PROPOS D’EUROPE 15
EXPANDING FRONTIERS
FONDATION HIPPOCRÈNE
DU 29 SEPTEMBRE AU 3 DÉCEMBRE 2016
L’ancienne agence de l’architecte moderniste Robert Mallet-Stevens accueillera, du 29 septembre au 3 décembre 2016, une partie de la collection de Rolf et Venke Hoff – grands collectionneurs norvégiens depuis trente ans, fondateurs du centre d’art situé dans les îles Lofoten – qui sera dévoilée aussi amplement pour la toute première fois à l’étranger.
Intitulée Expanding Frontiers, l’exposition, dont le commissariat est assuré par Rolf Hoff, permettra de découvrir une trentaine d’œuvres principalement conceptuelles et de tous médiums de 25 artistes contemporains internationaux, majoritairement norvégiens et scandinaves, pour la plupart peu connus en Europe et exposant parfois pour la première fois en France. Cette exposition marquera également la quatrième collaboration de la Fondation Hippocrène avec une fondation ou structure privée et européenne d’art contemporain.
Pour la 15ème édition de Propos d’Europe, exposition annuelle d’art contemporain promouvant la rencontre et la création d’artistes européens émergents et confirmés, la Fondation Hippocrène invite cette année la KaviarFactory de Norvège, mettant ainsi à l’honneur la scène contemporaine nordique.
Avec Gediminas Akstinas (Lituanie), Knut Âsdam (Norvège), Bjørn Bjarre (Norvège), Mikael Brkic (Norvège), Gardar Eide Einarsson (Norvège), Dag Erik Elgin (Norvège), Hreinn Fridfinnson (Islande), Yngve Holen (Allemagne-Norvège), Adam Jeppesen (Danemark), Henrik Olai Kaarstein (Norvège), Saman Kamyab (Norvège), Keller & Kosmas (Aids-3D) (États-Unis), Giorgi Khaniashvili (Géorgie), Milja Laurila (Finlande), Erik Lindman (États-Unis), Bjarne Melgaard (Norvège), Ole Jørgen Ness (Norvège), Rolf Nowotny (Norvège), Børre Sæthre (Norvège), Kristian Skylstad (Norvège), Kjartan Slettemark (Suède-Norvège), Anders Smebye (Norvège), Matthew Stone (Angleterre), Ryszard Warsinski (Pologne-Norvège), et Ebbe Stub Wittrup (Danemark).
Cette exposition s’inscrit dans le Parcours Privé de la Fiac 2016 – Mise à jour du 5/8/16
En 2014 : En pérégrination d’automne, petit bonheur substantiel, on découvrit jusqu’au 20 décembre l’exposition : »Le musée d’une nuit : script for leaving traces dans le seizième, du côté du métro Jasmin (M9) et de la rue du Docteur Blanche. »
Soit quelques oeuvres d’art contemporain de la récente Fondation et collection d’art londonienne (2040 pièces en tout) d’un promoteur au nom prometteur comme une marque d’alcool ou de cigare de bon ton, David Roberts . Une Fondation, une exposition de plus ?
Oui, mais la découverte sera double. un florilège d’oeuvres, dont une belle photo d’une amie de Man Ray devenue résistante, une esquisse de corps de Tamara de Lempicka et des créations contemporaines hétéroclites, comme si souvent, dans un espace peu connu. Du coté du métro Ranelagh, avant Jasmin, sur la 9. 5 minutes à pied, nous voila rue Robert Mallet-Stevens.
Cet architecte moderniste de talent des années vingt, dont il reste peu de traces avait son agence ici, aujourd’hui investie par une mystérieuse, c’est-à-dire peu connue Fondation Hippocrène chargée » de contribuer à la cohésion entre jeunes Européens. » Et si c’était vrai ? Elle accueille chaque année une fondation d’art européenne (un peu comme le fit la Maison rouge d’Antoine de Galbert à Bastille), dans le cadre de son projet « Propos d’Europe ». Donc, un cube dans un cube dans un cube, une maison immeuble de belle et sobre facture,lignes pures, Art déco à sourcils rasés et grandes ouvertures rectangulaires. Unbut en soi. Esthétique très sourcilleuse, qui a peu vieilli. Ce courant a déjà été repris plusieurs fois d’ailleurs. Années cinquante, puis quatre-vingt, deux mille. chaque fois que le clean revient en grâce, cette esthétique reprend du galon jusqu’à la prochaine disgrâce kitsch baroque temporaire …
« Qui nomme la collection ne sait pas de quoi il parle. »
Vincent Honoré, Directeur de la DRAF (David Roberts Art Foundation), Commissaire de l’exposition :
Etre invité à montrer la collection David Roberts à la Fondation Hippocrène dans le cadre de ses « Propos d’Europe 13 », c’est dégager un récit dans l’ancienne agence de Robert Mallet-Stevens construite en 1927, dont ne subsiste que l’image. C’est être invité à constituer un musée temporaire à Paris, un musée impossible, un musée non pas d’objets mais d’histoires. Ce musée temporaire emprunte en partie le titre d’un tableau de René Magritte de 1927 : Le musée d’une nuit (script for leaving traces).
