Le musée rouvrant, le portrait de Turner en fougueux et charmant jeune homme à l’entrée de l’exposition vous tend de nouveau les bras…
Plus que jamais, habiter les paysages de l’idéal ! Telle était son intention. Elle n’avait rien d’etheré. On trouvera ici matière à cela.
Quelques gouttes d’eau dans la mer de l’idéal
Sur les 20 000 œuvres du fonds Turner de la Tate, une sélection inédite de 60 aquarelles et dix huiles par les conservateurs.
Dans un décor de Palace dix-neuvième à escalier à double révolution. Celui de l’hôtel particulier André du 153 boulevard Haussmann. On s’y rêve…

Ciels acqueux, dilution des contours dans l’azur…
Les deux premières salles sont académiques. Ce sont celles d’un peintre qui était le fils à vocation précoce d’un bottier londonien, qui exposa d’abord dans les vitrines de son père, grâce à quoi il fut remarqué. Il entra ensuite, si jeune, à l’académie des Beaux-Arts à 24 ans…

La troisième salle présente le choc de l’Italie. Puis vient le puits sans fond du « cabinet à pigments » de l’artiste et sa palette.
Trois nuances de laque de garance et mon bleu de Prusse intérieure, du rouge indien, un jaune ocre en fragments qui me rappelle la boutique des ocres du site du » petit Colorado ». À Rustrel, dans le Vaucluse.


Puis apparaît l’autre Turner, précurseur du symbolisme (pas si loin de Gustave Moreau). J’apprends que son père fut son assistant.
Le conservateur du musée, Monsieur Curie, poursuit brillamment son exposé érudit, donnant la mesure du chemin parcouru par l’artiste, qui tend vers l’abstraction, au moyen d’une esthétique de l’inachèvement.
Un château n’est plus qu’un prétexte de motif pour une rêverie du paysage. Une épave de bateau donne à voir l’informel (dé)libéré…
Dans la huitième salle, les sources romanesques, la dissolution de la peinture « dans des jeux informels qui annoncent presque l’Art Nouveau. »
Notre peintre, de plus en plus en avance sur son temps à mesure que son regard prend de la patine, se fait gestualiste, en « préfigurant l’action painting ». Ainsi conclut le conservateur : en ouvrant la porte d’un possible de plus…
Dans la tempête, les dauphins ci-dessous ne sont plus que des effets suggérés. Ils me rappellent le minuscule chien sur fond jaune or de la dernière toile de Goya, dieu sait pourquoi…
Enfin, si, on sait pourquoi, la puissance de l’abstraction dans les deux cas fascine. Probablement…


Ce sera un beau voyage sur les terres de ce peintre qu’on a connu pour ses marines déchaînées, ses absolus solaires aube et crépuscule, sa Venise enfouie dans l’idée de Venise, sa métamorphose du Doge au Grand canal..
Le tout comme un post-romantisme dont l’œil à soif d’idéal jamais ne se lasserait.

Écrit un Weekend de 15 mars 2020
Le musée reste ouvert pendant la crise de service, avec la jauge à 100 personnes. De quoi passer une matinée dans « les vapeurs de Turner », comme disait D…
De Claude Lorrain
Turner apprit
À regarder le soleil en face
Masses de montagnes
Lacs tirant comme nous
Vers l’abstraction
Et l’envie
De paysage-idéal

Voire s’en enduire l’âme pour oublier les vicissitudes du moment… Jusqu’au 20 juillet 2020.

Ci-dessous, l’intérieur de cette salle, comme un plaisant songe de plus.


C’est si joliment raconté que je vais aller visiter cette exposition.
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Merci… Bon ce n’est ni la première ni la dernière turnerienne.
Bonne idée, tu verras, c’est joli, hors week-ends évidemment..
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A reblogué ceci sur Parallèles Potentiels & Urbanités riedelienneset a ajouté:
Le musée rouvrant, le portrait de Turner en fougueux et charmant jeune homme à l’entrée de l’exposition vous tend de nouveau les bras…
Plus que jamais, habiter les paysages de l’idéal ! Telle était son intention. Elle n’avait rien d’etheré On trouvera ici matière à cela.
Quelques gouttes d’eau dans la mer de l’idéal
Sur les 20 000 œuvres du fonds Turner de la Tate, une sélection inédite de 60 aquarelles et dix huiles par les conservateurs.
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