« Métro 7 Bis »
Au pré la porte s’ouvre
Une autre à l’extrémité sonne le glas
A chaque fermeture Danube est sous terre
Botzaris, Buttes Chaumont… sentir
Un air de Rosa Bonheur
Du haut des sapins
Bisous de mon strapontin
A Bolivar
Pas envie de flâner
La rame s’ébranle
Aux suivants
Ballet de montés et descentes
La tension monte
On tourne en rond
Je me redresse
Me détend et
Regarde la ligne
Sur le bandeau oblique
Correspondances
La poésie rôde
Pour s’enfouir sous terre …
Oser entre rime et rame.
Anne Michèle Weinstich
C’était le premier poème reposant sur la contrainte « un ver entre deux stations . Un petit groupe de voyageurs de la 7 bis chargés d’écrire un ver entre chaque station lors d’un aller retour sur cette ligne naine. La 7 bis est cette lignuscule dérivée de la 7, allant de Louis Blanc au Pré Saint-Gervais.
Voici Les poèmes des participants à la balade poétique dans le métro du 18 mars 2017 organisée par la bibliothèque Place des Fêtes.
Un hommage à la Pérec, à la Queneau, avec les petites choses du métro.
On continue avec ma contribution et celles des autres estimables lecteurs de ce comité dissous par le temps.
« Ballade Des Jenssus – Mes mots du métro- Balade des pendus »
Choses vues sur les quais du métro/ Se souvenir de François Villon, poète et bandit de fortune du Moyen-Age, qui fut pendu sur le gibet de Montfaucon, là où s’élèvent aujourd’hui le parc des Buttes chaumont. Bon, c’était en fait un peu plus bas, vers Grange aux Belles, mais l’occasion était trop belle
Le Pré Saint-Gervais m’innervait, sentait pas l’odeur du pré
Da, nube, oh hé, do you speak Chiva ?!
Un régal incertain pour les yeux
Matricule 88 M.007, beau tzar,
qu’avez vous fait de votre iris ?
Mardi 21 mars, marche Répu pour les 511 morts dans la rue
Si mot bleu, livide en cet, écueil, netflix
Jaurès à cailloux blancs se les caillait bien du réel
L’odeur de la baguette de mon sac en plastique d’Arts et Métiers en or, Iron Fist
Joli coeur, toujours démêler des guêtres sans fil
Ici aussi, il y a des bouchons se tenant dans l’embrasure de leurs bras suspendus aux Buttes
Où j’ai vécu si longtemps sans but
Au bord du gouffre 7 bis
incident voyageur aggravé
3 pisse, 3 bis, je disais bien qu’elle roulait vite !
Ah, ces odeurs qui métropolitanent le nez !
Pelleport, pelle à babord
sans désir d’attraction
Poinçonneur qu’avait cassé sa pipe sans trous
Christophe Riedel, Aka Faustus
(7 Bis Aller)
« ORTEM »
Quand t’écris, tu cris ?
Non, quand je cris, j’écris !
J’prends la ligne
J’largue le quai
J’correspondance avec l’infini
J’ai l’image qui déraille
Je cris j’écris
Metro c’est trop.
(7 Bis retour)
« TRANSPORT »
A voile, a vapeur
A cheval, a vélo
A dada, a métro
A dodo, à boulot
A venir, a demain
“ Tu verras y’f’ra beau
On s’aimera tout plein
J’t’emmènerais la haut ‘’
« UKIA »
J’aime bien les lignes ‘Bis’
Elles ont une manière de battre le rappel
Qui me transporte.
(3 Bis)
« 4 X 4 »
Dans la rame
D’à coté
Y’a l’affiche
Qui’m’fait de l’oeil
J’ai’l’ticket
Y’a’pas a dire
J’l’accroche
J’sens
Qu’on va vivre
A la colle !
Alain Toulmond
(Rue Jansen)
« Biblio »
J’y suis
Sous moi
Le sol
Juste au dessus
Un plafond
Il est juste 17 heure
Quelque aller et venu
Et le si particulier
Évanescent brouhaha
De ce lieu
Devant moi
Du rêve en rayon . . .
De soleil
D’espoir
De lumière
Des mots sans D.L.C.
