Cláudia Andújar et la lutte des Yanomami ( Fondation Cartier)

Cosmopolitisme amazonien, initiation, conversion à une cause…

Hongroise née en Suisse, grandie en Transylvanie et arrivée à New York alors qu’en Europe, la guerre éclate, Claudia Andujar découvre ensuite le Brésil pour des reportages.

En 1971, elle pose les pieds sur le territoire des Yanomami, l’une des plus grandes communautés indigènes de la forêt Amazonienne. A ce peuple encore préservé des contacts, rapidement menacé par les incursions des colons convoitant leur terre et niant leur existence, elle dédie son oeuvre et sa vie.

 » Je suis liée aux Indiens, à la terre, à la lutte première. Tout cela me touche profondément. Tout me semble essentiel. Peut-être ai-je toujours cherché la réponse au sens de la vie dans ce noyau fondamental. J’ai été poussée là-bas, dans la forêt amazonienne, pour cette raison. C’était instinctif. C’est moi que je cherchais.  » Claudia Andujar

Ici,le prépuce se porte avec cordelette le long de la taille. Une question d’éducation…

50 ans de travail en témoignent ici. La photographe met parfois de la vaseline sur son objectif, use d’un filtre rouge rendant compte des dilatations de la conscience, notamment pendant les initiations avec la plante sacrée de service…

Plus de trois-cent photographies, en noir et blanc ou couleur, une installation audiovisuelle, des dessins réalisés par des artistes Yanomami en rendent compte avec une chronologie extensive et son lot de documents historiques.

Cette somme où esthétique et militantisme sont intimement liés, résonne d’autant plus que l’actuel président du Brésil a repris la rhétorique de la dictature militaire des années 1980 pour s’approprier les richesses d’une terre convoitée.

Le gouvernement brésilien profite de la pandémie pour faire passer des décrets qui légaliseraient l’incursion sur ce territoire. Pourtant protégé et démarqué depuis le début des années 1990, notamment grâce à l’action de Claudia Andujar et son ami amazonien Davi, représentant de son peuple, qu’elle a connu enfant et « formé ».

Leurs entretiens en rendent compte avec son regard et son humour à lui, ce qui est bien vu…

La lutte Yanomami
Exposition jusqu’au 13 septembre 2020

Si elle résonne de l’écho des évolutions récentes, sa puissance plastique rend tangible la poétique d’une forme de vie en société à des années lumière des nôtres…

Le commissaire Thyago Nogueira, qui a conçu pour l’Instituto Moreira Salles de Rio de Janeiro, a créé à la Fondation Cartier une version scénarisée sur deux niveaux. Et bien plus de niveaux intérieurs de nos âmes découvrant ce travail…

À écouter : podcasts en français et en anglais (de la Fondation et des Inrocks) des protagonistes de l’exposition : l’artiste Claudia Andujar ; le porte-parole des Indiens Yanomami, Davi Kopenawa ; le commissaire de l’exposition, Thyago Nogueira.

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