Au Musée Rimbaud, l’enfer a du bon !

Fugue au musée Rimbaud : Il écrivit « Une saison en enfer », j’ai découvert son musée sans enfer. Ce fut un émerveillement au fil du parcours repensé fin 2015. Il y a tout ce qu’il faut de grâce, d’élégance,  de trouble, de charmes noirs, vénéneux, d’élans et de fluides vitaux donnant à sentir le sang du poète le plus connu peut-être :

L’adolescent aux semelles de vent du Bateau ivre (qu’on lira plus bas) devenu un raisonnable négociant dans sa seconde vie fugace.

Le musée : un ancien moulin, ici vu de côté…

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A la fin du parcours, quatre livres techniques ( construction et maçonnerie liés au travail de sa seconde période existentielle : négociant-aventurier. Et la valise d’Arthur, la sublime valise surmontée de deux cartes : d’Afrique et de Vienne (Wien, car elle est en allemand) dans l’une des vitrines du cabinet de curiosités triangulaire.

Fugue au musée Rimbaud : visite d’une saison sans enfer…

Emouvante valise me rappelant celle de Fernando Pessoa. Cette autre malle pleine de gens qui contenait tant de manuscrit de ses hétéronymes.

Le 20 février 1891, Arthur demande un bas à varices à sa mère car il a mal à la jambe droite, le 10 novembre, il succombe à un cancer du genou. 37 ans fulgurants ainsi s’achèvent.

Que reste t’il du rebelle, du punk avant l’heure immortalisé par le peintre urbain Ernest Pignon Ernest ?  Et tant d’autres avant lui, dont Fantin Latour, puis Valentine Hugo en 1953 (voir le portrait aux roses ci-dessous) ?

Que reste t’il de la rédemption par l’écriture d’un sieur Rimbaud, se disant négociant ? Ici, on en perçoit tous les enjeux.

4 salles dans ce musée

Juste derrière, la Meuse se traverse par passerelle. Dans le musée, l’écriture coule du grenier au troisième étage où l’artiste Claude Lévêque a installé 7 douches sonores diffusant des poèmes en autant de langues. Elle se déroule  au fil des salles de Voyages en rencontres, de peintures en manuscrits, y compris celui que lui consacra sa soeur Isabelle, dans l’accrochage renouvelé deux fois par an.

Elle coule ensuite quand le parcours vous fait sortir/rentrer du musée, le temps d’enjamber l’eau, de la traverser sur une humble passerelle de bois, témoignant du temps du moulin qui fut ici avant.

Aperçu : d’abord la valise, si émouvante…

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Appréciation sur le Livre d’or

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Contrejour sur le pont du parcours, le portrait en pied d’Ernest Pignon Ernest à gauche
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Le livre de sa soeur Isabelle
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La dernière salle, dite cabinet de curiosités (et la vitrine de ses objets personnels, dont la valise).

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Eau reflétant l’arche de pierre, audace de quelques pas dans une vivante peinture, soleil de printemps ou glacis d’hiver faisant vivre cela au fil des saisons.

Tiens, je repense à Gaston Bachelard, à son exploration philosophique des ponts et de l’eau :

L’eau est l’élément de la mort jeune et belle, de la mort fleurie, et, dans les drames de la vie et de la littérature, elle est l’élément de la mort sans orgueil ni vengeance, du suicide masochiste. L’Eau et les Rêves (1942)

Un peu sinistre, mais il s’agit d’un essai. Abyssal, mais pas en Abyssinie comme la dernière période de Rimbaud : en Ethiopie.

Si l’abîme en général nous nie, en tout cas nous abime, l’eau ce matin-là est bucolique, heureusement nimbée de lumière. Il  n’y a ni Jean Genet ni visions picturales de noyées d’Hölderlin pour gâter tout cela. Juste l’ami Verlaine sans vent mauvais. L’ami qui aida à retrouver et publier  tant de poèmes dont le fameux Bateau ivre

Il y a le petit bonheur de passer du dedans au dehors, sous une maison, avec bien sûr le fameux portrait en pied au pochoir de Rimbaud ado par l’artiste Ernest Pignon Ernest. il est à gauche de l’arche tandis qu’on marche à l’air libre. Il se biodégradera au fil du temps. C’est le principe de l’art urbain. Fluctuat nec mergitur…

L’écriture d’Arthur  ensuite se dilue dans les méandres de la rivière, dans nos pensées, dans nos veines sinon délétères, du moins se diluant dans la force d’imaginaire entraperçue tout au long du parcours. Tout au long des oeuvres de ce fugace, terrible et surtout sublime destin.

