Stéphanie a la bosse des baleines de Samana

Mais moi, pas ! Peu importent mes petits yeux : 4 jours plus tard, 3 baleines ont été vues par le groupe d’après…

Nous sommes en baie de Samana, en République Dominicaine, à deux heures de Santo Domingo, comme de Punta Cana.

Stéphanie

Elle est excursionniste à Samana depuis 19 ans, a racheté un fonds de commerce en 2005. S’était installée ici après un coup de coeur pour cette superbe côte de cocotiers assez sauvage.

Une interminable succession de plages de rêve que j’arpente sans fin. Vers la gauche, des crépuscules beaux à tomber par terre.

Puis vers la droite du Wyndham Samana, vers Las Terrenas,un festival de plages, de pointes et d’anses. On observe au passage que la plage est partiellement grignotée par la montée des eaux, des cocotiers sont déracinés. Un hôtel tenu par un ancien Chef de cuisine de l’Elysée, en est d’ailleurs à sa troisième tentative de digue contre les eaux.

Ça me rappelle  » Un barrage contre le Pacifique », le roman autobiographique de Marguerite Duras, parlant du combat perdu de sa mère contre la mer. En Indochine, comme on disait alors…

Vers la droite et Las Terrenas…
Vers la gauche du Wyndham Samana, des crépuscules du tonnerre de Diou !

A la rencontre des baleines : Le brief de Stéphanie

Elle est  recommandée par un guide bien connu (pas le lonely, l’autre). Ce qui attire vers elle bien des Français en baie de Samana, d’où partent les bateaux à la rencontre des baleines. Son brief, au départ du bateau à moteur vers 9 heures, est bref, précis et agréable. Elle est venue comme toujours avec son phonographe, relié à un micro qui se branche sous le bateau, pour faire entendre le chant des baleines à tous.

 » Les bébés baleines font dans les  5 mètres, boivent 200 litres de lait et prennent 45 kilos par jour. Les mamans ne se nourrissent pas ici mais en Antarctique, avant leur venue… »

Faut dire que le krill antarctique est meilleur que les desserts au buffet du tout inclus. Ce n’est pas leur fort, les desserts. Le reste est très bien. Les poissons sont bons, quoiqu’un peu trop cuits et un peu salés, parfois. Le concept du tout inclus conviendrait-il aux baleines à bosse ? Bof : elles n’aiment pas les cocktails. Et mon parallèle est ridicule et anthropomorphe. J’ai décidément tout faux.

Trouver une baleine, cela ne se commande pas ! En tout cas, sauf au Japon,en Islande, en Finlande, la chasse à la baleine est interdite.  Le mérou de ce midi, lui, était excellent. Et cuit à point pour une fois, pas trop. Au Wyndham Samana. Mais revenons à nos baleines…

ll faut chercher le souffle

C’est-à-dire l’expiration du jet à 3 mètres de haut, sur la droite du bateau. Pas plus de 3/4 bateaux à la fois. Avec de la chance, on verra un saut. C’est plus rare.

Voici un mouvement signalé par un passager ! Fausse alerte, ça n’est qu’un dauphin, pas de Cuba ou Santo libre pour le passager touriste qui l’avait signalé ! C’est un jeu, les boissons sont inclues anyway

Stéphanie fait la vigie

… sur  la fenêtre à gauche du pilote.  Alors que je la prends de dos en photo dans l’encadrement de cette fenêtre, que je trouve beau, un jeune passager, venu avec papa- maman, se transforme en Zorro (proche de zéro, hélas).

Il me prend à partie pour ce qui lui apparaît comme de la perversité :

 » vous prenez une jambe de femme, c’est intolérable, vous êtes un pervers ! « 

Bah, non, lui dis-je, je cadre juste un bout de jambe car le tatouage de dauphin, pardon, de baleine, sur la cheville, le ciel et la mer en fond, via le blanc d’une fenêtre du bateau font un bon rendu de la situation de recherche, en constituent un découpage intéressant.

Mais le nigaud, lui, est persuadé d’avoir raison. 10 personnes se rallient à lui.
J’explique que l’intéressée était prévenue, évidemment, que je suis en reportage, qu’elle le sait, mais rien n’y fait.

Le tribunal populaire improvisé se déchaîne contre moi, bredouille des gloses fumeuses sur le droit de l’image. Stéphanie n’intervient pas pour me défendre, c’est son devoir de réserve, ce qui ne m’aide pas.

Je m’énerve un peu à mon tour, pour rendre quelques coups bas (verbaux) à mon attaquant, qui menace « de me casser la gueule à quai. »  Puis, comme il faut passer à autre chose, les 2 parties laissent le soufflé retomber…


Après coup, Stéphanie me dira  » ce n’est pas facile pour vous de travailler avec du public. » Ma foi, c’est la seule fois de ma carrière où j’ai rencontré un problème avec quelqu’un. Et presque la seule où je n’ai pas vu ce que je voulais (a)voir…


La faute à l’air du temps, probablement ; Pas les baleines, l’hallucination de mon attaquant. Il devait être sûr de défendre une juste cause de droit de l’image de la femme offensée… C’est important, le sentiment de défendre une cause juste.

