Fondation et art vivant. Aimé Maeght, marchand d’art et mécène, d’abord simple ouvrier lithographe, travailla avec Bonnard, Matisse, fut très proche de Braque, parrain de son fils. De ces rencontres naquit une galerie parisienne visionnaire. Puis vînt la Fondation Saint-Paul de Vence en 1964, saluée par Malraux. tout cela était alors très Avant garde et vivant. Adrien reprit le flambeau et s’occupa l’édition, aujourd’hui, il est si ce n’est remplacé, du moins largement assisté par sa fille Isabelle.
Une affaire de famille, trois générations et l’une des plus importantes collections de dessins et œuvres graphiques d’art moderne du XXe siècle en Europe : 10 000 références, dont 400 sculptures et peintures, qui permirent 100 expositions en 50 ans. La Fondation est née de l’amitié avec des artistes comme Miro, Calder, Giacometti, Kandinsky et tant d’autres, dont les Surréalistes.
Affiche Avant la lettre de Miro
Elle incarne aussi un passage à l’acte suite à un malheur familial : celui d’un fils disparu à 11 ans d’une leucémie, Bernard. Georges Braque poussa alors Aimé à transcender ce chagrin avec un lieu qui serait « une œuvre unique au monde » comme il l’écrit à Miro. Qui pousserait dans un village à 20 kilomètres de Nice, loin de Paris, ce qui était une première hardie (dis-moi oui). Sur le terrain broussailleux, on découvre les ruines d’une chapelle dédiée à Saint-Bernard. Un signe du destin ?
Le chantier commencà avec un architecte catalan, Joseph Lluis Sert (élève du Corbusier, ami d’Aymé et de Miro, de il créera aussi la Fondation Miro à Barcelone), auquel a été consacré l’exposition de printemps du cinquantenaire. Aimé fait construire des maquettes grandeur nature sur le terrain pour définir les meilleurs emplacements. Sitôt que l’argent manque, une œuvre est vendue. Les artistes conçurent et offrirent des œuvres s’intégrant au bâtiment et à la nature : La cour de Giacometti aux hommes filiformes marchant. Le grand dîner des 50 ans y eut lieu fin juin. Ailleurs, des mosaïques de Chagall et Tal-Coat, un mobile de Calder dans le merveilleux jardin parcours, un chemin de croix d’Ubac pour la chapelle Saint-Bernard. Ornée d’un vitrail Oiseau Bleu et Mauve de Georges Braque. A l’entrée du Musée, un bassin mosaïque à poissons bleus du même, dont j’aime tant les bleus. A côté d’une fontaine plus récente signée Fabrice Hyber en 2010. N’en jetez plus, ce lieu est unique !
Le respect d’une idée. Pour rester, vivant l’Art vivant (du nom de la célèbre chronique qu’anima le galeriste) se doit d’être revivifié par le contemporain. Etre autres, afin de ne pas devenir un énième « muséo-mausolée » à rente de situation. Donc, des passerelles sont bienvenues. Ma non troppo : ais pas trop ; sinon d’aucuns crieront au scandale dénaturant. Délicat équilibre. Et attention a qui l’on choisit : la Carte blanche donnée au sempiternel Bernard Henri Levy, bombardé Commissaire de l’exposition estivale 2013 fit grincer des dents dans le sérail. Et pas que là. Mais cela est anecdotique.
Après l’accrochage moyen de l’exposition Face à l’œuvre (second volet du cinquantenaire) qui s’acheva 11 novembre, remettant en perspective la façon dont Maeght choisissait ses artistes (sans a priori), la programmation fait donc la part belle aux arts vivants, sonores et visuels.
Ce seront des concerts avec Archie Shepp, associé à la genèse du lieu, le chanteur « M », petit-fils de la poétesse Andrée Chedid. Une lecture du poète Bernard Noël, une Daphnis et Chloé du chorégraphe Jean-Claude Gallotta… Et d’autres surprises à découvrir sur le site. Ainsi que les projets hors les murs associant 7 musées régionaux.
Parmi lesquels le Musée Matisse à Nice, qui montre des dessins et la correspondance entre le peintre et Aimé. Et bien sûr les merveilleux bourgs intacts de Saint-Paul, le plus caché des deux, et Vence sont associés : de l’art à ciel ouvert (on pourra loger au Relais et château Saint-Paul, d’ailleurs).