L’exposition de la DRAF à Paris est une exposition conçue comme un récit multiple : celui d’un lieu, d’un architecte, d’une collection, celui d’une perte. Le principe, c’est de la construire comme un jeu, c’est-à-dire de jouer de la machine d’exposition (on emprunte au modernisme et au surréalisme) comme d’un scénario latent et d’éviter la démonstration, de changer le spectateur en témoin s’il n’est pas acteur. C’est de proposer un contexte. On me demande souvent de définir ou de décrire « la collection ». J’échoue : une collection est un organisme – par essence – innommable. Active, elle échappe à toute définition : chaque oeuvre rentre dans l’ensemble pour inévitablement le décentrer. C’est par ce décentrage constant que se constitue paradoxalement (parfois péniblement) la collection. Inactive, une collection est naturalisée, c’est un groupe d’oeuvres constitué, c’est l’index de ce qu’elle était – une bête empaillée. Une collection est cet organisme qui n’a de cesse de se constituer et de s’échapper. En ce sens, la collection est expérience de la perte davantage que d’accumulation : perte constante de son propre sens, au moins. Quels que soient ses protocoles, ses procédures, ses stratégies, une collection se constitue comme système de désirs et, de fait, comme une histoire plurielle. En tant que Commissaire, mon rôle est d’en être narrateur, d’en embrasser les failles et d’en articuler le récit.
Nina Beier & Marie Lund
All the Best, 2008
Photo : Francis Ware
Courtesy the artists
Pierre Huyghe
Players (The Host and the Cloud 2009-2010), 2010
Courtesy the artist and David Roberts Collection, London.
© ADAGP, Paris 2014
Renaud Jerez
Sans Titre, 2014
Courtesy of the artist
Rosemarie Trockel
Oh Mystery Girl 3, 2006
Courtesy the artist and David Roberts Collection, London.
© ADAGP, Paris 2014
Sarah Lucas
Grace, 2006
Courtesy the artist and David Roberts Collection, London.
Sergej Jensen
Untitled (Grey Seam), 2013
Courtesy the artist and David Roberts Collection, London.
Tamara de Lempicka
Sur la Plage (On the Beach), c.1926
Courtesy David Roberts Collection, London.
© ADAGP, Paris 2014
Embrasser les Failles… Celles de Tamara ? Voici en tout cas un manifeste de foi alléchant, me sembla t’il : il ne jargonne pas trop, ne se perd pas outre mesure en propos d’initié groupusculaire de l’Art contemporain, a des accents post-borgèsiens, des réminiscences du Musée imaginaire. D’ailleurs, l’une des artistes s’en inspire pour un texte reprenant une parution dans la NRF de 2013 sur ce thème, en forme de faire-(p)art bordé de noir. Cela m’attire. Le choix des oeuvres vaut ce qu’il vaut, certaines créations récentes sont comme si souvent très datées, comme telle mare de pétrole séchée à terre, d’autres m’amusent décemment comme la grand moquette- oeuvre, socle accueillant d’autres oeuvres dans la pièce principale.
Forgez une fois de plus votre regard, venez voir : ce sera gratuit, au double – et noble – sens du terme. Vive l’Europe, me dis-je parfois. On n’imagine pas le nombre de projets qui peuvent se faire et continuer grâce à ses subsides, que ce soit dans le cadre d’Intereg (des programmes d’aménagement culturels, touristiques, de revitalisation économique) ou dans celui de l’art protéiforme. Ok, trop d’art tue l’art comme trop d’images l’image, nous en faisons l’amère expérience : tout devient divertissement vite digéré par la sempiternelle nouveauté chassant l’autre. Mais là, il n’y a pas de risques : pas de légendes, pas de cartels lourdement descriptifs, juste les oeuvres agencés dans la maison oeuvre un peu fanée, en un parcours miniature, vide et habité.
Propos d’Europe 13 : le Musée d’une nuit (Script For Leaving Traces) – Jusqu’au 20 décembre 2014, à la Fondation Hippocrène. Cette exposition s’inscrit dans le Parcours Privé de la FIAC 2014.
