Charlie ou la possibilité des « ils »

Aucun lien n’est établi dans l’enquête entre réel et fiction. Mais tant de frictions, d’interactions, de précipités troublés, troublants, de reteournements suprenants : Notre -Dame ou Juppé sonnant les cloches en hommage à Charlie, l’eussiez-vous cru ? « Deuil national pour Charlie Hebdo » La lame de fond qui en découle est un fourre tout récupérateur, je viens d’entendre Drucker en direct, en plus des 60 chefs d’etats, pantomime diplomatico médiatique grotesque. Et puis quoi encore ? D’accord pour l’indulgence. Et évitons les règlements de compte de tous bords.
Charlie marche Le Monde
Cette formulation  » Je suis Charlie  » est ridicule. Quand on sait combien ils ramaient, la bande à Charlie, pour rester à flot, presque plus personne ne les lisant, à commencer par moi, sauf dans le métro ou en Une.
Je retiens que c’est effroyable de liquider un comité de rédaction, comment cela semble irréel, trop réel d’avoir conçu un tel attentat.
Je note qu’en Syrie et en Algérie, c’est hebdomadaire, comme on le rappelle.
Et suis bien inquiet pour l’avenir, aussi quand je lis que de jeunes enfants trouvent normal de liquider ceux qui « moquent un prophète ».

Son noyau dur humain décimé, celui rescapé, n’aurait jamais osé imaginé, à voix nue, titrer ainsi pour l’une de ses fameuses « Une », non ?

Quand allons-nous être phagocytés, par les réalités du monde-fiction qui se jouent (de nous) à chaque instant ? Comment les déjouer, coment ne pas surjouer ce réel qui se joue de nous, sans se regarder écrire, filmer, commenter ? J

Just gimme colored beauty, that’s all we need. We, the well fed (up). Nous les bien nourris, les sur informés, les saturés d’idéologies. Un 11 septembre français, disent ils (Le Monde). Toujours ces parallèles stupides. Qui échangerait un baril de 3000 traders contre 12 rebelles institutionnalisés, mais pas trop, et cinq victimes innocentes, comme aurait ajouté un Raymond à la Barre ? La bande à Charlie serait Raid morte de rire à cette ideé de 11 septembre t d’être cause nationale, non ? Je pense qu’ils iront au Panthéon, bientôt… D’ailleurs, elle rit en direct du paradis alternatif… Leur rire est podcastable sur CanalLibertaireéternel pour 1000 jours, voire for ever…

Par ailleurs, derrière cette abominable situation il y a de vraies questions : quelle est le rôle et place des médias ?! Comment servent ils le système et la peur, le fond de commerce du système, financier et politique, servis par bcp de médias en boucle (voir le film instructif : « nouveaux chiens de garde ») ! À l aube de bcp de changements liés aux prises de conscience des personnes en Europe et ailleurs (Grèce, Eco attérés, Attac, Colibri, Kokopelli, etc…), il va falloir que les MÉDIAS changent si nous voulons éviter de parler de « complot » de la haine et de la division, de la peur alimentée voire commanditée ! Quand au pouvoir en place, quel qu’il soit, n’en parlons même pas…

Attentat décimant le Comité de rédaction d’un Hebdo, d’une institution privée frondeuse bien en mémoire collective. Ce matériau du réel, ce fait trop réel est affreusement fictionnel.
Il rappelle que Charlie Hebdrone, comme tant d’autres, je l’ aimais distraitement, de loin, par dessus les épaules de quelques voisins de transports en commun. Avouons-le, en tant que survivance d’un passé trépassé, d’un journal chéri par ma mère et sa génération, par moi adolescent, puis délaissé, malgré son adulescence et la mienne.

Il avait encore droit de cité grâce à la poignée de courageux « post-68 tard » assassinés qui l’avait relancé, de lectorat en berne aussi (comme celui de Libé). Bien malgré lui, il est aussi devenu matériau fictionnel hyperéel. Le 11 septembre français, a t-on pu lire. Ils seraient RAID morts de rire à cette idée, les 12 de Charlie, non ?

