Napoléon pouvait reconnaître son île les yeux fermés : c’était l’odeur de l’immortelle…
200 ans après sa reddition en 1815, Saleccia, entre mer et montagnes de Haute-Corse, est (depuis 2005) un avenant laboratoire des possibilités botaniques d’une île, du côté de la Balagne. A une heure de voiture de la citadelle génoise de Calvi, une de bateau de la Réserve Naturelle terrestre et maritime de Scandola (jusqu’au Capo Rosso d’un rouge volcanique stratifié). Via des villages blottis à flanc de colline (tel Pigna et son tissu d’artisans) ou perchés, comme l’altier Santantoniu, on atteint vite le portail du Parc de Saleccia au foisonnement floral surgissant chaque printemps.
Chaque plante est mise en valeur sur fond de lentisque, dont la masse vert sombre donne au lieu sa structure végétale toute en rondeur. Il a obtenu le label Jardins Remarquables fin 2014, au terme de 40 ans de travail du père fondateur, Bruno Demoustier.
Traces d’habitat depuis la Préhistoire
Après des études d’architecture à Lyon, ce descendant des frères Montgolfier (et de Marc Seguin, inventeur de la machine à vapeur, répertorié parmi 72 autres savants sur la Tour Eiffel) fait l’Ecole Supérieure d’Horticulture de Versailles. Puis « L’Ecole du Paysage ». Tombé amoureux de la Corse – et de sa future épouse – en vacances, il n’a de cesse d’y retourner. Epouse donc en 1967 à l’Ile-Rousse celle qui l’épaulera dans tous ses projets, Irène Aquaviva. Ses parents ont acquis le domaine de Saleccia en 1951 : 90 hectares habités depuis la Préhistoire. Ce dont témoignent vestiges d’habitats et sépultures de l’Age du bronze et du fer s’égayant de ci de là, entre deux plantations d’immortelle Helichrysum Italicum. Irène, son frère Maurice, horticulteur (devenu ensuite vigneron) créèrent avec Bruno pépinière et jardinerie où se fournir.
Botaniste, il se spécialise dans la plante du maquis, entreprend des recherches sur oliviers et rosiers (autre de ses pêchés mignons, avec les lauriers) dont il multiplie les variétés corses. Les oléastres choisis pour être greffés sont ceux poussant spontanément dans les zones inexploitées.
Catastrophe fondatrice
En 1974, les flammes du plus dévastateur des 6 récents incendies dévastent tout : seuls 12 des 1200 oliviers pluri-centenaires échappent au désastre. Heureusement, les plantes et arbres tels myrte, bruyère, chêne vert et liège, olivier repartent de souche après le feu. 31 ans après ce point Zéro, le travail acharné de Bruno, rejoint par sa fille Isabelle, permit au Parc d’ouvrir en 2005, 7 hectares jalonnés par 30 panneaux richement informatifs.
Immorphothèque
La Corse est aussi cumularde de climat : du plus chaud jusqu’à l’Alpin, donc à flore résistante et variée. On y trouve quelque 130 espèces endémiques en propre (sur les 2465 du climat méditerranéen) et surtout 298 espèces subendémiques. Le plus haut sommet, le Monte Cinto (2710 mètres) n’est qu’à 20 kilomètres de la mer. Saleccia est le seul Parc paysager, quelque 800 des 2172 espèces spontanées s’y répartissent au sein des zones de créations : Espace Méditerranée, Plantes du maquis (Cistus albidus, arbousier, pistachier lentisque, laurier Tin, lavande Stoechas), Jardin des quatre couleurs, Jardin des nains (des lauriers rose), Sentier des Pins, Sentier Romantique, bassins à poissons, enclos des animaux et Immorphothèque vouée aux immortelles (cinq espèces, dont une seule odorante, Helichrysum Italicum). Elle y joue les notes de tête entêtantes : fragrances safranée, réglisse, anis, un rien de caramel citronné… Ma préférée !