Suspense

Stéphanie en a vu 4 en cette première semaine de la saison. Des baleines, pas des justes causes.

J’adore la petite ✋ de sécurisation. Et puis le tatouage de saut de baleine. Au fait, ces baleines n’ont pas de bosse. C’est le mouvement de leur saut qui en constitue une.

 » Ce sont peut-être deux couples. » Il faut dire que c’est le tout début de saison, le 15 Janvier. Elle s’achève fin mars quand les baleines repartent pour l’Antarctique faire le plein ». Après l’accouchement dans « la baie de la Nativité » ( Banco da Navidad). C’est trop mignon…

Nous avons dépassé depuis longtemps l’îlot superbe du Cayo Levantado, un repère. « Parfois, on en voit déjà a ce niveau, ajoute Stéphanie. 

Le créateur Dominicain des cigares Davidoff, qui vit et travaille à Santiago, raconte pour sa part que quand elles arrivent en février, il les entend parfois chanter près de l’île du Levantado, et « qu’on peut presque les toucher » !

Ce qui est certain, continue Stéphanie, est qu’à la mi-février, il y en aura jusqu’à 250, le pic de fréquentation baleinière se produisant quand les baleinaux seront nés. Logique.

Cette fois-ci, elles se laissent désirer au large, jusqu’à ce que l’îlot ait  disparu depuis belle lurette. Avec ce satané couvre-feu covidien à midi (le couvre-midi !) les week-ends de janvier 2021, les sorties sont plus courtes que prévu… et souhaité.

 » Les autres sites du sanctuaire de la réserve maritime sont le Banco de la Navidad et celui de la Plata, où nous n’allons pas. Les baleines sont faciles à observer en baie de Samana. Les bateaux se partagent la baie.  »

Toujours pas de baleine à gauche, donc on rallie la partie droite, après concertation radio. On signale les deux couples adultes, ceux déjà vus hier. on prend son tour pour les approcher. Un inspecteur régulent cela.

Bilan… lançinant


Pas vu de baleines, hélas. Il n’y en a que 2 couples en ce début de saison, pour la baie entière, déjà dit, je sais. Ils étaient sur la droite. Mon bateau vers la gauche. On fila donc vers la droite, mais sans succès.

Car il faut faire une queue de régulation des bateaux (organisée par un inspecteur, ce qui est bien en soi) quand elles sont signalées. Ceux d’avant en voient peut-être en transparence dans l’eau.

Mais pas le nôtre et ses 18 passagers français. Les baleines du jour restent 25 minutes dans l’eau. C’est une variable selon les individus (et les jours). Elles ressortent toujours au même point. Ce qui permet de les voir…

Au fait, ne pas voir de baleines n’est arrivé que… 2 fois à Stéphanie. En 19 ans. Une fois en mars, en toute fin de saison. « Et avec vous, hier, en ce tout début de saison. »

Seulement 2 fois en 19 ans

La malchance. Ca doit être moi qui porte la poisse. Avec les enragés qui me sont tombés dessus, en plus. Il y a des jours sans. C’est comme ça…

Je pars lundi pour Bayahibe, de l’autre côté de l’île, côté côte caraïbe. Ce sera pour une autre fois… Et d’autres yeux.

Stéphanie, elle, a des envies de retourner au pays. Le sien est en Seine-et-Marne. On désire toujours ce que l’on a pas. Ou plus… au bout de 19 ans de baleines. Une vie de bureau tranquille, par exemple. Même si ça peut sembler… bateau.

Bizarre, bizarre, en ce temps de distanciel. Tout juste bon à bouffer de l’ordinateur toute la sainte journée pour les légions de télétravailleurs. Dont certains sont très contents. Rien n’est simple.

Son site : Stéphanie excursions Las Terrenas, Samana, Parc naturel des Haïteses, etc

Quant à moi, je retourne sauter d’un cocotier devant l’hôtel- club vacances. Je ne mérite que ça. Et c’est déjà ça. On est bien, ici. Croyez-moi sur parole.

Pour plus de 🐳🐋🐳🐋

Pour les voir plus d’une demi-heure, il existe des circuits exclusifs, à Punta Puerta.  On les suit pendant  3 jours, on peut nager près des baleines. Cela doit rester l’exception,pas la règle. Cela peut-être un peu dangereux (du fait de mouvements incontrôlables des deux mammifères, baleine et homme). Tant mieux donc que le prix soit élevé, argumente Stéphanie. Ce qu’on approuve. Un ami à elle s’est d’ailleurs légèrement blessé en vivant cette expérience de nage. Un tout petit dommage collatéral, heureusement…

Bon à savoir

Office de tourisme de République Dominicaine

Y aller : Air Caraïbes, vol direct de Paris à Punta Cana. Un bel A350, bon vol, bon vent…

http://www.myowndocumenta.art/il-y-a-un-an-et-un-jour-sur-leur-gouttelette-presque-impalpable/

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