Tours en (dis)grâce, résilience, détours (mi fugue, mi maison)

Souvent, regard sur tour varie, celle ci s’avarie, celui-là aussi. Bien fol qui s’y fie.

Si vite le neuf s’émousse à l’oeil, avec et sans détours

L’innovant semble daté,

prise de vue

d’un instant T

délavé par

le facteur

temps*** :

Effet fisheye, constat à l’amiable

Redire cette évidence : Le jugement de valeur varie si vite en toute matière, dépendant de son présent émetteur. En architecture, les constructions de nouveaux édifices, tours et autres immeubles ont vite fait de pâtir du regard du temps.

D’autant plus vite fait de pâtir du temps s’ils furent des bébés tape à l’oeil, du grand geste archi siglé et signé, archi daté. Mais pas toujours car rien n’est noir ni blanc et je hais aussi le sobre costume se confondant  dans le métro au crépuscule.

Retour à la case arrivée

Par ailleurs, ma bonne âme, tout le neuf se dégrade de plus en plus vite, semble t’il. On me l’a dit dans tant de pays. Pas seulement en Thaïlande il y a deux mois, en Chine depuis ma première fois vers 2007, au Brésil, en insinuant que main d’oeuvre nonchalante et matériaux low cost trop à vil coût. Ici aussi, en Europe aussi, y compris pour des tas de nouveaux musées emblématiques, toc.

C’est l’Uberisation du monde, mon bon monsieur : il ne fera pas de vieux zoos.

Le bâti émergeant est vite déclassé, décrié, quand il ne l’est pas dès sa naissance. Des tours charmantes mais s’altérant si vite…

Illustration I

Les soeurs « Absolues, Agence Mad. elles en jettent, non ?absolute014.jpg

absolute017

Modernism has a famous motto: A house is a machine for living in. However, as we progress further away from the machine age, we are left with a question: what message should architecture convey? What is the house of today?

Like other fast developing suburbs in North America, Mississauga is seeking a new identity. This is an opportunity to respond to the needs of an expanding city, to create a residential landmark that strives for more than simple efficiency and that provides residents an emotional connection to their hometown.

In place of the simple, functional logic of modernism, our design expresses the complex and multiple needs of contemporary society. This building is more than just a functional machine: it responds to the significance of being located at the junction of two main streets, elegantly bearing its landmark status and acting as a gateway to the city beyond. It is something beautiful, sculptural and human.

Despite its landmark status, the emphasis is not solely on height. Our design features a continuous balcony that surrounds the whole building, eliminating the vertical barriers traditionally used in high rise architecture. The entire building rotates by different degrees at different levels, corresponding with the surrounding scenery. Our aim is to provide 360 degree views for each residential unit, and to get city dwellers in touch with the natural elements and reawaken their appreciation of nature.

The Absolute Towers are nicknamed as “Marilyn Monroe Towers” by the locals for their sinuous shape.

Overview
Location : Mississauga, Canada
Type : Residential
Time : 2006-2012
Tower A : 45,000sqm, 56stories/ height 170m
Tower B : 40,000sqm, 50stories/ height 150m

Illustration II

-passerelle par cet immeuble-pont qu’on pourra juger primesautier d’allure, guilleret, un nouveau-né à couches superposées. Un millefeuille simulant habilement la maladresse. 

Parce qu’étant un  immeuble-pont, l’édifice à venir fut jugé par un édile comme une prouesse technique (au début de sa construction, hiver 2015-2016) :

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Le diagnostic : une réalisation d’architecture spectacle, performative. Intrigue un peu l’oeil, chatouille la pupille. N’est-ce pas le but de la jolie représentation autocadienne, de la perspective (fournie par l’agence) ci-dessus posée ?

Ca a l’air à la fois très bien agencé et savamment un peu foutraque, décalé, un peu penché, avec un côté Lego biaisé, voire de guingois… Certainement pas ? Comme une idée de prise de vue au fisheye ? Plaisante illusion de perspective en tout cas. Ce sera livré en 2016/2017.

Etat de l’art à février 2016 :CZ3qnuIWEAApzmS.jpgCZ3qorsWAAEnCO-.jpg

Crédits Agence Mimram/Mairie du XIII arrondissement de Paris.

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ENSEMBLE IMMOBILIER « PANORAMA » PARIS (75), FRANCE

Maître d’ouvrage
Icade
Lieu
Zac Paris Rive Gauche – Tolbiac Chevaleret Paris 13ème arrondissement
Date : 2012 – 2017
Caractéristique(s)
16 000 m²
Réalisation de 15 000 m² de bureaux et de 1 000 m² de commerces, enjambant le faisceau ferroviaire de la gare d’Austerlitz sans point d’appui intermédiaire, il est donc conçu comme un immeuble pont.

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Vision idyllique (avec vrais morceaux de picniqueurs), suite et fin panorama2-502x550.jpg

Sans détours Sera t’elle plébiscitée pendant longtemps, cette réalisation ? Combien de temps faudra t’il pour que la réalisation soit décriée ou conspuée* par des riverains ? Anyway, on s’y habituera bon gré mal gré.

