Chronique d’un Douro doré, Val Abraham, Six Sens

130 kilomètres de Porto, 90 minutes que l’on roule, la route serpente entre rangs de vignes circulaires, nos fils conducteurs. En contrebas, le fleuve jouant à cache cache regard, resurgissant à chaque tournant.
Restent quelques grappes de vigne sur la petite route pavée comme d’antan, au-dessus de l’hôtel, repérées en arrivant que j’irai tâter, goûter, enrecrachant les pépins sans penser à rien.
On roule en roulis visuel, en roue libre du mouvement hypnotique des vignes bien peignées, quoiqu’un peu ébouriffées :  Ne sommes-nous pas mi-octobre, après les vendanges ? Les rangs sont dégarnis, mais leur charme reste entier, comme les notes d’une partition grain à grain épelée.
Mélopée, refrain… Reste quelques grappes au-dessus de l’hôtel que j’irai tâter, goûter, grains plutôt sucrés; recrachant les pépins sans penser à rien…
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A 130 kilomètres de Porto,on arrive vers la porte d’entrée du vignoble, le long du fleuve qui mène jusqu’à la frontière espagnole, où il est devenu Douro Internacional.
Puis côté espagnol, el Duero, produisant aussi de bons vins.Je préfère ceux du Douro. Le personnel du Six Senses Hotel du Val Abraham vous emmènera et conseillera pour déguster dans d’exquises Quintas aux odeurs de barriques, Niepoort par exemple…
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On longe le fleuve Douro, où certains disent qu’on peut se baigner. Mon chauffeur, le très élégant et attentionné Ricardo, un passionné d’histoire, guide par ailleurs, le dit dangereux car pourvu de traîtres remous.
Manoel de Oliveira, cinéaste de Porto, y tourna son premier opus en 1932 : un documentaire noir et blanc sur le travail fluvial, « Douro, um faino fluvial ». 
Film d’avant garde énergique et lyrique, il exaltait les gens pauvres des rives du Douro à Porto, au travers les souffrances d’un travail pénible et obscur. C’était offrir du pays l’envers de l’image que le tout nouveau régime salazariste souhaitait propager et imposer. La partie portugaise de l’assistance reçue très mal le film qui souhaitait une image d’Épinal des rives du Douro.
Aujourd’hui, le Douro en est une, qui rappelle la Toscane, a dit un magazine anglais en mal de parallèles pour lecteurs. C’est le Douro avant tout, il existe en tant que tel, sans modèle. Ce sont de bons vins du Douro, pas loin les Vinho Verde sont aussi produits, pas seulement ceux de Porto où l’on emmène les croisiéristes de passage sur le Douro déguster dans les grands chais du négoce (Sandeman’s, Cruz…) sur l’autre rive de Porto,
Vila Nova de Gaia.
Les producteurs s’y étaient installés pour échapper à la lourde taxe qu’on voulait leur faire payer du côté portuense.
C’est un Douro collinaire, cordon de dos ronds, un chat ronronnant de ses vertes collines, écrasées par la chaleur estivale, renaissant en automne dans la splendeur d’une lumière italo-portugaise et des milles tons feux, orangés, verts, jaunes des vignes sur les côteaux.
Romantisme, courbes de vignes, tons automnaux, vue depuis le Douro. Souvenirs.
Feu le centenaire cinéaste Manoel de Oliveira tourna en 1993 dans la Quinta du Val Abraham une adaptation éponyme d’Emma Bovary, le roman de Flaubert transposé au Portugal par Agustina Bessa-Luis, un bon auteur portugais.
 Val Abraham« Synopsis : Ema, pour s’évader de sa vie terre a terre, se réfugie dans la poésie et le romantisme. Ses amours successives ne voilent pas sa désillusion progressive et, comme Emma Bovary, la conduisent a la mort. »
Snif, quelle tristesse!
 Le grand Spa d’aujourd’hui, 2300 M2 (où l’on me massa dans une cabine à baie vitrée avec vue sur angelot à fontaine) aurait-il remédié à cela ?
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Aurait-elle sué son mal-être lors de séances dans le sauna avec vue sur la forêt, de propos badins au dîner ?
Emma eût-elle été sauvée par les soins, les bains dans la grande piscine intérieure ou extérieure, à côté du jardin potager bio (grande fierté du directeur anglais, ressemblant un peu à John Malkovitch, Nick, et de son Chef cuisinier) ?
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L’histoire ne le dit pas. Mais il faut dire qu’on est bien dans ce spa doux, pas tape à l’oeil. Et qu’il est pourvu des raffinements protocolaires et d’appareillages dernier cri, installés en première dans cet hôtel par le Groupe, fin 2015. Dont un de mesures en 702 points, rendant possible un diagnostic qui débouchera, en une semaine de traitement, sur des bénéfices certains.
Massé en surplomb d’une fontaine à angelot, on a moins froid dans le dos de l’existence en ces temps incertains..
Bis Répétitat : Nous arrivons après 90 minutes de limousine au Val Abraham, une Quinta, domaine vinicole qui appartînt longtemps à la Famille Pimentel. Qui vendit le lieu. Il devint vers 2007 un premier hôtel chic, aux couloirs et tons noirs, du design un peu tape à l’oeil, hélas coupé des racines du pays : l’Aquapura, Lequel, après avoir lourdement investi pourtant, ne perdura pas.
J’y étais allé une fois en voyage de presse vers 2009. Au sein du petit groupe, on s’amusait beaucoup de la complexité ridicule du système d’interrupteurs dans les chambres. On devait parfois capituler, aller ôter  la carte magnétique à l’entrée de sa chambre, pour venir à bout d’un système d’éclairage prolixe, arriver à tout éteindre. Ce n’était pas mal quand même, un peu bizarre. Il ferma en 2014.
Un passionné issu de l’hôtellerie haut-de gamme en convainquit un autre que cela serait un très beau projet, un très beau lieu pour la première implantation en Europe de Six Senses.
Un Groupe asiatique  (9 hôtels et une trentaine de Spa) centré sur une promesse marketing environnementale d’authenticité, de nature préservée, de solidarité avec les producteurs locaux. On reverse par exemple 50 % de l’eau de table au restaurant, produite sur place, à des associations locales.
On injecta une somme rondelette en travaux de réaménagement pour ouvrir un tout autre type d’hôtel 5 étoiles. Le Six Senses Douro Valley ouvrit à l’été 2015. Le personnel est une bande de passionnés. Tous adorent le pari, l’aventure d’une telle ouverture…
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Dans le dernier tournant de la route, arrivant en face, on dirait une bonbonnière bavaroise, un mini Neuschwanstein blotti dans son val, à flanc de collines, entre rangs de vignes. Des aisselles végétales ou une coiffure en nattes hypnotiques, bien taillées.
Ce lieu est doté d’une longue histoire, si ses murs pouvaient murmurer, ils en feraient part avec tact et art.
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Une Quinta est une maison de maître abritant un domaine vinicole. il y a 256 Quintas dans le vignoble du Douro, qui pèse 33 000 hectares en tout. Donc, l’hôtel a renoué avec la tradition vinicole en devenant un Wine hotel.
L’on déguste sur option tous les soirs à 19 heures avec le sommelier Maison (850 références en cave) ou des invités venant parler de leurs Quintas, partenaires de l’établissement hôtelier sus-nommé. Certains font partie des Douro boys, une alliance marketing vouée à a synergie export.
Ici , une vidéo de la cabine ascenseur avec vue sur Douro donne le ton :
S’y écrit mentalement le livret d’un opéra en ascenseur, douze secondes de montée ou descente, de sa chambre vers la réception, vers le wine bar et le restaurant, baptisé Val Abraham.
Julia Pimentel (universitaire, auteur en 2009 d’un beau livre sur la vie de sa famille ici) a aidé à disposer des photos de l’album de famille le long des murs dans la première salle, à l’entrée du restaurant. C’est curieux, donnant à plonger au sein d’un passé intime comme dans votre propre album de famille…
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On a pourvu un autre mur de merveilleux carreaux de faïence azulejos blanc bleu, pur jus du XVIII, chinés chez un spécialiste de Lisbonne…
Voici la suite de mon propre album de séjour ici, durant cet automne de toute beauté.. D’autant plus appréciable une fois revenu chez soi à Paris (où l’on manque de Concorde), devenue ville de tous les dangers…
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J’adore le liège, dont la production portugaise est leader mondial. Dans chaque chambre, la corbeille de fruits en est faite. Je l’ai retournée pour en faire une drôle d’embarcation fruitée de prunes d’automnes, d’un citron glané dans une Quinta, d’une pomme du jardin, d’une olive du parcours des Folies queon peut visiter en amont de l’hôtel, dans le très romantique parc descendant jusqu’au fleuve… En fond d’image, à la télé, un clip de musiciens Cap Verdiens (sur le canal 66, voué à la black music lusophone, encore un vrai dépaysement).
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 *(Une vidéo publiée par @christopheriedel le 21 Oct. 2015 à 4h06 PDT)