L’écriture d’Arthur est un GPS qui me fait revenir d’outre-tombe (ad patrès) en voyelles quand je quitte le musée. Pour visiter le jardin  de fleurs blanches et l’ancien hangar à bateaux reconverti en annexe du musée (gratuite, indépendante du musée, donc accessible à tous au fil des promenades, dehors). Y sont exposés d’avril au 8 octobre un choix d’oeuvres ne craignant pas l’humidité des limbes fragiles, d’expositions temporaires…

Ne reste plus qu’à traverser la passerelle ou partir sur la Meuse le temps d’un aller-retour. Et à rater la photo du dos d’une jeune fille, ondine gracile me doublant en trottinette. Reste sa chevelure ondulant au vent… Je me venge avec cette mienne création à partir tu carnet du visiteur et du pigment naturel bleu de Prusse du Moulin des couleurs, à 30 kilomètres de Charleville

Riedelian composition 1891
Bleu de Prusse
carnet rimbaldien (du Musée rénové)
main, soleil, coeur pur délavé par la vie, parquet
Pigments naturels du Moulin des couleurs Ardenne

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www.moulincouleurs.fr
#ChampagneArdenne #parallelespotentiels

A l’entrée du musée

Le même artiste (Claude Lêveque) a plutôt joliment – donc discrètement – conçu un cadran du temps en lumières blues comme des signaux de chenaux qui vous prend à l’entrée du musée. La boucle temporelle du temps perdu sera toujours bouclée, perdue, regagnée, songe-t’on. Et votre serviteur déplacé : comment paraphraser Rimbaud ?

Voici la description du musée par la ville:

Le musée Rimbaud Nouveau-logo-muse-e-Rimbaud_small-medium.jpg

« Le nouveau musée Rimbaud propose un parcours de visite entièrement consacré à l’œuvre et à la vie de l’homme aux semelles de vent à travers une muséographie originale et moderne.

Dès les vastes combles du Grenier, des « douches sonores » permettent aux visiteurs d’être d’emblée immergés dans l’œuvre poétique. Puis, descendant par le grand escalier, baigné par la lumière bleue du « Cadran », oeuvre de l’artiste Claude Lévêque, il accède aux salles Rêveries et Révolutions. Au travers d’œuvres contemporaines inspirées par sa poésie, sont évoqués l’enfance du poète, ses premiers écrits et l’extraordinaire intensité des années qui suivent, à la fois dans l’écriture qui se révèle et dans la soif de découvrir le monde.

Véritable écrin dans le musée, la salle des manuscrits accueille ensuite le visiteur dans une ambiance feutrée : les manuscrits les plus précieux, les photographies les plus célèbres y sont présentés.

C’est en franchissant le Wasserfall sur une passerelle jetée au dessus de la Meuse que le visiteur quitte ces années d’effervescence poétique pour suivre Arthur Rimbaud devenu voyageur, négociant et explorateur à travers l’Europe de la fin du 19e siècle puis des contrées plus lointaines, alors parfois encore inconnues, de l’Arabie et de la Corne d’Afrique, quinze années d’une vie qui offrent, avec les précédentes, un contraste saisissant et mystérieux… »

Madame Rimbaud

Vous êtes Quai Rimbaud, on s’en doutait. Il n ‘y a plus qu’à aller 50 mètres à droite à la Maison des Ailleurs. Plus tard, ou en en sortant…  La maison où Madame Rimbaud a emménagé en 1869. Pendant six années, jusqu’en 1875, les quatre enfants Rimbaud et leur mère logèrent au premier étage. L’idée de cette maison correspond aux cinq ans de la période de création poétique.

Pratique

Le site de la région : + Champagne Ardenne Tourisme

L’itinéraire Rimbaud proposé par la ville de Charleville-Mézières, le pdf du dépliant du musée rénové, etc

Dormir dans un hôtel de circonstance : Le dormeur du Val

Joli story telling rimbaldien dans cet hôtel quatre étoiles tapissé de poèmes jusqu’en façade, mais sans excès non plus. De quoi lire et élire, d’insolites chambres design ou rien n’est d’équerre, qu’un Arthur reloaded pourrait apprécier, qui sait ? En tout cas, l’on y dormira et s’éveillera bien. Des chambres, une vue sur une allée pleine de baignoires enherbées (pleines de plantes, en fait) à droite. Nous sommes dans les locaux de l’ancienne imprimerie de L’Usine Nouvelle.

