3 libellules restantes, 3 pagodes disparues, Zazie sans les Zazous

En rubrique, nos petites madeleines parisiennes, les libellules d’Hector valent celles de Marcel…

Des 13 libellules cuirassées, au style Art nouveau, conçues par Hector pour autant de bouches de métro, n’en demeurent que 3. Ces grosses libellules sont les édicules Guimard.

Un édicule ouvert, surmonté d’un auvent, constitué d’une marquise et d’une toiture à double pente. Les cuirasses en fonte de fer qui remplissent la balustrade présentent un motif végétal typiquement Art Nouveau. En partie basse, un M stylisé, devenu sous une forme de plus en plus simplifiée, la marque du métro.

Celui de L’hôtel de ville, rue Lobau, a été déplacé vers la station Abbesses en 1974, à la demande de Jacquot Chirac, maire de Paris d’alors, qui la trouvait ringarde sur le parvis de sa mairie. Il laissa place à un parking.

A Porte Dauphine, en bas de l’avenue Foch, il est toujours en place…Mais où est donc le troisième restant ?

La réponse est facile à trouver…

Les puristes du Cercle Guimard ajoutent…

« Cependant les accès de métro Guimard présents sur le réseau parisien ne sont qu’en partie authentiques car bon nombre d’entre eux ont subi à partir de 1976 des restaurations plus ou moins complètes où des éléments disparus ont été remplacés par des copies. Celles-ci ont été rééditées tout d’abord par surmoulage, puis avec de nouveaux moules aux dimensions exactes. C’est avec ces copies d’éléments qu’au cours de ces dernières années la RATP a fourni des entourages complets aux compagnies de métro de différentes villes étrangères (Lisbonne, Mexico, Chicago et Moscou).  »

La « pagode chinoise » de la Bastille

A disparu comme zazou au soleil.

La « Pagode », ainsi surnommée à cause de sa forme rappelant les édifices orientaux, apparait au cinéma, en 1960. Dans le film « Zazie dans le métro ». Elle a été détruite en 1969.

3 pagodes pensées par Guimard…

avaient été installées. Deux à l’Étoile (sous station technique, et sous station voyageur), la troisième à la Bastille. Cette dernière desservait directement la ligne 1, juste au dessus du Canal Saint Martin.

Elle ne résista pas au poids des ans. Très abîmée après la seconde guerre mondiale, elle fut démolie en 1969 après avoir perdu sa marquise, qui surplombait la porte. Celles de l’Étoile avait rendu l’âme en 1962…

Du 📽️ « Zazie dans le métro »

Mutatis mutandis : la ville mue comme les yeux à facette d’une grosse mouche ou comme un serpent de gouttière ?

La Zazie de l’écrivain Raymond Queneau ne sème pas la zizanie à Zanzibar mais à Paribas. Aurait-elle dezingué le siège de la banque avec les Zazous ?

Rien à voir, mais il y a aussi en chinoiserie le cinéma La Pagode, rue de Babylone ( Paris VII), un peu dezingué en 2015, privé de ses arbres en 2020, il connaît un projet de réhabilitation.

D’ici l’automne 2022, la Pagode devrait de nouveau pouvoir accueillir les cinéphiles à l’issue d’un important chantier.

L’entrée devrait être remplacée par un portail vitré permettant de voir la façade classée de la Pagode.
Le lieu sera alors « articulé comme un véritable lieu de vie, avec deux nouvelles salles en sous-sol. » Verra-t’il le jour, grâce à un magnat américain de comptes sans fée ?

Rue de Babylone. Avec 4 salles mais un décor totalement restauré pour mettre en valeur la Pagode telle qu’à son origine, le cinéma devrait rouvrir en 2023 Agence Pierre-Antoine Gatier, Loci Anima, Ursula Wieser.

Un zazou typique des années 1940. Leur apparence est de nouveau en vogue… ©️ jnl

« En 1940, la France est occupée par l’Allemagne nazie et toute la vie artistique foisonnante des années 1920 et 1930 (les années folles) est enterrée… Dans cette France grisonnante, de jeunes feux follets émergent : les « zazous » ! Des esprits libres, qui revendiquent une vie artistique trépidante en période de récession et surtout des goûts culturels en contradiction avec la morale vichyssoise… C’est la contre-culture zazou !

Du jazz au pantalon : les zazous

Ils se donnent un air british : parlent français avec un accent anglais, se promènent toujours avec un parapluie qu’ils n’ouvrent jamais, se font des coiffures excentriques, sont férus de mode anglo-saxonne, ne jurent que par le jazz et passent leur temps dans les cafés… Les zazous sont la figure de l’anti-conformisme dans les années 1940. Ils font un pied de nez à la politique du rationnement en portant des vêtements beaucoup trop longs, alors que le tissu et le cuir étaient drastiquement rationnés. Ils portent les cheveux longs, alors que le régime de Vichy demande aux Français de porter les cheveux courts pour récupérer les cheveux coupés chez les coiffeurs, qui deviennent la matière première pour la fabrication de pantoufles…

Quand la mode est politique…

Nonchalants, insouciants… les zazous sont bien vite catalogués « insolents ». Les générations plus anciennes les voient comme de jeunes âmes insaisissables complètement dépolitisées et déconnectées de la dure réalité de la guerre et de l’Occupation.

Pourtant, avec leurs vêtements et leur mode de vie, ils se positionnent directement en rejet de tout ce que le gouvernement veut insuffler : les mesures, les interdictions et la morale.

C’est un mouvement de contre-culture :

  • il porte en lui une perception du monde particulière, une opinion politique
  • il instaure des normes et des codes identitaires reconnaissables

Les zazous répondent avec légèreté et autodérision à l’ordre social et moral du régime de Vichy… C’est un militantisme déguisé. Ils ont même l’audace d’arborer des étoiles jaunes marquées « zazou », « swing » ou « goy » (« non-juif » en hébreu) par défi !

Image tirée du documentaire « Les amis des juifs » de Bernard Debord et Cédric Gruat, en 2006 / B. Debord et C. Gruat

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