« Shoot em up ». Terrible à dire, mais finement ciselé pour du roman Houellebecquien… Car, qu’on le veuille ou non, et avec respect infini pour les victimes, le Michelclopeaubec est prophète de cet air du temps, entre autres hexagonal, saumâtre. Se souvenir aussi de son invention d’un attentat à Bali, qui avait préfiguré un vrai dans un sien roman antérieur. Cet air du temps de désenchantement relatif pour les uns, certain pour les autres, créé des vocations suicidaires démentes, au nom d’une idée fantoche, d’un dieu prétexte, d’une désespérance réelle, d’unc complaisance dans la résignation et le pire comme sortilège du trop peu. Peut-être aussi révolte contre l’excès, le tsunami d’informations publicitaires déferlant sur nos pauvres consciences par écrans interposés.

La haine de soi, de nous, de la France ou d’ailleurs, celle de l’Occident comme pusher commercial de produits et d’une idéologie de plus en plus dénués d’intérêts, tant tous les usages basiques nécessaires ont déjà été inventés depuis la belle Lurette. Toutce qui vous est transmis en « temps réel » par messe média interposée se transmute illico en fiction qui le dépasse, et qu’il dépasse. Et rien n’en sort transcendé, non. Notre rapport au réel en sort plutôt lessivé. Cet attentat est un « Shoot em up » de tarés, une fois de plus, un film d’horreur qui a pris corps.Cet air du temps créée des vocations suicidaires de particules élémentaires démentes, au nom d’une idée fantoche, d’un dieu fantasmé de pacotille, Godzillah pathétique pour sous héros pathétique.

Cette marche simultanée de millions,
cathartique, pleine d’empathie
(la plus grande depuis la Libération, plus que FranceFoot 98)
Puisse t’elle avoir une réelle portée
au delà de a sympathique encre de l’empathie
au delà des récupérations diplomatiques, politiques
au delà des dinosauriens accrochés aux rideaux du Pouvoir,
Marche qui fut Galvanisation républicaine bien sympathique
La possibilité d’une oasis dans l’horreur ?

J’imagine le syndrome du survivant, du lendemain du dessinateur Luz, arrivé en retard au fatidique comité de Rédaction du mercredi.
http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2015/01/11/tout-ce-monde-avec-nous-c-est-beau-et-c-est-etrange_4553911_1653578.html
Dieu prétexte.

Michel Houellebecq, dès Extension du domaine de la lutte (1994), et depuis dans Les Particules élémentaires (1998), Plateforme (2001), La Possibilité d’une île (2005), s’est toujours montré apte à capter, d’une façon singulièrement pregnante et éclatante, l’atmosphère de notre époque, les inquiétudes et les impasses des sociétés occidentales. Et, de cette anxiété, d’offrir une représentation qui va au-delà du simple constat sociologique, pour tendre vers une méditation d’ordre historique et métaphysique.
C’est plus que jamais le cas dans Soumission. Toujours le regard de Michel Houellebecq est féroce, implacable, éventuellement outré, voire provocant.

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Dessin : Soulcié, Télérama

Mais lui en faire le reproche, c’est un peu se conduire comme l’idiot qui, lorsqu’on lui désigne la lune, se contente de regarder le doigt…

« Parce que Michel Houellebecq est, sans doute, un « contemporain capital » : c’est un autre contemporain essentiel, Emmanuel Carrère, qui nous le disait il y a quatre ans, alors que La Carte et le Territoire (2010) s’apprêtait à recevoir le prix Goncourt : « Honnêtement, nous qui en France écrivons des livres, nous étions plus tranquilles avant que Houellebecq n’arrive. Le rôle de « contemporain capital » était vacant depuis Sartre (…) : il l’occupe, il prend beaucoup, de place, mais je trouve pour ma part cette place méritée », expliquait alors Emmanuel Carrère. »
Carrère, auteur du récent « Royaume », où il est aussi question de religion… et de se mettre à la place d’un autre, comme cet auteur aime à le faire au delà de l’évidence romanesque ou essayiste.
Src en italique :Téléramuche 22/12//14, Nathalie Crom

Michel Houellebecq a quitté Paris et la promotion si mal tombée. Il était proche de Bernard Maris, l’économiste atterré de Charlie, d’ailleurs… Fiction croisée… J’insiste sur le fait qu’il n’est en rien islamophobe, le Michel comme on a pu le lire. Brasseur d’air du temps intelligent et cultivé florentin, cela est sûr…

Bonus :
Question :
Malraux a-t-il déclaré, à propos du XXIème siècle qu’il sera religieux ou spirituel (ou ne sera pas)? Que voulait dire par là Malraux ?