© Robert Mallet-Stevens pour la Fondation Hippocrène, avec l’autorisation de l’ADAGP, Paris.
Photo : Andreì Morin, 2011
Levons enfin le voile de mystère sur ces deux fondations :
« La Fondation Hippocrène, créée en 1992 par Jean et Mona Guyot, est une fondation d’utilité publique, familiale
et indépendante, dont le programme est axé autour de l’Europe et de la jeunesse. Sa mission principale consiste à
renforcer la cohésion entre les jeunes européens. Elle fait ainsi « Vivre l’Europe » en soutenant financièrement des
projets aussi bien culturels et éducatifs, qu’humanitaires et sociaux. Depuis 2001, l’ancienne agence de Mallet-
Stevens constitue le siège de la Fondation. Depuis 2002, la Fondation Hippocrène présente des expositions d’art
contemporain intitulées Propos d’Europe, qui ont pour objectif de mettre en lumière la scène artistique d’un pays et
la richesse de la diversité culturelle en Europe. »
La DRAF (David Roberts Art Foundation), dédiée à l’art contemporain et basée
à Londres, a été établie à l’initiative du collectionneur et mécène David Roberts en 2007. Elle est depuis dirigée
par Vincent Honoré, qui produit avec son équipe un ambitieux programme d’expositions, de performances et de
commandes artistiques. La DRAF est un espace en constante évolution, créant des prototypes et des scénarios de
co-production pour les artistes et les commissaires invités à développer des projets novateurs, souvent
performatifs. En 2014, la DRAF élargit son champ d’action en activant des projets satellites en dehors de son siège
londonien. Le projet parisien inaugure ce nouveau programme. »
Considérés comme l’oeuvre majeure de Rob Mallet-Stevens, les cinq hôtels particuliers de la rue Mallet-Stevens sont construits de 1926 à 1927. L’ensemble comporte l’hôtel et l’atelier de Mallet-Stevens lui-même au numéro 12 de la rue, la maison-atelier des sculpteurs Joël et Jan Martel au numéro 10, ainsi que des hôtels particuliers pour la pianiste Mme Reifenberg au numéro 8, pour Daniel Dreyfus au numéro 7 et pour Mme Allatini aux numéros 3 et 5. Les cages d’escalier sont éclairées par des vitraux de Louis Barillet, et les portes en ferronnerie sont de Jean Prouvé. L’ensemble a été protégé en 1975. » et je n’y étais pas allé depuis dans les 20 ans. Petit bonheur substantiel d’y revenir, comme chez Lapérouse, vénérable restaurant (sis Quai des Grands Augustins) l’après-midi du même jour. Et le musée Montmartre l’avant-veille : J’avais oublié que ses jardins jouissaient d’une vue de voisin sur les vignes de Montmartre de la butte. On peut descendre jusqu’à presque les toucher, à un grillage près…
Autre bonus, nous sommes ici à l’angle de la rue du Docteur Blanche abritant une autre belle Maison- Fondation Le Corbusier, la villa Roche : Justement, une expo jusqu’au 31 janvier y présente les photos de Lucien Hervé sur le Cabanon du Corbusier à Roquebrune Cap Martin, où il finit ses jours. On la visitera volontiers quand faire se pourra, une l’été indien passé, la pluie (cinglant le réel de la résignation à l’hiver) revenue… Même si cette année, la douceur persista jusqu’à fin novembre : Bigre, il y aurait anguille climatique sous roche ? Cela tombe bien, l’exposition s’appelle : les Vacances.
Lucien Hervé : Les vacances de Monsieur Le Corbusier
Photo : Lucien Hervé, Le Corbusier devant le cabanon, Cap Martin – Roquebrune 1951
© FLC-ADAGP / Lucien Hervé / J. Paul Getty Trust
Détails ci-dessous
et ce joli billet citant le site de la Fondation du Corbu :
Lucien Hervé : Les vacances de Monsieur Le Corbusier
Fondation Le Corbusier, Paris
Jusqu’au 30 janvier 2015
Dans le cadre du« Mois de la Photo à Paris »
En partenariat avec l’Association des Amis de Lucien et Rodolf Hervé
« Le Corbusier travaille. Il est en vacances au Cap-Martin où il a construit son Cabanon (3,66 x 3,36 x 2,26) au bord de l’eau. Le Corbusier dessine, écrit, déjeune avec Yvonne, son épouse, plaisante avec Thomas Rebutato, son voisin, propriétaire de la guinguette l’Étoile de mer. La mer à quelques mètres. Elle l’attend pour son bain quotidien, cette Méditerranée qu’il a toujours admirée, aimée et qui l’accompagnera dans son dernier voyage. Hervé travaille. Il réalise quelques clichés de Corbu dans l’intimité. Il fixe ces rares moments où le crayon s’arrête, où l’esprit se repose, où le plaisir de l’eau l’emporte.