Bien sur, le nom de l’hôtel vient du poème éponyme :

Le dormeur du val

C’est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D’argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit

« Il passe si subtilement du sommeil à la mort… Ça laisse un froid dans le dos. »

Bah oui. Mais pas l’hôtel, qui se joue des volumes de béton et de bois, ni la place ducale de la ville : variation miniature en brique et pierre dorée du pays sur le plan de la Place des Vosges à Paris, l’ancienne Place Royale..

Et on pourra manger un morceau revigorant dans un bistrot raffiné de la ville : La table d’ Arthur. Bien connu ici, il faut réserver. A quelques pas de ladite place ducale. On est Rue pierre Bérégovoy, tiens.

Il y a aussi celui juste à droite du Dormeur, demandez à la réception : le Sel & Poivre. Tout est fait maison, précise t’on sur l’ardoise. C’est très bon. En plus, le service ne rechigne devant aucune question à la noix…

La route Rimbaud-Verlaine relie ces deux génies

A Juniville, une ancienne auberge sise face à la maison que louait Verlaine abrite le musée du même nom. Là, une collection iconographique unique et des manuscrits originaux. Visite commentée,  animations  régulières.

Passant Rethel, où Verlaine enseigna le français, l’anglais et l’histoire, et Roche, où la mère de Rimbaud possédait une ferme dans laquelle il écrivit Une saison en enfer,  on remonte jusqu’à Charleville-Mézières, sa ville natale et lieu de sépulture.

La capitale ardennaise a rendu hommage à son enfant terrible. La maison où il est né est toujours debout, un monument a été érigé à sa mémoire en 1901 dans le square de la gare : C’est la Maison des ailleurs retraçant les errances du poète à travers le monde. C’est le musée Rimbaud installé dans un ancien moulin surplombant la Meuse. Dans ce musée, la vie et l’oeuvre d’Arthur, une scénographie convoquant selon les exposiotions temporaires et les différents accrochages (deux par an) des artistes de renom ayant célébré l’auteur des Illuminations.

Office de Tourisme de Charleville-Mézières/Sedan en Ardenne
www.charleville-tourisme.com

Musée Verlaine
08310 Juniville
Tél. : (0)3 24 39 68 00
www.musee-verlaine.fr

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Digression personnelle (circulez, y a rien à…)

Charleville-Mézières, avec sa figure rimbaldienne dans les bras de la Meuse, trouva toujours à mes yeux de l’ardeur dans les Ardennes.  35 ans bien sonnés que je n’y avais mis les pieds. Depuis le soir où je m’y battus avec trois bidasses ivres sur un quai de gare, tandis que je revenais dans le compartiment du wagon où étaient entreposées mes marchandises de vendeur ambulant occasionnel en période de weekend et vacances scolaires.

J’étais alors étudiant, spontané à l’excès, le sang un peu chauffé par la fréquentation d’un pub à Guiness, un certain dédain pour la chose militaire qui me provoqua d’abord sur ce quai de guerre, pardon, de gare. Tout cela, trois heures près mon arrivée, marquant ainsi quelque médiocre volonté de pause avant la chambre d’hôtel glauque, de rupture en fin de trajet de travail.

Mais en fait, c’était pas là : c’était à Thionville, petite ville de régiment que mon esprit embrumé a confondu. Serait-ce du à de sottes prétentions aventurières ? Allez savoir…

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Allez, un dernier poème pour la route avec le mot clé : éternité

Elle est retrouvée.
Quoi ? – L’Eternité.
C’est la mer allée
Avec le soleil.

Ame sentinelle,
Murmurons l’aveu
De la nuit si nulle
Et du jour en feu.

Des humains suffrages,
Des communs élans
Là tu te dégages
Et voles selon.

Puisque de vous seules,
Braises de satin,
Le Devoir s’exhale
Sans qu’on dise : enfin.

Là pas d’espérance,
Nul orietur.
Science avec patience,
Le supplice est sûr.

