Espaces naturels sensibles
Lux, Palm(es) et randonnées
Vous êtes responsable du secteur Sud d’un récent Parc national français : 40 % de cette île où l’on marche partout sur l’édifice volcan. Ile classée au Patrimoine Unesco en 2010 pour ce qui la rend unique. Des « pitons », cratères en créole, des cirques et des « remparts », c’est-à-dire des à pics.
Et l’incroyable Trou de fer seulement visible d’hélicoptère. Ainsi, les touristes tutoient le plus haut sommet de l’Océan indien (3026 mètres) : le Piton des Neiges, endormi depuis 12 000 ans. On y grimpe sans problème en deux jours, en passant une nuit en gîte à 2400 mètres. Il y a 6 sommets de plus de 2000 mètres. Je n’aurais pas cru.
Ile déclassée depuis mars 2011 par des attaques de squales, alors parlons-en : en toute sécurité, on se baigne où ? Dans le lagon « et sur deux tiers des plages de l’île », selon l’IRT, La Réunion Tourisme.
La toute jeune barrière de récif corallien respecte l’intégralité des baigneurs sur 25 kilomètres, j’ai vérifié.
A Saint-Gilles, juste devant l’hôtel Lux, seul cinq étoiles donnant sur le lagon, on plonge voluptueusement après avoir marché à gauche jusqu’au bout de la longue plage. En soupesant des débris de corail évoquant riz soufflé ou du pop corn aggloméré…
Le soir, on mange bien à la table du chef Christian, qui réinvente la tradition. Il dit que « pour un vrai repas créole, il ya bien mieux que moi chez n’importe quelle mamie pays ».
J’aime sa modestie. Un peu plus haut, on jouera au 18 trous du Bassin bleu, dont le parcours en vue sur mer ne laisse personne sur sa faim.
Le responsable du secteur sud du récent Parc National, Fabrice boyer, est mon fil conducteur de début d’article :
« Vous avez l’enthousiasme pionnier d’un Parc National, mettant en perspective le classement Unesco, faisant découvrir une plagette du Tremblet, unique en son genre, née de l’éruption de la Fournaise, millésime 2007. « Même à Hawaï, elle n’a pas d’équivalent ! » Un éléphant de mer des lointaines îles Kerguelen, mâle explorateur baptisé Alan par un enfant du restaurant le Vieux Port à Saint-Philippe (excellent rôti créole et jus de goyavier) venait s’y reposer de 2009 à 2011. Disparu depuis.
Vous vouez un culte à la forêt primaire, montrant des troncs de tamarin ou de natte utilisés en mobilier et parquet. Il y a pire : comme moi, en secret, vous seriez capable de dire des mots doux à des arbres, de câliner des plantes. Mais chut ! D’autres groupements insulaires vous perçoivent parfois comme un ayatollah écologiste, un bureaucrate empêcheur de tout.
C’est qu’en 2013, le Parc aurait émis le projet de supprimer de très fréquentées aires à pique-nique car « aucune construction pérenne n’est autorisée en cœur de parc ». Tollé des habitants, qui montent un collectif : on s’en prend à la tradition créole de fin de semaine, ça ne se passera pas comme ça ! Devra t’on composer avec les sempiternelles pressions, comme on ferme les yeux sur les combats de coqs, autre vieille tradition (mais sans mort, contrairement aux Antilles). Demeurera t’on inflexible ?
L’essentiel est ailleurs : votre projet de territoire consiste à valoriser patrimoine naturel et biodiversité mise à mal sur cette île tentante.
Des hauts, des débats
Il y a les Hauts, la montagne tropicale, les trois cirques qu’on ira explorer dans le Sud sauvage. A partir du Palm, l’autre (et plus récent) cinq étoiles. Il a du cachet, des douches à ciel ouvert, une excellente cuisine (j’y ai découvert la tomate-arbuste, fruit au goût tropical, excellente en rougail, un hachis cru, avec pépins passion). Il y a des jumelles pour observer les baleines à bosse passant l’été sur la mer houleuse vous berçant la nuit.
Et les bas, ceux chauds et doux du lagon. L’océan fougueux aussi, en baie de Saint-Paul, sur des plages de sable noir. Non loin, on s’est arrêté au Boucan Canot, joli hôtel quatre étoiles donnant sur mer et plage où l’on se montre. Juste à gauche, un enclos maritime à filets protecteurs permet de nager : les Réunionnais le font, moi aussi.
Cela donne du piment sans risque. Mais me rappellr quand même la fois où je m’étais baigné en Amazonie avec les piranhas : ils ne vous touchent que si vous saignez.