Une trentaine de photographies réalisées par Lucien Hervé au cours des années cinquante sont présentées dans la Maison La Roche, siège de la Fondation Le Corbusier à Paris ; quelques dessins originaux de Le Corbusier représentant le site du Cabanon de Roquebrune-Cap-Martin complètent cette évocation de sa résidence d’été.
Le révérend père Couturier, directeur de la revue l’Art sacré, fut à l’origine de la rencontre entre Lucien Hervé et Le Corbusier. Après avoir recommandé Lucien Hervé auprès de Matisse, puis auprès de Fernand Léger, il encouragea le photographe à se rendre à Marseille pour y photographier le chantier de l’Unité d’habitation. À la fin du mois de novembre 1949, Lucien Hervé réalisera en une seule journée plus de six cent clichés de l’œuvre monumentale avec son Rolleiflex.
Le Corbusier à qui il avait fait parvenir son reportage est enthousiasmé par son travail. Il décide alors de l’engager pour photographier ses œuvres, aussi bien architecturales que plastiques. Hervé travaillera pour Le Corbusier de 1950 à 1965 et réalisera plus de 20 000 clichés constituant ainsi une documentation de première main sur l’œuvre architecturale – livrée au commanditaire sous forme de contacts recadrés et collés sur des planches de classeurs – représentant aussi bien des reportages sur des chantiers en cours (Chapelle Notre-Dame du Haut de Ronchamp, Unité d’habitation de Rezé-les-Nantes, Usine Claude et Duval à Saint-Dié, Secrétariat,Assemblée et Palais de Justice de Chandigarh (Penjab, Inde), Palais de Filateurs à Ahmedabad (Gujarat, Inde), etc., y compris des clichés des maquettes des œuvres in situ…) que des réalisations antérieures pour lesquelles Le Corbusier souhaitait mettre à jour l’iconographie (Villa Savoye à Poissy, Cité de Refuge de l’Armée du Salut à Paris).
Hervé se verra ensuite confier la couverture photographique de l’œuvre plastique de Le Corbusier : peintures et sculptures, carnets de dessins, gravures, etc. Il réalisera également des portraits dans l’immeuble de la rue Nungesser et Coli : l’artiste au travail dans son atelier, images de Le Corbusier et d’Yvonne dans l’intimité de l’appartement. Un séjour dans le cadre exceptionnel du Cap-Martin sera également l’occasion de produire une série de clichés de vacances qui demeurent l’un des rares témoignages de la vie chaque été au Cabanon. Ces portraits témoignent de la grande proximité entre les deux hommes et de cette relation exceptionnelle entre les deux artistes qui dura plus de quinze ans.
Chacun viendra puiser chez l’autre les éléments qui viendront enrichir son travail. Ils sont tous les deux habitués à transgresser les contraintes exercées parleurs pratiques respectives. L’architecte doit faire avec le terrain, le programme, le client, l’économie… Le photographe sait s’adapter à la demande,au climat, aux moyens, à la technique. Ils partagent une même approche formelle de la photographie – Le Corbusier l’a pratiquée en plusieurs occasions et il en a nourri ses créations – l’image originale est un matériau transformable, le document devient vite méconnaissable au bénéfice d’un pur objet plastique. L’usage qu’ils lui assignent sera cependant divergent, pour l’architecte, il s’agit de mettre en œuvre un outil de communication efficace tandis que le photographe cherche à approfondir sa pratique plasticienne. Il construit des images dont le cadre et la composition s’inspirent des formes épurées,rigoureuses et lyriques des bâtiments qu’il capte, les réinterprétant ensuite jusqu’à l’abstraction.
Le travail d’Hervé contribua largement à la diffusion et à la connaissance de l’œuvre de Le Corbusier, celui-ci puisant abondamment dans ces ressources pour illustrer les volumes de son Œuvre complète pour réaliser le livre culte sur Ronchamp ou encore le testament intellectuel de L’Atelier de la recherche patiente. Il les confiera aussi très souvent aux revues et aux magazines qui le sollicitent pour des articles… »
Mise à jour 04/2015 :
L’art sur la Côte d’Azur
petit panorama 2015
L’Architecture à l’honneur
Avec la réouverture, à partir de mai 2015, à Roquebrune Cap Martin des sites : Eileen Gray – Etoile de Mer – Le Corbusier. Youpi ! Totalement en déshérence, ces maisons en avaient bien besoin…
Aujourd’hui propriété du Conservatoire du littoral, le site Eileen Gray / L’Étoile de Mer / Le Corbusier au Cap-Martin géré par Cap Moderne réunit sur 2970 m2 un ensemble d’oeuvres mondialement reconnues.
