Fashion Mix : L’ailleurs créatif à l’honneur

Balenciaga ? Un immigré espagnol qui a pas mal galéré. Il n’aura pas connu ses Aftershows un peu vaniteux (si ce n’est arrogants), des années 2010 où l’on pratique l’entre soi codifié entre barbus à lunettes du moment et files d’un mètre quatre vingt, tous  lookés tout en noir, avec du blanc à l’intérieur. Vous n’êtes pas sur la liste, vous disent-ils. Avec un soupçon d’outrance faisant certes partie de ce jeu de posture par essence théâtral qu’est le milieu de la fashion, parfois un peu fashow dans sa volonté d’exclusivité. Vous repartez dépités de leurs afterswhows…

Manque parfois de mixité et d’ouverture d’esprit dans son élitisme, le milieu de la mode

mais cela n’est pas notre propos du jour Juste un aparté : Mannequins et militaires ont en commun de défiler. de façon parfois un peu martiale ?

Au contraire, Fashion Mix, l’expo, n’est pas du tout fashow, entre soi jusqu’à l’excès, mais bien diversité en notre Cité. inaugurée le 9 décembre 2014, l’exposition FASHION MIX, mode d’ici, créateurs d’ailleurs, présentée au Musée de l’histoire de l’immigration a  accueilli 67 000 visiteurs à fin avril. Le musée prolonge l’exposition jusqu’au 28 juin .

Or, donc, l’exposition souligne que sans des talents comme Balenciaga, nés ailleurs hier (stylistes, directeurs artistiques, artisans et petites mains), Paris ne serait pas l’une des, si ce n’est La Capitale de la mode.

Voici mon article dans Le Français dans le monde
Fdlm-398_Expo Fashion Mix

Aujourd’hui, la mode est encensée, chasse gardée, élite barbue trentenaire en noir et blanc vous regardant de travers (ou chicissimes jeunes files vous ignorant totalement) à l’entrée des défilés. Entre parcours personnels et histoire de la Mode, c’est tout un passé cosmopolite vestimentaire qui défil(er)a jusqu’au 28 juin 2015 à l’exposition «Fashion Mix ». Elle est issue des regards croisés de deux musées parisiens : Celui de la Mode (le Palais Galliera), celui de l’Histoire de l’immigration, le Palais de la Porte Dorée.

Il en aura mis du temps, à redorer son blason fatigué : l’ancien musée des Colonies, ce bâtiment Art Déco est très connoté, son architecture rappelle Munich ou Moscou, avec la faune gravée en plus à la gloire exotique des colonies d’alors. Sarkozy a refusé de l’inaugurer, il l’a été en rattrapage par l’actuel Président.

Au sous-sol, un aquarium tropical plein de formes et de couleurs. Au-dessus, de beaux vêtements chamarrés aux motifs bigarrés prennent le relais dans une Grande salle.
Elle sert d’écrin à une centaine de créations (tenues, échantillons, souliers) de stylistes, directeurs artistiques artisans et petites mains ayant révolutionné Haute Couture et Prêt-à-porter. Ils ont dû lutter avec l’administration pour pratiquer leur art en France. Et se sont souvent « « pris des vestes » avant d’être reconnus à leur juste valeur. 150 documents (coupures de presse, croquis, brevets, publicités d’époque et vidéos) en témoignent.

Ici et ailleurs. Le parcours est un peu trop chronologique, bien beau, forcément. D’abord un Britannique, Charles Frederick Worth, l’inventeur de la haute couture, du défilé, du principe saisonnier des collections. A partir de1858, le style excentrique de sa Maison à Paris séduit.150 ans plus tard, plusieurs de ses compatriotes dirigent d’illustres maisons : la papesse du punk Vivienne Westwood, le (trop) fameux John Galliano (Dior, puis Martin Margiela), Alexander McQueen (Givenchy) ou Stella McCartney (Chloé).

Fashion Mix continue avec les immigrés italiens des années 30 et 40, Elsa Schiaparelli, la plus connue, s’inspira du Surréalisme pour ses tenues. Son dossier de naturalisation (1931) figure au milieu de créations comme son drôle de « chapeau-chaussure », porté par Gala, femme de Dali. Peu après, fuyant la guerre civile de 1936 et la dictature, de nombreux Espagnols débarquent. Parmi eux, deux futurs grands couturiers : Cristobal Balenciaga et Paco Rabanne. Arrivé en France comme réfugié politique, il a d’abord vécu parqué dans des camps.
robe longue Issey Miyaké

6 Balenciaga - ensemble pois © Spassky Fischer HD Balenciaga, la classe éterneelle…
L’exposition se poursuit avec l’avant-garde japonaise, puis la belge : Après un mois de bateau, Kenzo Takada (Kenzo) débarque en pionnier à Paris en 1965. Au début des années 80, il est suivi par Issey Miyake, Rei Kawakubo (Comme des Garçons) et Yohji Yamamoto, les tenants de « l’école japonaise ». La presse critique d’abord leurs créations déstructurées comme étant « misérabilistes, post-atomiques. » Par la suite, ils seront encensés ! Dix ans après, c’st au tour de Belges, les « 6 d’Anvers » et Martin Margiela de s’imposer s’imposent comme jeune garde de la couture.
13 Issey Miyake © Spassky Fischer
Le parcours pourrait aussi parler d’avenir, des créateurs africains, asiatiques, émergents. Ce sera une autre exposition. Aujourd’hui, bien de grandes maisons françaises sont dirigées par des couturiers d’origine étrangère : de Chanel (Karl Lagerfeld, Allemand devenu sa propre marque jusqu’au bout des ongles et des pattes de son chien) à Lanvin (Albert Elbaz, Israélo-américain). Jeanne Lanvin est à l’honneur dans une superbe exposition en cours sur cette grande figure au Palais Galliéra d’ailleurs, jusqu’au 23 août..
En passant par Dior (Raf Simons, belge). Et Azzedine Alaia, Tunisien créateur de sa marque. Un bel éloge de la diversité.
Christophe Riedel
www.histoire-immigration.fr/2014/6/fashion-mix
Préparatifs et montage sur le blog : http://expofashionmix.tumblr.com/

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