Elle est retrouvée.
Quoi ? – L’Eternité.
C’est la mer allée
Avec le soleil.

Et, toujours au fil de l’eau, un plus léger (quoique) :

Le Bateau ivre

Comme je descendais des Fleuves impassibles,
Je ne me sentis plus guidé par les haleurs :
Des Peaux-rouges criards les avaient pris pour cibles,
Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs.

J’étais insoucieux de tous les équipages,
Porteur de blés flamands ou de cotons anglais.
Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages,
Les Fleuves m’ont laissé descendre où je voulais.

Dans les clapotements furieux des marées,
Moi, l’autre hiver, plus sourd que les cerveaux d’enfants,
Je courus ! Et les Péninsules démarrées
N’ont pas subi tohu-bohus plus triomphants.

La tempête a béni mes éveils maritimes.
Plus léger qu’un bouchon j’ai dansé sur les flots
Qu’on appelle rouleurs éternels de victimes,
Dix nuits, sans regretter l’œil niais des falots !

Plus douce qu’aux enfants la chair des pommes sures,
L’eau verte pénétra ma coque de sapin
Et des taches de vins bleus et des vomissures
Me lava, dispersant gouvernail et grappin.

Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème
De la Mer, infusé d’astres, et lactescent,
Dévorant les azurs verts ; où, flottaison blême
Et ravie, un noyé pensif parfois descend ;

Où, teignant tout à coup les bleuités, délires
Et rythmes lents sous les rutilements du jour,
Plus fortes que l’alcool, plus vastes que nos lyres,
Fermentent les rousseurs amères de l’amour !

Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes
Et les ressacs et les courants : je sais le soir,
L’Aube exaltée ainsi qu’un peuple de colombes,
Et j’ai vu quelquefois ce que l’homme a cru voir !

J’ai vu le soleil bas, taché d’horreurs mystiques,
Illuminant de longs figements violets,
Pareils à des acteurs de drames très antiques
Les flots roulant au loin leurs frissons de volets !

J’ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies,
Baiser montant aux yeux des mers avec lenteurs,
La circulation des sèves inouïes,
Et l’éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs !

J’ai suivi, des mois pleins, pareille aux vacheries
Hystériques, la houle à l’assaut des récifs,
Sans songer que les pieds lumineux des Maries
Pussent forcer le mufle aux Océans poussifs !

J’ai heurté, savez-vous, d’incroyables Florides
Mêlant aux fleurs des yeux de panthères à peaux
D’hommes ! Des arcs-en-ciel tendus comme des brides
Sous l’horizon des mers, à de glauques troupeaux !

J’ai vu fermenter les marais énormes, nasses
Où pourrit dans les joncs tout un Léviathan !
Des écroulements d’eaux au milieu des bonaces,
Et des lointains vers les gouffres cataractant !

Glaciers, soleils d’argent, flots nacreux, cieux de braises !
Échouages hideux au fond des golfes bruns
Où les serpents géants dévorés des punaises
Choient, des arbres tordus, avec de noirs parfums !

J’aurais voulu montrer aux enfants ces dorades
Du flot bleu, ces poissons d’or, ces poissons chantants.
− Des écumes de fleurs ont bercé mes dérades
Et d’ineffables vents m’ont ailé par instants.

Parfois, martyr lassé des pôles et des zones,
La mer dont le sanglot faisait mon roulis doux
Montait vers moi ses fleurs d’ombre aux ventouses jaunes
Et je restais, ainsi qu’une femme à genoux…

Presque île, ballottant sur mes bords les querelles
Et les fientes d’oiseaux clabaudeurs aux yeux blonds.
Et je voguais, lorsqu’à travers mes liens frêles
Des noyés descendaient dormir, à reculons !

Or moi, bateau perdu sous les cheveux des anses,
Jeté par l’ouragan dans l’éther sans oiseau,
Moi dont les Monitors et les voiliers des Hanses
N’auraient pas repêché la carcasse ivre d’eau ;

Libre, fumant, monté de brumes violettes,
Moi qui trouais le ciel rougeoyant comme un mur
Qui porte, confiture exquise aux bons poètes,
Des lichens de soleil et des morves d’azur ;

Qui courais, taché de lunules électriques,
Planche folle, escorté des hippocampes noirs,
Quand les juillets faisaient crouler à coups de triques
Les cieux ultramarins aux ardents entonnoirs ;

Moi qui tremblais, sentant geindre à cinquante lieues
Le rut des Béhémots et les Maelstroms épais,
Fileur éternel des immobilités bleues,
Je regrette l’Europe aux anciens parapets !