J‘ai hâte, pas vous ?
Site Eileen Gray – Etoile de Mer – Le Corbusier – Roquebrune Cap Martin
Le site sera ouvert au public à partir de mai 2015.
Présentation et historique du site :
Dans l’entre-deux guerres, Eileen Gray expérimente une nouvelle architecture sur un site naturel remarquable dominant la baie de Roquebrune-Cap-Martin au coeur du paysage méditerranéen. Tout commence en 1926. La créatrice irlandaise Eileen Gray (1878-1976) construit, avec son compagnon, l’architecte Jean Badovici, une maison qu’elle partagera un temps avec lui, qui en restera propriétaire jusqu’à sa mort en 1956. Baptisée E-1027 (E pour Eileen, 10 pour le J de Jean, 2 du B de Badovici et 7 du G de Gray), cette villa sur pilotis arrimée à des restanques est la première réalisation architecturale d’Eileen Gray. Elle en dessina les plans et le mobilier pendant trois ans, entre 1926 et 1929. Dès les années 1930, Le Corbusier et son épouse Yvonne, d’origine monégasque, s’y rendent à plusieurs reprises. Durant l’été 1939, après le départ d’Eileen Gray, l’architecte demande à Badovici s’il peut y séjourner pour profiter du soleil et de la mer, mais aussi pour peindre directement sur les murs de la villa. Il réalise alors sept peintures murales à l’intérieur de la villa et deux autres à l’extérieur, ces dernières détruites par lui-même vers 1958. Eileen Gray l’accusera d’attenter à l’intégrité de son oeuvre.
En 1949, toujours amoureux du site, Le Corbusier vient y travailler avec ses collaborateurs et des confrères et se lie d’amitié avec Thomas Rebutato propriétaire de l’Étoile de Mer. Cette petite guinguette ne tarde pas à devenir la « cantine » du groupe. En 1952, désireux de posséder sur le site un établissement plus durable, il construit son propre cabanon. « J’ai un château sur la Côte d’Azur, qui a 3,66 mètres par 3,66 mètres. C’est pour ma femme, c’est extravagant de confort, de gentillesses », dit Le Corbusier de ce prototype d’un habitat minimal qui jouxte L’Étoile de mer.
Cinq ans plus tard, pour payer la parcelle de terrain du cabanon sur laquelle il envisage également un projet pour cinq habitations minimales de vacances, qui ne verront jamais le jour, il dessinera et construira à ses frais pour Thomas Rebutato cinq unités de camping. Aujourd’hui propriété du Conservatoire du littoral, le site Eileen Gray / L’Étoile de Mer / Le Corbusier au Cap-Martin géré par Cap Moderne réunit sur 2970 m2 un ensemble d’oeuvres mondialement reconnues.
A savoir : Cap Moderne
Depuis 2014, l’Association Cap Moderne est chargée par le Conservatoire du littoral de la mise en valeur et de la gestion touristique, culturelle et commerciale du site Eileen Gray – Etoile de Mer – Le Corbusier situé sur la commune de Roquebrune-Cap-Martin. Dans ce cadre, l’Association Cap Moderne veille à la protection et à l’entretien du site, de ses bâtiments et des oeuvres attachées ; et assure la maîtrise d’ouvrage des aménagements et travaux induits par la mise en valeur du site ; assure l’accès et l’ouverture au public et l’animation culturelle de ce site dans les limites compatibles avec sa conservation écologique, paysagère et patrimoniale. http://www.capmoderne.com
L’info cinéma en plus : Film « The Price Of Désiré » sur la relation entre Eileen Gray, Le Corbusier et Jean Badovici et Tourné à Roquebrune cap Martin – Sortie prévue en 2015
EXPOSITIONS
Centre International d’Art Contemporain, Carros Village – Mai à septembre 2015
REGARDER OBSERVER VOIR IMAGINER INVENTER CRÉER – VARIATIONS LE CORBUSIER
Musée Picasso, Antibes – 14 novembre 2015 au 24 janvier 2016
« Le Corbusier. Le dessin est le témoin »
ROQUEBRUNE-CAP-MARTIN, vieux-village – 27 août à fin septembre 2015
Les vacances de Monsieur Le Corbusier – 27 Photos de Lucien Hervé