Les ocres du Roussillon me tendent la main tandis que j’y randonne sans dos d’âne ni rang d’oignon, en pelant une orange solaire du bout d’une conscience passabelment dégourdie. J’effusionne sur ce sentier par un chaud matin de fin d’été, du bout des doigts, côté paume. Main tendue, main ouverte (comme celle du Corbusier, érigée en statue géante, à Chandigarh).
Ma main à moi (jusqu’à preuve du contraire) porte l’empreinte d’une promenade sur le sublime Sentier des Ocres, près du Colorado de Rustrel : Une veine de trente kilomètres de long, chaude de toutes les tentatives de résilience d’un monde crépusculaire, parfois.
Mais des crépuscules comme ça, j’en veux bien pour toujours, pourvu qu’on me les mâtine aussitôt d’aubes concurrentes !
Ces rouges orangés rappelaient à Albert Camus les terres de son Algérie Natale. Il loua près de là une maison trois étés de suite. Il parla de cette palette de rouge, orange à feu et à sang, de tous ces ocres, sans compter les sanguines. Il les encensa un peu (en tant que composante de ses souvenirs de lumière algérienne d’origine) dans sa correspondance avec son ami le poète René Char. Dont la maison se trouvait près de L’isle-sur-la-Sorgue…
D’où cette mienne tentative d’entrée par effusion… Un peu comme on dit par effraction (douce) dans ce département du Vaucluse, si riche en trésors visuels paysagers qui conviendront bien au vélo électrique, de colline en colline… Comme vous le lirez plus bas.
Etait-ce une raison pour rebaptiser dans un moment d’empressement l’écrivain Marcel Camus ? Etrange hybridation avec l’autre grande figure tutélaire provençale : Albert Pagnol. Assez de ces rapprochements incongrus ! Après ce prélude de nano-poétique quantique, des faits :
Mon article, paru cet automne dans le bel Où ? Magazine. Bonne lecture.
et une figue viollette,
jeune allogène sur canapé,
là-bas glanée, aussi juteuse que nos souvenirs estivaux…