Pour Manoel de Oliveira (106 ans à Porto)

Qui se souvient de ce doyen du cinéma , qui avant fut pilote de course, champion d’athlétisme et fils à papa industriel. Et surtout, qui a vu un de ses films ? On devrait car son oeuvre est sublimable.

Il est notre ancêtre cinéma à tous : Après une longue carrière d’un cinéma très littéraire, ce fils de Porto, ville qu’il n’a jamais quitté sauf pour ses tournages, est parti à 106 ans, vendredi 3/4/15.

Battant le record de génie centenaire détenu par feu mon ami d’un jour, Oscar Niemeyer, l’architecte de la capitale Brasilia, parti à 103 ans et 11 mois. Quand même, Oscar aurait pu accrocher sa ceinture existentielle jusqu’à 104…

Au Portugal, il était de bon ton parfois de moquer le cinéma trop « intello » de Manoel. Il est vrai qu’il fallait parfois s’accrocher, ne pas décrocher durant les longues projections, laisser agir pour un bonheur perceptif après coup.

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J’étais tombé sur lui et une petite équipe technique tournant une de ces histoires en costume dix-neuvième au jardin du Luxembourg en été, vers 99. Une jeune et belle héroïne en robe romantique était  à l’oeuvre devant sa caméra. Jacques Parsi, son assistant, conseiller fidèle, n’était pas loin, comme souvent. Paulo Branco produisait fidèlement.Je l’avais revu pour ses 100 ans, honoré à la Cinémathèque de Paris, puis à l’institut culturel portugais ou à la Fondation Gulbenkian..

Emotion aussi d’avoir passé par hasard deux nuits sur un lieu de tournage de son film Le val Abraham, près de Porto : une gracieuse ancienne maison de maître aristo devenue un hôtel spa chic : L’Aquapura, un machin aux couloirs sombres, parti pris noir dans les couloirs, superbe, un peu compliqué dans les chambres pour gérer les lumières à force de complexité, dont le sauna donnait sur la vallée du Douro. Merveille d’y suer ( fermé entretemps, il va être repris par le Groupe Six senses en septembre).

Je l’aimais aussi, Manoel, pour ce Portugal d’avant, si lointain, celui de son premier documentaire sur sa ville, Porto et ses travailleurs.Je l’aimai car il s’appelait Manoel comme mon grand-père, aussi.

Ici, on le voit dansant avec une bande de jeunes dans le cloître de São Bento da Vitória, à Porto (un beau cloître serlien-classique de 1604, précisa Pierre LC) :

https://www.youtube.com/watch?v=NDFDpXITOoA#action=share

Il avait 102 ans (pas 99 comme dit le lien).
Une pensée pour lui, dont la biographie ci-dessous est si  livresque et filmique…

http://www.lemonde.fr/cinema/article/2015/04/02/avec-la-mort-de-manoel-de-oliveira-le-cinema-perd-son-doyen_4608632_3476.html
une pensée pour notre futur passé. J’ai partagé cela sur le groupe FB de lusodescendants comptant 41 008 membres (dont moi): « Tu sais que tu viens du Portugal quand… ». Ils sont tous jeunes, parlent bouffe, foot et grosses vannes marrantes pleines d’auto-dérision outrée. J’ai eu 2 like. Oui, Manoel, c’est le passé. Dont j’aime l’avenir.

Allez, je vous mets le wiki pur jus :

Sa jeunesse

Manoel Cândido Pinto de Oliveira est issu d’une famille de la bourgeoisie industrielle de Porto. Il s’est intéressé au cinéma dès son plus jeune âge grâce à son père qui appréciait cet art et l’emmenait souvent voir les films de Charlie Chaplin et Max Linder. Il a étudié au Colégio Universal de Porto, puis dans un collège Jésuite en Galice.

Jeune homme très sportif, il excelle en natation, athlétisme, et course automobile (il remporte un grand prix en 1937 sur le circuit d’Estoril, et termine second du Ve Rallye Internacional de Lisboa (Estoril) en 19512). À l’âge de 19 ans, il fréquente l’école d’acteur de Reno Lupo et tourne comme acteur dans quelques films, son rôle le plus important restant celui de A Canção de Lisboa, le premier film parlant portugais, en 1933. À cette époque, Manoel de Oliveira possède déjà sa première caméra, offerte par son père en 1929, une caméra portative Kinamo3, avec laquelle il commence à tourner son premier film Douro, faina fluvial, un court métrage documentaire muet qui met en relation le fleuve Douro et la vie des marins. Ce film, tourné de 1927 à 1929, sorti en 1931, a été critiqué par certains à cause de son aspect naturaliste ; mais, dans ce film d’une grande maturité, on voit déjà, chez Oliveira, une âme de poète réaliste.

Son arrivée sur le devant de la scène

Manoel de Oliveira au festival de Cannes 2001.

