Dis-moi quel masque tu portes…

Nouveaux codes vestimentaires… et sociologiques ?

Dorénavant déconfiné – et en péril d’être reconfit si l’on n’est pas sage – quand on emprunte les transports, publics, l’on fixe par pudeur les chaussures des voyageurs. Un geste visière, un geste barrière…

Puis le regard, les yeux qui débordent du machin sanitaire en tissu, remonte vers leur type de masque. Couleurs, motifs, tissus, allure, porté… Cela distrait l’oeil, comme une inattention flottante.

Les yeux des voyageurs dépassant des masques sont attentivement vidés; pour ne pas voir, pour ignorer l’Autre, cet intrusif… Lui faire barrière. Chacun devient une frontière, oui. Un isolat, un îlot…

Nos yeux souvent redescendent ensuite vers les pieds…

J’ai acheté un trio de masques à un couturier turc, face à l’entrée d’un cimetière télégraphique où dort l’inventeur du cinéma en France, Léon Gaumont. Aux États-Unis, avant lui, c’était Thomas Edison…

Je n’ai pas choisi ce modèle à trou pour paille intégrable, délicieusement (f)utile :

Ni le spécial éducation nationale qui apparaît un mois après.

Théorie de la démarche, stratégies de contournement, d’évitement, d’éviction. Du corps et du regard de l’autre..

Il y a aussi la diagonale ou la trajectoire co-tangentielle dans les couloirs de métro, les angles des bus trop petits, les démarches chaloupées dans la rue…

Il s’agit de se contourner, d’éviter la contamination : c’est devenu la meilleure façon de marcher. Parfois sur la chaussée, si les trottoirs sont trop partagés…

Nausée du mot  » sanitaire« ,
distanciation…

Par rapport à qui et quoi ?

Tout les évènements réels devenaient virtuels, se zoomant jusqu’à la nausée…du sanitairement correct.

Des écrans faisant écran

Cette année 2020 nous transformait en bocal mental, tout juste bon à lire, à vivre en absorbant de l’écran multiformat 24/24. Et en jappant d’enthousiasme collectif, svp ! Soyez po-si-tifs…

2020, l’année sous le signe du Sanitaire

Un mot jusqu’alors tout juste bon à désigner des lieux d’aisance, des  » sanitaires ». Beurk…

Chef d’inculpation

La peine de « distanciation sociale » fut en partie requalifiée en distanciation physique. Les langues fourchaient entre les deux notions, les esprits se troublant d’autant

Il s’agissait « d’éloigner le risque » ; Celui que représentait l’autre, le pauvre en particulier ? était-il le distancié social, l’intouchable ?
Glissements du sens révélateurs…

La distanciation sociale semblait aussi être celle séparant les pharisiens à résidence secondaire, un million pendant le confinement, 10 millions cet été, des pauvres reclus dans leurs zone… en guise d’espace existentiel.

En plus, pour le 11 mai, on annonçait 11 degrés, 12 le 12 et 13 le 13.

Encore un coup fourré de Sibeth N’Diayé ? Qui lui écrit ses « éléments de langage » ? Et ceux du Président du moment, l’avide de pouvoir du moment, qui les écrit ? Qui est son « nègre » ?
Et sous quel pseudo produit-il son œuvre ?

 » j’avais peur que mes patients arrivent lundi visage à demi-nu, trouvant que c‘est bien plus chic le topless nasal ».

Un professionnel de santé.

Bref, portons nos masques jusqu’au bout du nez !

À propos, connaissiez- vous « Le Concombre masqué », ce personnage bien-aimé du dessinateur Mandryka?

Une « mystique de l’ordinaire »

s’est développé durant le grand confit. Ça me plaît bien, ça. Redécouvrir les joies simples, la petite tâche bien finie…
Ou la soutenable légèreté de l’ennui…

L’Infra-ordinaire redore son triste petit blason… Et c’est bien bon.

Ce mec qui a fait son premier flan a cinquante ans, cette femme qui s’est fait piquer son tour de sortie des poubelles…

 » Depuis que le Covid-19 nous a forcés au confinement, nous sommes nombreux à nous accrocher aux petites corvées habituelles qui jusque-là nous ­irritaient.

