Il y avait déjà Un jour sans fin
On imagine ici
Une mort sans fin
365 fois l’an…
Une fin très bête
Chaque fois plus incroyable
Chaque jour plus absurde
( on dirait Incongrue en 👅 d’avant)
Cela donnerait ça :
Petites morts potentielles
Cahier des charges : chaque jour jouer un scénario de disparition fictive…
On s’est tous dit, ah, je ne voudrais pas finir comme çi ou comme ça, ce serait vraiment trop bête !
Ce seront donc :
Nos sorts les plus consultés. Ajoutez les vôtres.
32 février : Mort enterré dans un igloo mal creusé s’étant effondré sur lui
29 février : Mort en trottinette Lime à force de surfer entre chaussée et rue, un camion ne l’a pas loupé.
33 février : Disparu à bord d’un vol La Habana-Santiago mal réveillé
45 août : brûlé vif en voulant retourner sauver ses mémoires sur une clef usb oubliée dans la chambre 330 de l’Ibis Rocade de Metz en proie aux flammes
2 décembre : glissé sur un savon en sortant de la douche minuscule. S’en sort
3 décembre : décapité par son ballon d’eau chaude en décrochage
4 décembre : tombé pile sur la benne jaune en bas d’un balcon au quatrième d’un Rbnb. Traître garde-corps qui lâcha !
Chers lecteurs, complétez en commentant avec vos situations mortelles, vos propres sorts les plus cons.
Heureusement… imaginaires. Donc c’est pas glauque !
Des scénarii a minima de disparition de dispensables personnes pourtant bien-aimées (par elles, au moins, n’étant pas masochiste, quoi qu’étant dotés d’un coeur en schiste).
Parfois, on hybriderait avec une mort du jour bien réelle, si le réel – ou plus modestement la réalité qu’il nous est un temps donné d’accroître -, se montre prodigue en parallèles potentiels.
Fictions, frictions…
Il en sera ainsi jusqu’à ma disparition réelle, dusse t’-elle se produire dans 35 mois, ans, minutes.
Non, ce n’est pas morbide, juste une petite f(r)iction vigoureuse : quel luxe d’imaginer sa fin au lieu de la vivre platement le jour venu comme une momie résignée !
Non, ce n’est pas morbide, je n’ai pas eu le temps d’avoir du gras au bide, ni le loisir d’être gravide. Je ne sus jamais ce que j’avais au juste dans le ventre.
Continuons en janvier
Lugubre, janvier, 31 jours aussi interminables que ceux de décembre, mais ils viennent en cumul après les excès alimentaires rituels de fin décembre.
Et avant les 31 jours de mars…
à peine moins vilains dans le frisquet. Mais teintés de la promesse du renouveau printanier à venir et en bonus, du changement d’heure lors du dernier weekend, qui vous donne une heure de vie diurne en plus. Commençons donc fin janvier, après 59 jours de cumul décembre janvier, et en mettant de côté les 30 de novembre sur lesquels je ne reviendrais pas, tant est grande la nausée qu’ils m’inspirent. Ce n’est pas pour rien que le suicidé est en pic en novembre, en record statistique mensuel, comme la pluviométrie. Bref, commençons sans plus attendre.
28 janvier : je suis mort en roulant à velib en voulant remonter la côte du Quai de Valmy jusqu’à Jaurès comme d’habitude, c’est-à-dire d’une traite, sans m’arrêter depuis République. Au mépris des feux rouges.
a) d’un arrêt du coeur, effort trop violent.
Commentaire non modéré : « Le mec, un genre d’adulescent lascif et poseur, il’ s’croyait encore ado : laisse les ans !
b) écrasé par un camion à l’angle de la rue de la Grange aux Belles et du Quai de Jemmapes. Le chauffeur a eu le temps de se dire (avant de plonger dans le canal pour avoir tenté de m’éviter) :
Pffffmmmmp ! Sont vraiment tarés, ces vélibs, se croient tout permis, sans l’avoir!
L’OOn vit tout cela post mortem, 17 secondes à léviter au-dessus de la crime scene, avant – à jamais – de s’éviter. Scénario pour film de Jan Kounen.
J’hybride avec cela : « L’un des derniers soldats perdus japonais est mort le 17 janvier. Hiroo Onoda avait vécu caché dans la jungle philippine pendant près de trente ans, jusqu’en1974, pensant que la seconde guerre mondiale dans la jungle, côté japonais, n’était pas finie… «
Qu’est ce qu’il m’aura fait rire de son vivant, au moins en potentiel d’imaginaire, ce petit mort là, resté dans sa jungle paranoïde !
J’y pense chaque soir en me brossant les dents. Presque autant qu’à devenir Président !
Et il aura eu 40 ans après sa libération en 1974 pour s’en remettre, ce soldat aborigène…
Qui a fait un reportage sur lui en 74 et en 2004 ? Que pensait-il 11 jours plus tôt que sa mort ? On ne sait trop.
Hier, 27 janvier : Mort d’humiliation (ayant engendré un avc inexpliqué) à dos d’âne, car il n’y avait plus de chameau.
