La Grande Motte, balade architecturale

« Territoire vierge cherche bâtisseur de cité idéale inclassable. »

40 ans après, quoi de neuf ? Un anniversaire et ce livre libre :

« La Grande Motte, balade architecturale »
paru en septembre. Flashback richement iconographié, truffé de photos de progression de chantiers impressionnante. De quoi souhaiter un bon anniversaire à cette station vivement critiquée, depuis « labellisée » par la patine du temps et l’eau coulant sous les ponts.
La Grande Motte Balade architecturale
Extraits :  » Une œuvre d’art totale, cité pilote d’un projet pharaonique. Jean Balladur, son architecte et urbaniste, y inventa le balnéaire pour tous : fantaisie, exotisme et vie au soleil.

Essentiellement créée entre 1962 et 1982, comme toute cité vivante, elle n’a cessé de se développer pour arriver aujourd’hui à sa pleine maturité et ressembler à la Ville Verte imaginée par son créateur. Ici, tout est pensé autour de l’homme, de son confort de vie et de vue. La sculpture, la circulation, le mobilier urbain, l’architecture, la végétation font partie intégrante de l’urbanisme.

Les formes, les hauteurs, les couleurs, les orientations… tout à La Grande Motte tient compte de l’environnement, des spécificités écologiques et météorologiques et bien sûr du bien-être, non être des résidents.

Loin des grands ensembles qui prolifèrent à l’époque, Jean Balladur s’inspire des formes millénaires des pyramides précolombiennes, tout en laissant s’exprimer fantaisie et liberté formelle. Il joue avec l’eau, le vent, la lumière et les effets d’optique pour animer les espaces. »

Comme le firent ausi les architectes de Brasilia et Chandigarh, ses deux grandes soeurs pionnières en modernité architecturale :

« La visite de Brasilia peut vous inspirer des réactions diverses. Beau, laid, bon, mauvais… mais elle ne peut vous laisser indifférent. » Ainsi parla Oscar Niemeyer de sa ville.

Lucide, frondeur, fonceur… C’est ainsi et pourquoi en octobre 2014, en cadeau d’anniversaire pour les 40 ans de LGM (devenue Ville verte avant l’heure), une exposition de Stéphane Herbert, Utopies urbaines, planera sur ces 3 villes vives.
En contournant habilement le piège de la sacralisation patrimoniale : L’humain y est au premier plan, avec d’intrigantes chaudes silhouettes et figurants, certes ombrés, contrejourés pour déjouer un autre piège redoutable :

celui du droit de l’image. Personne ne doit s’y reconnaître, pourtant le spectateur, le regardant s’y sent vivre par procuration. Ainsi jongle en permanence le funambule photographiant…

Lien vers le livre paru aux Editions Les Itinéraires sur la cité idéale de cet architecte philosophe : « La Grande Motte, balade architecturale », 96 pages, 14.90 €.
Co-réviseur de l’ouvrage, editing : Christophe Riedel

Voici deux liens d’intérêt en termes de convergence, filiations, arborescence
d’utopies urbaines réalisées, de l’aura qui en résulte, traces, perspectives …

Passé et présent :
Cette Expo au Frac Centre, Orléans :
http://www.frac-centre.fr/villes-visionnaires-605.html

Futur
Le projet Herzog & De Meuron de la Tour Triangle à Paris XV, qui connaît des péripéties, comme d’habitude (ce qui rappelle votre propre genèse polémique) :
http://www.lemonde.fr/politique/article/2014/10/28/paris-le-projet-de-la-tour-triangle-vacille_4513825_823448.html

Descriptif de l’expo, qui vous met des ailes et du baume au coeur : )
« Conçue en deux volets, l’un historique, l’autre prospectif, cette exposition rend hommage à l’historien et critique Michel Ragon qui, dans ses ouvrages Où vivrons-nous demain ? (1963) ou Prospective et Futurologie (1978), fit découvrir les enjeux de cette architecture expérimentale au coeur de la collection du Frac Centre.

