Une inscription du bistrot en terrasse de Paris au patrimoine de l’Humanité ? On en est pas encore là, mais…
Si la candidature « art de vivre » bistrot de Paris est sélectionnée par le ministère de la Culture en septembre 2019, si le dossier a ensuite les faveurs de l’Unesco (en 2020 ou 2021), il rejoindra le repas gastronomique, les Climats de Bourgogne, le compagnonnage, la Champagne ou la tapisserie d’Aubusson. Entre tant d’autres savoir-faire honorés…
104 bistrots portant cette candidature, qui avaient été » retenus par ordre d’arrivée, sans copinage », ont reçu une Médaille Vermeil fin janvier à la Mairie de Paris. Laquelle soutient la candidature, on s’en doute…
Afin de porter cette candidature, une association présidée par le maître-restaurateur Alain Fontaine, lui-même patron du «Mesturet», rue de Richelieu (2e), a été créée. Selon lui, ces cent- quatre établissements sont avant tout «des éclaireurs» qui portent l’âme des bistrots.
Parmi eux, le Baron rouge, et juste à l’angle, le bistrot Le Charolais, face au marché couvert Beauvau Aligre, dans le douzième arrondissement. Le patron ne nous est inconnu…
C’est un monsieur barbu à la Jean Yanne, parfois bourru, au physique de fort des Halles. C’est qu’il fut joueur de rugby, le plafond de son bar est d’ailleurs rempli de sa collection de ballons ovoïdes du monde entier !
« En termes d’image, c’est un véhicule culturel mondial formidable », s’enthousiasme l’un des porteurs du projet, Jean-Pierre Chedal. Rien de moins !
Mais comment prouver que le Bistrot parisien se démarque de ses voisins européens de Madrid où Berlin ?
En tout cas, l’association estime que les bistrots parisiens sont « aujourd’hui en danger » en raison notamment de « loyers spectaculairement en hausse » et qu’il faut « les protéger » pour contrecarrer la « mise en péril » de cette « tradition populaire ».
Il n’y a pas qu’eux qui souffrent d’ailleurs : les bars-concerts en général, défendus par Pierrick Bourgault, auteur du guide annuel recensant « 200 bars-concerts à Paris » (en fait, 288 pour êtres précis !) sont aussi en danger. Parce que les gens sont captés par tant d’autres offres de distractions ?
Mais positivons car...
Contrairement aux établissements de villages qui baissent le rideau à un rythme effréné, les bougnats parisiens résistent plutôt bien à la crise des estaminets.
Un bémol ? On les dit parfois aussi aimables que des chauffeurs de taxi, ce que personne ne souligne évidemment ici… Bon, la plupart sont sympas quand on sait les prendre. Ce n’est pas toujours évident.
Au dernier recensement, les bars, cafés et petites brasseries de la capitale sont au nombre d’environ 2000, un chiffre stable ces dernières années. Et 100 000 en France, soit 4000 de moins depuis quinze ans…
D’où vient le mot ?
« Origine obscure » pour Le Larousse illustré. L’étymologie du nom bistrot (ou bistro), « débit de boissons, de taille généralement modeste, où l’on sert aussi de la restauration légère », est un mystère.
Certains pensent qu’il faut puiser dans le russe : les cosaques, qui occupèrent Paris en 1814, après la débâcle napoléonienne, avaient pour habitude de hurler « bystro ! » (« vite ! » dans la langue de Tolstoï) aux tenanciers car ils avaient interdiction de picoler et redoutaient d’être pris en flagrant délit par les gradés…
Le Robert illustré exclut cette hypothèse au motif que le mot français est bien plus tardif, apparu en 1885. Il mise plutôt sur une évolution de « bistouille », un café arrosé d’eau-de-vie ou de « bistouiller » signifiant boire de l’alcool.