Comme à l’anodine mais trop carrée tour rectangle blanche où j’ai grandi, non loin de là, à l’angle de la rue du Château des Rentiers et du Boulevard de la Gare Vincent Auriol. Une réalisation de 1973, par là. Neuve quand nous nous y agrégeâmes.

Comme à la tour  rue Corvisart où je vécus avant avant son look fin de sixties si daté. Je me souviens de la pauvre tortue de notre appartement tombée du balcon du  neuvième étage où nous vivions.

Oui, le regard comme à tant d’autres s’y habituera. Pas à la tortue tombée, à la nouvelle réalisation d’immeuble-pont, qui aurait peut-être empêché la casse de la tortue. Qui sait ?

Le regard riverain s’y habituera, en maugréant parfois, comme à toutes les autres minimutations de ce quartier treizièmard refait à neuf par couches et zones successives depuis les 43 ans que je l’ai connu.

Le jugement de valeur sur les tours (naissantes et vieillissantes) est aussi si subjectif, n’est-ce pas Sissi ?

Surtout pour les tours**, il y a toujours un fossé entre les jolies perspectives des plaquettes d’archi (entre autres secteurs) et la réalité, 30 à 50 ans après le rendu de la construction.

Le jugement de valeur, en particulier pour les tours, est très lié à son présent émetteur, à sa formation esthétique d’origine, à la formation de celui qui l’émet, pâtissant en général du temps qui passe, n’est-ce pas ?
PS : En cet instant T 2015, la nouvelle bâtisse avait fière allure. Qu’en serait-il en 2075 ? De toute façon, l’espérance de vie d’une tour n’est le plus souvent que de 50 ans avant que son réhabillage, avant que son enveloppe, sa carcasse ne soit refaite pour taper un peu à l’oeil de nouveau, a decent way.

En ce début de vingtième siècle, on avait depuis vingt ans un faible pour les habillages et armures légères métalliques de façade avec des trous/cercles/ fentes/mini meurtrières. Des cotes de maille le disputant au verre parfois aussi, comme à la Philarmonie de Paris.

On avait depuis vingt ans un pareil faible pour les habillages en bois de façade avec des trous/Cercles/ fentes/mini meurtrières/ volets boisés : pour faire vert, pour s’afficher plus vert.

Qu’en serait-il en 2222 ? Oui, Qu’en fut-il ? Quels seraient les figures imposées de la grammaire architecturale du moment ? Combien de viles nouvelles à bâtir et de compagnies de BTP co-régnant sur l’ordre mondial seraient réjouies par ces nouveaux marchés ?

Mon arrière-arrière petite-fille ou l’un des ses cousins raconta cela via le complexe convexe de l’accès mondial des disparus au cortexcode. J’y avais déposé ma mémoire data à partir de 2038 pour concession à perpétuité. Le problème étant que j’avais oublié le code d’accès après qu’il ait été transformé en algoritme automutant dans la mémoire du dépositaire.

Dieux du ciel absent, quels casse-tête ces changements de code permanents ! Il me fallut 102 ans (à moi qui fus un « Je » et demeurais pensant par cycles de 22 ans) pour me souvenir du bon code. Et devoir le modifier tous les 3 mois par souci de sécurité imposée. C’est court, 3 mois, quand on n’est là que par intermittences. L’intérim post-humain avait défini un temps de présence équitable pour tous les ex-vivants de 3 jours tous les 3 ans.

Souvent, regard sur tour varie. Bien fol qui s’y fie.

Si vite le neuf s’émousse à l’oeil

l’innovant paraît daté

Façon prise de vue

au fisheye

* Conspuée : On a pas tous les jours l’occasion de caser ce plaisant vocable, profitons-en.

** Ai-je répondu sur le réseau social des amis oui-oui à l’édile, à l’élu municipal, enthousiaste et plutôt sympathique, féru de Bd, promoteur de Street Art, se surnommant Jérôme, comme le Saint.

*** S’il se détourne, ce n’est pas bon signe

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Résilles, damiers, corolles : petites monomanies de façade à la mode du moment. Dans 30 ans, on en rira, comme des tours seventies d’il y a 40 ans. Et caetera.

Allez, on continue avec un damier, puis une  résille en habillage de bâtiment : Quand je vous dis que cela devient un tic, voire une monomanie…

Kengo Kuma à Marseille

Frac Paca, Kengo Kuma Architecte, Marseille : un geste signature de plus, livré pour l’année de la Culture Marseille 2012.

