Tentants instants vietnamiens (Nha Trang & baie de Ninh Van)

Vietnam. Ce pays doté de 3200 kilomètres de littoral a la forme d’un S. Ce serait le S serpentin d’un dragon de 1650 kilomètres longeant la mer de Chine méridionale. Ce dragon porte deux paniers : le delta du fleuve Rouge au Nord, du coté de Hanoi.

Au Sud, le beau – mais trop fréquenté – delta du Mékong.  Surchargé de bateaux circulant au fuel bon marché, pleins de clients exubérants buvant en musique. Ravages du tourisme de masse ici…

Tout le monde n’est pas comme l’Islande, qui vient d’annoncer son intention de limiter le nombre de touristes. Effet d’annonce ou pas, on verra…

Le Delta du Mékong est à deux heures de Ho Chi Minh ville (ex-Saigon), ville où la circulation est une pieuvre, forcément tentaculaire à chaque carrefour. On y tousse, mais le centre est plaisant. Par contre  le Vietnam rural est très préservé, le littoral l’est assez, pour ce que j’en ai vu. Et la montagne Phan Xi Pang permet de prendre de la hauteur à 3150 mètres…

Le tout est une mosaïque de paysages composant une œuvre d’art.

Nous allons à Nha Trang

Dans le Vietnam du Centre, une ville côtière à 450 kilomètres, à 45 minutes d’avion de Saigon. On peut aussi longer la côte en quelques jours.

Cette station balnéaire se laisse filtrer doucement, un peu comme le café vietnamien servi dans un verre surmonté d’un cylindre métallique à triple filtration. Lente, la filtration : 7 bonnes minutes. De sorte que le café, en tasse servie dans un bol d’eau chaude souvent, se boit tiède et sirupeux. Eu égard à sa puissante concentration. Encore plus à Hanoi, car il y fait plus froid l’hiver.

Cafe vietnamien Nha Trang

Nous sommes dans un bar colonial Art déco du centre, fleurant bon ses années trente, et près du musée Yersin (ce médecin et explorateur né en Suisse qui fit beaucoup pour la ville jusqu’en 1943).

7 minutes de lente coulée

Le café vietnamien est fort comme la vision de l’un des plus vieux temples de la civilisation cham, dédié à la déesse Yam Po Nagar, qui initia le peuple cham à l’agriculture. Les vestiges les plus anciens du sanctuaire sont les colonnes rouges, semblables aux pièces d’un échiquier antique géant du XIe siècle sur la colline dominant la rivière Cai et les barques bleues des pêcheurs. On se gare, on y grimpe, on s’inspire dans la pièce de méditation du temple, le mandapa, où des fidèles se recueillent.

L’hôtel Evason Nha Trang

Nous y a mené durant une visite de la ville, entre marché et cathédrale. Les bungalows vue mer de l’hôtel (le seul en ville à donner sur la plage) sont sobrement confortables, la cuisine du chef sino-hawaïen soignée, les ingrédients de la si raffinée cuisine vietnamienne traçables dans les deux restaurants.

Voici mon article paru dans Où? Magazine, printemps 2017

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Le spa est irréprochable

comme les actions environnementales et caritatives de ce petit groupe hôtelier (Six Senses). Au loin à droite, le fil aérien des œufs menant au parc d’attraction Vinland sur l’île d’en face amusera. Comme les sources d’eau chaude de Thap Bha ou le tour des îles de l’aire marine de Hon Mun. Il y a une myriade d’iles à explorer plus loin… On les voit en avion en partant vers Hanoi. Elles m’allèchent les babines en pupilles, ces îles. Ce sera pour une autre fois.

Vers le Six Sens en baie de Ninh Van

Car voici le moment du transfert m’emmenant de Nha Trang vers la baie. Un van m’attend en bas, devant le bassin aux carpes koi du Japon. On longe la côte et la mer jusqu’au ponton privé des vedettes de l’hôtel.

En passant par la sculpture de lotus géante sur la plage de Nha Trang commémorant la paix avec ce sens du kitsch si asiatique. Teinté au Vietnam d’une d’esthétique « cocommuniste » surgie d’un passé pas lointain. Une partie du pays donne encore l’impression d’avoir bloqué le compteur entre 1967 et 77…

Le communisme est bien présent, d’ailleurs, sur des affiches au graphisme soviétisant terriblement daté : on se sait plus trop parfois où et quand on est. Le soir, des hauts-parleurs montés sur camion dans des rues (pas toutes) diffusent parfois encore ce que j’avais bêtement interprété comme des publicités. Il s’agit de messages exhortant le bon peuple à) se coucher pour être en forme au travail le lendemain…

Mais bon, là, on part vers une presqu’île de luxe capitaliste et c’est tant mieux. 20 minutes de traversée en vedette privée vers le succulent Six Sens de la baie de Ninh Van.