Je l’avais découverte du nez vers 2005, tandis que j’étais venu accompagner un groupe itinérants d’ados ou quelques jeunes mâles et jeunes filles jouaient, c’est de leur âge, les grands paresseux en queue por grimper jusqu’aux vasques d’eau au pied des aiguilles de Bavella. Allant me promener quand j’en étais loin, je ne savais comment interpréter l’odeur safranée dominante, surtout quand je fermai les yeux. Je me renseignai, on me dit : Aaaahhh mais, c’est l’immortelle des sables…
Isabelle Demoustier, file de Bruno, invoque l’esprit des lieux : « Ma mère a amenée la terre et mon père le savoir-faire. Il travaille dans le respect du lieu, c’est-est-à-dire avec très peu de mouvements de terrain. Comme un sculpteur qui va chercher dans le bois la forme qui préexiste. ». Forme pour forme, la Haute-Corse, cadre naturel du Parc trop vite quitté, est une montagne dans la mer. On aperçoit tout cela, neige en cime jusqu’en mai, écume se pourléchant les babines sur la côte du Cap Corse, en volant vers le petit aéroport de Calvi. Dont on parle d’élargir la piste : le tourisme, comme la géopolitique, a horreur du vide et du peu.
Mon article paru dans Plantes et Santé en juin 2015 :
Immortellement votre
Helichrysum Italicum, en latin, Murza ou Maredda en corse est sur son terrain de prédilection, le maquis, dans l’Immorphothèque du Parc. Seule l’huile essentielle de la variété corse est recherchée, dotée d’actifs reconnus (en parfumerie, aromathérapie, cosmétique antivieillissement). Pour en faire crèmes et autres onguents, Marie Ceccaldi, qui a créée la gamme bio Casanera (et dont la grand-mère était guérisseuse), ne se source qu’en Corse, l’achetant 1800 € le litre à ses producteurs.
La plante sauvage à fleur jaune, aux vertus anti-âge, jamais domestiquée, est l’objet depuis 2004 d’un programme d’agriculteurs-distillateurs sur 50 hectares.
Tradition corse : Les bergers l’utilisaient pour soigner les fractures des bêtes, éloigner les mouches du fromage. Les paysans pour brûler les soies des porcs. Ramassée à la Saint-Jean, on en tressait un arc sous lequel passait le bétail pour ses propriétés assainissantes. Lors de la grippe espagnole, on en brûlait le soir un bouquet pour purifier l’air des maisons.
Pratique
En voiture : Sortie Nord de Ile Rousse, 4 km par la N197.
Infos www.parc-saleccia
En avion jusqu’à Calvi: aircorsica.com
Renseignements 04 95 36 88 83. En été, ateliers enfants, démonstrations de distillation d’huile essentielles, visites guidées offertes chaque semaine.
Tarifs : Adulte: 9 € – Réduit 7 € (4 à 18 ans) – Famille : 25 € (2 adultes et enfants)
Hébergement:
Hôtel La Signoria
***** Un Relais & Châteaux dsitingué force de tranquillité ajoutée et raffinements, spa et caetera
nonobstant les flux de quelques avions estivaux qu’uon voit depuis la terrasse du restaurant, puisqu’on est à 4 km de Calvi, on y est très bien :
images ci-dessous
Sur option on vous mène en bateau jusqu’à Scandola, voire plus loin, avec un pârtenaire basé à Calvi.
1 ) Vols Paris/Calvi sur Air Corsica (au départ d’Orly ouest)
A partir de 129€ TTC aller et retour
Renseignements et réservations : http://www.aircorsica.com et 0 825 35 35 35
Egalement Marseille/Calvi et Nice/Calvi
2) Prix de la chambre par nuit
Prix par nuit en chambre Demeure (2 personnes) :
A partir de 200€ la chambre
Prix par nuit en Suite Demeure (2 personnes) :
A partir de 250€ la chambre
Petit déjeuner buffet corse : 32€ par personne
3) Prix du forfait Baie de Calvi (2 avril au 31 mai 2015 et 28 septembre au 15 novembre 2015).
Forfait 3 jours/ 2 nuits incluant :
– 2 nuits en Suite Demeure
– Les petits déjeuners buffet corse
– Une sortie en bateau dans la Baie de Calvi (environ 2 heures)
– Le libre accès au jacuzzi, piscine, sauna et hammam.
A partir de 365€ par personne, base double
On se quitte sur cette vue montagneuse minutieusement détaillée, depuis le balcon et surtout le parc de la Signoria :