Réponse du Département Civilisation du Guichet du Savoir, Lyon

Michaël de Saint-Cheron dans son ouvrage Malraux : La recherche de l’absolu conclut son prologue (p 20 et 21) par ces mots :

« Le XXI° siècle sera religieux ou ne sera pas. »

« [i]Cette petite phrase qui a fait le tour du monde a été attribuée à Malraux, mais il la récusa. André Frossard rapporta le premier cette pseudo-prophétie dans une de ses chroniques qui fut publiée sous ce titre. L’essayiste catholique avait probablement communiqué le texte à Jean-Paul II qui le cita. Il est difficile d’affirmer que Frossard ait inventé de toutes pièces les paroles qu’il met dans la bouche de Malraux : « je n’ai jamais eu que cinq ou six conversations privées avec [lui], mais ce fut chaque fois pour l’entendre parler de religion, et je suis tout à fait sûr d’avoir été le premier à recueillir sa fameuse formule sur le XXI° siècle, que l’on déforme aussi souvent qu’on la cite. Il ne dit pas : « Le XXI° siècle sera religieux ou ne sera pas.», mais « Le XXI° siècle sera mystique ou ne sera pas. », ce qui n’est pas tout à fait la même chose.[/i] »

Malraux s’expliqua pour la première fois à ce propos en 1975 à son ami et traducteur japonais Tadao Takemoto, qui lui rappelait qu’il avait lui-même prononcé cette phrase lors de son dernier voyage au Japon : « [i]Quant au siècle prochain, ce que j’avais dit, c’est qu’il était extrêmement possible que, dans ce domaine que l’on appelle psi, se mêlaient encore pour l’instant des choses sérieuses et d’autres pas.[/i] […] [i]Si le prochain siècle devait connaître une révolution spirituelle, ce que je considère comme parfaitement possible (probable ou pas n’a pas d’intérêt, ce sont des prédictions de sorcières, mais possible), je crois que cette spiritualité relèverait du domaine de ce que nous pressentons aujourd’hui sans le connaître, comme le XVIII° siècle a pressenti l’électricité grâce au paratonnerre. Alors qu’est-ce que pourrait donner un nouveau fait spirituel (disons si vous voulez : religieux, mais j’aime mieux le mot spirituel), vraiment considérable ? Il se passerait évidemment ce qui s’est passé avec la science.[/i] » (extrait de « A propos de la réincarnation » in André Malraux, Cahiers de l’Herne, p 396-399).

Marius-François Guyard, qui dirigea l’édition du miroir des limbes dans la Pléiade, nie que Malraux ait pu prononcer ces mots en s’appuyant sur deux passages inédits, tirés des différents états du manuscrit original d’ « Hôtes de passage » : « [i]On m’a fait dire : Le XXI° siècle sera religieux ou ne sera pas. Formule ridicule. En revanche, je pense réellement que l’humanité du siècle prochain devra trouver quelque part un type exemplaire de l’homme. [/i]» Retravaillant son manuscrit dactylographié, Malraux y apporta une nouvelle correction : « [i]on m’a fait dire : Le XXI° siècle sera religieux ou ne sera pas. La prophétie est ridicule ; en revanche je pense que si l’humanité du siècle prochain ne trouve nulle part un type exemplaire de l’homme, ça ira mal…Et les manifestations[/i] [de mai 68] [i]et autres ectoplasmes ne suffiront pas à l’apporter.[/i] »
Cf. Littératures contemporaines, n°1, consacré à André Malraux, Klincksieck, 1996.

Les sites consultés rejoignent cette thèse :
* Le XXIème siècle sera-t-il religieux ou scientifique ? sur le site de l’Université Libre de Belgique.
* Amitiés internationales André Malraux .

src : http://www.guichetdusavoir.org/viewtopic.php?t=12570)

Allez, encore une couche, encore une strate d’encre dans le millefeuille du savoir :

« Répondant à une question envoyée par le journal danois Dagliga Nyhiter portant sur le fondement religieux de la morale, Malraux conclue ainsi sa réponse : « Depuis cinquante ans la psychologie réintègre les démons dans l’homme. Tel est le bilan sérieux de la psychanalyse. Je pense que la tâche du prochain siècle, en face de la plus terrible menace qu’ait connu l’humanité, va être d’y réintroduire les dieux. » En mars de la même année, la revue Preuves publie deux rééditions d’entretiens parus en 1945 et 1946 qu’elle complète par un questionnaire envoyé à l’auteur de la Condition humaine. A la fin de cet entretien, Malraux déclare : « Le problème capital de la fin du siècle sera le problème religieux – sous une forme aussi différente de celle que nous connaissons, que le christianisme le fut des religions antiques. »

