Plus qu’un an pour découvrir l’un des lieux l’art les plus atypiques, du côté de la Bastille : La maison rouge…
- Jusqu’au 21 janvier, l’émouvante collection de Marin Karmitz (qui se qualifia lors d’un entretien d’Etranger résident), y est présentée : un grand bonheur de découverte. Flashback et tour d’horizon des expos d’ici la fin du lieu.
- Depuis 2003, la maison rouge fonctionne comme un labo super inventif – et modeste, sans arsenal discursif indigeste – de la création récente. Avec une programmation incluant des collections privées inconnues, invisibles autrement. Grâce à l’originalité de ses expositions (3 à 6 par an), l’endroit est devenu une institution dotée d’un regard toujours neuf et acéré.
« Etranger résident »
Ne ratez pas les 300 pièces de la collection privée de Marin Karmitz (fondateur des cinémas MK2, producteur). Comme d’habitude à la Maison Rouge, vous ne verrez presque rien de tel ailleurs. C’est en cinéaste, en homme qui se souvient de ses origines, qu’il a imaginé la présentation des 300 photographies, tableaux, sculptures, dessins et vidéos exposés.
L’expo est conçue comme un scénario entremêlant plusieurs histoires, disait le dossier. Oui, il les entrelace en un beau dispositif, notamment intimiste, de 8 pièces successives le long d’un sombre couloir. Où l’on plongera avec ravissement son regard dans celui des photographies noir et blanc peu connues de cette collection de mémoire si particulière. Car elles vous regardent aussi, les photos. au regard du temps et du reste !
Elle s’appelle donc « Etranger résident », en écho à un passage de l’Ancien Testament…
« Mienne est la terre, et étrangers et résidents vous êtes auprès de moi. »
Lévitique 25:23
L’exposition, dont Marin Karmitz a assuré le commissariat avec le créateur des lieux, Antoine de Galbert, tisse une double histoire :
- La sienne d’abord : MK naquit en 1938 au sein d’une famille juive de Bucarest. Un monde d’origine parti en fumée : Seconde Guerre mondiale, puis le reste, oblige.
- Et celle du siècle, la toile de fond politique sociale et artistique des années trente au années dix : les nôtres, tiens ! Résolument personnelle, engagée, exigeante (et pas toujours aimable, ce qui est bon signe), cette collection montrée pour la première fois, quasi intégralement, est un cabinet de curirosité(s) au meilleur sens du terme (l’aiguiser, la curiosité).
MK re-situe et restitue ici les photographes qu’il apprit à connaître, puis accumulés dans sa collection. Et chez lui… Une minutie distinguée, une délicate précision et prévention : celle d’un vrai collectionneur. Comme on souhaiterait tous l’être !
Il y a ensuite, entre autres, les grands espaces d’installations. A l’entresol, un théâtre d’ombres avec les outils de couture géants d’Annette Messager où on peut lever les bras pour devenir à son tour ombre projetée, façon marionnette.
Puis, un beau cheminement de plus au sous-sol. Tout au fond de la dernière salle, un focus sur Chris Marker, l’impérissable cinéaste qui a aussi inventé l’idée du cerveau téléchargeable sur Internet qui finira par exister sous une forme neuronale ou une autre. bon, là, j’ai aussi vu de lui une série de personnes dormant dans le métro, que je jamais exposée jusqu’aàlors, que je sache… Un bon prétexte pour redécouvrir son cinémar, tiens !
Jusqu’au 21 janvier 2018.

Et les expositions à venir?
- Il y aura ensuite une exposition consacrée à une artiste Rom en février.
- Puis la collection de poupées noires d’une discrète avocate du Connecticut en avril…
- Et la dernière exposition ?
Ce sera « L’envol » (du 15 juin au 15 octobre 2018, sous réserve). Ce thème tellement documenté depuis des siècles (pas la peine de vous faire un dessin) sera abordé sous ses formes actuelles. Avec des œuvres d’art contemporain (Panamarenko, Roman Signer, Rebecca Horn (dont j’adore depuis 30 ans les machineries ailées faites de superbes vraies plumes). Et bien sûr d’art dit Brut ou populaire (George Méliès, Hergé, Zorro, Moebius…).
« Puis ce sera la fin car… »
« Je ne vois pas comment nous pourrions faire mieux, aller plus loin. La Fondation Antoine-de-Galbert ne disparaîtra pas pour autant » explique son créateur. « Elle réorientera son action vers le mécénat. Jusqu’à présent, la Maison Rouge absorbait toutes les ressources financières. Elle aura donc une latitude d’action plus grande, pourra intervenir avec plus de liberté, dans des directions plus nombreuses. »
Antoine de Galbert
Des directions à venir que l’on explorera probablement avec ce plaisir surpris qui caractérisa toujours le lieu.