En arrivant près de la presqu’île, on prend la mesure visuelle de ce qui vous y attend : un petit bonheur absolu, une beach villa menant vers la mer en 20 pas par allée privée. Ou une autre en hauteur, avec piscine sertie dans ces rochers karstiques aux motifs sculpturaux. Taillés par le plus génial des artistes :  la Nature. Des concrétions rocheuses aux couleurs de bout du monde qu’on observera en partant pêcher à 6 heures dans une barque boisée.

Joli prétexte pour pousser jusqu’à la baie d’à côté et son village de pêcheurs. On distingue ainsi la petite montagne qu’on a escaladée, avec guide, en cordée sur la paroi. Excursion de deux heures, du sommet jusqu’à une plage privée. Petite aventure facile ne saurait faire de mal…

Aventure nocturne

Avant une autre, nocturne celle-ci : les capteurs du programme  » Dormir avec Six sens » répartis sur le matelas. En bas de ce lit couronné par une moustiquaire digne d’une robe de mariage princier pour mille et deux nuits. Il y a aussi un menu d’oreillers aux diverses vertus, une liste d’huiles essentielles à choisir : citronnelle et jasmin pour moi.

Les capteurs assurent le suivi de progression de la qualité de votre sommeil. En parallèle aux progrès du programme bien être évalué en centaines de mesures. Des équipements sophistiqués mais simples, non intrusifs. On les avait déjà testés au merveilleux Six Sens portugais blotti dans la vallée du Douro, dominant le fleuve à 120 kilomètres de Porto.

Jay du Spa

Tandis qu’elle me masse avec l’huile essentielle de mon choix, cette frêle jeune personne donne des conseils de réflexologie plantaire pour travailler du bout des doigts les points correspondants à une tendance au mal de dos de travailleur du tertiaire.

Tout en massant nuque et épaules avec un art consommé. Et sa spontanéité de jeune fille fleur, native de la ville en face. Vers laquelle les 50 employés retournent le soir à 21 heures dans un gros bateau en bois, que j’ai vu partir la veille.

La nuit tombée, en sortant de la cabine de soins de Jay, je lui rends un minuscule service. J’éloigne d’un revers de main une inoffensive grenouille nichée dans sa sandale, ce qui l’avait surprise. La nature est si présente en chaque détail, si puissante, des éclairs sur la mer ce soir-là amènent un peu d’éclat.

Deux lézards geckos fuyards sur la terrasse couverte, au premier étage de votre villa. Et, que cela soit dit, il y a dans l’hôtel un attrapeur de serpents (l’anglais snake catcher sonne mieux). Il ne le tuera pas, il le relâchera, loin, bien sûr : on est orienté développement durable ou on ne l’est pas.

Que dire d’autre ?

Les deux restaurants, celui au sommet, où la brise frôle vos cheveux, celui sur pilotis et rochers, sont succulents. Toutes tentantes, les trouvailles culinaires du petit déjeuner buffet, comme le yoga en haut des rochers. Les petits plus ? Les vélos devant la villa pour circuler autrement qu’en buggy, la cave à vins dans une grotte, les excursions, notamment vers deux golfs à moins de 2 heures sur la côte.

Berceuse d’instants tentants revécus en s’endormant

Ateeb, le directeur bhoutanais, me décrit le futur programme de traitement du récif corallien qu’il mettra en place. Depuis ceux qu’on m’avait évoqués aux Maldives, les soins des coraux me rappellent toujours des implants dentaires, allez comprendre pourquoi…

C’est que oui, le changement climatique (et en Asie les traces du Tsunami) endommagent  les récifs coralliens. Une mission de la goëlette Tara étudie d’aileurs cela durant sa campagne 2017-2018  Durant ma plongée amateur à tuba, je marque un point en croisant un poisson clown Nemo. C’est peu, mais c’est déjà ça.

Ateeb (qui a grandi au Bhoutan à 3000 mètres d’altitude) est aussi sensible à la l’impermanence des choses. Ok, tout change en notre monde sans en avoir l’air. Ou en l’ayant trop.

Pourtant, ici, il n’y a que de belles constantes. Et la petite touche écolo spécifique à cette enseigne. Appréciables consolations à la fin annoncée de la pureté du monde.

Renseignements

Le Six Sens en baie de Ninh Van  

L’hôtel Evason Nha Trang Ana Mandara

http://www.ou-magazine.ch/vietnam/

Crédits : Six Senses Resorts and Spas – C.Riedel

 

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