Ce texte sans bride , sur la fois de ma vie où j’ai vu le frère de Boris Vian travaillant sur un violon dans son échoppe de luthier à St Germain n’a pas pris de ride.
Je le transmets sans chercher à retoucher sa complexité (ou sa simplexité, comme on a dit de la cuisine du Chef ** Laurent Petit au Clos des Sens, l’un des mes chouchous avec les Meilleur).
La poésie y confine à la recherche de sublimation subjective par un Moi méta-fictionné. Un Moi super-héros (et zéro) de ses possibles.
Tant pis tant mieux !Ce texte a été effacé par un hasard fâcheux.
En voici un autre dur les pas de son frère…
Il est âgé de 22 ans quand il s’installe en 1942 avec sa femme et son fils au 98, rue du Faubourg Poissonnière (10e). Ingénieur fraîchement sorti de l’École Centrale, il est aussi chroniqueur traducteur en contrat avec Gallimard pour son second roman Vercoquin et le Plancton, et trompettiste dans l’orchestre de Claude Abadie.
À défaut d’avoir un cœur solide, le pouls de sa vie parisienne bat rapidement à Saint-Germain-des-Prés (6e). À la terrasse des Deux-Magots comme à celle du Café de Flore, Vian refait le monde, parle de jazz et d’existentialisme avec Sartre, Simone de Beauvoir, Raymond Queneau ou Miles Davis.
L’ÂME DE SAINT-GERMAIN
Le quartier est un microcosme. Vian en décrypte les mythes, les personnalités, les rues pour en rédiger le mode d’emploi dans Manuel de Saint-Germain-des-Prés. Mais attention, « ce n’est pas après l’avoir lu que vous serez apte à terminer votre vie dans une cave », ironise-t-il.
La nuit, l’âme de Saint-Germain se fait souterraine. Oubliées les horreurs de la guerre, poètes et musiciens se retrouvent dès 1945 dans les caves pour « jazzer ». Au 33 de la rue Dauphine (6e), le sous-sol du café Laurent abrite Le Tabou. Boris y joue de la « trompinette » avec ses deux frères, Juliette Gréco récite des poèmes de Queneau, et les zazous dansent le be-bop introduit par Gillespie. Le « Prince de Saint-Germain », comme il est surnommé, fréquente tous les sanctuaires, du Club Saint-Germain au Montana, rue Saint-Benoît (6e), en passant par le Caveau de la Huchette (5e).
Quand, en 1950, le cœur du trompettiste l’empêche de souffler dans son instrument fétiche, son frère lui offre une guitare-lyre sur laquelle naîtra Le Déserteur. Le cadeau trône, encore aujourd’hui, dans l’appartement du 6 bis, cité Véron (18e), où il emménage en 1952 avec sa seconde femme, la danseuse Ursüla Kübler.
VOISIN DE PRÉVERT
Après avoir vécu dans une chambre de bonne au 8, boulevard de Clichy (18e), il s’agit là de son premier véritable appartement. Il donne sur une terrasse qu’il partage avec la famille de Jacques Prévert, et domine le Moulin Rouge. Libertaire, passionné de voitures et de science-fiction, Vian possède de multiples facettes qu’il cache sous une soixantaine de pseudonymes ! Le plus célèbre reste l’hétéronyme Vernon Sullivan, auteur de J’irai cracher sur vos tombes, condamné pour outrage aux bonnes mœurs.
En 1953, Vian raccroche avec l’écriture. De L’Écume des jours à L’Arrache-Cœur, aucun des livres signés de son vrai nom n’aura eu de succès, contrairement aux romans noirs de Vernon Sullivan. Son univers, cité Véron, devient alors plus que jamais dédié à la musique. Sur le piano du salon, il compose avec Henri Salvador, Alain Goraguer, prépare ses tours de chant aux Trois-Baudets (18e). Entre la chanson, l’écriture théâtrale et la direction artistique chez Philips, l’artiste ne se laisse pas beaucoup de répit. Et sa santé fragile en pâtit.
Le 23 juin 1959, au cinéma Le Marboeuf (8e), alors qu’il assiste à contrecœur à la projection de l’adaptation de son roman J’irai cracher sur vos tombes, Boris Vian s’effondre, victime d’une crise cardiaque quelques minutes après le début du film. Coup du sort de ce titre maudit qui aura fini par le condamner définitivement.
Parallèles Potentiels & Urbanités
Il se souvient
du frère de Boris
qui était luthier à l’Odéon
rue de l’Echaudė St Germain,
Encore actif il était vers 88
30 ans après trépas de son frère
Quand le narrateur,
si leste petits corps terrestre,
passa devant son échoppe de luthier
devenu petits corps céleste
entre deux tournées de galeries
il le découvrit.
C’est un cafetier d’à côté qui confirma :
C’est le frère Vian, oui !
il ressemblait à ce que serait devenu son frère
s’il n’était pas aller cracher sous les bombes
en 59
Il lui apparut comme un Boris bis
Survivant à crinière blanche léonine
de vieil humaniste
il travaillait sur un instrument
sa grande silhouette était courbée
penchéé dessus, élégant sans le vouloir
artisan aristotéliciennement concentré
sur son travail de réparation
d’un violon.
Oh beauté de l’avoir croisé !
25 ans plus tard
La boutique un peu art déco
est devenue un magasin…
Voir l’article original 2 093 mots de plus