Oiseaux allusifs, arbres investis de votre passage : faire avec les moyens du bord urbain

« Votre œil se fixe sur un arbre harmonieux courbé par le vent ; dans quelques secondes, ce qui ne serait dans le cerveau d’un poëte qu’une comparaison fort naturelle deviendra dans le vôtre une réalité. Vous prêtez d’abord à l’arbre vos passions, votre désir ou votre mélancolie ; ses gémissements et ses oscillations deviennent les vôtres, et bientôt vous êtes l’arbre. De même, l’oiseau qui plane au fond de l’azur représente d’abord l’immortelle envie de planer au-dessus des choses humaines confites par leur déception ; mais déjà vous êtes l’oiseau lui-même. »

Charles Baudelaire, « Le Théâtre de Séraphin » –Le Spleen de Paris– Petits poèmes en prose – 1868 – Un zeste de Riedel -Via le Printemps des poètes

Déambuler avec les moyens des bords urbains, se satisfaire de l’entraperçu, exiger un carnet de route, un calendrier précis des désarrois. Et puis quoi encore ? L’espoir d’une ligne de vie rétablie ? Et…

Les 100 ans de la Commune libre de Montmartre tombaient le 11 Avril

Les deux cents ans de Charles Baudelaire seront honorés tout 2021. Je fus sa huitième incarnation. Plus courte que je n’aurais voulu, ajouta La Palisse Mahon, l’expert spécialiste des évidences.

Alors, voici l’ode a l’ivresse de Charles. Une allégorie très nietzchéenne sur la qualité qu’il y a à se sentir enivré. Plus par l’exaltation de toute forme de beauté que par l’alcool, d’ailleurs…


« Il faut être toujours ivre. Tout est là : c’est l’unique question. Pour ne pas sentir l’horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve. Mais de quoi ? De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. Mais enivrez-vous.

Et si quelquefois, sur les marches d’un palais, sur l’herbe verte d’un fossé, dans la solitude morne de votre chambre, vous vous réveillez, l’ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l’étoile, à l’oiseau, à l’horloge, à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est ; et le vent, la vague, l’étoile, l’oiseau, l’horloge, vous répondront : « Il est l’heure de s’enivrer ! Pour n’être pas les esclaves martyrisés du Temps, enivrez-vous sans cesse ! De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. »

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