2 livres. A l’occasion de la parution de « Topor, dessinateur de presse » aux Cahiers Dessinés et de « Strips paniques » chez Wombat, il y eut rencontre avec Alexandre Devaux, auteur du premier et Frédéric Brument, éditeur du second à la librairie Le Monte-en-l’air. Rue de Ménilmontant,celle de Guillaume Dumora, dont je salue l’excellent travail au passage.
C’est dans la montée, face à l’église, en retrait du flux de la rue. En contrebas, en retrait de tous les flux de péri-foule passant, à vrai dire, sauf ceux du livre et de la BD, dont Guillaume Dumora (transfuge de l’éditeur L’Association et du festival d’Angoulême, via une première librairie la rue des Panoyaux), est ici thuriféraire depuis 2009 (promoteur, démiurge, pas boursouflé de lui-même pour un sou). Ces livres, j’eus donc la joie de m’y boursoufler, pardon, de m’en enduire de jouissance visuelle en me souvenant des thèmes de presse abordés au fil du livre, mais on s’en fout, de mon mémoriel.
Seul compte le fiel rieur et débonnaire du sourire en coin de Roland à l’oeuvre dans ses dessins et peintures. Car le bougre était bon peintre aussi, artiste accompli, avec un zeste de Balthus et de Klossovsk dans sa vision, parfois. Dois-je le rappeler? Oui. Car ce qui n’est plus ne naît plus, sauf dans les choux, ai-je tenté de dire à son fils Nicolas, rencontré ce soir-là à mon vif bonheur, il ressemble à son papa, comme moi et mon voisin de palier au mien, enfin moins. Ou alors je simule. Nicolas est chanteur, guitariste, compo d’un groupe, « L’écume des songes », qu’il définit,à ma demande, comme étant » style Panique ». Ton père ?
Roland Topor, me remémorai-je la tête dans la neige, j’avais eu le bonheur de le croiser dans les années 80, son barreau de chaise en bouche à dents jaunies par le vice de Nicot, à l’heure de l’apéritif tardif, immergé dans la petite foule des cafés de L’Odéon qu’il fréquentait, plus souvent que moi. ils avaient pour nom Balto, Assignat parfois, La Palette (trop connu, celui-ci, une machine marchant trop bien, devenue folklore pour guides).
‘J’y gis, j’y avais des copains étudiants en fac d’archi en face,
à l’angle des rues Guénégaud,
Mazarine et Jacques Callot.
Certains sont momorts
en moto, d’autres prospères
architectes roulant
en agence
j’adorais aussi égrener le tissu de galeries d’art jusqu’à la rue de Seine et retour, via tant d’autres, Visconti, des Beaux-Arts et tutti quanti. Mais je ne savais pas encore qui il était, Roland Topor, et je m’en foutais, c’est par la suite que je le reconstituai, quand je connus peu à peu ses dessins et le mouvement qu’il avait crée, Panique, avec des gens comme Jodorowsky, et j’en oublie. Son merveilleux sens du dessin d’humour décapant à traits n’appartenant qu’à lui. Je me souviens que je les aimais, qu’une amie de l’époque m’en parlait, me le montra, je l’identifai enfin, menfin. Une fois de plus, on s’en fout mais la saveur reste.
Mais qu’importe le calice d’Alice et les marquis lubriques de broc !.
Si vice pâquerettes, para bellum au tison, eut pu ajouter Christian Desp…
Le Plein d’infos bio pur jus ci-dessous (en paix) sur ce « Roland Topor Monte en l’air »…
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Postcompostface de « Topor Dessinateur de presse » :
« Tout a commencé en juillet 1958, lorsque paraît en couverture de la revue Bizarre un dessin énigmatique. Son auteur, alors parfaitement inconnu, ne passe pas inaperçu. Rapidement, il parvient à publier ses œuvres étranges, d’abord dans Arts, Hara-Kiri et différentes revues marginales, puis dans la « grande presse ». Sa notoriété ne fait que grandir. Il devient un auteur protéiforme et boulimique, un personnage public, s’adonnant à la littérature, au théâtre, au cinéma, à la chanson, exposant dans les galeries d’art, participant à des émissions télévisées.
Dans la presse, Topor se donne sans compter, car à ses yeux un journal a autant de valeur qu’un musée, un film ou un livre d’art. Plus le journal se veut libre, plus Topor en abuse ; plus il est ordinaire, plus Topor est extraordinaire. Pour autant, ses dessins ne seront jamais « populaires ». Ils provoquent souvent le malaise et l’incompréhension — ce qui les rend d’autant plus admirables.