Pratique Hôtel Six Senses Douro Valley – Tél +351 254 660 600

Le Top 10 du Douro Visitportoandnorth/Porto-et-le-Nord Demandez des informations auprès du Musée du Douro, Régua, une ville assez laide (qu’on voit le long du Douro, au loin, des fenêtres de notre bel hôtel) et  dans les offices du tourisme à propos des sites.

Le film de Manoel de Oliveira : Val Abraham

« Val Abraham demeure une des oeuvres les plus complexes de Manoel de Oliveira. Le film est souvent considéré comme une adaptation de Madame Bovary alors qu’il s’inspire d’un roman de Bessa-Luís ; parfois il est réduit à la fascination pour son actrice principale en négligeant la question du personnage, ou encore il est désigné comme un éloge intemporel de la beauté alors qu’il repose sur une conception du temps faite d’anachronismes.

Val Abraham propose une variation sur l’énigme du personnage (de film). Comme le fit Buñuel dans Cet obscur objet du désir, Oliveira a partagé le rôle principal entre deux actrices. Par ailleurs, en présentant une Ema éternellement jeune, malgré un récit couvrant plusieurs décennies, le cinéaste relie l’interrogation sur le personnage au travail sur le temps. Le film conduit à se demander ce que signifie être contemporain. Qu’est-ce qu’être présent à soi, et, à un autre niveau, à quelle époque appartenons-nous ? Cela revient à s’interroger sur la beauté dans un monde qui la réduit à des clichés ou des formules creuses. Avec ironie, et malgré la douleur liée au passage du temps, c’est à un éloge de l’illusion artistique que nous convie Oliveira. »

Voila donc une oeuvre symptomatique du cinéma de Manoel. Comme les éclats du fleuve au soleil de midi, elle scintille des reflets de l’amour d’un imaginaire littéraire. Est-il besoin de préciser que les gens du commun, portugais et mondial, ne supportent guère, de par sa lenteur baroquement austère, un tel cinéma ?
Moi-même, quoiqu’ayant vu la plupart de ses films, et l’ayant vu tourner au jardin du Luxembourg avec Deneuve, passé par hasard, j’avoue des difficultés sur la longueur, voire une certaine torpeur dans les salles obscures lors des projections… Des Portugais en ont fait un sujet de plaisanterie.
Mais ce cinéma unique et émérite, pré-Rohmer en un sens, a le mérite d’exister, d’être totalment non- standard, hors formatate. Longtemps produit par le producteur Paulo Branco, adepte des prises de risques, qui produisait aussi Joao Cesar Montereiro, (autre cinéaste hors format, très trucculent. il fut soutenu par Catherine Deneuve et John Malkovitch, qui furent de ses acteurs vers la fin de sa frimographie…
De très romantiques projections estivales devraient être organisées dés l’an prochain sur la terrasse de l’hôtel, sur les lieux même du tournage du Val Abraham

Jacques Parsi, qui fut son ami et assistant français (et est toujours un ami d’un ami) présente ainsi Manoel de Oliveira :

 » Oliveira est né le 11 décembre 1908 mais sa naissance n’a été déclarée que le lendemain. Manoel est la bonne orthographe de son prénom car il est né avant la chute de la Monarchie et la réforme de l’orthographe que fit passer le gouvernement républicain. Après, tous les Manoel du Portugal sont devenus Manuel. Par contre, il appliqua la transformation de la particule d’Oliveira en de Oliveira

A l’âge où d’autres cinéastes prennent leur retraite, Oliveira n’avait tourné encore que deux longs métrages, Aniki Bobo (1942) et Acte de Printemps (1963).

