Quel est le nom des habitants de Jérusalem ? Les hiérosolymites. Entre autres. En hébreu, cette ville dénombra 70 noms en 1000 ans. Et presque autant de lieux sacrément beaux ! Cette beauté poignante culmina pour moi au sommet du Mont des Oliviers. Il domine des tombes en espalier. Menahem Begin git ici.
On marche, on descend vers l’église Sainte Marie Madeleine, moins fréquentée par les groupes, on croise une procession de gens chantant que j’ai enregistré.
Tout cela est si émouvant…
C’est le syndrome de Jérusalem : il est au sacré ce que le syndrome de Stendhal est à la beauté artistique.
De Tel Aviv vers Jérusalem, les visions bibliques sont fréquentes : un troupeau de chèvres dans le désert de Judée en allant à Massada en téléphérique.
Ce lieu emblématique (parmi tant d’autres) forme un éperon rocheux surplombant la Mer Morte.
Où l’on flottera si facilement avant un soin de boues ! Il y a la vision du tunnel de Saint-Jean d’Acre, sa citadelle. Les ruines du site de Césarée. Le golf de Césarée fait référence dans ce pays où les balles iront peut-être jusqu’aux cieux !
Dans le Vieux Jérusalem
Elle compte quatre quartiers (terme dérivé du mot romain cardo : le point qui divisait la ville d’est ou Ouest).Si l’on est agoraphobe, on ira d’abord de nuit en petit comité. En sortant du restaurant Bulghourji du quartier Arménien. En prenant la ruelle Saint-James (du nom d’un monastère, trace de la récente occupation anglaise).
En progressant furtivement, bouffées du rêve antique revenant. On fait partie du film. On passe par les colonnes du Cardo romain, on arrive ainsi peu à peu à la muraille Ouest, que j’appelle le mur des murmures : C’est celui des Lamentations.
Des gens priant, vus de dos, dont certains semblent saisis par une transe saccadée. Etrange partition. Tous glissent ces fameux petits mots entre les blocs de pierre du Mur. Ces mots sont renouvelés tous les trois mois. Puis enterrés par lots successifs. Un peu comme de nouveaux niveaux de tombes en pierre de grès blanche viennent s’ajouter sans cesse aux flancs du Mont des Oliviers…
Levez-vous et marchez !
La première couche du Mur est vieille comme le roi Hérode (Ier Le Grand) qui le fit construire (en 50 avant JC). 1500 ans plus tard, le roi Mamelouk se chargea de la seconde. Les Ottomans, occupants pendant cinq siècles (de 1500 à 1909) de la dernière, où de petits pavés remplacent les blocs. Tout ici est à l’image de ce mille-feuille historique. On monterait la Via Dolorosa (chemin du Calvaire du Christ, jusqu’au Saint-Sépulcre. Une reconstitution de plus car son tombeau présumé réel est à 850 mètres de là ! On l’appelle la tombe Gordon.
Le lendemain, on déjeune au Modern, le restaurant du spectaculaire Musée d’Israël, après avoir visité une petite partie des si belles collections. Et exploré l’un des fabuleux tunnels et grottes datant du Premier Temple : La grotte de Sédécias, redécouverte en 1854 par un archéologue anglais… cherchant son chien !
L’on pourra dormir au Leonardo, une tour proche de l’une des sept portes de la ville, celle de Jaffa. Ou, beaucoup plus chic, au récent hôtel Mamilla dans un quartier de boutiques cossues. Le toit terrasse nous offre au dîner une vue à tomber sur vieille ville et murailles antiques (le même groupe hôtelier restaure d’ailleurs le Lutétia à Paris, qui devrait rouvrir avant l’été). www.mamillahotel.com
Tel-Aviv la vie !
Israël a pour nom renouveau à Tel Aviv, qui joue le story telling de la douceur balnéaire. Côté architecture, on est entre Miami et Singapour, Le Havre et la Grande Motte sur les bords : un tissu de tours surgies des dunes pour affirmer le futur.