J’ai vu des archipels sidéraux ! et des îles
Dont les cieux délirants sont ouverts au vogueur :
− Est-ce en ces nuits sans fonds que tu dors et t’exiles,
Million d’oiseaux d’or, ô future Vigueur ?

Mais, vrai, j’ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes.
Toute lune est atroce et tout soleil amer :
L’âcre amour m’a gonflé de torpeurs enivrantes.
O que ma quille éclate ! O que j’aille à la mer !

Si je désire une eau d’Europe, c’est la flache
Noire et froide où vers le crépuscule embaumé
Un enfant accroupi plein de tristesse, lâche
Un bateau frêle comme un papillon de mai.

Je ne puis plus, baigné de vos langueurs, ô lames,
Enlever leur sillage aux porteurs de cotons,
Ni traverser l’orgueil des drapeaux et des flammes,
Ni nager sous les yeux horribles des pontons.

Quels sont vos vers favori ? Je vote pour

Un bateau frêle comme un papillon de mai…

Pour toujours…

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Et si mes fidèles lecteurs me suivent jusqu’ici dans ce monde de zap au delà de 10 lignes…

Ils ont gagné mon poème en variation sur

L’homme aux semelles de vent

(comme on appelait Rimbaud).

Le voici :

L’homme en lamelles de temps *
A parfois du mal à
Revenir sur ses pas
Au fil des méandres
De cette Meuse
Qui le vît naître
Vider ses valises
Garder  l’essentiel
Se vider du superflutile
Evite de t’asseoir sur ton propre tube de super glue existentielle. Car la vie devient de la super glue de routine si l’on y prend garde. Donc extraforte
Gênant, harassant
De voguer
Le séant ainsi scellé
Le cul collé (en décodé) à son siège
Comment irait-il encore
Aux semelles du vent 
Au delà de ses 37 ans
le Rimbaud, collé à son bureau ?
*Sera mon hétéronyme du jour.

12 réflexions sur “Au Musée Rimbaud, l’enfer a du bon !

  1. Si Rimbaud peut se permettre des licences poétiques, son exégète ne peut s’octroyer, sans autre forme de procès, des licences orthographiques tout de même!!!

    J’aime

  2. Notre auteur a suscité des créations poétiques chez l’autre ou réciproquement. Question, quelle influence de l’un sur l’autre? Parce que si le livre de Brigitte Fontaine est une confirmation de l’intérêt actuel pour Rimbaud, auquel succombe de facto notre auteur favori, celle-ci n’aurait-elle pas intérêt à relire les solides références de celui-là, et celui-là à essayer d’ajouter un peu de la folie de celle-là?
    https://www.franceculture.fr/emissions/paso-doble-le-grand-entretien-de-lactualite-culturelle/brigitte-fontaine-je-ne-lis-plus?utm_campaign=Echobox&utm_medium=Social&utm_source=Facebook#link_time=1494835556

    Aimé par 1 personne

      1. La chaleur est une chappe bien agréable. Les marronniers météorologiques de saison froide sont si fastidieux…
        A f/r-endre l’âme sur le qui vive du pull over.
        D’où cette poésie calendaire :

        J’aime

      2. Poésie calendaire

        Il faut bien que
        Novembre se spasme (avec son pic de suicidés métropolitains)

        Se résigner à Décembre, son lot de guirlandes marketing, familiales ou non, bulleuses en tout cas, sa trêve des confits saurs, la perspective de se faire enguirlander…
        Dérouler l’interminable et vilain Janvier jusqu’au 31
        (encore un : celui de trop)

        Se résigner à Février
        ( Si y a de la montagne, la pilule passe mieux )

        Tasser tout Mars bien profond
        dans la cheminée jusqu’à son fichu 31.
        Avant qu’Avril, ses pluies incessantes, son unique semaine divine, n’annonce enfin, après tant de dérouillées humidasses,

        le muguet du Mai aimé
        L’illusion d’être enfin re né
        Comme un enfant de juin
        Poussant tard le jour dans
        la nuit enfin chaude

        Aimé par 1 personne

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