C’est pourtant par un coup d’éclat qu’il avait fait son entrée dans le monde du cinéma portugais le 19 septembre 1931 alors que tout jeune homme (il avait alors vingt-deux ans), il présentait, à l’occasion du Ve congrès International de la Critique, un court métrage pas encore achevé intitulé Douro activité fluviale. Douro, un faino fluvial

Film d’avant garde énergique et lyrique, il exaltait les gens pauvres, voire misérables, des rives du Douro à Porto au travers leurs souffrances dans un travail pénible et obscur. C’était offrir du pays l’envers de l’image que le tout nouveau régime salazariste souhaitait propager et imposer. La partie portugaise de l’assistance reçue très mal le film qui souhaitait une image d’Épinal des rives du Douro.

Malgré un accueil chaleureux d’une partie de la critique, Oliveira ne reçut aucune offre pour continuer à tourner et se contenta de jouer un personnage de dandy dans le premier film parlant du Portugal, A cançao de Lisboa, devenu un classique de la comédie mais renonça malgré sa plastique de jeune premier au rôle de comédien, travailla dans l’usine de son père devint athlète, champion de saut à la perche, pratiquant la boxe, l’équitation et le trapèze et coureur automobile. Manoel tourne cependant mais des oeuvres auxquelles il ne s’attache pas. Il les signe d’une sorte de pseudonyme, une partie de son nom complet : candido Pinto.

Il épouse le 4 décembre 1941 Maria Isabel Brandao Carvalhais, jeune fille de la bonne société. Dans une scène d’Inquiétude Manoel et Maria Isabel dansent le tango. Ils auront quatre enfants et resteront unis pendant près de 70 ans comme on le voit dans le bonus du DVD de Christophe Colomb, l’énigme (2008) dans lequel ils jouent tous les deux.

Manoel eu beaucoup de mal à produire Aniki Bobo et c’est finalement Antonio Lopez Ribeiro, celui qui avait inscrit Douro Faina Fluvial au programme du Vè congrès de la critique en 1931, qui produisit le film (sous prétexte de ne pas alourdir le générique du film il supprima pourtant le nom de Oliveira comme coproducteur alors qu’il y entrait pourtant pour une part importante !)

L’œuvre ne fut pas prête à temps pour la Mostra de Venise en 1942 et reçue un accueil mitigé au Portugal : on osait montrer des enfants qui mentaient et sortaient sans l’autorisation de leurs parents.

Les années qui suivirent furent celles du pire marasme pour le cinéaste. Le Secrétariat National d’Information (sorte de censure préalable) opposait son veto à chaque projet ou bien le laissait tomber dans l’oubli. Contraint de ne pas tourner, le cinéaste s’occupa alors principalement d’agriculture dans la propriété de son épouse avait hérité dans la région du Douro. Il seconda aussi ses frères dans la direction de l’usine de passementerie et la centrale hydraulique que leur père leur avait laissé en héritage.

Oliveira tourne néanmoins quelques courts-métrages et reçoit une aide de l’état pour Acte de printemps en 1963, le film racontant la passion du christ. Ses prises de position contre la censure (il est arrêté un moment) et la reconnaissance de la nouvelle Vague brésilienne et française font de lui une figure tutélaire du jeune cinéma portugais.

Si Oliveira avait éprouvé le désir de tourner Benilde avant 74, l’effondrement du régime salazariste n’allait rien à y changer. Cette révolution du 25 avril fut accueillie comme une délivrance par Oliveira. Mais sorti au moment du 25 novembre 1975, Benilde ou la vierge mère pâtit du couvre feu et de l’incompréhension de la critique et du public qui en voyaient aucun rapport entre les journées révolutionnaires et cette histoire de jeune fille qui se dit enceinte d’un ange de Dieu ! L’obstacle était double car, outre le côté déroutant de l’œuvre de José Régio, Oliveira avait choisi de tourner délibérément le dos à ce que l’on attendait alors de l’adaptation cinématographique d’une pièce de théâtre. Au lieu de gommer autant que faire ce peut les conventions du théâtre, comme il l’avait fait dans son précédent film, Oliveira avait volontairement souligné le caractère essentiellement théâtral de Benilde ou la vierge mère . Il avait même ponctué son film des indications « Acte 1 » « fin de l’acte 1 ». En accusant le huit-clos, Oliveira soulignait le caractère étouffant et confiné du Portugal de Salazar.

Mais le scandale atteignit son comble lorsque les Portugais découvrirent trois ans plus tard à la télévision (car la radio-télévision portugaise avait financé en partie le film) Amour de perdition, découpé en épisodes et en noir et blanc. Le présentateur alla même jusqu’à accueillir Manoel de Oliveira sur un plateau de télévision en ces termes « Alors Manoel, après Aniki-Bobo, on fait Aniki-gaga ! »

La presse se déchaîna. On évoqua perfidement l’argent dépensé en omettant de préciser que le coût d’un film trois fois plus long que la normale est bien sûr en proportion. La crise économique qui frappait le Portugal après la révolution rendait l’idée de dépense très sensible dans l’esprit des téléspectateurs qui, par ailleurs découvraient à l’époque et dans un engouement indescriptible les feuilletons brésiliens très sensuels.

De plus, tout Portugais connaît ou croit connaître Amour de Perdition considéré comme le chef-d’œuvre de la littérature romantique portugaise. Malheur à qui y touchait. La version de George Pallu en 1923, celle d’Antonio Ribeiro en 1942 avaient plu parce qu’elles se fondaient sur la tradition illustrative du cinéma. Celle d’Oliveira rebuta parce qu’elle était réflexion sur le sens de l’œuvre et sur les rapports entre littérature et cinéma. On jugea que les longs plans fixes de dix minutes, ce n’était pas du cinéma, on oublia d’écouter et de voir. On tomba sans sourciller dans l’absurde paradoxe d’accuser Oliveira de trahir Camilo Castelo Branco, alors que c’est le texte même de l’écrivain et rien que le texte qu’il donnait à entendre.