Durant une méharée en Mauritanie (Mi-marche, mi dos de chameau). Un produit 7 jours/6 nuits all inclusive et all intrusive (y compris un méchoui enrichi en ménisques de genou de chameau, servi le dernier repas).
Demain, 29 janvier : mort durant une réunion de la cellule de crise de mon entreprise mal-aimée, de n’avoir pas digéré mon éviction annoncée.
Après-demain, 30 janvier : dans les bras d’une péripapéticienne polynésienne, près de Pape’ete (en tahitien). Pas de bol, j’y avais enfin implanté à cent mètres de la mer un vieux rêve, trois mois plus tôt : un camion à victuailles chaudes en juste-à-temps pour restauration rapide (food truck en anglo-jargon du moment). Qui marchait du tonnerre (option b : d’ailleurs la foudre m’a eu un soir d’orage).
Ou bien mort égayé dans les bras d’une Judith, au demeurant fort respectable, et en ayant enfin tenu une promesse : celle d’avoir inversé la courbe. Mais pas celle du chômage ni des promesses de mages. non, celle de l’âge de ses maîtresses…
Scénario mysogine A : dans les bras d’une péripapéticienne. Comme, avant lui :
– Un Résident de la République, Félix Faure. Dans ceux d’une dame patentée qu’on surnomma ensuite la Veuve noire.
– Plus récemment, Georges Frèche, ex-Président polémique de l’ex Région Languedoc-Postillon, est vraiment mort dans un bordel à Pékin durant un voyage. Un cadeau… empoisonné. On le rapatria en donnant à croire à l’opinion publique qu’il était mort en France. Episode très peu connu…Cet homme douteux, certes cultivé, cultiva donc jusqu’au bout sa nature de bon vivant. De porc…
Bonus instructif : « Réputé pour ses prises de position controversées et ses déclarations à l’emporte-pièce, Georges Frêche est aussi l’homme qui a développé la ville de Montpellier, au prix de la mise en place d’un système parfois décrié. » Allusion très indirecte à son voyage en Chine ici (en version officielle, il décéda à Montpellier) : Louis Nicollin sur Georges Frêche: «Moi qui était un peu branleur à l’école, il a su parfaire mon éducation» (sic)
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31 janvier : étouffé par une overdose de gel dentifrice Signal à rayures bleu fluo lors d’un brossage de dents à sec sous les étoiles du désert de l’Atacama. Avait voulu se gargariser la bouche par réflexe, en oubliant l’absence d’eau dans sa bouche. Se taira enfin. C’était au J 27 de sa randonnée solitaire.
Moralité : Ne jamais partir seul. Jack London l’avait déjà écrit pour un personnage finissant gelé en Arctique, il l’avait pourtant lu, ce livre, aurait du en prendre de la graine…
Hybridation du jour : cette narration auteuriste de journaliste voyageur, hilarant à force de complaisance urbaine, exhumée du site d’AR Magazine: http://www.ar-mag.fr/bolivie-des-tropiques-a-laltiplano-j16/
15 février : variante, gelé dans l’igloo, plus proche d’un terrier car souterrain, qu’il a modestement contribué à construire au coeur du Parc National du Mercantour.
Il avait du mettre 20 coups de pelle pour déblayer la neige, le reste fut fait par l’importante flotte de moniteurs nous accompagnant : 3 moniteurs pour 3 journalistes. Qui parleraient ensuite de quête d’authenticité dans leurs articles…
Etant insomniaque, il s’était abruti à la vodka, au génépi pour trouver un sommeil lourd. Pas évident de s’endormir à 3 degrés. Puis, étant sorti de son terrier pour uriner, il avait été victime d’un retour de bâton. S’écroula, fut pris par le gel en 12 minutes.
En Arctique c’eut été en 3…
Comme le dit le lendemain le responsable de communication du Parc du Mercantour ‘avec son charmant accent du Sud chantant) :
« Ouaaah, je vois, il il avait que de la gueule, celui làaaaaaa ! ».
33 juillet : avait dévalé un escalier mouillé pour rattraper une métro parti. L’obessison de les rater…
28 février : mort écrasé en traversant par distraction car, en les soupesant intérieurement, il avait encore confondu année bissextile et non bisextile.
En oraison funèbre, on lui lut donc le calendrier des années bissextiles à venir (comptant 366 jours au lieu de 365), c’est-à-dire comprenant un 29 février. 2018, 2032, 44, 66, 88 et on en oublie !
Qu’il médite !
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La boucle fut bouclée le 24 février d’une année où…
Harold Ramis, réalisateur du fameux film culte de son adolescence, Un jour sans fin
… rejoignit ses fantômes à Chicago, des suites d’une longue maladie. Il avait écrit et joué dans le méga succès “SOS Fantômes”, enfin Ghost busters et son inusable bande son. Mais c’est son inusable comédie avec Bill Murray de lui un homme comblé.
