Fleur d’un monde meurtrier
la beauté
lotus pur, pied dans la vase
la beauté survit au carnage.
Elle seule me touche
comme un visage,
aurore nouvelle,
chevaux courant dans la steppe,
mouette portée par les vents,
bond d’un animal sauvage,
rien d’autre ne compte ni ne reste
sinon l’amour dans un regard,
ton charme, beauté en mouvement,
apaisant les blessures du temps.
Les fleurs fugitives des cerisiers,
la neige tombant dans le silence,
La mer,
la mer sur une jonque, jadis
voiles gonflées par les alizés
on pourrait ainsi tout égrener
jusqu’à s’endormir et recommencer
Je me souviens de Lascaux,
première lettre d’un alphabet à venir,
des remparts de Ninive,
de la grand-place d’Ispahan,
des châteaux rocheux du Yémen
mille et unième nuit
des mille et une nuits
des maisons peintes sur les collines de Valparaiso
des bars de ruines* du quartier juif de Pest
où la vie, pour d’autres gens, ne s’est pas arrêtée.
Le langage des pierres est fait pour durer
Khajurâho, ses corps accouplés dans un plaisir cosmique, l’Alhambra, les sobres églises de Transcaucasie,
les villes, carrefours d’échanges et de savoirs.
Le besoin de beauté est notre pan de ciel
Inspiré par le malheur et la mort. J’aime les œuvres humaines marquant le passage,
ces mains bouleversantes agrippées sur la roche
appel d’on ne sait quel désir.
Le pinceau du peintre des paysages Song
saisit l’instant arrêté entre le vide et le plein,
sous le brouillard des cimes.
Et franchissant toutes les frontières, la musique et la danse.
La beauté survit au carnage
Gérard Challiand, Chant XI – La beauté, Saga si lointaine (Feu nomade et autres poèmes), 2016
* Romkert : bâtiments désertés devenus des lieux festifs.

Second poème voyageur :
Maëlle Ranoux
Se pétrir d’un voyage
Je me souviens de l’océan
Chaud et doux,
S’entêtant à me séduire,
S’allongeant sur mes rêves.
Face aux torrents agités, crissants, d’ici,
Je me souviens de la vie là-bas,
Légère,
Fluide comme une rivière,
Traversante,
Dans un horizon sans barrière.
Je me souviens aussi,
Du souvenir de vous,
Mes êtres demeures,
Comme des arbres absents,
Dont l’ombre fraîche manquait sur mes rives.
Je me souviens de l’océan.
Je me souviens de vous absents.
Je me souviens encore de ceux,
Là-bas,
Restés sous le soleil ardent,
Sur les rives de ma rivière absente.
Mais, quelle est cette mélodie ?
Oui, je la reconnais,
C’est la triste mélodie du départ
C’est la joyeuse mélodie de l’ailleurs
Elle me pose, elle m’apaise, elle m’étreint, elle m’appelle,
Elle porte mon chagrin, elle transporte mon espoir.
Vos lignes monotones
M’animent !
Vos chemins chauds m’envolent !
Votre hiver glaçant
M’échauffe !
Votre été bouillant
M’exalte
Vos grises mines
M’amusent !
Vos âmes,
à moi me lient,
à moi m’attachent,
à vous m’attachent.
Ce sont les deux poèmes de la prescription du jour de la consultation poétique du Théâtre de la Ville du 6/3/21.
Après conversation avec la troisième Anne. « Anne 3 », l’une des comédiennes à voix téléphonique, me les lut et prescrit. Cela change des histoires vaccinales…
Petra sans moi ni toi ce serait ça, on serait loin d’Astra et Zeneca, improbables divinités courtes sur pattes, comme de l’actuel vaccin devenu Pfizer. L’équipe de chercheurs avait d’abord proposé ce vaccin, le Cominarty, devenu un produit Pfizer, à Sanofi.
Qui n’en pas voulu, « pour mettre au point le sien » sur un temps plus long. Le temps long des degrés de regret ? Une sacrée incompétence teintée d’arrogance corporate, en tout cas…

Je confiais à la mélancolie le soin de conserver ma joie. Et vice versa.
Mars déjà
Le mois, la planète, un robot, une sonde, en elle et moi atterrissant. Se posant avec une musique triomphale de la NASA. Les échantillons de roche de la Terre rouge qui reviendront en navette spatiale dans 10 ans, les fleurissement roses et blancs qui nous réaniment tant maintenant. Les fleurissements des cerisiers, pommiers, pêchers et autres promesses fruitières à venir…
Mars
Le mois de la téléportation astrale de Serge Gainsbourré, puis celle de Claude François – qui coïncida avec l’accident fatal de Papa. En R16 dans un canal, à Montbard. Une téléportation sans ceinture de sécurité, faut-il le préciser ?
C’est le soir où le film Podium, avec les sosies de Cloclo et Polpol, repasse à la télé. C’est un marronnier annuel, juste après le 8 Mars, journée des droits de la Femme.

Mars-avril
Les amas cellulaires noirs sont missing : c’est déjà ça. Le parapet de l’existence ne se dérobe pas, le couvre-feu serait à tenir encore pendant « quatre à six semaines ». À priori, pas de reconfiture totale, viendra le supplice relatif des débuts de soirée de l’après passage à l’heure d’été.