Car son fondateur, Antoine de Galbert a fait exactement ce que l’on souhaiterait tous vouloir faire (si la vie vous en laissait le loisir au lieu de produire son petit contenu d’agent de la grande chaîne).
Issu, enfin héritier, d’un grand groupe de la distribution (Carrouf’, pour parler comme la ménagère de moins de cinquante ans en termes de temps de cerveau TF1 disponible) il fut galeriste à Grenoble (sa ville natale) et tissa des liens privilégiés avec des tas d’artistes. Avant de créer sa Fondation, puis cette Maison Rouge en 2003. Où il exposa bien sûr aussi, sous différents éclairages, des pièces de sa propre collection (notamment pour « Le Mur » en 2014)…
Situé dans une ancienne usine, ce lieu de 1300 m2 au bord du canal, des bateaux au Port de l’Arsenal, du Génie de la Bastille, fut toujours un peu magique. Au dehors comme au dedans, de par les collections uniques exposées.
Magique, ou plutôt troublant car cette Maison Rouge a su abolir la frontière entre arts dits nobles et autres. Donner à voir des courants différents : l’art Brut, quand elle exposa Henri Dager. Ou « Louis Soutter, le tremblement de la modernité ». Cet artiste suisse avait vécu les 20 dernières années de sa vie en hospice. Et bien d’autres peintres marginaux, différents, jugés « fous » car internés…
Parfois de leur plein gré : Comme ma japonaise à pois blancs préférée, Yayoi Kusama, dont le musée à Tokyo vient d’ouvrir en octobre 2017.
Parmi mes expos préférées, il y eut fin 2016 l’œuvre et la collection du très créatif artiste De Sète Hervé Di Rosa. L’un de mes favoris depuis les années 1980. Grtosse vitalité dans ses personnages qui sont à Sète ce que le Manga est au Japon
Il exposa une truculente sélection d’oeuvres et d’objets de sa collection perso, dits des « arts modestes ». Ces arts modestes pour lesquels il a ouvert en 2000 à Sète l’incontournable « Miam » : Musée International des Arts Modestes.
Tout un programme…
Crédits Photos : La Maison Rouge/ Marc Domage/ Collection Marin Karmitz/Courtoisy Service Presse/ADAGP
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PS : Le galeriste Christian Berst, l’un de mes favoris, expose aussi avec précision le spectre des possibles de cet Art dit brut (dans le discret et si parisien Passage des Gravilliers, près de Beaubourg). Certains de ses artistes ont été exposés à la maison rouge.
Un autre lieu à suivre… En plus, on peut prendre des invitations des expos précédentes, souvent magnifiques : comme de mini-oeuvres. D’ailleurs, j’en ai une sur ma porte…
waouh! chapeau tant de coquilles en si peu de lignes c’est digne d’une expo art brut à la Maison rouge!!! ExpO et pas exp, « raison d’aller » avec apostrophe…L’expo de MK c’est « Etranger résidEnt » dans un « lieu l’art » comme vous dites!!! Et puis excusez-moi, mais présenter des expositions invisibles? Pourquoi y aller alors? Ou vous voulez dire invisibles ailleurs? Permettez-moi de rectifier une erreur chronologique: la seconde guerre mondiale, dans les pays de l’Est, a mis fin à l’holocauste, vous dites que les parents de MK sont morts à cause de la guerre, puis du reste, non! Déjà, ses parents ont survécu et fui le communisme pour venir en France. Bon je continue; la collection est exigeantE, cette obsession du masculin qui l’emporte!Quant aux photographes qu’il A accumulés, ne seraient-ce pas plutôt les photographies?Et encore « que je jamais exposée jusqu’aàlors »????, Grtosse vitalité ????? vous écrivez trop vite mon cher, relisez-vous…. et pourquoi ne créeriez-vous pas un coin discret où on pourrait signaler les coquilles entre 4 yeux pour le plus grand confort visuel de tous?
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L’essentiel est dans le fond, mais je vous remercie de décortiquer mes coquilles, come le reste, comme à l’accoutumée, par contumace lasse…
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De rien! C’est sans fin puisque même votre réponse comporte une coquille! (come). Pour le fond, comme j’avais déjà lu cet article par deux fois ailleurs, dans d’autres publications, je vous renvoie à mes commentaires sur le fond d’alors.
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