Amour de perdition a reçu cependant un excellent accueil critique en France (Du Monde à V.S.D. en passant par Elle et Les Cahiers du Cinéma) et Francisca fut extraordinairement bien accueilli à la quinzaine des réalisateurs à Cannes en 1982.

Pourtant, l’acceuil très réservé de ses films au Portugal ne fut longtemps pas meilleur à l’étranger. Acte du printemps a été refusé à la Mostra de Venise, Le passé et le présent a été recalé à Cannes, Benilde refusé à Berlin et Franciscaécarté de la sélection officielle de Cannes. Celui qui deviendra un habitué des festivals aura mangé aussi son pain noir.

Mais désormais la carrière de Manoel de Oliveira ne devait plus s’interrompre. Fait exceptionnel Francisca plut au public portugais qui en fit le meilleur succès national en terme d’entrées. Le public revit aussi sous un autre angle Le passé et le présent, Benilde ou la vierge mère et Amour de perdition qu’Oliveira avait regroupés sous le nom générique de la Trilogie des amours frustrées, trilogie qui était devenue tétralogie avec Francisca.

La sortie d’Amour de perdition avait été assurée à Paris en 1979 par un jeune émigré portugais, Paulo Branco, qui n’avait pas trente ans à l’époque et qui allait devenir son producteur régulier.

Sous l’impulsion de Jack Lang, l’état français multiplie les coproductions et propose à Manoel de Oliveira de tourner un film de son choix. Ce sera Le soulier de satin. Le tournage dura du 14 août 1984 au 17 mai 1985 après un casting de plusieurs mois. Patricia Barzyk, ex miss France, fut choise pour tenir le rôle de dona Prouhèze ; et pour celui de Don Rodrigue, Luis Miguel Cintra qui, après avoir refusé successivement d’incarner Eduardo dans Benilde et Baltahzar Couthinho dans Amour de perdition, faisait une entrée remarquée dans l’univers de Oliveira.

La pièce de Paul Claudel est divisée en quatre journées, à l’instar du théâtre espagnol. Le projet d’origine étai de tourner en 35 mm la quatrième de ces journées, celle qui porte le titre de Sous le vent des îles Baléares, avec, en prologue, la scène des adieux entre Prouhèze et Rodrigue. Le film aurait ainsi la longueur d’un film raisonnable d’un peu plus de deux heures. Le reste a été tourné en 16 mm par souci d’économie et a été par la suite gonflé en 35 mm grâce à l’apport inespéré d’une puissante société de production américaine, la Cannon, et l’ensemble fit partie de la sélection de la Mostra à Venise en septembre 1985 où il obtint un Lion d’or spécial du jury. Au Portugal, le film n’eut que deux ou trois projections à la cinémathèque de Lisbonne. Il n’a jamais été à ce jour, ni doublé ni sous-titré. Les critiques reprirent de plus belle : on accusa Manoel d’être le propagandiste de la culture française.

Au lendemain du 25 avril 74, Manoel n’avait pas donné le film qu’on avait espéré de lui sur la révolution des oeillets. Plusieurs historiens furent sollicités pendant la quinzaine d’années qui va de la conception à la réalisation de Non la vaine gloire de commander car le souci majeur du réalisateur était l’exactitude des bases de travail. Pourtant cette oeuvre, d’une rigueur historique indiscutable est d’un lyrisme absolu. Tournant le dos au désir de puissance et à la vanité de commander, Oliveira voit s’accomplir le destin du Portugal en donnant au monde un nouveau monde, et en accordant leur liberté aux anciennes colonies. L’histoire du Portugal connaît donc un destin très proche de celui de Rodrigue du Soulier de satin. Celui dont la mission était d’élargir le monde, l’ancien vice-roi des indes, Don Rodrigue de Manacorn, avait la révélation de la plénitude alors que, vieilli, moqué, amputé d’une jambe, il était donné, même pas vendu avec de vieilles frippes à une sœur chiffonnière. Le film connu un grand succès au Portugal.

Oliveira aligne alors les films au rythme d’un par an. Ce sont parfois des adaptations. La divine comédie en 1991 puis, plus ambitieux, Le val Abraham en 1993. Alors que Oliveira voulait faire une madame Bovary située exactement dans son contexte normand, le projet de Chabrol, l’en détourna et il commanda à Agustina Bessa-Luis la rédaction du roman d’une Bovary portugaise. Val Abraham reçu un accueil extraordinaire à la quinzaine des réalisateurs de Cannes le 20 mai 1993. Ce fut pour beaucoup la révélation d’un cinéaste immense et la consécration pour Leonor Silveira.Ce sera ensuite La Lettre (1999) d’après La princesse de Clèves de Mme de Lafayette.

Entre-temps, Oliveira met en scène des scénarios originaux : Le couvent (1995) avec Catherine Deneuve et John Malkovich partis aux sources de l’inspiration de Shakespeare, La Cassette (1994) portrait tragi-comique de sa ville natale, leVoyage au début du monde (1996) où un vieux réalisateur (Marcello Mastroianni dans son tout dernier rôle) revient sur les lieux de sa jeunesse, et Inquiétude (1998) méditation en trois volets sur la “représentation”, qu’elle soit théâtrale ou de soi.

