Tristan Echo. Aban donnons Siegfried, grande anima politique, dans la forêt profonde, pour entreprendre une autre quête. Plongeons dans un bain de romantisme échevelé en court-jus post wagnerien, cela fera le plus grand bien. Promenons-nous dans la foi, celle de l’amour éperdu, pendant que les dieux n’y sont pas. Depuis qu’aucune autre divinité qu’une foi réparatrice, si ce n’est rédemptrice, en l’homme destructeur n’y est. Niée, battue en brèche par le réel, mais bien là.
Farce tranquille
Dites 33. Ans pile. Un 10 mai 81. A la Bastille étais, me souviens de la fête le soir sur la place, avant la création de l’opéra éponyme. On fâtai l’élection d’un Mitterrand sulfureux de vychisme résistant, transformé en héros PS. Quelle alchimie détonnante que celle de ce politique florentin transformé en grand espoir de « Force tranquille » par un publiciste lessivier, Séguéla. Ce 10 mai fut un soir de grand espoir (périmé) d’après le Giscardisme, avant la Chiraquie, le Sarkosysme affairiste bouffon, le Hollandisme affairiste de Real Politik énarque, promotion Voltaire désenchantée pour années de crise et petits arrangements entre amis de fait. Y aurait prescription ? Des espoirs de fête populaire éclairée, oui. Qu’est ce que la stature du mâle alpha politique digne d’un opéra, celle aussi du du mal dominant se propulsant au pouvoir m’aura fait rire.
Une figure providentielle qu’on élirait pour nous sauver de la perdition économique qui nous guetterait ? Quelle farce tranquille, tout de même… A peine plus crédible que la providence assurantielle, pardon : la prévoyance.
Dites 100. Ans et un baril de commémorations de littérateurs aimés.
Cortazar, Gary, Duras et j’en passe…
Dites 30. Écho
Le pouvoir qui sort du chapeau
Lapin, char latent
« Exactly 30 years ago today, Echo and the Bunnymen released their fourth album, ‘Ocean Rain,’ featuring the singles « The Killing Moon, » « Silver » and « Seven Seas. »
Recopions 100 fois cette plaquette de l’opéra Bastille dont on aime tant le souffle narratif :
Tristan et Isolde, avec du jus de Bill Viola, mis en scène par le grand Peter Sellars
En 1857, Wagner suspend la composition du Ring, abandonnant Siegfried dans la forêt profonde pour entreprendre une autre quête. Le compositeur a lu Schopenhauer et laBhagavad-Gıta – percevant dans le renoncement l’ultime moyen de s’affranchir des limites de l’existence – et vit une romance passionnée avec Mathilde Wesendonck. De ces affinités spirituelles et amoureuses naîtra Tristan et Isolde, le récit d’un amour trop grand pour le monde matériel. Pour mettre en musique ce mythe, dans lequel Denis de Rougemont voyait se jouer le destin de l’Occident, Wagner repousse loin les limites de son art : tonalité mouvante, tension languissante, résolution toujours retardée jusqu’à la mort d’amour d’Isolde –
« ce souffle du monde auquel elle s’abandonne, ce flot qui l’enveloppe dans lequel elle se noie… »
Sous la direction de Philippe Jordan, cette production de Tristan et Isolde réunit deux grands artistes : le metteur en scène Peter Sellars et le vidéaste Bill Viola. Ce dernier a conçu sur scène un monde d’images parallèles, une vie par-delà la vie. Et un monde d’images parallèles, une vie par-delà la vie qui est comme « le reflet du monde de l’esprit dans le miroir du temps. »
OPÉRA EN TROIS ACTES (1865)
MUSIQUE DE RICHARD WAGNER (1813-1883)LIVRET DU COMPOSITEUR
EN LANGUE ALLEMANDE
Philippe Jordan Direction musicale
Peter Sellars Mise en scène
Bill Viola Vidéo
Martin Pakledinaz Costumes
James F. Ingalls Lumières
Patrick Marie Aubert Chef de Choeur
Robert Dean Smith
Tristan
Franz Josef Selig
König Marke
Violeta Urmana
Isolde
Jochen Schmeckenbecher
Kurwenal
Janina Baechle
Brangäne
Raimund Nolte
Melot
Stanislas de Barbeyrac*
Ein Hirt / Ein junger Seemann
Pavol Breslik
(A)
Ein Hirt / Ein junger Seemann
Dietmar Kerschbaum
(B)
Ein Hirt / Ein junger Seemann
Orchestre et Choeur De l’Opéra national de Paris
*Stanislas de Barbeyrac, souffrant, s’est retiré de la production.
Les rôles d’Ein Hirt / Junger Seemann ont été interprétés le 8 et 12 avril par Pavol Breslik
Les rôles d’Ein Hirt / Junger Seemann seront interprétés les représentations suivantes par Dietmar Kerschbaum.