Dans l’après-guerre, des architectes refusent le diktat de l’architecture fonctionnaliste pour s’engager dans une redéfinition radicale de la ville. De l’analyse précise des mutations sociologiques de leur époque, ils tirent des
« systèmes urbains » capables d’organiser de façon globale et d’anticiper les nouveaux modes de vie occidentaux.

Yona Friedman est l’un des premiers à théoriser les principes d’un urbanisme spatial à l’échelle planétaire. Ses études sur la mobilité, énoncées dès 1956, influent largement sur le développement du courant « futurologique » qui traverse les années 1960 et dont Michel Ragon se fait le porte-voix.

Au travers de revues et au sein du GIAP (Groupe international d’Architecture Prospective), il diffuse les nombreuses recherches de cet urbanisme « prospectif » : ces cités du futur déploient de gigantesques infrastructures hors-sol, qui favorisent une circulation libre et continue des hommes et des informations.

L’exposition s’attache à restituer cette quête de nouveaux territoires et de configurations urbaines capables d’accueillir les citadins à venir, à travers six sections thématiques et une centaine de maquettes, dessins et photomontages.

Entre pragmatisme et utopie, les projets présentés, pour la plupart issus des collections du Frac Centre, incarnent l’optimisme des « années pop », le mythe d’une culture en quête de loisirs et de consommation, fascinée par le rêve cybernétique et la conquête spatiale…. »

Cela n’a rien à voir, sauf l’ univers des vacances
voire Le Corbusier comme indirecte clé d’entrée
de glissement de terrain freudien
Freudian slip en anglais
signifie acte manqué

Signalons donc à propos du Corbu (grand frère de Balladur chez qui celui-çi fit un bref stage)
cette actualité en sa fondation parisienne :

Autre bonus en la rue du Docteur Blanche abritant une autre belle Maison- Fondation Le Corbusier, la villa Roche : Justement, une expo jusqu’au 31 janvier y présente les photos de Lucien Hervé sur le Cabanon du Corbusier à Roquebrune Cap Martin, où il finit ses jours, non plus les pieds, mais la tête dans l’eau. On la visitera volontiers quand faire se pourra, une l’été indien passé, la pluie (cinglant le réel de la résignation à l’hiver) revenue…
Même si cette année, la douceur persista jusqu’à fin novembre : Bigre, il y aurait anguille climatique sous roche ? Cela tombe bien, l’exposition s’appelle : les Vacances.
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Lucien Hervé : Les vacances de Monsieur Le Corbusier
Photo : Lucien Hervé, Le Corbusier devant le cabanon, Cap Martin – Roquebrune 1951
© FLC-ADAGP / Lucien Hervé / J. Paul Getty Trust

Détails ci-dessous
et ce joli billet citant le site de la Fondation du Corbu :

Lucien Hervé : Les vacances de Monsieur Le Corbusier
Fondation Le Corbusier, Paris
Jusqu’au 30 janvier 2015
Dans le cadre du« Mois de la Photo à Paris »
En partenariat avec l’Association des Amis de Lucien et Rodolf Hervé


« Le Corbusier travaille. Il est en vacances au Cap-Martin où il a construit son Cabanon (3,66 x 3,36 x 2,26) au bord de l’eau. Le Corbusier dessine, écrit, déjeune avec Yvonne, son épouse, plaisante avec Thomas Rebutato, son voisin, propriétaire de la guinguette l’Étoile de mer. La mer à quelques mètres. Elle l’attend pour son bain quotidien, cette Méditerranée qu’il a toujours admirée, aimée et qui l’accompagnera dans son dernier voyage. Hervé travaille. Il réalise quelques clichés de Corbu dans l’intimité. Il fixe ces rares moments où le crayon s’arrête, où l’esprit se repose, où le plaisir de l’eau l’emporte.

