L’opera paysager muet
Du mouvement
Vous prend
une nuance différente
TGV vers le Sud ?
Par temps bleu ou gris
Cela crescende jusqu’aux Alpilles, voire les dentelles de Montmirail. Cela peut prendre l’itinéraire du Pic Saint-Loup, celui de mes Corbières bien-aimées aussi.
Même si là, j’extrapole un peu en termes de trajets.
Le train se fait pure fiction avançant dans les vignes derrière la crête montagneuse de Roquefort-Les Corbières. Puis, il se fond dans la mer au Cap Leucate, après s’être allongé un moment sur la plage de la Franquie. Sans son, pure esquisse, il serait devenu limace, limaçon, que sais-je encore…
Mais revenons à mon trajet à partir de Paris
Cela commence après Sens, départ de la ronde Bourgogne des collines
Défilent les collines bourguignonnes striées de colza, du jaune encore fin mai à caresser du regard
Le tempo des turbines tgvéennes ponctuent le paysage défilant dune bande son
Petite musique d’essieux et les yeux dans les cieux à 320
Petite musique bruitiste à la John Cage, avec un soupçon de Pierre Henry (Celui de Dracula) par exemple ou de Brian Eno…
Mouvement hypnotique du train puissant filant
Qui vous rendort
Entre 2 stimuli nonchalants des choses entraperçues
Les vaches à gauche,
832 comptées
les 432 000 brebis laitières d’Ossau-Iraty
L’ail du jambon persillé
(enfin, plutôt celle du saucifflard, on est pas dans le Morvan)
De votre voisine de train
dans la lumière de cette fin de matin
Une chair grasse à la Rubens, cette voisine
en tout cas son avant-bras pendant un peu comme la crête d’un coq
Vaguement sérielle, cette petite musique d’essieux
Teintant votre opéra paysager muet
D’une durée de 2h37 ou 3h 49
Déjà dans les champs l’odeur du thym
de la sarriette, de l’immortelle des sables
qui se fera garrigue ou maquis plus loin
Celles que je cueille sur le bas-côté de de la route juste au-dessus de la bastide aixoise du domaine de Fontanille dans le Sud Luberon ou les cigales ne chantent pas encore (c’est à partir de 24° degrés, les grillons prennent le relais le soir. Ou bien est-ce le contraire) ?
Celle que j’ai cueilli un mois plus tôt en montant au col d’Eze à partir de l’hotel de l’Ermitage.
Les eucalyptus que j’ai senti et regardé en montant vers le Col du Canadel
mais cette fois-ci le trajet s’achève
Arrivée Avignon gare tgv : cette gare est une carapace dorsale

Avignon, la gare tube – à Avignon TGV.
Frugale collation à quai : Pomme granny, biscuits à je sais plus quoi, montagnettes cézaniennes au loin, mais pas si loin
Transfert en voiture vers le
Domaine de Fontenille, Sud Luberon
Encore une heure de trajet !
Arrêt café dans un village au hasard pour sentir jus et gens. J’en paie un au chauffeur.
Visite des caves du Domaine, exploration promenadière solaire solitaire dans les 39 hectares de vignes et prés aux coquelicots
Ce soir, diner avec Michel Faure, un nouvel étoilé Michou 2017, un équilibriste des saveurs, hardiesse bien dosée.
Elle est loin
sur la terrasse de la bastide aixoise du Domaine
L’odeur de bonhomie saucissonnée de la voisine de compartiment d’antan !
elle lisait en débardeur
« Identifier et maitriser les relations toxiques »
Vaste programme…
Oui, un opera muet
Ma Granny désossée
Se le tenait pour dit
Les camions, sur le cõté
Avant la centrale nucléaire vauclusienne de Tricastel, le long de la voie
Qui fit changer de nom…
L’AOP vins de Tricastel (devenue en 2013 Grignan Les Ademar, cela sonne mieux et renvoie à la correspondancière marquise : finis les parallèles fâcheux avec le nucléaire, ces vins sont pas mal, d’ailleurs, la chaleur des collines les traversent, de grenache, Cinsault et Syrah)
Syrah serait la déesse des vignes à profusion le long des chemins, celles du Var, de Provence, des climats de bourgogne (c’est le nom des parcelles classées Unesco en 2015, il y en a 1347 en Bourgogne).