Koz Architectes Porte Italie Semapa Paris elogie

Porte d’Italie, 1ère phase, Févriér 2016 Paul Bourget, Koz Architectes
@Semapa_Paris @_elogie_

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Ilustration III

Et voici celles de Pudong, le skyline sur l’autre rive de la rivière à Shanghai, en l’état de l’art en janvier 2016. La plus haute est la Shanghai Tower : la plus élevée au monde… derrière la Burj Al Arab de Dubai, Number one. On a beau dire, elles sont spectaculaires. Mais sur l’autre rive, il y a des milliers de tours ordinairement fades et laidissimes, pathétiquement vilaines et prosaïques. Vous noterez aussi les saucissons mis à sécher sur les poteaux électriques dans la perspective du nouvel An de l’année du singe de bois et de feu ( qui tomba le 8 février 2016)…

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Cherchez les différences : 2mmexport1453741980517mmexport1453741992978La Shanghai Tower au crépuscule, ci-dessus, vue du petite quartier refait de Yuyu…mmexport1453742004551

J’aime marcher sur le Bund le long de ces tours parmi les miliers de quidams. A petite dose. Souvent, tourd saturent (le regard).

Bon, quand il fait gris, avec un taux de pollution sur l’appli shanghaiAir qui monte à 260, (comme il y a 3 jours) là ou la limite d’alerte à Paris est fixés à 70 pour la mise en place de la circulation alternée, ça rend nettement moins bien. Pour repère, A «  pékin, on on flirte avec les 700 le plus souvent, on est monté lors d’un pic de quelques jours en novembre 2015 à… 2000 (taux de Particules fines PM 2,5). On commence à avoir du mal à déglutir, c’est sûr.

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Autre illustration, autre cas d’école.

Jetez d’abord plus qu’un regard sur cette agence d’architecture  ici : A+

A+ est à l’honneur à la Galerie de l’Architecture parisienne en février 2016.

Leurs réalisations et projets semblent très plaisants, élégants. On y reconnait pourtant bien des tics stylistiques de la grammaire architecturale du moment (dont ceux cités plus haut).

Nb : Le travail d’écriture, l’exercice de style textuel autour des rendus, la présentation sur leur site est particulièrement bien faite. Ils écrivent tellement bien, avec un tel enthousiasme d’urbanistes, sans l’aspect singe savant, qu’ils font envie, ces bâtiments. Qu’on y sauterait à pieds joints en idée sur le champ ! Y compris avec leur part d’ascèse, de rigueur un tantinet monacale parfois. Et puis à la revoyure, le regard se gâte un peu, me semblait-il. Comme ici :

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Pôle médico-social, Nozay © Julien Lanooa+ samueldelmas.

Conçu  » en 2003 avec le projet d’engager une démarche active avec son environnement, précisément pour agir durablement sur sa perception et son vécu. »

Galerie d’Architecture : Cette toute première exposition monographique articule autour du thème de la matière une sélection de réalisations de l’agence : la maison a+f, l’hôpital psychiatrique pour enfants de Bures-sur-Yvette, la crèche d’Asnières-sur-Seine, l’Ehpad Broussais à Paris, le pôle tertiaire médico-social de Nozay ou encore l’îlot Petit-Bruges à Bordeaux. 

Ces projets sont évoqués par le prisme de morceaux de matières qui les composent et de maquettes. Samuel Delmas propose ainsi au visiteur d’inverser la codification du projet et démontre qu’il est possible de modeler une intimité par la fabrication d’un passage, d’une ombre, d’une épaisseur, « tout simplement » par la matière et les vides. L’exposition explore cette dimension sensible du projet et propose au visiteur de redécouvrir la manière dont les sens sont sollicités par l’architecture, par la mise en œuvre des matériaux, leur aspect, leur texture, leur lumière. À l’occasion de cette exposition paraît « SENSIBLE », une monographie consacrée à l’agence.

 

Au fond, on

 

 

ne  

sait

trop

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

qu’en

penser

 

 

Après 3 ou 4, voire 14 regards/années portés sur ces bâtiments, ils s’usent comme des effets un peu répétitifs. 

Agacent presque au-delà de leur charme austère.

 

Pourtant, j’aime parfois bien ces enveloppes, voire les intérieurs.

 

Serait-ce une mise en abscisse trop ordonnée que ces jolies créations à l’irréprochable enveloppe ?

« Je sais que je ne sais rien ». Socrate

 

Ce jugement de valeur

du temps sur les tours

n’est pas Crimes et bâtiments !

Pour détendre un peu les poutrelles armées,

ne plus maquiller les bétons compassés

en les envoyant se faire rhabiller

30 ans plus tard

un petit don

Painting the Streets of Berlin

Une petite partition urbaine

bagnolarde de couleurs

(Certes, elle aussi un peu modeuse)

Ps : si délassante à l’heure de pointe

des rendus délétères

et autres flux

tendus/

oubliés

Deuxième bonus :

Une minute d’économie d’énergie

avec feu le nécessaire et desprodigieux

Professeur Cyclopède

Alias Pierre Desproges,  nous dit :

« Rentabilisons la Colère de Dieu »

Je l’ai partagé sur la page FB du collège de Pataphysique :  ils ont eu beaucoup d’enfants aimants…

 

 

 

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