A l’entrée de Saint-Paul, Croquette, un chat de gouttière roux et blanc éclopé, en est la mascotte, nourri par les habitants, à dix mètres d’une sculpture métallique baptisée… Le chat ! Juste à côté du Café de la Place où tant de célébrités jouèrent à la pétanque : Prévert, qui habita ici la maison « Miette » à passerelle, Yves Montand, Lino Ventura… A Vence, il faut absolument voir une autre Fondation, celle d’Émile Hugues, ancien Ministre et maire, au Château de Villeneuve. Édifié au XVIIe siècle par les Seigneurs de Villeneuve, il fait face au légendaire frêne peint par Soutine. Superbe pendant à la modernité du bâtiment des Maeght, il accroche jusqu’au 30 novembre des pièces de la collection d’art contemporain surprenante des Setari, un couple d’Italiens cosmopolites. Puis, ce sera jusqu’au 15 mars la savoureuse correspondance entre l’écrivain polonais Witold Gombrowicz et le peintre Dubuffet (tous deux vécurent ici) autour d’une peinture prêtée par les Maeght.
Saga Maeght, sœurs ennemies
Cette saga familiale est retracée dans le livre (La Sage Maeght, paru en juin 2014 chez Laffont) de Françoise Maeght, dite Yoyo. Elle a quitté la Fondation, une affaire de sœurs ennemies, peut-être. Et de désaccord avec ses choix, Yoyo n’est pas tendre pour le présent et raconte la belle aventure du passé, avec un chouilla de porte ouverte sur l’avenir. Un hebdomadaire à fort tirage titrait en juillet à ce propos : « C’est Dallas chez les Maeght ! »
Pour prendre le recul qui s’impose par rapport à ses dissensions, on pourrait aller dormir à l’hôtel La Vague, joli bâtiment en courbe très seventies, un peu excentré dans la pinède, non sans charme. Et avec une belle bibliothèque. Le lieu est tenu par un couple suisse fort sportif : ils sont venus une fois de Zurich à vélo, m’a raconté un jeune serveur portugais au petit déjeuner, après un bain dans la belle piscine aussi courbe que les fluctuations des jugements de valeur artistique.
Voici mon article (in Où ? Magazine, automne hiver 2014) :
www.fondation-maeght.com – museedevence.com – vaguesaintpaul.com
Cote d’Azur tourisme : http://www.cotedazur-tourisme.com/
Photos Copyright
Fondation Maeght – Fondation Miro
Mise à jour 04/2015 :
L’art sur la Côte d’Azur
petit panorama 2015
L’Architecture à l’honneur
Avec la réouverture, à partir de mai 2015, à Roquebrune Cap Martin des sites : Eileen Gray – Etoile de Mer – Le Corbusier. Youpi ! Totalement en déshérence, ces maisons en avaient bien besoin…
Aujourd’hui propriété du Conservatoire du littoral, le site Eileen Gray / L’Étoile de Mer / Le Corbusier au Cap-Martin géré par Cap Moderne réunit sur 2970 m2 un ensemble d’oeuvres mondialement reconnues.
Dans un tout autre style, il convient de découvrir également l’oeuvre architecturale de Jean-Michel Wilmotte sur le Stade Allianz Riviera et le Musée National du Sport à Nice qui a ouvert ses portes en juin 2014 et qui ouvrira l’été culturel avec une exposition « En mode sport » !
Hommages et Maeght !
En 2015, les musées azuréens également rendent hommage aux artistes qui ont aimés la Côte d’Azur : Folon, Chagall, Léger… Il convient également de mentionner ici, deux des grandes expositions d’été « Gérard Garouste l’intranquille » à la Fondation Maeght et « De Chagall à Malevitch La Révolution des Avants-Gardes » au Forum Grimaldi.
Histoire de France – Napoléon !
Il y a 200 ans, jour pour jour, Napoléon quittait son exil sur l’Ile d’Elbe pour reconquérir la France.
2015 célébrera, notamment, le débarquement à Golfe Juan de Napoléon accompagné de ses 1000 hommes. L’épisode dit des 100 jours.
La route Napoléon : un itinéraire touristique, tout au long de l’année, à pratiquer en voiture, en moto, à pieds, à cheval…
Visite du Musée Escoffier à Villeneuve Loubet : « L’EMPIRE DU GOÛT, Moeurs de table sous Napoléon 1er ».
A Grasse, création de parfum chez Galimard à l’occasion de la création du parfum « Napoléon 1815 ».
www.cotedazur-tourisme.com ou www.route-napoleon.com
Soutien aux Candidatures UNESCO.
Outre le Parc National du Mercantour et Grasse autour des fleurs à parfum, Nice avec la Promenade des Anglais, soutiendra son dossier Unesco à travers des expositions majeures et pédagogique.