C’est à partir de ces deux citations que s’est construite – sans qu’on sache par qui – la fameuse formule. Or celle-ci prête fortement à équivoque. Car le « retour du religieux » auquel nous assistons, notamment sous sa forme identitaire et fondamentaliste, est aux antipodes du religieux auquel l’ancien ministre de la Culture du général de Gaulle fait allusion. La deuxième citation est, à cet égard, on ne peut plus explicite : Malraux annonce l’avènement d’une problématique religieuse radicalement différente de celles du passé. Dans de nombreux autres textes et entretiens il en appelle, à la manière du « supplément d’âme » de Bergson, à un événement spirituel majeur pour sortir l’homme de l’abîme dans lequel il s’est plongé au cours du XXe siècle (voir sur ce sujet le beau petit livre de Claude Tannery, l’Héritage spirituel de Malraux – Arléa, 2005). Cet événement spirituel n’a rien pour l’esprit agnostique de Malraux d’un appel à un renouveau des religions traditionnelles. Malraux croyait les religions aussi mortelles que l’étaient les civilisations pour Valéry. Mais elles répondaient pour lui à une fonction positive fondamentale, qui continuera à fonctionner : celle de créer des dieux qui sont « les torches une à une allumées par l’homme pour éclairer la voie qui l’arrache à la bête ». Lorsque Malraux affirme que « la tâche du XXIe siècle sera de réintroduire les dieux dans l’homme », il en appelle ainsi à un nouveau sursaut de religiosité, mais qui viendra du plus profond de l’esprit humain et qui ira dans le sens d’une intégration consciente du divin dans la psyché – à l’image des démons de la psychanalyse – et non d’une projection du divin vers une extériorité, comme cela était souvent le cas des religions traditionnelles. Autrement dit, Malraux attendait l’avènement d’une nouvelle spiritualité aux couleurs de l’homme, spiritualité qui est peut-être en germe, mais qui est encore bien étouffée en ce début de siècle par la fureur du choc des identités religieuses traditionnelles. »

Bref, on est pas sorti de l’auberge des guerres d’Inquisition et d’exclusion…

Puissions-nous
être vivants puits
où puiser énergies
fossiles renouvelables
de nos êtres
transcendés par
résiliences renaissantes
des fournaises souffrantes
En dépit, par tracas et fracas
renouvelés des conflits d’intérêts
de frères d’humanité
cohabitant
à couteaux
tirés
Par les dés
d’une sempiternelle scène à la
William ShakespeareSamuel Beckett
de l’existant/ayant existé/à venir
2015, 3045, 4075 et j’en passe

Epilogue du prologue :
L’homme s’offrit sur le dos du tard
une anthropocène de ménage nucléaire
pour le meilleur du pire
des tétards

Je me sens beaucoup mieux
depuis que je suis un puits sans fond
et que je n’ai plus de fin.
Je ne jouis ni de toutes mes facultés mentales
ni de la totalité de mes droits civiques.

Je voudrais tant connaître
les euphories des corps
de tous ceux qui vécurent et vivront.
Embrasser les corps embrasés
de tous les amants de la planète.

Sentir les autres
comme on se sent soi-même
tantôt très bien
tantôt un peu mal,
tantôt femme, tantôt homme
tant il est vrai
qu’on nait les deux à la foi.

Tentant ardemment
d’être tous les sorts
et les plénitudes
que connurent les
corps nus et les cornées
de tous les yeux qui,
plus ou moins beaux,
bien vivants ou poissons morts,
libellules à Belle-Ile,
Guépards atteints du prion,
vahinés souriantes
des paradis
ou l’on vivait
sans un radis,
et, surtout,
sans finir rassi.

voir un instant
du regard
de tous ceux
qui eurent des yeux.
images-1
Voir tout.
Une seule conscience
dotée de tous les attributs
oculaires du règne
des vivants.
Avide de vivre
avant d’étouffer
toute magie
en moi.

surtout pas vieille baderne
buvant son Sauternes
en commentant son foie gras,
En 2048 ou en 9876,
émettant des réserves
sur l’avenir du monde,
à l’antichambre de son trépas.

Remarque qui n’a rien à voir en forme de vérité sentencieuse : le flipper, c’est comme la vie ; c’est au moment ou on y reprend goût que la partie s’arrête. Le temps qui vous est imparti non é piu valabilé au-déla de cet aller simple ver l’infinito. Mais y’a parfois des extra-balles.

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