Par contre pic de hasard, Henri Michaux et Georges Bataille, surtout celui de « La part maudite » ou « Les larmes d’Éros », me sont pour ruminer celaavec une once de réconfort, pilier du Big Bang à forte pilosité. En cette microbataille de réel embarqué qu’est notre pain quotidien… J’en veux pour preuve ce poétique bulletin météo d’Henri :Le télescope BICEP2, au pôle sud. Steffen Richter/AP/SIPA
Pour poids de plume
faisant foi
J’ajoute
:
La Courbure de l’espace-temps oscille
toute entière
dans tes yeux
dans ta rétine cosmique de vivante
fictionnée pour mieux t’idéaliser
promesse inachevée
pour que jamais un pot aux roses ne soit
nul si découvert
Pour que notre vie commune
revée,
éternité, toi et moi oh combien cumulés,
demeure pot au feu
d’intentions
dégagées
de toute servitude et devoir
mijotées neuf heures
comme l’agneau de neuf heures
Recette à viande
un peu trop fondante
maybe
mais, qu’importe !
Bis repétitat en superamas
Conservons le conditionnel car il sied bien à une raie, voire à un rai de lumière cosmique, pour ce que j’en sais
Quoiqu’avec les bémols scientifiques d’usage et mise à jour ultérieure s’imposant.
L’écho du big Bang
une seconde après l’arrêt du mien
est un superamas négligeable
Donc ce poétique bulletin météo d’Henri Michaux, tel que je l’aime :
« Un ciel
un ciel parce qu’il n’y a plus la terre,
sans une aile, sans un duvet, sans une plume d’oiseau,
sans une buée
strictement, uniquement ciel
un ciel parce qu’il n’y a plus la terre
Après le coup de grisou dans la tête, l’horreur, le
désespoir…
après qu’il n’y a plus rien eu, tout dévasté, sabordé,
toute issue perdue
un ciel glacialement ciel
Obstrué à présent, barré, bourré de débris ;
ciel à cause de la migraine de la terre
dépourvue de ciel
un ciel parce qu’il n’y a plus nulle part où poser la tête
Traversé, rétréci, rentré, rogné, défait intermittent,
irrespirable dans les explosions et les fumées
bon à rien
un ciel désormais irretrouvable »
J’ajoute
:
La Courbure de l’espace-temps est aux cils
toute entière
au four et au moulin
dans ta rétine cosmique de vivante
(firctionnée pour moins nous rabougrir de pragmatisme
pour que jamais le pot aux roses
du schisme amoureux
ne soit
décodé comme « Genomino »
Pour que notre vie immune
arrosée, oh combien,
demeure un potlatch
dans les méandres argentés du Lot
dégagés, eux, de toute servitude et devoir
mijotés neuf heures
comme le canard cantonais de cinq heures
Mangé à Shanghai l’automne dernier
Dans de beaux draps un peu trop fondants
Baby
mais n’importe !
Et maintenant les faits, just f-acts :
La nouvelle vient du froid et ouvre un nouveau chat pitre de la physique, de la cosmologie et de notre vision de l’Univers. Un radiotélescope a réussi à pêcher dans un rayonnement émis 380.000 ans après le Big bang, la trace de tremblements de l’Espace-Temps qui ont secoué l’Univers où nous vivons – l’Univers observable – durant la première seconde après le Big Bang.
C’est une équipe internationale, surtout américaine de Harvard, Caltech, Stanford, etc, et canadienne, dirigée par John Kovac mais elle comporte aussi deux chercheurs français (Lionel Duband du CEA, CEA Grenoble et Denis Barkats de l’Observatoire européen austral), qui vient de faire cette annonce spectaculaire dans Nature news, lors d’une conférence qui a saturé les réseaux des laboratoires d’astrophysique du monde entier. L’instrument de cette détection est un radiotélescope installé au Pôle Sud, en Antarctique, nommé BICEP-2, une amélioration de son prédécesseur BICEP, mis en service en novembre 2009.
BICEP-2 a étudié 1% du ciel
Pour Cécile Renaut (Cnrs, LPSC Grenoble), «c’est un résultat magnifique, majeur pour la cosmologie. La mesure est très belle». Pour satisfaire les canons de la physique expérimentale, «il faudra la confirmer par une autre expérience, pour une validation». Une confirmation qui pourrait provenir de l’analyse des observations du télescope spatiale europén Planck. Son équipe a promis de publier à l’automne prochain une analyse du même phénomène mais mesuré sur l’ensemble du ciel. Alors que BICEP-2 a étudié environ 1% du ciel.
Pour Jean-Loup Puget (Cnrs, IAS Orsay), le patron scientifique de Planck, il faut opérer un ultime nettoyage des observations de BICEP-2. Elles sont en effet polluées par l’émission des poussières de la Galaxie, notre Voie Lactée. Même si BICEP-2 a été implanté en Antarctique – un endroit où tout coûte beaucoup plus cher – justement pour viser le pôle sud de la Galaxie, c’est à dire une direction où il y a beaucoup moins d’étoiles, de gaz et surtout de poussières que si l’on vise plus haut vers son équateur. Pourquoi la poussière ? Parce que cette dernière est retorse et produit un signal dans les micro-ondes, à la longueur d’onde du rayonnement cosmologique (ou fossile), similaire à celui des ondes gravitationnelles qui ont secoué l’Univers lors de la phase d’inflation. Ce signal « d’avant-plan », m’explique Jean-Loup Puget doit donc être cartographié – à l’aide de la carte de la poussière elle même – et soustrait du signal total pour obtenir celui de l’Univers primordial. L’équipe de BICEP-2 estime qu’elle est parvenue à contourner ce problème, notamment en utilisant les données du télescopes Planck sur les poussières, déjà publiées. Pour sa part, Puget estime que si BICEP produit «une indication forte» de détection des ondes gravitationnelles, la confiance des physiciens dans leur résultat «est un peu exagérée». En tous cas, lorsque l’équipe de Planck publiera sa carte de la polarisation du rayonnement cosmologique la question sera définitivement tranchée.
