C’est sur les Gobelins, à la place du cinéma Rodin (qui sculpta la façade). Les Gobelins font aussi partie des jeunes années treizièmardes de celui qui écrit ici. Il y vit au cinéma le film Grease vers 1978, par exemple… Et plus tôt E.T. parmi tant d’autres…. Pour dire que le cinéma est incarné pour lui ici. A quelques pas du Commmissariat du Treizième qui a entièrement brûlé voici 3 ans, depuis rémanent comme un décor noirci de film catastrophe. Il le connaissait bien ce Commissariat.
Sa mère et son père, séparés, vinrent parfois y régler leuus comptes sur son dos à lui dans les années 70. Mais il y a presque prescription. Et le Commissariat cramé 35 ans après n’était pas pour lui déplaire. Comme une tentative de table rase faite de ce passé-là ? Qui sait… D’où le bonheur aussi de voir les mutations survenant sur les Gobelins des espèces d’espaces, des friches de jadis au Métro Nationale, terrains de vagues jeux de son enfance, aussi devenues des tours, de la construction de celles dites de Chinatown, entre Portes de Choisy et Tolbiac, il y a autant d’années, qui allaient donner naissance à d’autres décors de vie au dessus de chez Tang Frères.
Mais venons-en à Charles Pathé et sa descendance filmique sans plus tarder…
Un paradis cinéphile retrouvé ?
C’est un bâtiment un escargot, au dos de tatoo, animal étrange s’embobinant dans les mémoires d’enfants zoologistes. Sous son dos de coquillage dentelé, une bibiothèque et documentation au dernier étage. Aux étages inférieurs, une caverne d’Ali Baba d’anciennes caméras, comme la Pathé Baby et tant d’autres dont on parlera avec précision durant la visite. Dans ce bâtiment de Renzo Piano exploitant au mieux le potentiel vertical, d’où le dos transparent tout en haut.
Nouveau décor, la Fondation Jérôme Seydoux Pathé a ouvert dans le treizième parisien en septembre 2014 pour regrouper les archives de la célèbre maison de production depuis 1896. Riche d’un catalogue de films de 120 ans, du « Paradis perdu » d’Abel Gance aux Ch’tis. Visite en caméra cachée.
Au cinquième, quand on sort de l’ascenseur pour pénétrer dans le centre de documentation, sous le toit coquillage de ce bâtiment signé par Renzo Piano (l’architecte du centre Pompidou) un décor filmique unique apparaît, en transparence à travers l’ossature en bois clair. C’est celui des toits de Paris, il pourrait surgir d’un film adapté de Jacques Prévert ou, aussi bien, de science-fiction.
Nous sommes dans un ancien théâtre à l’italienne de 1869. Les deux sculptures en façade (classée aux monuments historiques) représentent le Drame (incarné par l’homme) et la Comédie (incarnée par la femme). Elles sont l’œuvre d’un jeune étudiant aux Beaux-Arts et à l’École des Gobelins, Auguste Rodin. Plein d’avenir. Comme ce lieu où, dès 1906, des projections avaient lieu.
Galerie des caméras
II a trouvé une nouvelle jeunesse avec ce centre de recherche et consultation de l’Histoire du cinéma, destiné aux historiens, enseignants et étudiants. Au premier étage, la « Galerie des appareils » présente 80 ans de caméras et inventions cinématographiques. Anne, responsable des visites pédagogiques du jeudi matin, montre aux enfants ce qu’était la pellicule : « Nous organisons des ateliers Pathé Baby pour qu’ils apprennent à monter et à colorier une pellicule, comme on faisait il y a 100 ans. Ils lisent aussi l’histoire des caméras sur des tablettes. » Dans trois alcôves sont projetées en continu des archives de Charles Pathé, le fondateur, tournées avec des caméras exposées juste à côté, et qu’on on peut parfois toucher.
On croise le comédien Gérard Jugnot (qui ira voir un film en bas après) tandis qu’il visite la Galerie des caméras sous la houlette de Sophie Seydoux, qui lui fait écouter une musique sur phonographe, l’ancêtre du tourne disques. Pour 6,50 euros, on a accès au musée, à l’exposition et à une séance de cinéma muet au sous-sol. Dans une salle aux fauteuils rouges extra-larges. Une experte descend de la documentation pour présenter et décrire chaque film et documùent d’archice, le remettre en contexte, parler de la restauration en cours du vaste fond Maison de films. Comme autrefois, les projections sont accompagnées d’improvisations au piano. Génial !
Des films d’actualité aux longs métrages en passant par les dessins animés, Pathé possède le plus important catalogue de films muets au monde. Sur 9000 œuvres, beaucoup sont perdues et la pellicule a souvent été réutilisée pendant les guerres. Il en reste 400, qui sont patiemment restaurées. Exemple : « Pour le Pays », un film de
propagande de 1914 que nous y avons vu en novembre, dans le cadre de la programmation sur la Grande Guerre (liée au Centenaire de 1914). Ces archives sont réunies en huit collections, dont l’inventaire, ainsi qu’une fiche descriptive, sont consultables en ligne.
Au second, l’espace est réservé aux archives papier : contrats, scénarios, lettres, affiches. Par sécurité, les bobines de film sont conservées ailleurs, près de Paris, au Fort de Bois d’Arcy. Pathé étant le seul studio (avec Gaumont) qui n’a jamais cessé ses activités, « nous avons la chance de tout posséder, des débuts du cinéma à aujourd’hui» conclut Sophie Seydoux, Directrice de ce musée remontant le temps en spirale dans sa coquille d’escargot…
Gérard Jugnot,bon enfant, la douce Sophie Seydoux et Anne, co-responsable des visites publiques et pédagogiques.
Le site : http://fondation-jeromeseydoux-pathe.com
Mon Article paru dans « Le Français dans le Monde, janvier 2015