Poursuivons nos explorations galeristes. N’est-ce-pas l’une des meilleures pistes pour assouvir des désirs d’arts parisiens plus intimistes que les grands (et petits) musées ? Allons sur les quais, après les Beaux-Arts et l’Académie française, face au Louvre, quai Voltaire. Au 17.
Juste après la Passerelle des Arts, un beau désir d’art s’assouvira chez Léo Arte. Une adresse aussi sélecte que discrète. Elle vaut plus qu’une visite : On lui accorderait volontiers un chèque sur fond blanc. Celui des murs de la galerie.
Si elle se trouve
Entre deux cossues boutiques
d’antiquaires à l’ancienne
Elle, elle est sans poussière surannée
Ni meubles patinés…
Le Louvre, sur le quai d’en face, se reflète dans le haut rectangle de verre en façade…
Exposition actuelle : Georges Baselitz, du 1er Juin au 17 Juillet 2021
La galerie Léo Arte présente des grandes peintures et une série de gravures des années 1970 de Georg Baselitz, collection Christian Liaigre. Cette cuvre a largement traversé les frontières européennes et internationales.
Cet ensemble est issu d‘une série des sujets renversés de têtes et figures : Ein Schlüsselloch, Die Zeit läuft davon et Schwarzbraum ist die Haselnuß des années 2016–2019. Ces grands tableaux (303 x 176 cm et 303 x 320 cm) sont saisissants et donnent la sensation d‘être traversé par un flux convulsif. Quant aux gravures de différents formats, elles font partie d‘une série d’arbres (Birkenbaum) – aquatintes à la pointe–sèche sur papier de Chine brun, contrecollées sur papier Fabriano. Ces dessins nous immergent dans de multiples variations d’entrelacements de branches d‘arbres sur un fond de ciel brumeux. Le balayage d’aquatinte encadre les motifs des paysages abstraits impassibles et parfois tourmentés par les éléments.
« Artiste profondément enraciné dans l’histoire européenne et mondiale, il a élaboré un style qui transforme les formes figuratives consacrées de la représentation. Son langage iconographique renouvelle l’approche du dessin et la perception des formes. Baselitz a inauguré ces nouvelles créations picturales qu’on pourrait qualifier d‘idiosyncratiques depuis plus de deux décennies. Parfois des éléments autobiographiques transparaissent dans sa peinture, comme des hommages à sa femme, Elke. Les peintures de corps, évocation de formes en trois dimensions en mouvement apparaissent comme renversés, catapultés dans le vide, résultant peut-être d’un « accident ». Il mélange souvent l’or aux teintes terreuses. On y voit parfois des jets de peinture, des traits fins de couleurs vives et des rayures sinueuses sur les morphologies abstraites, qui évoque un De Kooning. En regardant ses peintures, notre regard cherche, à travers la fascination qu’elles produisent, à capter leur sens et les sensations qui s‘en dégagent.
Michael Werner l’a exposé la première fois dans sa galerie à Berlin, en 1963. Plus tard, il fait partie d’une exposition manifeste : « Warum das Bild Die großen Freunde eingutes Bild ist!» (Pourquoi le tableau Les Grands Amis est un excellent tableau ! »), chez Springer à Berlin, en 1966. Son univers pictural s’appuie sur les bouleversements de la grande Histoire. On a pu le classer dans le néo–expressionisme aux côtés de Immendorff, Markus Lüpertz (avec lequel il exposera, en 1977, à la Documenta 6, à Cassel), et Polke. On a pu voir à la Bibliothèque de Paris une rétrospective de ses oeuvres graphiques et la Collection nationale publique de dessins et d‘estampes de Munich. En 2012, le Musée d’art moderne de la Ville de Paris accueille pour la première fois une rétrospective de son travail de sculpteur.
Baselitz, artiste d’une grande culture, et collectionneur avisé, mentionne fréquemment que le renversement de la figure lui a donné « la liberté d‘affronter réellement les problèmes picturaux. » Il s’approprie divers thèmes de la culture non occidentale et de la culture populaire, qu’il transforme par son style, tout en mixant les nombreuses références à la tradition classique de la peinture, au maniérisme italien, en passant par la peinture du Nord jusqu’au modernisme. «
Précédente exposition : Variations sur bois
Une sculpture de Hervé Di Rosa en sa période camerounaise.
– l’un des dix pays de son tour du monde de création artistique avec des artisans – est juste derrière la vitrine. Un hybride de culture locale et de Bib Michelin ?
Nous tournant le dos, cette sculpture nous accueille pourtant. Son esprit magique serait-il biface ?
Elle nous invite à un voyage intercontinental. Son dénominateur commun ? Les œuvres, les pièces, les volumrs sont tous de bois vêtus. Ou bien l’ont pour sujet :
Une photographie d’Eugène Atget, deux de Bruno Privat, un autre photographe encore, puis un subtil dessin de Corot…
Léo
C’est le prénom du fils du créateur de ce bel espace oblong. On est un peu subjugué par l’épure d’une courbe blanche.
Une rampe d’escalier digne d’une scène holywoodienne de château Renaissance, revisitée Art déco, revue et corrigée par le minimalisme eighties, mène -en pirogue- à de mystérieux bureaux.
Au fond, donnant sur la cour pavée, un canapé, les tours de bois, puissants volumes dans la masse du Hollandais Mathieu Nab, un artiste vivant sur une péniche à Amsterdam. Et un autre Di Rosa me comble… On se croirait un peu en Polynésie. Mais non, c’est toujours au Cameroun.
Tout cela est un cabinet de curiosités boisées reflétant la curiosité polymorphe du créateur de la galerie : le décorateur Christian Liaigre.



« Bois » – une exposition à voir jusqu’au 3/4/21
Du mardi au samedi, 14-17:30. ( Et 19:00, hors couvre-feu de Cendrillon.
Souvenirs
Quai Voltaire. C’était aussi le nom d’une maison d’édition. Vous reviennent les récentes « aventures du jeune Voltaire » sur Terre. Un titre à la Jules Verne…
Ah, j’oubliais : ces amoureux du Pont-Neuf, à quelques pas.
(Sur)pris le jour de la Saint-Valentin, revenant de la pointe du Square du Vert-Galant. Ils se sont juste mouillés les pieds. Une micro aventure…