Jouir d’être, être un jour. Être chaque jour un être différent, au bord d’un fleuve différent et d’une montagne y affluant, surtout si rien de tel n’existe. Les montagnes sont les fleuves irrigant ce qui me tient lieu de conscience

La Tour d’argent (et son canard au sang, spécialité historique de ce restaurant) est en face, en haut, c’est la baie vitrée panoramique, à gauche de la Tournelle
Pas la peine de se faire un sang d’encre : Juste l’écrire, déjà il cesse en partie…

Les deux nouvelles œuvres sont accessibles derrière le nouveau cinéma-hôtel mk2 Hotel Paradiso, dans le 12e, non loin du cinéma… martyr.
Drôle de temps pour une ouverture. Longue vie à eux !
#JR #hotelmk2paradiso #paris #charliechaplin #chaplin #streetartparis #architextures #mk2
En commentaire à ce post, une Betty demande en substance, si on ne pourrait pas profiter de l’absence de « remplissage (culturel, touristique,etc) pour redécouvrir la vertu de l’ennui, celle du vide. Pour le faire, peut-être. Judicieuse remarque
OOnn lui répondit ainsi
« Bonjour,
Oui, il est vrai que le vide comporte une part d’Insoutenable relatif, Betty. C’est en effet un exercice assez zen que de l’affronter durant de longues soirées vides en nos lieux de vies, sans nos distractions culturelles, voyageuses.
Tout ce dont nous pensions que cela nous était dû. Il ne nous effleurait même pas que nous pussions être privés de ces puissances, de ces drogues, en un sens.
La recherche d’occupation confine à une forme de vide. Il s’agit de se vider la tête en l’occupant. Intéressante réflexion que la vôtre… Sur le fait d’accepter un ennui relatif, du creux au lieu du plein.
Cela nous manque. Que faire de ce manque ? En profiter pour augmenter le fameux temps de cerveau disponible, diminué par le doux tourbillon de la dispersion et les servitudes numériques, pour nous enrichir de ce manque. En sommes-nous capables ? À quel point ?
Quand cela reviendra, il nous appartiendrait de déguster les retrouvailles avec notre lot de distractions enrichissantes à l’aune décuplée de la valeur retrouvée. »
Vous avez 3 heures ou 33 mois pour traiter ce sujet philo.
et si c’était au contraire cette drôle de période était là pour nous faire comprendre à quel point tout ce qui nous semblait si important, y compris la culture, le voyage, est vain? Tout ce qui remplissait nos vies nous manque, mais uniquement pour la fonction de remplissage. C’est dur de regarder le vide, tout est bon pour éviter d’en avoir le temps et l’occasion.
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Bonjour,
Oui, il est vrai que le vide comporte une part d’Insoutenable relatif, Betty. C’est en effet un exercice assez zen que de l’affronter durant de longues soirées vides en nos lieux de vies, sans nos distractions culturelles, voyageuses.
Tout ce dont nous pensions que cela nous était dû. Il ne nous effleurait même pas sûr nous pussions être privés de ces puissances, de ces drogues, en un sens.
La recherche d’occupation confine à une forme de vide. Il s’agit de se vider la tête en l’occupant. Intéressante réflexion que la vôtre… Sur le fait d’accepter un ennui relatif, du creux au lieu du plein.
Cela nous manque. Que faire de ce manque ? En profiter pour augmenter le fameux temps de cerveau disponible, diminué par le doux tourbillon de la dispersion et les servitudes numériques, pour nous enrichir de ce manque. En sommes-nous capables ? À quel point ?
Quand cela reviendra, il nous appartiendrait de le déguster à l’aune décuplée de la valeur retrouvée.
Vous avez 3 heures…
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Sauf que, si cela revient, nous saurons que ce n’est qu’un leurre, au mieux un paravent, et nous aurons toujours conscience du vide, contrairement à « avant ».
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Ne connaissions nous déjà
toute l’étendue des territoires du leurre, les ayants, vous comme moi, arpenté en tous sens.
Le vide n’e était pas
non plus un inconnu
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Alors pourquoi regretter? Nous savons… nous mesurons la vacuité et refuserons le leurre de la pseudo vie culturelle quand elle reviendra. D’ailleurs, souffrons-nous vraiment de ne pas avoir vu la dernière exposition dont on aurait parlé? Le plus dur, ce que nous refusons, c’est de réaliser que nous nous sommes trompés, que nous avons vécu à côté de notre vie.
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Est-ce qu’en la remplissant de loisirs -provisoirement inaccessibles – nous avons vécu à côté de notre vie ? Pas tout à fait. Avons-nous vraiment négligé notre vie intérieure ? Oui, certainement.
L’urbain volatile humain aime à papillonner. L’ermite intérieur est mieux en campagne ou terre solitaire. J’envisage et envie tour à tour les deux…
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… Tout en pressentant que je ne ferais pas long feu dans une maison au lointain de la ville.
Peut-être est-ce encore une illusion, entretenue par la frénésie d’être « actif et nomade pour mieux exister » – à ses yeux.
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Certes, poudres aux yeux que tout cela. Me soupçonne d’y avoir pris goût et dépendance. Mais, n’aurais-je pas le choix, peut-être que je vivrais très bien aussi dans un cadre isolé me rendant à moi-même. Parfois trop…
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