Il y eut d’abord les architectes formés à l’école du Bauhaus allemand dans les années trente. Ils ont construit 4000 maisons, dont quelques centaines seulement sont restaurées, un programme est en cours. La plus connue est celle de l’Indépendance. Ce quartier blanc aux formes épurées est mon préféré.
Il y a aussi Neve Zedek, un lassis de villas, boutique de créateurs et bars à la mode. On jouit d’une vue incomparable sur la promenade de mer (jusqu’à Jaffa) du balcon des chambres de l’hôtel Herods YaHarkon. L’eau est cristalline, encore tiède en novembre (surtout après avoir couru jusqu’à Jaffa) car il y a peu d’industrie.
Sur le port de Jaffa
On irait faire un tour dans le vieux Jaffa, en passant par le musée Ilana Goor : la sculptrice et décoratrice la plus réputée du pays. Incroyable bâtisse du XVIIIe surchargée de trésors, donnant sur le port, à découvrir absolument. La terrasse est une page ouverte de catalogue de décoration.
Enfin, la réalité dépasserait la fiction lors d’un mémorable dîner au restaurant « 2C ». Au 49ème et dernier étage de l’une des trois tours Azrieli (www.2-c.co.il) à Tel Aviv. Au sommet de cette tour ronde. Vue hors-pair et très bonne chair… ponctuée par un tremblement de terre.
On croit avoir le tournis tandis qu’on picore ses mezze, un verre de rouge du plateau de Golan en main… vite reposé. Car ce que l’on sent est le vibrato d’un petit séisme à la frontière Iran-Irak (à 1500 kilomètres).
Mais ca tremble pas mal 2 fois, pendant 10 secondes… ou moins ! Ma première fois au sommet d’une tour. Je me dis : oh, je dois être un peu fatigué…
Les jeunes serveurs telaviviens que j’interroge n’ont rien senti : ils étaient en mouvement.
Comme nous en ce divin petit pays, entre deux péripéties…
De quoi Israël est-il le nom depuis 3000 ans ? D’un western sacré, on va dire… sur médiatisé. D’un espoir sans fin, de troubles incessants. Cessant parfois… On en profita pour s’immiscer dans le terrain miné. Oublieux d’une douloureuse dualité, d’un sionisme vous laissant dubitatif.
On va dire pudiquement que cela ne nous concerne pas. Au Cambodge, au Vietnam, on ne fit pas la fine bouche. Et puis on se souvient qu’on est journaliste de tourisme avant tout. Et que de ce point de vue, Israël, c’est vraiment très beau…
Quelques suggestions
A Tel-Aviv : Université Shenkar de Design et d’Art d’où sont sortis des stylistes réputés comme Alber Elbaz (ex-Lanvin). Visite absolument génaile des ateliers de stylisme possible, via l’OT. www.shenkar.ac.il
Sarona et le quartier Germania Colonia allemand des protestants Templars, dominé par une vieille antenne moderniste de l’armée. Un temple culinaire de commerces de bouche (80 enseignes) y a ouvert. http://www.saronamarket.co.il
Vignoble de Barkan : le plus grand du pays, présent sur les trois terroirs du Nord (Golan, Haute-Judée) au Sud. www.barkan-winery.co.il
Césarée : les ruines de la capitale royale d’Hérode, vestiges de la ville antique des époques romaine et médiévale. Et un golf 18 trous conçu par Pete Dye : http://www.caesarea.com
Le musée de Mizgaga dans le Kibboutz Nahsholim : http://www.mizgaga.com
L’Observatoire Tel Dor http://dor.huji.ac.il
Saint-Jean d’Acre, avec arrêt à Haïfa aux jardins Bahaï. Le Tunnel des Templiers. Puis Acre : le port et la vieille ville.
Tourisme actif : La vallée de Jezréel et une ferme d’herboristerie. Kayak sur le Jourdain, restaurant Iskander sur la rivière. Superbes vols de grues à la Réserve ornithologique de Hula – http://www.agamon-hula.co.il
Renseignements goisrael.com/fr
C. Photos : Israeli Ministry of Tourism – IMOT
NB : Article paru dans Où? Magazine numéro 30, printemps 2018.