Les proportions de toutes choses entraperçues à 320 kmh se dilatent dans la vitesse et tout à la fois gagnent en précision furtive : on voit subliminaaux des détails au loin dans les roches minérales de l’éternel Esprit du Sud français.
La vision des PréAlpes (vues entre Arles, Aix, Avignon, Mars) me font saliver les mirettes comme on dit des babines
Comme un jeu d´enfant, la vitesse à 320 vous prend et vous laisse, rhabillant votre regard, dénudant vos pensées.
Cela fera des réserves pour l’hiver statique des brumes parisiennes. Des econocrocs alimentant le songe cyclique des beaux jours de printanété :
Le paysage comme un coffre à jouets
Où puiser du réel sans fin
dans les Iles d’Or
Celle du Levant est assez mystérieuse : contours abrupts, base militaire de tests de tirs de missiles, avec un chouilla de naturisme au centre Héliopolis. Le bateau du Chef cuisisiner amarré devant la plage du Rayol.
Pourquoi es-tu déjà si loin, toi ? Tu fus mon balcon de deux nuits donnant sur l’île du Levant (l’une des îles d’Or). Ici, petite mise en oeil (comme les Chefs servent des mises en bouche) à base de glands d’eucalyptus, d’écorce de liège du Var ramenée du col du Canadel (3 ascensions en 36 heures). Moisson personnelle.
Celle ci restera dans le Top 10 de mes vues de chambres. Bailli de Suffren, au Rayol-Canadel, entre Cavalière et Cavalaire.
Bonne adresse de derrières les fagots, sans ploucs trop riches. Car oui, nous sommes à 25 km des tartes tropéziennes comme ce « White Pearl » croisant entre les pins parasols de Ramatuelle :
plus-grand-super-yacht-du-monde-avec-ses-143m-de-long-ses-trois-mâts-en-carbone-imaginé-par-Philippe-Starck-et-propriété-d’un-Russe-ou-chinois-américain-français smicard-par-seconde-pendant-que-les-99%-triment
Du haut du col du Canadel par le petit PR bleu : superbe raidillon odorant d’eucalyptus, de jasmin en mai et juin. C’est ainsi queon monte après » Les Degrés de la mer », série d’escaliers filmique beau comme du Capri dans Le Mépris (de JLG). Ce point de marque la cime, la haut, quoi. Et, partant, ‘exaltation vaguement wagnérienne du promeneur/Wanderer… NB : Cerise sur le gâteau de ces tristes temps de tourisme de masse : on ne la proposera jamais aux groupes, cette ballade-là : ils tomberaient comme des mouches sur le raidillon. « Et j’ai mal au dos, et je suis trop çi, et c’est trop haut, et j’ai glissé sur la rocaille du sentier. Mais je veux continuer à faire des v… »
Ps : Nanti de la seule épuisette à beauté, encore m’en irai chasser dans des yeux d’or de l’art…
Reflets de trajets vers San Remo avec Manfred, le 25 avril, passé Vintimille
Le trajet dans son coupé bm vintage depuis la villa de Roquebrune…
Le 24 au jardin Hanbury côté italien, dominant la mer. Vue un peu moins absolument belle que celle du jardin tropical de cactés à Eze une semaine d’avril plus tôt (dominant aussi les maisons de Julian Lennon et Bono, tout en bas, à Eze-sur-Mer, cela étant dit pour la rubrique people…).
Et le premier Festival des jardins de la Côte d’Azur par moi chroniqué dans le post ici plus tôt), vu juste avant à Nice, Menton, puis la villa Ephrussi à Saint-Jean Cap-Ferrat. Illusions de Dolce Vita…
A l’aise dans l’idée de la beauté sans fin ni fanes…
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Reflets dans un oeil d’or
Le titre de ce post est aussi un zeste d’hommage en forme de clin d’oeil à ce titre du film de Joseph Mankiewicz, au passage. Sauf qu’il est de John Huston et qu’il date de 1967.
