Plus authentique et viscéral qu’un hôtel de glace lapon de luxe à fourrures et vodka en cubes glaçons, cette expérience de groupe inédite. Pique-nique à midi, puis l’on creuse, taille avec pelle et ciseaux en se relayant. Aidés par des moniteurs attentionnés, hein ! Selon le type de neige à dompter, deux options se dessinent :
Poudreuse fraîche, et l’igloo ressemblera à un terrier, ce qui fut notre cas.
Neige plus dure car déjà installée, donc bien tassée, on obtient un igloo monticule hors-sol de carte postale, en beaux parpaings de glace.
Le lendemain matin, certains avaient des têtes de déterrés, mais heureux, tendance « Just did it »
Mais c’est si beau, chachachamaniquement beau : Du technicolor, façon Terence Malick pur jus… On est à une heure trente de Nice, à Estenc (1800 mètres), à côté des sources du Var (la rivière). En quatre heures, on construit un igloo où l’on dormira à trois à la bougie (§en priant pour ne pas être mou de la vessie durant la nuit§).
Le soir venu. Alors sonne la chaude heure du dîner au gîte… Puis c’est parti pour une petite marche vers la froide nouvelle demeure. Emmitouflé dans un duvet chaud comme un cocon, on devient chrysalide, on s’endort à la bougie comme on peut, génépi ou tisane pour qui veut. Le lendemain, un peu trappeur, un peu groggy, on part en raquettes vers un col pour tutoyer un peu de sommet aux alentours, dan le Haut-Var, au nord du parc national du Mercantour (qui peaufine un dossier transfrontalier avec cinq parcs italiens partenaires, en vue d’un classement Unesco vers 2020, voire avant).
Dans la neige, on découvre quelques traces de lièvres variables, de chamois aperçus au-dessus du gîte de la Cantonnière où l’on a dîné, genépié, pris le petit-déjeuner réparateur après la nuit vivagel ou Picard. Avec un peu de chance, on découvre parfois un coq de bruyère tétras-lyre qui creuse, lui aussi, son abri igloo hivernal, sans repartir en voiture après comme les aventuriers humains d’un soir à pot d’échappement.
Igloo d’une nuit, hibou, joujou, caillante, genoux… chou ?
Bilan : l’impression d’avoir construit un jeu initiatique collectif en ce monde manquant cruellement de chamanisme, soupoudré d’un zeste de mystique, ou disons de spiritualité constructrice en pleine nature… dans la
Grande Sauvagerie, comme les Québecois appellent l’immense forêt d’antan, encore bien présente chez eux… et dans nos Alpes : un peu de cocorico ne saurait nuire en ces temps de déni de soi déconstructif.
A vivre en « constructeur de l’impossible » ou entre amis, pour mieux faire son trou, solitaire comme une belle image d’Epinal d’Economie solidaire et sociale, voire le contraire !
Façon fable : Faire son trou en plein Mercantour neigeux ?
On le fit, cochon qui s’en dédie :
il ne faut pas craindre l’insomnie.
Article paru dans « Où ? Magazine » automne/hiver 2014
Pratique : 130 € par personne, aventure de deux jours.
Réserver sur mercantour-evasion.com,
(voir rubrique raquette) ou par téléphone au 04 93 56 11
Matériel fourni et vérifié.
Tourisme Riviera : cotedazur-tourisme.com
A reblogué ceci sur Parallèles Potentiels.
J’aimeJ’aime