







A Babé lake, il n’y avait personne, vous voilà seul sur une embarcation conçue pour 16, avec un jeune guide batelier, fils de la famille du gîte rural dominant le lac.
Bonne complicité après une heure de bateau, rires partagés, longue promenade dans une grotte à l’immense voûte grouillant de chauve-souris engagées dans une sorte de chorale crépitante à fort echo.
Frémissements d’étrangeté teintée d’angoisse lors de l’arrêt sûr l’îlot où une famille de dames, rendues folles par la solitude et l’absence de touristes auxquels vendre des souvenirs, vous agressent à moitié, par dépit.
Tandis que les moustiques vous dévorent sur les eaux stagnantes, saumâtres, d’un étang. Sur lequel on accède debout sur une chambre à air de roue de camion flottante, muni d’un long bâton pour pagayer vers une maison, au centre du minilac foireux au milieu de l’île où vous avez débarqué. Alors que vous ne la sentiez pas trop, cette île miteuse.
C’est le guide d’un geste qui vous à invité à le faire. Un arrêt conventionnel – mais pas conventionné- de sa tournée…
Le rire fou d’une femme traverse le vide quand vous repartez en pagayant, aux trois-quart deséquilibré, à deux doigts de la chute dans l’eau stagnante fétide, de la maison.
Où vous n’avez rien acheté des légumes, racines, herbes et produits folkloriques locaux proposés, conçus pour des locaux, d’aucun intérêt pour vous, surtout en milieu de séjour.
Vous vous demandez tout d’un coup ce que vous faites là, exactement. Ce qu’il adviendrait de vous si vous tombiez à l’eau en pagayant sur votre chambre à air, sans vous donner des airs d’aventurier.
Et si on vous laissait marner dans cette flotte infâme ?
Pour faire bon poids et juste mesure de votre curiosité déplacée de voyageur ?
Un zeste de cinquième dimension dans le déroulé voyageur, cela peut arriver. Un sentiment que tout voyageur solitaire éprouve parfois, quand le cheminement cesse d’être formaté…












Le bateau menant à l’île vient vous prendre à l’heure convenue, sans déconvenue.
Le sentiment d’inquiètante étrangeté -le risque d’y perdre ses ailes – qui traversait notre voyageur sur l’îlot perdido croise-t’il certains de vos souvenirs ?
http://www.myowndocumenta.art/il-y-a-un-an-et-un-jour-sur-leur-gouttelette-presque-impalpable/