haut : les arbres, l’apparence des boîtes à tri sélectif à l’entrée des parcs, leur nécessaire harmonisation avec celles du jardin du Luxembourg, ce genre de derails- respectables et importants, bien sûr. Pour eux, une chose est sûre : tout est de la faute à… Bon, l’histoire entière se lit par exemple ici.
Quoiqu’il en soit, la nouvelle glycine de chez Plumeau grandira, s’épanouira comme son aînée. Juste une question de temps. Et de compréhension des enjeux : abattre le trop usé, le remplacer, laisser repousser au fil du temps…