Autres pistes parfois évoquées : un dérivé de « bistingo » (cabaret en argot) ou de « bistraud », « mastroquet » et « bistroquet » qui, respectivement dans le Poitou, le Nord et le Sud, désignait le marchand de vin au XIXe siècle…
Allez, un café allongé fera passer cette belle polysémie ! Voire un ballon…
Mais attention, ne confondons jamais art de vivre avec art d’être ivre !
Tchin!
Aux dernières nouvelles, et de source sûre, la candidature bistrotière aurait à pâlir d’une concurrence déloyale avec celle… de la baguette ! Allons bon, elle n’était pas déjà classée, celle-là ? Non. Ce dossier serait soutenu par le Président Macron…
La suite
Encore un Parallèle potentiel
Du zinc du comptoir au zinc de toit, souvent haussmannien, il n’y a que 6 étages ! Nous allons les gravir ensemble…
Les toits de Paris, une candidature portée à l’Unesco

HISTOIRE ET CANDIDATURE
» Saviez-vous que les toits en zinc parisiens s’entretiennent tous les ans et sont refaits tous les 30 ans environ ?
Que la tradition veut que les couvreurs zingueurs lors des réfections laissent dans le toit un outil (très souvent une batte servant à taper le zinc) et un journal du jour ? Que ce charme éternel des toits en zinc parisiens, on le doit notamment au Baron Haussmann, qui ouvre, au milieu du 19e siècle, Paris et ses avenues, créant dès lors la chambre syndicale des couvreurs. Aujourd’hui, 70 à 80% des toits de Paris sont couverts de zinc. L’histoire, la qualité et la spécificité des savoir-faire des couvreurs parisiens sont des atouts majeurs pour obtenir la reconnaissance de l’UNESCO.
Forte de ce constat, Delphine Bürkli a initié en octobre 2014 la candidature des toits de Paris au Patrimoine mondial, qu’elle a fait adopter à l’unanimité par le Conseil de Paris.
Maj : Le dossier vient d’être Classé à l’échelon français ( en mars 2018)
La Maire du 9e a depuis réuni un comité d’experts en la matière pour défendre cette candidature qui a été présélectionnée par le ministère de la Culture l’été dernier.
UNE PASSION COMMUNE
Auteur du livre Les toits de Paris ou l’art des couvreurs, le journaliste, photographe et réalisateur Gilles Mermet , défendra en octobre 2018 le dossier de candidature avec le comité. Olivier Boileau-Descamps , a lui co-organisé l’exposition “Paris toits émois” à la City University de Hong Kong l’été dernier. Celle-ci, soutenue par les Galeries Lafayette, a réuni 150 œuvres faisant l’éloge des toits parisiens et les faire rayonner à l’international. Angel Sanchez , Président du syndicat Entreprises de Génie Climatique Couverture Plomberie, également membre du comité, voit dans ce projet une mise en lumière des hommes fiers de transmettre leur savoir-faire urbain bicentenaire.
LA FASCINATION DES TOITS
La fascination suscitée par les toits de Paris ne date pas d’hier : Emile Zola en 1876 dans l’Assommoir mettait à l’honneur le métier de couvreurs. On se souvient du film de Marcel Carné Sous les toits de Paris, de Peur sur la ville avec le mythique Belmondo, ou encore du plus récent Midnight in Paris de Woody Allen. Pour Olivier Boileau-Descamps, « l’émotion ressentie à la hauteur des toits parisiens est unique au monde, une vague bleue grise, presque maritime ». Gilles Mermet reconnait la beauté de ce savoir-faire sous ses semelles lorsqu’il monte sur les toits : « c’est dans tous les détails techniques, invisibles de la rue, que l’on peut être sensible à l’art des couvreurs grâce à qui les toits de Paris représentent un patrimoine exceptionnel et universel. »
ET LA SUITE ?