Topor, dessinateur de presse est le premier livre consacré exclusivement à ses interventions, quarante ans durant, dans les revues, quotidiens et magazines plus ou moins confidentiels du monde entier. On y retrouve toute sa virtuosité, son humour panique, sa violence métaphysique, son génie singulier. 35 Neurones, pardon, euros, et ça les vaut.
Quatrième de coucouv de « Roland Topor Strips Panique »
Roland Topor, auteur de BD ? Interrogé à ce sujet, Topor répondait souvent que dessiner le même personnage de case en case l’ennuyait… Pourtant, c’est en fin connaisseur qu’il adapte Le Fils de l’ivrogne de Cami, hommage au strip La Semaine camique qui fit les beaux jours de L’Illustration de son enfance.
De fait, dessinateur exceptionnel d’un côté, auteur à l’imagination débordante de l’autre, Topor devait, à la croisée des chemins, s’essayer à la narration graphique. Au gré de ses collaborations à Hara-Kiri, Charlie mensuel, Le Petit Psikopat illustré ou Strips, il créera ainsi nombre d’« histoires en images » au style très personnel mais d’une grande variété, avec un souci constant d’invention.
Premier ouvrage consacré à cet aspect méconnu de son œuvre, Strips Panique réunit huit bandes dessinées, pour la plupart rares et introuvables, réalisées entre 1962 et 1996. Du virulent pamphlet anti-De Gaulle de 1968 La Vérité sur Max Lampin au chef-d’œuvre oublié Erik, conte muet cruel, Topor, en artiste hanté et ludique, ne cesse de chercher et de provoquer – par le rire et le sang – l’étonnement.
Postface de Christian Rosset
« Les Iconoclastes » nº 3
Parution : 18 septembre 2014
160 pages en bichromie – 15 €
Roland Topor (1938-1997). Dessinateur, peintre, écrivain, dramaturge, poète, humoriste, chansonnier, cinéaste, acteur, photographe, etc. Remarqué pour ses étranges dessins au graphisme original (dans Arts, Bizarre, Hara-Kiri…), il reçoit le prix de l’Humour noir dès 1961. Son premier roman, Le Locataire chimérique, sera adapté au cinéma par Roman Polanski ; il écrira aussi des recueils de nouvelles, des pièces de théâtre et des livres concepts. Du film d’animation La Planète sauvage (avec René Laloux, prix spécial du Jury à Cannes en 1973) à l’étonnant Marquis (avec Henri Xhonneux) en passant par les émissions télévisées Palace et Téléchat, il marquera de son empreinte le cinéma et l’audiovisuel. Certaines de ses images ont fait le tour du monde. Tout son univers reste marqué du sceau d’un humour noir féroce. Il n’est jamais devenu un vieux con.
« De son vivant, Topor vendait peu de tableaux, en donnait beaucoup, ses livres faisaient des bides, ses pièces des scandales, ses films faisaient hurler les critiques, et tout cela le rendait hilare : qu’est-ce que vos parents ont été cons ! Dépêchez-vous de (re)découvrir ou même relire tout simplement ces petits bijoux d’un des génies du XXe siècle. Avant que trente crétins, par leur silence, ne nous l’enterrent pour de bon. » (Yves Frémion, Fluide glacial)
Les livres de Roland Topor aux Nouvelles Éditions Wombat
– Mémoires d’un vieux con (plus d’infos)
– Mémoires d’un vieux con suivi de Topor à la bombe (tirage de queue, édition limitée et numérotée) (plus d’infos)
– Vaches noires (plus d’infos)
– Café Panique suivi de Taxi Stories (plus d’infos)
– La Plus Belle Paire de seins du monde (plus d’infos)
– Strips Panique
Pour la bonne bouche élargie : Topor : “Un grand coup de poing dans la gueule”
Extrait de Charlie-Hebdo nº1002 (septembre 2011)
Et enfin, un portrait du libraire Dumora, dans la revue Portrait (octobre 2014), photo de Stéphanie Dupont Braunschweig.
Ma vision : Hors champ de cette tenue XIX à gilet, il y aurait du paradigme de bretteur littéraire s’escrimant aux firmaments créatifs. Ajoutez un zeste de biberon libre électronant, qui ne nuira point à la p(r)ose bdéeiste sans passéisme. Grand Balzar des libraires, costumes au vestiaire des vestales, falzar et calbar parisien à l’avenant. Peut-être…