À cote de moi
De la vie qui vibre
Des lignes qui jettent l’Encre
Lèvent le voilent
Prennent le large
M’embarquent
Avec moi du sens qui s’agite
Dure de la feuille
Mais qui vous parle
Et tire la couverture à lui
17 heures toujours
Le temps m’ignore
D’entre les pages
Comme un souffle
Une voyelle s’échappe
Et derrière moi
Il y a la vie qu’on sonne
17 heures
PS ; ‘Tiens je viens de voir un lecteur
Prendre son envol’
Alain Toulmond
« Un samedi à la bibliothèque Janssen »
16H45 18 Mars 2057 Bibliothèque Janssen
Il y a beaucoup d’agitation.
Les « Comics » enterrent la vie de jeune fille d’une vieille B.D
La musique classique scande « Baroque ». Le vacarme est assourdissant.
D’autres C .D ont quitté leur bac et veulent lire des livres. Ils choisissent les titres en chantant.
Les mangas décident de porter des jupes et de ne plus être rangés par ordre alphabétique. Ils
s’infiltrent sous le parquet.
Les polars s’appuient les uns contre les autres et dégorgent tout leur sang d’encre.
Une lectrice se lève. Elle porte un pull, un pantalon, une robe, un gilet, une veste, un manteau.
Elle paraît absolument très maigre. Elle trouve les journaux trop quotidiens.
17H10 18 Mars 2057 Bibliothèque Janssen
Les secours sont arrivés.
Les C.D ont repris leur place avec dignité.
La revue des « Beaux Arts » a remis sa perruque et son dentier.
Les livres fantastiques redeviennent fantasques et condescendants.
J’ adresse à toutes les oeuvres un sourire timide.
– « L’Amour est enfant de Bohême » dit un livre
– « vive les paroles chantées en vibration » affirme un C.D
– « Tout ce plaisir est partagé » conclut un lecteur.
Danielle Berthaut
« La ballade de Simone »
En voiture Simone
Comme Jonas dans le ventre de la baleine
Tu demandes un câlin à ton voisin
Mais celui-ci a un noir dessein
Dans ton sein il plante son surin
Tu es morte Simone
Monte un marin à la guibole en bois
Il embrasse Simone qui revit
Simone lève sa jupe et danse
De stupeur le conducteur arrête son métro et danse
« Place des Fêtes » s’appelle désormais « Place des Orgies »
Baba à la Porte des Lilas
Frites à Saint Fargeau
Rôti de porc à Pelleport
Simone devient Menu
Danielle Berthaut
« Chez les tout-petits »
C’est la maison des nains
Suis bouche bée devant pingouin
Qui tourne les pages
Marqué par des doigts
J’oublie mon poids
Jusqu’au bruit tout autour
Casiers alignés
« Cerf, cerf, ouvre-moi »
J’ai faim d’histoires
Pas le temps de dormir
Jaune, rouge, jaune, bleu,
Le luna-park zinzibule
De l’oeuf à la poule
La ruche butineuse
Grimpe
Après les voyelles
Et le tout-petit
Ce construit un nid. »
Anne Michèle Weinstich
« Un grand merci à eux pour ce moment riche en création et en bonne humeur! Vous pouvez trouver les poèmes en intégralité, en version papier à la bibliothèque. » Les bibliothécaires de la Place des Fêtes.
Et cette extension, due au Gibet de Monfaucon, un peu plus bas, à la Grande aux Belles, en dessous des buttes-Chaumont. Gibet (potence) s ur lequel le poète François Villon, un peu bandit malgré lui, histoire de survivre, fut probablement pendu….
Aujourd’hui, serait-il devenu un entrepreneur ou capitaine d’industrie, poète à ses heures ?
===============
* L’Epitaphe en forme de ballade que fit Villon pour lui et ses compagnons, s’attendant à être pendu avec eux :
LA BALLADE DES PENDUS
Frères humains, qui après nous vivez,
N’ayez les cœurs contre nous endurcis,
Car, si pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tôt de vous mercis.
Vous nous voyez ci attachés cinq, six;
Quant à la chair, que trop avons nourrie,
Elle est piéça dévorée et pourrie,
Et nous, les os, devenons cendre et poudre.