Einstein avait raison
Si le résultat est confirmé – et, au téléphone, la plupart des astrophysiciens ont une grande confiance dans ce qui vient d’être annoncé – les conséquences en sont multiples et de grande envergure.
Einstein avait raison, dit cette observation: les ondes gravitationnelles prédites par la théories de la Relativité générale en 1915 existent. Certes, souligne Cécile Renaut, aucun physicien ne doutait vraiment de l’existence des ondes gravitationnelles, dont l’étude des couples de trous noirs ou d’étoiles à neutrons avait déjà donné une observation indirecte. Toutefois, en physique, la détection directe d’un phénomène prédit par une théorie est la voie royale vers la nature. Avec cette observation, si elle est confirmée, la physique sera plus proche du réel, ce qui existe indépendamment de l’observateur humain.
Des fluctuations de la métrique dans ta pupille d’absinthe
Mais plus encore: Alan Guth avait raison. C’est ce théoricien qui a proposé qu’à l’aube de l’Univers actuel et obsevable, une fraction de seconde (vers 10-30 seconde) après le Big Bang, une courte mais gigantesque phase d’inflation s’est déroulée. La taille de l’Univers croît alors énormément. Durant cette phase, des ondes gravitationnelles ont été émises. En langage de cosmologiste cela s’appelle, me dit Alain Blanchard (Toulouse) «des fluctuations de la métrique». En langage moins hermétique, on pourrait nommer cela des tremblements de l’Espace-temps.
Ces tremblements génèrent des ondes dans l’Espace, analogues à celles provoquées par un pavé tombant dans une mare. Du coup, la matière —ordinaire et noire, dont la nature est encore inconnue mais qui serait cinq fois plus abondante que la matière ordinaire— est agitée par deux types de mouvements dans cet univers primordial. Ceux provoqués par sa propre attraction sur elle-même, ce qui l’attire vers les régions de l’espace où des surdensités ont été générées par les fluctuations initiales. Mais aussi ceux qui proviennent du mouvement de l’espace-temps lui même, un peu comme une feuille flottant à la surface de la mare est agitée par le passage de l’onde. En langage plus technique, m’explique Puget, ces ondes sont provoquées par le couplage entre le champ responsable de l’inflation – un champ du même type que le champs de Higgs doté d’une pression négative – d’une part et d’autre part la gravitation et les interactions nucléaires (forte et faible) et électromagnétique qui sont unifiées à ce niveau d’énergie.
Un nouvel expoit de l’esprit humain, quand il ne détruit pas ce qui lui reste
Ce mouvement provoqué par les ondes gravitationnelles a imprimé une polarisation dans la lumière, qui a pu s’exprimer lorsque cette dernière a été libérée, 380.000 ans après le Big Bang, lors de la formation des atomes. Jusqu’alors, elle était comme engluée dans la soupe de protons et d’électrons qu’était le cosmos. La capture des électrons par les protons, permise par le refroidissement et la dilution de l’Univers a provoqué cette libération sous la forme du rayonnement cosmologique, étudié par Planck et BICEP-2.
Cette observation donne donc un crédit supplémentaire à la théorie de l’inflation. Elle en serait même «une détection directe» selon certains astrophysiciens. Mieux, elle va permettre de trier parmi les nombreuses théories à ce sujet et en tuer la plupart. L’étude des ondes gravitationnelles de l’inflation – soit avec la carte à venir de Planck soit dans le futur d’un autre télescope qui les observera avec plus de détecteurs – permettra de faire de la physique de cette époque fugace et primordiale de l’Univers.
Là où des centaines de modèles sont possibles pour cette époque, l’étude des ondes gravitationnelles, de leur densité notamment, permettra d’en tuer la plupart.
Là aussi,c’est un processus qui permet de vérifier que la physique s’approche plus près de la nature qu’auparavant. Après la découverte du boson de Brout/Englert/Higgs, des paramètres essentiels de l’Univers par Planck, une confirmation de cette annonce sonnera comme un nouvel exploit de l’esprit humain, servi par une technologie astucieusement conçue et réalisée dans un des lieux les plus inhospitaliers de notre planète.
Sur le blog:
► Planck révèle les paramètres de l’Univers.
► Une longue note parue lors du lancement de Planck par Ariane.
► les articles que j’ai publié dans Libération sur Planck et Herschel ( ici , là et là, les trois pages pdf).
► la note de janvier 2012 annonçant que Planck a terminé sa mission de cartographie du ciel.
► En janvier 2011, une note sur les premiers résultats de Planck.
► Un exemple des découvertes de Planck en astrophysique (un superamas).
L’écho du big Bang
une seconde après l’arrêt du mien
est un superamas négligeable
Une étape cruciale indispensable, donc, peut être, à la théorie du Big Bang, mais non suffisante pour le confirmer. »
Simplicité et efficacité sont les mots d’ordres de ce post
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