En cette période incertaine où il est difficile de se projeter au-delà des JT et des frontières de notre logis, faire la poussière, nettoyer les vitres, déboucher un ­siphon, relever le courrier, s’approvisionner à la supérette, sont parfois même devenus nos petites épiphanies du quotidien.

« J’éprouve un certain ­plaisir à noter religieusement dans mon agenda mes to-do lists de tâches ménagères ! », avoue Caroline, 30 ans.

Elle est héritière de Georges Perec, qui nous ­invitait à traquer « les choses communes », à « les débusquer, les arracher à la gangue dans laquelle ­elles restent engluées »

L’Infra-ordinaire, Seuil, 1989

Cette assistante juridique, contrainte au télétravail à temps partiel, s’attellait depuis un mois et demi à les revaloriser, leur accordant une place de choix dans un planning amaigri par  » la crise sanitaire.  »

Aux chiottes, la crise !

Un peu de miel créatif aussi, dans l’ambiance de fin de monde à réinventer où nous baignons.

Avec les calamités de la surinformation, le philosophe André Comte-Sponville qui estime à demi-mots qu’on devrait  » laisser crever » : accepter cette nuisance finalement faible par rapport à d’autres facteurs de mortalité bien plus importants

Masha, symptomatique d’une nouvelle génération désireuse d’en finir avec celle du babyboomer, qui était ouvertement pour la régulation du trop-plein humain…

Les erreurs du Pouvoir de service…
L’océan de commentateurs insipides et autres petits malins prompts aux bons mots à la con, de petits comiques qui font leur beurre en stories du ConfineLand, les blagues beaufs à la con pour Almanach Vernot 2020, les vidéos conspirationnistes du bon sens populaire près de chez vous du petit peuple étouffé par l’absence de masques…

Les mille photos et vidéos détournées en voix off qui font « golri » le monsieur Michu trentenaire du moment…
Saturation/ sidération
Tout cela rendait décadent, cynique, par dépit. Ce qu’OOn supporte mal…

Je veux juste les fleurs d’espoir d’un printemps de plus…

« N’écris pas… »
une histoire d’amants séparés
La poétesse Marceline Desbordes- Valmore fut très appréciée par Paul Verlaine. Nôtre premier amour (ou peu s’en faut), habita la rue portant son nom.

Un quartier douillettement momifié de l’Ouest parisien, le seizième. Un immeuble à escalier de service pour se faire livrer en coulisse a l’arrière. Une boulangerie pour seul commerce dans les environs, un fleuriste certainement aussi. Une chambre de bonne sous les toits, bien sûr. Qui mena à bien des cieux…

Le premier Mai de l’an confit, la vente du muguet est autorisée devant les boulangeries, m’apprit Evelyne, mêlant ainsi le croustillant croissant à l’odorante clochette.

Et Jean-Claude d’ajouter : « Tiens, je me suis jamais tapé un croissant au muguet !  »

Mais en fait, elle fut interdite…

N’écris pas…

Je me souviens du demi-frère de Julien Clerc, ma mère l’eut comme élève.

Je me souviens du frère de Renaud, Thierry Séchan (qui vient de disparaitre). Il habitait l’immeuble de ma mère, je le connus dans l’ascenseur, on discuta sur des bases complices. Il était sympa, il me reçut quelquefois, l’on partagea.

Je me souviens de Monsieur Deive, mon professeur de français de cinquième du treizième. Il me reçut chez lui à Fès après s’y être expatrié.

Nous y étions allés en Renault 4 de Paris, via Marrakech, suite à une petite annonce dans Libération. Il était très sympa, une base complice s’était créée au collège, qu’on retrouva durant ces quelques jours.

Il avait un fennec, furtif et précieux animal qui traversait l’appartement entre deux de ses cachettes. Il se laissait câliner parfois, brièvement. On le comprend…

Je suis ce fennec

J’ai vu deux brins de muguets dans le jardin de la chapelle Saint-Paul samedi dernier. Jolie surprise, beau petit rien qui se donnait ainsi à voir. Qu’on me donnait ! Nous étions faits l’un pour les autres…

3 réflexions sur “Dis-moi quel masque tu portes…

  1. Une fois de plus: charité bien ordonnée devrait commencer par soi-même… « N’écris pas! »…

    N’écris pas tant que tu ne distingues pas le passé simple de l’imparfait du subjonctif… par égard pour cette pauvre mère qui eût (????) tel élève….

    J’aime

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