Remarque :
« Reflets dans un oeil d’or était vu ici dans sa version Director’s Cut : il s’agit non pas d’une version plus longue mais d’un traitement de l’image voulu par John Huston pour donner une image sépia aux reflets dorés. L’effet est visuellement très réussi et donne le sentiment d’une légère altération de la réalité.
Certains critiques parlent d’une volonté de restituer la vision d’un observateur neutre, en l’occurrence le cheval ou le paon. Dans son autobiographie, Houston dit simplement:
« C’est une histoire psychologique très nuancée : des pensées, des sentiments, des émotions qui ne pouvaient s’exprimer dans la gamme trop brillante du Technicolor. »
Warner Bros pensa différemment et distribua le film en Technicolor classique.
Commentaire de Huston : « ils pensent que, plus il y a de couleurs au mètre carré d’écran, plus le film est réussi. » » Source ici
De même pour la vie et les plus insipides reflets des ?
« Il fallait certainement le talent d’un réalisateur comme John Huston pour trouver le ton juste en adaptant le roman éminemment complexe de Carson McCullers Reflets dans un œil d’or. L’histoire se déroule dans une caserne paisible et isolée où un major (Marlon Brando) et sa femme (Elizabeth Taylor) entretiennent des rapports empreints d’insatisfaction.
Une incrustation au début du film nous annonce le drame : nous savons qu’un meurtre va être commis. Toutefois Reflets dans un œil d’or n’a rien d’un film policier, il s’agit d’une peinture sociale, un certain regard sur la normalité que John Huston semble porter avec un certain recul, presque un détachement. Les rapports infiniment complexes entre les personnages sont ainsi montrés sans excès, sans jamais forcer le trait. Tout le mélodrame est évacué.
La complexité des personnages est aussi parfaitement rendue par le jeu des deux acteurs principaux, deux monstres sacrés ici à la hauteur de leur réputation. La mise en scène parfaite de John Huston forme un bel écrin à l’intensité du récit. Reflets dans un œil d’or n’a hélas pas toujours été bien considéré. Il fait pourtant partie des plus beaux films de John Huston… »
Et un petit Madredeus pour la route le long de la mer…
L’exaltation du promeneur est plutôt goethienne, si je peux forger ce mot, si on peut parler d’exaltation du promeneur fatigué qui aspire au repos… éternel. Je ne connais pas de marcheurs wagnériens. En revanche je pense que pour apprécier les limaçons il fau avoir lu La grande vie de J Martinet https://www.franceculture.fr/emissions/fiction-une-chaise-une-voix-un-texte/la-grande-vie-de-jean-pierre-martinet
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Aussi me le tiendrai-je pour dit.
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Trés beau texte créatif, amusant , empli de poésie et d’émotions intenses.
« L’essieu dans les yeux » pour citer l’auteur, j’arrivais à sentir les odeurs, à écouter la musique….
Une belle incitation au voyage,
à consommer sans modération.
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Merci. Et pourvu que cette exaltation fasse durablement voyager les âmes de fond.
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Revenez y : le texte s’est depuis étendu !
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le texte ne gagne pas à ê
tre étendu, à mon avis! il vous prend et vous suffoque quand il est bref.
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je maintiens: plus bref plus suffoquant! trop long plus banal et hélas c’est le risque.
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là c’est carrément réussi merci de nous faire rêver!
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Carrément rêvé ! Merci de me faire réussir
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C’est le commentaire d’un homme trop pressé, qui veut prendre des raccourcis…
Cool, c’est un voyage, on découvre, on prend son temps, c’est exaltant.
En ce qui me concerne, quand c’est bequ et bon, j’aime prolonger le moment, pas vous ?
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Je confesse que moi aussi.
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pas moi! La longueur est l’ennemie de la fulgurance. Je préfère l’espresso au café allongé!
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Mmmmm, vaste débat. J y parfois fait ajouter un chouilla d’eau chaude pour relever le nuveau de l’expresso d’un cm et demi
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Niveau (sic)
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