C’est avec son premier long métrage, Aniki Bóbó en 1942, contant le quotidien de quelques enfants des quartiers populaires de Porto et annonçant le néoréalisme italien, que Manoel de Oliveira parvient à se faire reconnaître. À la suite de la sortie de ce film, dans les années 19504, Manoel de Oliveira ressent le besoin de partir en Allemagne pour connaître de nouveaux horizons, mais aussi pour échapper à la vie au Portugal qui était très dure puisque le pays vivait sous la très rigide dictature salazariste.

En Allemagne, il étudie la couleur et les procédés techniques. À la suite de quoi, il reprend la caméra pour réaliser un nouvel essai sur Porto, le Peintre et la Ville en 1956. Conjuguant caméra subjective et « cinéma direct », représentation de la ville et reflets des tableaux d’Antonio Cruz, ce film instaure la naissance d’un nouveau courant dans le documentaire. Puis, il réalise Le Mystère du printemps ( O Acto da Primavera) en 1962, fondé sur un texte du XVIe siècle, Auto de Paixão de Francisco Vaz de Guimarães que les paysans de Curalha interprètent chaque année, en plein air, durant la semaine sainte. Selon Raphaël Bassan, « c’est une œuvre de transition où fiction et documentaire se côtoient pour piéger certaines données culturelles et sociales de la région ». L’un de ses deux derniers courts métrages, La Chasse en 1963 est une parabole sur la solidarité. Il avait, dit-il, « des intentions cachées touchant la dictature ». Après ce film, le gouvernement portugais l’empêche à nouveau de tourner jusqu’en 1971, année où sort Le Passé et le Présent, son troisième long métrage, une satire sur la société bourgeoise du Portugal, adaptation de la pièce de Vicente Sanches. Il poursuit, avec une autre adaptation tirée celle-ci d’un roman de José Régio, Benilde, ou la Vierge Mère (1974) qui raconte l’histoire d’une jeune femme qui tombe enceinte tout en restant vierge, se référant au récit évangélique de la conception de Jésus.

Depuis ces films, il a un rythme de réalisation beaucoup plus régulier, souvent avec des films de type romantique ou d’amour impossible. Ainsi, connaît-on bien le film Amour de perdition en 1978, l’un de ses plus beaux films, adapté d’un roman de Camilo Castelo Branco, un des grands auteurs du romantisme portugais. Narrant l’histoire, à la fin du XVIIIe siècle, d’un amour désespéré entre deux jeunes personnes appartenant à des familles ennemies, l’adaptation de Manoel de Oliveira tente de faire découvrir au public la mentalité portugaise de l’époque.

En 1981, il tourne Francisca, tiré d’un roman de Agustina Bessa-Luís. Ce film conclut la tétralogie des Amours frustrées. « Un masochisme révélateur de la psychologie portugaise au cours des âges parcourt les quatre opus de ce cycle »(Raphaël Bassan). Puis il tourne, entre autres, en 1985, Le Soulier de satin d’après Paul Claudel, en 1990 Non, ou la vaine gloire de commander, en 1993 Val Abraham, à nouveau, d’après un roman de Agustina Bessa-Luís. En 1995, il réalise Le Couvent, avec Catherine Deneuve et John Malkovich film tiré encore une fois d’un roman de Agustina Bessa-Luís, As terras dos riscos.

Il reçoit le prix Robert-Bresson en 2004.

Après ses cent ans

Manoel de Oliveira répondant à Antonio Tabucchi à la cinémathèque française le 3 juillet 2008.

Manoel de Oliveira reçoit lors du Festival de Cannes 2008, l’année de ses 100 ans, sa première Palme d’or, une Palme d’or pour l’ensemble de son œuvre. Cette récompense lui a été remise par son ami Michel Piccoli. Ému par cette distinction, il a déclaré : « J’apprécie énormément de la recevoir de cette façon-là parce que je n’aime pas trop la compétition, c’est-à-dire gagner contre mes collègues ; c’est une belle façon de recevoir un prix ».

En 2008 Christophe Colomb, l’énigme évoque, avec émotion et humour, l’histoire de Christophe Colomb. Puis Singularités d’une jeune fille blonde, adapté d’un conte de Eça de Queiroz, auteur réaliste portugais du XIXe siècle, sort en salle en septembre 2009.

En 2010, Manoel De Olivera est à Cannes pour la présentation de L’Étrange Affaire Angélica qui concourt dans la catégorie Un certain regard.

Il est alors le réalisateur en activité le plus âgé au monde et le seul à avoir commencé sa carrière à l’époque du cinéma muet. Il est le premier réalisateur centenaire en activité de toute l’histoire du cinéma5.

Quant à sa prodigalité et sa longévité : « Cesser de travailler, c’est mourir. Si on m’enlève le cinéma, je meurs ».

Le 9 décembre 2014, avant-veille de ses 106 ans, Manoel de Oliveira a reçu les insignes de grand officier de la Légion d’honneur à Porto6.

Filmographie

Longs métrages
Courts et moyens métrages
Comme acteur

Récompenses

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