Au début des années 2000, on avait poussé jusqu’à Chicago : Harold Ramis sortait Endiablé, remake moyen d’une comédie de Stanley Donen. Certains collègues s’étaient émus : pourquoi donc faire des kilomètres pour cet obscur réalisateur de comédies ? Parce que c’était l’auteur d’Un jour sans fin, pardi…
Quinze ans plus tard, alors qu’Harold Ramis vient de mourir, à 69 ans, on ne regrette décidément pas d’avoir fait le voyage. Parce qu’Un jour sans fin n’a pas quitté nos mémoires – il s’y réinstalle même plaisamment à chaque diffusion. Il annonçait peut-être inconsciemment le mouvement perpétuel des chaînes ciné de la télé d’aujourd’hui : c’est un film sans fin, un film qu’on ne cesse de revoir, plaçant le spectateur quasiment dans la peau de son héros.
Comme Phil, d’ailleurs, on aurait du mal à mettre au jour la première vision. Qui l’avait vu passer à sa sortie, à l’été 1993 ? Bill Murray n’était pas l’acteur-culte de Wes Anderson, Harold Ramis n’était que le scénariste et interprète (du docteur Egon Spengler !) de SOS Fantômes. Groundhog day, le jour de la marmotte, ça ne disait rien à personne.
Et puis le film avait fait son office : géniale histoire d’un homme se réveillant chaque matin le même jour – au son progressivement horripilant de I got you babe, interprété par Sonny & Cher ; géniale histoire d’un misanthrope snob, assez goujat, piégé au trou du cul du monde, dans une petite bourgade peuplée de gens sortis d’une comédie de Capra – l’horreur de la gentillesse sans fin.
Bill Murray endossait tour à tour l’arrogance, la rouerie, la résignation, puis la sagesse, tous les états que traversait son personnage. Une leçon de vie. Qu’est devenu Danny Rubin, inventeur de cette histoire, et coscénariste avec Harold Ramis ? Mystère.
Au début des années 2000, donc, on avait senti Harold Ramis un peu déprimé. Ce grand type bouclé avait fui Hollywood pour la banlieue de Chicago – une petite ville qui ressemblait à celle d’Un jour sans fin. En 1999, il avait eu un beau gros succès avec Mafia blues – Billy Crystal en psy, De Niro en mafieux névrosé. Mais le film n’était pas gracieux – et déjà, à l’époque, les plus éveillés (dont on n’était pas) disaient qu’une petite série baptisée Les Sopranos, c’était mieux… Sa suite, Mafia blues 2 – La rechute, en 2002, ne vaudrait pas tripette, ni esthétiquement, ni commercialement.
Ramis avait débuté à la fin des années 60 dans la troupe comique de Second city, aux côtés, notamment, de Bill Murray et John Belushi.
Ce dernier avait emmené quelques-uns de ses compagnons de rire à New York pour les déclinaisons radio, puis télé, du mensuel parodique le National Lampoon. Ramis aimait écrire et jouer, c’est pourquoi il avait refusé les propositions du Saturday Night Live. « Je voyais comment ils travaillaient : tout le monde sous cocaïne, des tournages au milieu de la nuit. Désolé, j’avais envie de vivre un peu plus vieux. », nous avait-il raconté. On le comprend : la vie cokee des studios est vraiment une utopie nulle.
Suite
La troupe comique avait été happée par Hollywood, avec des fortunes diverses, sur des projets inégaux. Il y aura bien quelques cinéphiles fous pour réhabiliter par exemple Le Golf en folie !, le premier film de Ramis réalisateur, co-écrit avec le frère de Bill Murray – qui a d’ailleurs un petit rôle dans Un jour sans fin…
Suivirent des années d’écriture, quelques rôles, un peu de mise en scène… et le méga-succès de S.O.S Fantômes, en 1984, co-écrit avec Dan Aykroyd et Rick Moranis. Les comiques, qu’ils soient cinéastes ou acteurs, ont souvent une date de péremption.
Le dernier film d’Harold Ramis, L’an 1, en 2009, avec Michael Cera et Jack Black en hommes préhistoriques, a déçu. Le cinéaste avait ensuite signé quelques épisodes de The Office. Puis s’est tu. On l’avait vu comme acteur, en 2007, dans En cloque mode d’emploi (il joue le père de Seth Rogen), hommage d’une génération d’auteurs-interprètes de comédie (celle de Judd Apatow) à leur aîné. Juste hommage.
Un regret : il devait tourner en 1982 une adaptation de La Conjuration des imbéciles, de John Kennedy Toole, avec John Belushi, mort en mars.
Tiens, quand je vous dis que mars c’est moche, Mars, quoique renaissant. Mais bon, Belushi avait abusé, pas de la faute du mois de mars, cela. C’est Plutôt Jupiter qui lui avait pété la tête !
Le projet a capoté, et Harold Ramis est devenu quasiment le cinéaste d’un seul film. Mais quel film ! »
Un film sans fin, une mort sans fin !
Crédit de l’article sur Ramis (hybridé par mes soins) : Aurélien Ferenczi, Teleramuche