Je rentre à la maison (2000) avec Piccoli, Deneuve et Malkovich, est sélectionné à Cannes, New York, Toronto, Londres, Séoul… Avec Un film parlé (2002) , il retrouve Catherine Deneuve, John Malkovich et Irène Papas dans un film sur l’histoire de l’humanité présenté au Festival de Venise. En 2004, Oliveira reçoit un Lion d’Or pour l’ensemble de sa carrière à Venise où il présente Le 5ème empire (2004). Il réalise ensuite Le miroir magique, une adaptation de L’Âme des riches, un roman d’Agustina Bessa-Luís présenté en compétition à la Mostra de Venise 2005. Entre cette projection et la sortie du film en salles en janvier 2009, Manoel de Oliveira a déjà tourné deux autres longs métrages, Belle toujours etChristophe Colomb, l’énigme

1942 Aniki Bobo Portugal contemporain
1963 Acte du Printemps Mystère de la passion Portugal contemporain
1972 Le passé et le présent Vincente Sanches
1975 Benilde ou la vierge mère José Régio mystique
1978 Amour de perdition Camilo Castelo Branco XIX romanesque
1981 Francisca Agustina Bessa-Luis XIX romanesque
1985 Le soulier de satin Paul Claudel XV
1987 Mon cas José Régio
1988 Les cannibales Alvaro de Carvalhal
1990 Non ou la vaine gloire de commander
1991 La divine comédie Dante, Nietzsche, La bible
1992 Le jour du désespoir Camilo Castelo Branco
1993 Val Abraham Flaubert, Agustina Bessa-Luis
1994 La cassette
1995 Le couvent
1996 Party
1997 Voyage au début du monde
1998 Inquiétude Monteiro, Agustina Bessa-Luis
1999 La lettre Madame de La Fayette
2000 Parole et utopie
2001 Je rentre à la maison
2001 Porto de mon enfance
2002 Le principe de l’incertitude Agustina Bessa-Luis
2003 Un film parlé
2004 Le cinquième empire José Régio
2005 Le miroir magique Agustina Bessa-Luis
2005
2006 Belle toujours Luis Bunuel
2006
2008 Christophe Colomb – L’énigme Manuel Luciano da Silva
1946-2007
2009 Singularités d’une jeune fille blonde Eça de Queirós
2009

Source :

  • Jacques Parsi, Manoel Oliveira, ed. Centre culturel Calouste Gulbenkian, 2002.

Courts-métrages :
1931 : Douro activité fluviale (0h18)
1932 : Houille blanche (7′)
1938 : le Portugal fait déjà des voitures (8′), Miramar plage des roses (9′)
1939 : Famalicao (0h24)
1956 : Le Peintre et la ville (0h27)
1964 : La chasse (0h24), Vilaverdinho (0h20)
1965 : Les peintures de mon frère Julio (0h16)
2008 : Romance de Vila do Conde(7′ avec Luís Miguel Cintra, poème de José Régio) ; O Vitral e a Santa Morta (7′ avec Luís Miguel Cintra, poème de José Régio).
2010 : Painéis de São Vicente de Fora – Visão Poética. Avec : Ricardo Trêpa (São Vicente), Diogo Dória (Infante), Daniel Punilhas ( Árabe). 0h16.
2014 : Le vieillard du Restelo. 0h19.
2014 : Chafariz das Virtudes

Longs-métrages :

1942 Aniki Bobo

Avec : Horacio Silva (Carlitos) Nascimento Fernandes, Fernanda Matos.

A Porto, la vie quotidienne d’un petit groupe d’enfants : Carlitos est amoureux de Teresinha, qui, elle n’est pas insensible au charme d’Eduardinho. Les deux gamins s’affrontent au bord du fleuve Douro…

1959 Le pain
(O pao). 0h57. En 1963, Oliveira en monte une version courte de 24 minutes
1963 Le Mystère du printemps
(Acto da primavera). Avec : Nicolau Nunes Da Silva (Le Christ), Ermelinda Pires (Marie), Maria Madalena (Marie-Madeleine). 1h34.
A Curalha, dans le Tras-os-Montes, chaque année les paysans jouent sur un texte du XVIème le Mystère de la passion. Manoel de Oliveira et son équipe viennent filmer le spectacle.
1972 Le passé et le présent
(O passado et o presente). Avec (Maria de Saisset (Vanda). Manuela de Freitas (Noémia), Pedro Pinheiro (Firminio). 1h55.

Vanda a réuni quelques amis proches pour la translation des restes de Ricardo, son premier mari, dans un somptueux caveau. Pourtant de son vivant, il était détesté de Vanda à peu près autant que l’est l’actuel mari, Firmino…

1975 Benilde ou la vierge mère
Adaptation de la pièce homonyme de José Régio. Avec : Maria Amélia Aranda (Benilde), Jorge Rola (Eduardo). 1h50

En Alentejo, dans une grande propriété isolée, la jeune fille de la maison, Benilde est enceinte. C’est ce que vient constater le médecin appelé en grand secret par Genova, la servante. La jeune fille se dit enceinte d’un ange de Dieu qui lui est apparu…

1979

Amour de perdition

(Amor de Perdição). Avec : Antonio Sequeira Lopes (Simon), Cristina Hauser (Thérèse), Elsa Wellencamp (Mariana). 4h25.

Au tout début du XIXème siècle, deux familles rivales voient leurs enfants s’aimer d’un amour passionné. Pour conjurer le sort, Thérèse est promise en hâte à son cousin Balthazar mais elle préfère entrer au couvent. Simon tue le cousin et se livre à la justice…

1981 Francisca
D’après le livre « Fanny Owen » de Agustina Bessa-Luis. Avec : Teresa Meneses (Francisca,Fanny). Diego Doria (José Augusto). Mario Barroso (Camilo Castelo Branco). 2h46.

Au milieu du XIXéme siècle, l’écrivain Camilo Castelo Branco et son ami José Augusto tombent amoureux des deux sœurs Owen, Marie et Fanny. Mais amoureux de Marie, c’est Fanny (Francisca) que José Augusto enlève une nuit

1982 La Visite ou Mémoires et confessions
(Visita ou Memórias e Confissões). Avec : Manoel de Oliveira, Maria Isabel de Oliveira, Diogo Dória, Urbano Tavares Rodrigues (eux-mêmes),Teresa Madruga (narratrice). 1h13.
1982 Lisbonne culturelle
(Lisboa cultural). 0h58.
1983 Nice … A propos de Jean Vigo
0h58. Passage sur FR3, le 7 octobre 1984
1985 Le soulier de satin
Avec : Luis Miguel Cintra (Don Rodrigue). Patricia Barzyk (Dona Prouhèze) Anne Consigy (Marie des Sept-Epées). 6h55.