Une trentaine de photographies réalisées par Lucien Hervé au cours des années cinquante sont présentées dans la Maison La Roche, siège de la Fondation Le Corbusier à Paris ; quelques dessins originaux de Le Corbusier représentant le site du Cabanon de Roquebrune-Cap-Martin complètent cette évocation de sa résidence d’été.

Le révérend père Couturier, directeur de la revue l’Art sacré, fut à l’origine de la rencontre entre Lucien Hervé et Le Corbusier. Après avoir recommandé Lucien Hervé auprès de Matisse, puis auprès de Fernand Léger, il encouragea le photographe à se rendre à Marseille pour y photographier le chantier de l’Unité d’habitation. À la fin du mois de novembre 1949, Lucien Hervé réalisera en une seule journée plus de six cent clichés de l’œuvre monumentale avec son Rolleiflex.

Le Corbusier à qui il avait fait parvenir son reportage est enthousiasmé par son travail. Il décide alors de l’engager pour photographier ses œuvres, aussi bien architecturales que plastiques. Hervé travaillera pour Le Corbusier de 1950 à 1965 et réalisera plus de 20 000 clichés constituant ainsi une documentation de première main sur l’œuvre architecturale – livrée au commanditaire sous forme de contacts recadrés et collés sur des planches de classeurs – représentant aussi bien des reportages sur des chantiers en cours (Chapelle Notre-Dame du Haut de Ronchamp, Unité d’habitation de Rezé-les-Nantes, Usine Claude et Duval à Saint-Dié, Secrétariat,Assemblée et Palais de Justice de Chandigarh (Penjab, Inde), Palais de Filateurs à Ahmedabad (Gujarat, Inde), etc., y compris des clichés des maquettes des œuvres in situ…) que des réalisations antérieures pour lesquelles Le Corbusier souhaitait mettre à jour l’iconographie (Villa Savoye à Poissy, Cité de Refuge de l’Armée du Salut à Paris).

Hervé se verra ensuite confier la couverture photographique de l’œuvre plastique de Le Corbusier : peintures et sculptures, carnets de dessins, gravures, etc. Il réalisera également des portraits dans l’immeuble de la rue Nungesser et Coli : l’artiste au travail dans son atelier, images de Le Corbusier et d’Yvonne dans l’intimité de l’appartement. Un séjour dans le cadre exceptionnel du Cap-Martin sera également l’occasion de produire une série de clichés de vacances qui demeurent l’un des rares témoignages de la vie chaque été au Cabanon. Ces portraits témoignent de la grande proximité entre les deux hommes et de cette relation exceptionnelle entre les deux artistes qui dura plus de quinze ans.

Chacun viendra puiser chez l’autre les éléments qui viendront enrichir son travail. Ils sont tous les deux habitués à transgresser les contraintes exercées parleurs pratiques respectives. L’architecte doit faire avec le terrain, le programme, le client, l’économie… Le photographe sait s’adapter à la demande,au climat, aux moyens, à la technique. Ils partagent une même approche formelle de la photographie – Le Corbusier l’a pratiquée en plusieurs occasions et il en a nourri ses créations – l’image originale est un matériau transformable, le document devient vite méconnaissable au bénéfice d’un pur objet plastique. L’usage qu’ils lui assignent sera cependant divergent, pour l’architecte, il s’agit de mettre en œuvre un outil de communication efficace tandis que le photographe cherche à approfondir sa pratique plasticienne. Il construit des images dont le cadre et la composition s’inspirent des formes épurées,rigoureuses et lyriques des bâtiments qu’il capte, les réinterprétant ensuite jusqu’à l’abstraction.

Le travail d’Hervé contribua largement à la diffusion et à la connaissance de l’œuvre de Le Corbusier, celui-ci puisant abondamment dans ces ressources pour illustrer les volumes de son Œuvre complète pour réaliser le livre culte sur Ronchamp ou encore le testament intellectuel de L’Atelier de la recherche patiente. Il les confiera aussi très souvent aux revues et aux magazines qui le sollicitent pour des articles… »

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