De notre mal, personne ne s’en rie:
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
Si frères vous clamons, pas n’en devez
Avoir dédain, quoique fûmes occis
Par justice. Toutefois, vous savez
Que tous hommes n’ont pas bon sens rassis;
Excusez-nous, puisque sommes transis,
Envers le fils de la Vierge Marie,
Que sa Grâce ne soit pour nous tarie,
Nous préservant de l’infernale foudre.
Nous sommes morts, âme ne nous harie;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
La pluie nous a débués et lavés,
Et le soleil desséchés et noircis;
Pies, corbeaux, nous ont les yeux cavés
Et arraché la barbe et les sourcils
Jamais nul temps nous ne sommes assis;
Puis ça, puis, là, comme le vent varie,
A son plaisir sans cesser nous charrie,
Plus becquetés d’oiseaux que dés à coudre.
Ne soyez donc de notre confrérie;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
Prince Jésus, qui sur tous a maîtrie,
Garde qu’Enfer n’ait de nous seigneurie;
A lui n’avons que faire ni que soudre.
Hommes, ici n’a point de moquerie;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
FRANCOIS VILLON
Lire aussi l’article de Jeannine Christophe dans Histoire et Vie du X°
Pour en savoir beaucoup plus , télécharger sur la plateforme Gallica ( Bibliothèque Nationale de France) cette étude (1863) sur les Gibets et autres potences parisiennes.
Le métro, c’est bistre, sinistre, triste, mais pas que de cerises ! Une chambre d’écho de nos injustices, sans compensations…
Merci Christophe .
Les maux de la 7bis, la ligne verte, est une source d’inspiration pour tous ces poètes en herbe. A présent, quand je prendrai le métro, je le trouverai un peu plus veau, beau. Allez on se fait une ligne ?
Envoyé de mon iPhone
>
J’aimeAimé par 1 personne
Oui, la 3 bis alors. Mais mieux vaut éviter la 8 bistre
J’aimeJ’aime
Est ce qu’une ligne 7bis vaut 2 lignes 7 ?
Pourquoi l’a t on nommé 7bis ?
On aurait dû la nommer 8, et renommer la 8 , ligne 9, la 9, ligne 10 etc… Hououou, ça me démange… Je remettrai bien de l’ordre dans tout ça. Si nous étions allés plus loin dans la numérotation et ainsi , nous aurions eu bien plus de couleurs. Parce que, entre le blanc et le noir des entrailles du métro , il y a toutes les couleurs de l’arc-en-ciel.
Les questions existentielles de Marianne.
Envoyé de mon iPhone
>
J’aimeAimé par 1 personne
Si la 7 bis a en hiver le teint bistre, si, toutes proportions gardées, elle manque d’été iodé, pourquoi le reprocher au homard tout juste rescapé de l’océan ?
J’aimeJ’aime
En grand ordonnateur métropolitain je vous verrais si bien
J’aimeJ’aime
Il me semble qu’avant de se piquer de faire de la poésie on devrait connaître non seulement le sens des mots mais aussi la manière de les employer! Vous me faites rire avec vos effets de manches, vos jeux langagiers, et votre autosatisfaction car je ne pense pas que ce qui me fait m’esclaffer et qui manifestement ne vous a pas effleuré soit un effet de style, au contraire c’est une preuve d’ignorance… Essayez toujours de pendre quelqu’un SUR un gibet… ou pour remettre les choses dans un contexte actuel, au cas où mon propos ne serait pas clair, de voyager SUR un avion….
J’aimeAimé par 1 personne
Merci. Gibier de potence, gibet d’impotence : que je sois pendu en place de Grève (ou bien sur la ?) avant de chevaucher un aéronef ! Snif…
J’aimeJ’aime
Voila qui ouvre des perspectives…
J’aimeJ’aime
Voilà une réponse qui annule le reproche ô combien innocent de votre impitoyable commentatrice… juste un problème de chronologie: ne vaudrait-il pas mieux chevaucher l’aéronef AVANT d’être pendu? Au moins, le résultat étant doublement certain, il y aura quelque chance de récolter des mandragores…
J’aimeAimé par 1 personne
Or, la mandragore est au futur ce que le passé est à la peine…
J’aimeJ’aime
un ver entre deux stations, comme c’est bien vu….. un ver approximatif, comme il se doit!
J’aimeJ’aime