Pendant le siècle d’or espagnol, Dona Prouhèze, liée par un amour absolu à Don Rodrigue, suit l’ordre du roi et de son mari de gouverner avec son cousin Camille, la citadelle de Mogador, tandis que Rodrigue part pour le nouveau continent comme vice-roi. Une lettre envoyée par Prouhèze mettra dix ans avant de parvenir à Rodrigue. Quand celui-ci arrive devant Mogador pour sauver Prouhèze de l’emprise de Camille, elle se refuse et meurt dans la citadelle. Dix ans lus tard, Rodrigue, éclopé, vivant en compagnie de Sept-Epées, la fille de Prouhèze, voit ses rêves de gloire se raviver quand, par dérision, le roi d’Espagne lui joue une cynique comédie. Il est enchaîné et vendu avec des vieilleries à une sœur chiffonnière.

1987 Mon cas
Scénario d’après José Régio, Samuel Beckett et Le Livre de Job. Avec : Bulle Ogier (Actrice n°1), Luis Miguel Cintra (L’inconnu), Axel Bougousslavsky (L’employé) Fred Personne (L’auteur). 1h31

Juste avant que la pièce ne commence, un inconnu se précipite sur scène pour exposer « son cas ». Il se voit empêché de le faire par un employé du théâtre, puis par une actrice, puis par l’auteur, enfin par toute la troupe. Chacun tient à exposer son cas et la discussion dégénère. On baisse le rideau. Quand il se relève c’est la même scène qui recommence mais, en cinéma muet tandis qu’une voix off égrène des bribes d’un texte de Beckett. Quant il se lève une troisième fois, ce sera avec une bande-son inversée. La quatrième fois le rideau se lève sur Job, frappé de tous les maux, qui dialogue avec Dieu.

1988 Les cannibales
D’après l’oeuvre homonyme de Alvaro de Carvalhal. Avec : Luis Miguel Cintra (Le vicomte- voix de Vaz de Carvalho), Leonor Silveira (Marguerite – voix de Filomena Amaro). 1h38.

Par amour pour le beau et mystérieux comte d’Aveleda, Margarida dédaigne la passion que lui voue D. Joao. Le soir de ses noces, le comte avoue son terrible secret. Devant l’horreur de la révélation, Margarida se jette par la fenêtre, le comte roule dans les flammes de la cheminée, et le jaloux D. Joao se tire une balle… Au matin, sans le savoir, les parents de la mariée mangent le marié qui a rôti pendant la nuit. Lorsqu’ils s’en rendent compte, ils sont sur le point de se tuer de désespoir mais l’annonce d’un fabuleux héritage les réconcilie avec la vie.

1990 Non ou la vaine gloire de commander
(‘Non’, ou A Vã Glória de Mandar). Avec : Luis Miguel Cintra (Lt Cabrita), Diogo Dória (Manuel), Miguel Guilherme (Salvador). 1h50.

Au cours d’une patrouille dans la brousse africaine lors des guerres coloniales, le lieutenant Cabrita évoque avec ses hommes les revers de fortune subis dans son histoire par le Portugal : Viriato au IIème siécle avant J.-C. qui n’a pu arrêter l’envahisseur romain…

1991 La divine comédie
Extraits de la Bible, de Dostoievsky, José Régio et Nietzsche. Avec Maria de Medeiros (Sonia) Luis Miguel Cintra (Le prophète). 2h21.

Dans un asile d’aliénés, des fous se prennent pour Jésus, Lazare, Marthe, marie, Adam et Eve… et jouent La Divine comédie.

1992 Le jour du désespoir
D’après des lettres et un extrait d’Amour de perdition. Avec Teresa Madruga (Ana Placido), Mario barroso (Camilo Castelo Branco). 1h15.

Les derniers jours de l’écrivain romantique Camilo Castelo Branco accablé par une cecité menaçante, des difficultés financières, la folie d’un de ses fils et Ana Placido, sa maitresse, qu’il finit par épouser sans plus aucun amour. Le jour où le médecin lui annonce sa cécité irréversible, le romancier se tire une balle dans la tête.

1993 Val Abraham
(Vale Abraão). Avec : Leonor Silveira (Ema), Luis Miguel Cintra (Carlos Païva), Cécile Sanz de Alba (Ema jeune). 3h07.

Transposition, de nos jours, dans la région du Douro, de Madame Bovary. Emma Bovary y devient Ema Païva. Tout en prenant ses distances par rapport au roman de Gustave Flaubert, Oliveira reste fidèle à l’entreprise, la rejoignant sur le traitement du temps, paramètre indispensable pour réaliser simultanément l’illusion poétique du bonheur créé par l’âme d’Emma et la désillusion qui l’inclut.

1994 La cassette
(A Caixa). Avec : Luis Miguel Cintra (l’aveugle), Glicínia Quartin (une vieille dame), Ruy de Carvalho (le tavernier), Beatriz Batarda (la fille), Diogo Dória (un ami), Isabel Ruth (une vendeuse), Filipe Cochofel (le beau-fils), Sofia Alves (une prostituée), Mestre Duarte Costa (le guitariste), Paula Seabra (la femme enceinte). 1h33.

Dans le quartier tout le monde envie l’Aveugle qui a droit à une cassette « officielle » pour receuillir les aumônes des passants. Si bien que quand il est volé tout le monde pourrait avoir fait le coup : l’ami du gendre, la Vieille, son petit-fils, les trois Amis qui trainent dans le troquet… L’arrivée d’un second aveugle avec sa cassette exacerbe les tensions

1995 Le couvent
Avec : Catherine Deneuve (Hélène Padovic), John Malkovich (Michael Padovic), Luis Miguel Cintra (Satan).

Un professeur américain, Michael, veut prouver l’origine juive et espagnole de William Shakespeare. Il se rend en compagnie de sa femme Hélene, française, au couvent portugais d’Arrabida. Satan (Luis Miguel Cintra) et la très belle Piedade (Leonor Silveira) les y attendent.