Oubliez ! 200 mètres plus loin sur la plage, vous voilà au Beau rivage, restaurant du chef Vincent Lagrange, bourguignon de souche, et de sa femme Virginie, calédonienne d’origine. Un beau mélange, comme la cuisine de monsieur : dans son fort goûtu menu gastronomique, on retrouve cinq saveurs fétiches : yuzu, encre de seiche, piment d’Espelette, combava (du jardin de madame) et citronnelle.
Cherchez l’intrus ? Et oui, Monsieur le Chef aime le pays basque. Et les vins de Bourgogne, si exotiques ici.
Bien d’autres contrastes sont à explorer via 900 kilomètres de sentiers balisés.
Voilà qui tranche avec les paradis plus plats d’autres îles Vanille : Maldives, Seychelles. Et avec l’usine balnéaire que Maurice, l’île sœur (à 170 kilomètres), semble devenue. D’accord, il y a là-bas plus de plages faciles, de mer sans accrocs. Mais c’est plus bétonné aussi. Ici, non : les normes françaises prévalent. Elles auraient du bon, ces normes contraignantes ?
Espace naturel sensible
On visitera bientôt (à partir de juillet ou août) la Maison du volcan rouverte en juin avec scénographie refaite et spectacles certainement superbes,avec simulation de tunnels de lave, etc. A 1600 mètres, à Bourg Murat, pas loin de chez notre ami du Secteur sud.
En redescendant de la Fournaise, après avoir sillonné, avec le guide Didier, la caldeira et son nombril : le mignon petit cratère Formica Léo, camaïeu de rouges volcaniques sublimes, des cendres rouges et très fragilisées par les innombrables passages de chaussure : En tout cas, c’est de l’art paysager naturel, Du Land art comme seule la Nature excelle à en faire, sans demander de subventions ni se faire mousser, en plus !
La nature a aussi inventé les baleines à bosse qu’on voit passer l’été avec leur petit, les deux variétés de dauphins qu’on a pu observer (sur les 6 présentes) en catamaran un dimanche de Pâques. Et le thon jaune qui avait mordu à l’hameçon s’est echappé…
Le weekend, on monte en changement d’air. Entre autres vers le cirque de Salazie à l’énergie tranquille. Le long de la route, d’innombrables chutes d’eau tissent le rempart du Voile de la Mariée, entre plantations de cristophine (on dit chouchou) et camphriers avant d’arriver à Hell Bourg, l’un des 50 plus beaux villages de France : cases préservées, joli jardin botanique Folio. Bonheur de hasard, en redescendant vers la cascade Niagara de Sainte-Suzanne, on croise entre deux champs de canne à sucre, une procession bigarrée du Nouvel an Tamoul. Quel métissage ! »
Charmant hôtel Juliette Dodu à Saint-Denis
dans une bâtisse coloniale
à dentelle de bois en facade
Un ménate noir à bec jaune entendu ;
le restaurant le long de la piscine
lumineuse le soir
un bonheur
De merveilleuses promenades jusqu’au bout des plages
Chaque soir,
Le premier, estourbi par mon insomnie d’avion nocturne
un bain en mer crépusculaire devant le Lux hotel
Nageant prudemment le long du corail
Survolant le long désert libyen
Après la vallée du Rift kényane
Je pense toujours y voir disséminé
Dans chaque grain d’sable
Ce salaud déchu de Kadhafi
En fantôme de Tripoli
Pour une fois
Je ne me
Trompe
Pas
Passé Adis Adebba
Byda, Bodruk, Klaima, Bredeza
Bientôt Catane en Sicile
Khartoum, Alexandrie, Jiddah, Mikonos
Benghazi la gazée
Les gazelles de Darnah
Je repense au gars
De l’aéroport Roland Garros
De Saint Denis
Qui m’a demandé une cigarette
Tandis que je prenai l’air
Torse nu dans l’herbe matinale vers 7H 22
Après avoir enrégistré,
sous un arbre en face du terminal
le vent chaud, un semblant de campagne
au lieu du périurbain à hangars habituel.
Cet aéroport me plaît.
Regardant en face, vers les Hauts d l’Ile
Une dernière ravine pour la route du retour à Paris
Après m’être fait transporter aux
Quatre coins de l’île.
Et surtout la richesse des échanges avec mes accompagnants
De 5 jours consécutifs
me restera en mémoire
Merci à eux !
Ici, Fabrice Boyer, guide du PNR sur la route de la coulée 2007, si impressionnante…