La candidature sera enrichie avec la réalisation d’un court-métrage présentant les couvreurs zingueurs parisiens. Le comité de soutien passera en audience fin octobre 2018. C’est la Ministre de la Culture qui décidera ensuite, parmi plusieurs candidatures, celle qu’elle retiendra pour la présenter à l’UNESCO en 2019. »
Source : Mairie du Neuf
D’autres parallèles potentiels sous-jacents…
Le besoin d’attirer des jeunes vers la profession de couvreur- zingueur. Et la façon dont les dossiers candidats entrent en compétition et évoluent. Passionnant…
»
Ils ont inspiré des peintres comme Cézanne, Van Gogh, Caillebotte ou Nicolas de Staël, des poètes comme Verlaine et des chanteurs comme Mouloudji. Robert Doisneau et Michael Wolf ont saisi les nuances de gris du zinc et des ardoises avec leurs appareils photo. Quant au cinéma, tout le monde se rappelle Belmondo cavalant sans vertige dans Peur sur la ville et du loser magnifique éteignant d’un claquement de doigts la tour Eiffel dans Un monde sans pitié. Les toits de Paris font chavirer les artistes, mais pas seulement. Les toits-terrasses ou rooftops qui ont essaimé depuis quatre ans aux derniers étages des immeubles sont pris d’assaut ; les clients y prennent des pictures à 360 degrés pour leur compte Instagram.
« Il y a un engouement formidable pour cet aspect du paysage qui est immédiatement identifiable comme étant parisien, décrit Delphine Bürkli, maire du 9e arrondissement (LR). Les toits font rêver et donnent un sentiment de liberté et d’évasion. Nous avons fait salle comble à la mairie lors de l’avant-première d’un documentaire télé* consacré au sujet. » En octobre 2014, l’élue a proposé au Conseil de Paris de constituer un dossier de candidature des toits de Paris au patrimoine mondial de l’Unesco. Vœu adopté à l’unanimité.
Un comité de soutien a été créé dans la foulée, présidé par le photographe Gilles Mermet**. En janvier 2016, les membres du comité de soutien reçoivent une douche froide au ministère de la Culture. « On nous a expliqué en quoi nous allions vers un échec, raconte Gilles Mermet, il fallait circonscrire des zones particulières à caractère ‘‘exceptionnel et universel », et non pas cibler l’ensemble des toits. Et en plus, nous n’avions pas le soutien de la mairie de Paris. » Anne Hidalgo a en effet déclaré début 2015 qu’elle n’y était pas favorable, ne voulant pas « mettre Paris dans le formol, d’autant que l’on veut faire de la végétalisation sur les toits et installer du photovoltaïque ». Deux ans plus tard, la mairie de Paris, contactée par le JDD, n’a pas changé de position sur le sujet.
« Cette harmonie de gris se mariant aux couleurs du ciel »
L’équipe a alors lancé en parallèle une deuxième candidature, demandant le classement du savoir-faire des couvreurs-zingueurs au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco. Une première étape victorieuse a été franchie cet été lorsque le ministère de la Culture a inclus cette pratique à son inventaire comptant une soixantaine de dossiers. La France peut ensuite présenter un candidat tous les deux ans ; en 2019, cela devrait être les parfums de Grasse. Et en 2021, peut-être, les gestes des artisans des toits de Paris…
Quel intérêt à vouloir classer les toits? Les couvreurs-zingueurs espèrent obtenir ce label afin de « redonner le goût du beau aux jeunes », comme le déclare Angel Sanchez, président du Syndicat des entreprises de génie climatique et de couverture plomberie d’Île- de-France, représentant 300 entreprises et près de 4.000 employés. « Quand on dépose un toit, on le détricote comme de la dentelle pour comprendre comment les anciens l’avaient monté. Nous avons la qualité chevillée au cœur, et la conscience de créer des toitures pour une durée de plus de trente ans. » Le classement mettrait un coup de projecteur sur cette profession :
« On aurait besoin de plusieurs centaines de couvreurs à Paris et en petite couronne. »
Source : article du JDD.
104 #bistrots ont reçu la médaille vermeil de la ville de @Paris. Laquelle soutient la mobilisation bistrotière visant à inscrire les #terrasses et #bistrots de @Paris au Patrimoine immatériel de l’#Unesco