1996 Party
Dialogues : Agustina Bessa-Luis. Avec : Michel Piccoli (Michel), Irène Papas (Irène), Leonor Silveira (Leonor), Rogério Samora (Rogério). 1h33.

Leonor et Rogério donnent une garden-partie dans leur belle propriété des Açores. Irène et Michel sont de leurs invités. Leonor se laisse courtiser par Michel, un don Juan un peu vieilli mais au panache intact. Une tempête emporte tout. Cinq ans plus tard, Michel et Irène, de passage aux Açores viennet diner chez le jeune couple. Rien n’est oublié et Leonor est sur le point de tout quitter pour suivre Michel.

1997 Voyage au début du monde

Avec : Marcello Mastroianni (Manoel) Jean-Yves Gautier (Afonso) Leonor Silveira (Judith) , Manoel de Oliveira (le chauffeur). 1h33.

A l’occasion d’un tournage dans le nord du Portugal, Alfono, acteur français d’origine portugaise, fait part à Judith et Duarte, deux camarades de travail de son envie d’aller voir une tante restée au village…

1998 Inquiétude
Avec : Luis Miguel Cintra (le fils), José Pinto (le père), Isabel Ruth (Marta), Diego Doria (Le dandy), David Cordoso (L’ami). 1h52.

Un vieux médecin, célèbre et couvert d’honneurs, supporte de plus en plus difficilement sa déchéance physique. Son fils, docteur lui aussi, connaît la même renommée. Pour qu’il échappe à son tour à la décrépitude qui ne saurait tarder, le père lui recommande de se suicider…

1999 La lettre
Avec : Chiara Mastroianni (Mme de Clèves), Antoine Chappey (M. de Clèves), Pedro Abrunhosa (Lui-même). 1h43.

Mme de Chartres a eu un premier chagrin d’amour : elle s’est vue abandonnée d’un jeune homme, M. de Guise qui entendait entretenir avec elle une relation assez libre. Un soir, une amie de sa mère, Mme de Silva la présente à un médecin de grande réputation, Jacques de Clèves. La jeune fille accepte de l’épouser sans pour autant éprouver de la passion pour lui. Cette passion, elle va la découvrir bien malgré elle, sous les traits d’un chanteur à la mode, Pedro Abrunhosa…

2000 Parole et utopie
Avec : Lima Duarte (António Vieira vieux), Luis Miguel Cintra (António Vieira âge moyen), Ricardo Trêpa (António Vieira jeune), Miguel Guilherme (Padre Jose Soares), Leonor Silveira (La Reine Christina), Renato de Carmine (Padre Jeronimo Cattaneo), Diogo Dória (Chef Inquisitor), Paulo Matos (Le notaire), Canto e Castro (Le gouverneur), Duarte de Almeida (Le Pape). 2h10.

1663. Le père Antono Vieira, célèbre prédicateur jésuite, proche du roi défunt, est convoqué devant le tribunal du Saint-Office, l’Inquisition. Une disgrâce l’a affaibli et il doit revenir sur son passé : sa jeunesse au brésil, sa défense des indiens. Interdit de parole, il se réfugie à Rome, où il reçoit l’accueil bienveillant du pape et le soutien de Christine de Suède. Nostalgique, Vieira revient au Portugal où le nouveau roi lui réserve un accueil des plus froids, il repart au Brésil.

La vie du père Antonio Viera, prédicateur Jésuite portugais du XVème siècle, surnommé par Fernando Pessoa « l’empereur de la langue portugaise », retracé au travers de ses lettres, de ses sermons et de son procès devant l’Inquisition

2001 Je rentre à la maison
Avec : Michel Piccoli (Gilbert Valence), Antoine Chappey (Georges), Leonor Baldaque, Leonor Silveira, John Malkovich, Catherine Deneuve. 1h30.

Gilbert Valence est un grand comédien de théâtre, réputé et talentueux, qui a interprété les plus grands rôles du répertoire. Alors qu’il joue sur scène “Le Roi se meurt” d’Eugène Ionesco, sa vie bascule. À l’issue d’une représentation, il apprend la tragique disparition, dans un accident de la route, de sa femme, sa fille et son beau-fils.

2001 Porto de mon enfance
Avec : Ricardo Trepa (Manoel jeune homme), Jorge Trepa (Manoel adolescent), Maria de Medeiros (Miss Diabo), Manoel de Oliveira (Le voleur), José Wallenstein (Joel), Rogério Samora (Chico), Nelson Freitas (Diogo), Jorge Loureiro (Casais Monteiro), António Costa (Rodrigues de Freitas), José Maria Vaz da Silva (António Silva). 1h01.

Manoel de Oliveira se souvient de son enfance à Porto, de l’usine de son père, des opéras, des opérettes auxquels il assistait, des confiseries où il rêvait d’être oublié la nuit, des jeunes dandys qui le fascinaient ; de sa jeunesse quand il menait une vie de bohème dans les boites de nuit ; du cinéma portugais né dans cette ville où il a réalisé son premier court-métrage… Le réalisateur évoque la ville telle qu’elle était et qu’elle est au tournant du troisième millénaire

La maison natale a disparu, l’arbre aux pendus a disparu…et les confiseries, et le Palais de Cristal, et la cousine Guilhermina, le premier amour… Par moments, le film de la mémoire est pris de vertige. Depuis la loge de ses parents, Manoel, adolescent, regarde l’Opérette Miss Diable. Le Manoel que nous voyons est, en fait, son petit-fils chargé de l’incarner. Celui-ci regarde sur la scène le Manoel qu’il sera quatre-vingt ans plus tard, le Manoel qu’il est maintenant, tenant le rôle d’un acteur des années vingt, Estevào Amarante, jouant à son tour le rôle d’un voleur, volant le cœur d’une femme…

2002 Le principe de l’incertitude
Avec : Leonor Baldaque (Camila), Leonor Silveira (Vanessa), Isabel Ruth (Celsa), Ivo Canelas (Antonio Clara). 2h12.

Antonio est issu d’une riche famille portugaise. José est le fils de la servante de la famille. Ils ont grandi ensemble et tout partagé depuis leur enfance. La servante Celsa veille au grain et cherche à éloigner les mauvaises ondes. Tout se complique quand Antonio épouse Camila, dont José est amoureux depuis toujours…

2003 Un film parlé

(Um filme falado). Avec : Leonor Silveira (Rosa Maria), Catherine Deneuve (Delphine), Irène Papas (Hélène). 1h36.

Rosa Maria est une jeune professeur d’histoire enseignant à Lisbonne, qui part en bateau rejoindre son mari à Bombay. Elle en profite pour faire découvrir à sa fillette Maria Joana les sites antiques méditerranéens qu’elle connaît, mais qu’elle n’a jamais visités : Marseille, Pompéi, Athènes, Le Caire, Istanbul…

2004 Le cinquième empire

(O Quinto Império – Ontem Como Hoje). Avec : Ricardo Trepae (Le roi Sebastião) , Luis Miguel Cintra (Simao). 2h07.

Dans son château portugais, le roi Sebastiao désire lancer une grande campagne militaire afin d’étendre son empire et se montrer digne de ses prédécesseurs. Mais cette ambition démesurée lui révèle son immense solitude. Il s’oppose à la reine Catarina et ses plus proches conseillers tentent de lui faire entendre raison

2005 Le miroir magique

(Espelho magico). Avec : Leonor Silveira (Alfreda), Ricardo Trêpa (José Luciano), Luis Miguel Cintra (Filipe Quinta). 2h17.

Libéré de prison, après avoir purgé une peine pour un crime qu’il n’a pas commis, Luciano trouve un emploi auprès d’Alfreda. Il se lie d’amitié avec cette dame fortunée, qui vit dans une spacieuse demeure et apprécie le luxe, tout en exprimant le voeu de voir apparaître la Vierge Marie…

2006 Belle toujours

Avec : Michel Piccoli (Henri Husson), Bulle Ogier (Séverine Serizy), Ricardo Trepa (Le barman), Leonor Baldaque (jeune prostitutée). 1h08.

Deux des personnages étranges du film de Luis Buñuel, Belle de jour retraversent près de quarante ans après le mystère d’un secret que seul le personnage masculin détient peut-être et dont la révélation est essentielle au personnage féminin.

2007 Rencontre unique
Episode du film collectif Chacun son cinéma .Avec : Michel Piccoli (Khrouchtchev), Duarte d’Almeida (Jean XXIII), Antoine Chappey (Le secrétaire de Khrouchtchev). 0h08.

Il s’agit de l’unique rencontre entre Khrouchtchev et le pape Jean XXIII….

2008 Christophe Colomb – L’énigme

(Cristóvão Colombo-O Enigma). Avec : Ricardo Trêpa et Manoel de Oliveira (Manuel Luciano), Leonor Baldaque et Maria Isabel de Oliveira (Sílvia Jorge). 1h15

Depuis les années 1940, Manuel Luciano a entrepris de découvrir la véritable identité de Christophe Colomb par de multiples voyages entre le Portugal et les Etats-Unis, toujours accompagné de sa femme, l’autre grande passion de sa vie..

2009 Singularités d’une jeune fille blonde

Avec : Ricardo Trêpa (Macário), Catarina Wallenstein (Luísa Vilaça), Diogo Dória (Tio Francisco), Júlia Buisel (Dona Vilaça). 1h03.

Macário raconte à une inconnue qui voyage à ses côtés dans le train pour l’Algarve les tribulations de sa vie amoureuse. Tout juste embauché comme comptable dans l’entreprise de son oncle Francisco à Lisbonne, il tombe éperdument amoureux d’une jeune fille blonde, qui vit dans la maison de l’autre côté de la rue….

2010 L’étrange affaire Angelica

(O Estranho Caso de Angélica). Avec : Ricardo Trêpa (Isaac), Pilar López de Ayala (Angélica), Leonor Silveira (la mère). 1h34.

Une nuit, Isaac, jeune photographe, est appelé d’urgence par une riche famille afin de faire le dernier portrait de leur fille Angelica. Dans la maison en deuil, Isaac découvre Angelica et reste sidéré par sa beauté. Lorsqu’il porte à son œil l’objectif de son appareil photo, la jeune femme semble reprendre vie, pour lui seul…

2012 Gebo et l’ombre
Avec : Michael Lonsdale (Gebo), Jeanne Moreau (Candidinha), Leonor Silveira (Sofia), Claudia Cardinale (Doroteia). 1h31.

Malgré l’âge et la fatigue, Gebo poursuit son activité de comptable pour nourrir sa famille. Il vit avec sa femme, Doroteia, et leur belle-fille, Sofia, mais c’est l’absence de leur fils, João, qui occupe les esprits. Gebo semble cacher quelque chose à son sujet, en particulier à Doroteia, qui vit dans l’attente passionnée de leur enfant. De son côté, Sofia attend également le retour de son mari, tout en le redoutant. De manière soudaine, João réapparaît…

Voila donc l’oeuvre de Manoel, comme les éclats du fleuve au soleil de midi, elle scintille des reflets de l’amour d’un imaginaire littéraire. Est-il besoin de préciser que les gens du commun, portugais et mondial, ne supportent guère de par sa lenteur baroquement austère un tel cinéma ?
Moi-même, quoiqu’ayant vu la plupart de ses films j’avoue des difficultés sur la longueur, voire une certaine torpeur dans les salles obscures pendant les projections. Des Portugais en ont fait un sujet de plaisanterie. Mais ce cinéma a le mérite d’exister, produit par Paulo Branco, soutenu par Catherine Deneuve et John Malkovitch, qui furent de ses acteurs vers la fin…
Et de très romantiques projections estivales devraient être organisées dés l’an prochain sur la terrasse de l’hôtel, sur les lieux du tournage de ce si romantique Val Abraham

2 réflexions sur “Chronique d’un Douro doré, Val Abraham, Six Sens

  1. magnifique photos…………….la mémoire des lieux de villégiatures……….merci de cet épopée et de m’avoir fait replongé dans le souvenir du film Val Abraham, de m’avoir rappelé que je n’ai toujours pas lu la grande auteur »Agustina » (Bessa Luis) que les portugais appellent par son prénom…

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