Pérégrinez le long de la côte sauvage bretonne en deuxième semaine de février, ajoutez un long fil de presqu’île jusqu’à Quiberon, 45 minutes de trajet en mer qui secoue l’hiver, un chouilla de frisson iodé… Vous voilà débarqué au Palais, le Castel Clara vous tend les bras.
Vous voilà débarqué au Palais, capitale de Belle-Île, quatrième île française, 5000 habitants, dont 700 écoliers quand même, je n’aurai pas cru.
Précédée par son impressionnante Citadelle millénaire, fortifiée par Vauban, avec ses musées de l’Histoire de l’île et celui de la Marine, qu’on ira voir.

Au débarcadère, quand tout est rétabli entre deux tempêtes hivernales, très fréquentes cette année, vous attend la navette du Castel Thalasso & Spa. Son chauffeur, né ici, se souvient d’avoir joué le long des remparts dans les casemates de la Citadelle.
Fabuleuses cachettes pour les enfants s’y enfermant derrière de lourdes portes métalliques. Claude vous dépose devant la porte légère du Castel, 63 chambres et collaborateurs à l’année, dont 8 en cuisine et 15 en thalassothérapie.
Là, c’est l’anse de Gouphar de mon balcon, en finition fin d’après-midi paisible. La tempête reprendra le lendemain matin, à décorner les boeufs, ne serait-ce que quand on va d’un bâtiment à l’autre de l’hôtel, pour 15 mètres. C’est amusant de courir du bâtiment hôtel et restaurant Bleu Manière verte (la façon dont les autochtones voient la couleur de l’eau) à celui du spa et buffet du midi. Moi qui avait envisagé du vélo…
(Ci-dessous, mon article fraîchement paru dans Où ?)
Face à l’anse de Goulphar, à côté de Bangor, étrange consonance indienne, vue époustouflante sur l’océan quand il se déchaîne : en le contemplant depuis le bassin à remous surélevé circulaire, à côté de la piscine, un supplément d’âme est assuré tandis que les bulles vous mijotent à feu doux regard mer !
Le matin, ballade à droite jusqu’aux Aiguilles de Port-Coton, des rochers faisant mousser la mer à feu blanc tellurique, jadis peints par Claude Monet. Le tableau est à Orsay, une copie au musée de la Citadelle,
près de la malle-cabine de l’actrice Sarah Bernhardt, qui acheta ici un ancien fortin à la pointe des Poulains, y vînt jusqu’en 1924, entre deux tournées.
À partir du printemps, tout cela devient idyllique : il y a 100 kilomètres de pistes cyclables, un parcours de « golf de l’extrême avec un joli PAR 3 près de l’eau , la mer y joue les prolongations de votre corps se cambrant.
Et de vos yeux, au buffet du Bistrot du Café Clara offrant une vue majestueuse sur l’Anse de Gouphar où s’engouffre et jaillit l’écume de la mer. Comme l’émulsion au-dessus de votre filet de Saint-Pierre, mais en plus durable, songez-vous en le mangeant. Oui, la mer est hypnotique à Belle-Île… Qui plus est un verre de Pouillly fumé fouissant en main accompagnant en bouche un demi-homard au Petit Clara…
La double bâtisse à tourelle blanche, s’est dotée en février d’un bassin de nage à contre-courant, fourbement achevé 3 jours après mon passage, et fort beau, non ?
Il étoff son parcours thalasso de 900 m² (30 cabines de soins du corps, mais à visage humain, rien d’une usine, insiste-t-on). Oui, il s’agit d’une invitation à l’art de vivre. Notamment au restaurant gastronomique du soir, le Bleu manière verte, qui définit la couleur de la mer d’ici et les nuances de la cuisine de Christophe Hardouin, ici depuis vingt-trois ans.
Il s’est fait auditer par le Chef Pierre Gagnaire, connu quand ce dernier cherchait une maison ici, qu’il a acheté depuis. Via cet illustre parrainage, Hardouin vient juste d’être intronisé par l’Académie culinaire de France.
Effectivement, ici c’est bon, vous abusez de ce petit beurre maison aux algues de Quiberon. En plus du menu Santé et équilibre, de 800 à 1000 calories, en circuit court de produits
bellilois. Notamment l’étrange pouce-pied. Un crustacé rarissime, aussi bon qu’il est laid.
Ce n’est pas grave, vous ferez une cure minceur, ça marche bien l’été arrivant. Un must, comme la cure bien-être Rien que pour soi ou la Détox, d’autres valeurs sûres. Et on se renouvelle avec une cure Stress et sommeil, qui emmène vers de nouveaux gisements
énergétiques bien intrigants : en plus des techniques connues de relaxation, méditation, oxygénation (Qi gong, yoga, modelages, hydrothérapie), elle inclut une composante inédite en France : l’hypnose ericksonnienne.
Cette technique est cousine de la sophrologie, en plus narrative. « Comme une histoire vous entraînant, confie Annick, sa praticienne, c’est une mise en condition psychique, de l’hypnose douce, pas une manipulation. Un flottement guidé, entre rêverie et vigilance, qui, de par la libération émotionnelle qu’il permet, rend un problème surmontable. Il peut aussi s’agir de sevrage tabagique, de confiance en soi, de prise de parole en public… » Après un entretien, c’est assis ou allongé, yeux ouverts ou fermés, guidé par une voix (en)chantante,
qu’on acceptera plus ou moins de lâcher prise.
Pour certains, ce sera en dix minutes, d’autres au bout de trente, comme l’auteur de ces lignes : « Un cérébral, donc c’est plus long ». Qui en retira un bienfait… d’indéfinissable nature. Qu’il lui faudrait creuser longtemps.
Au moins, en repartant du Castel Clara, avait-il compris qu’il n’y a pas de but, que seul importe le chemin. En particulier après le modelage énergétique chinois Tuina, prodigué par Sabine en cabine. Elle a « débloqué des noeuds musculaires et émotionnels via les méridiens sur les rhomboïdes, des épaules jusqu’aux vertèbres lombaires, en passant par l’omoplate. » Un autre bien fou, ce déblocage qui appuie là ou ça fait mal…
Je retourne dans ma chambre
m’en remettre, avant de repartir par le ferry de 15h30, rétabli 15 minutes avant mon départ supposé, après avoir été annulé jusqu’à 14 heures. L’ami Vincent m’attend à Quiberon, me ramènera à Auray, via la maison de ses parents.
Tout fut bon. Comme ce petit coucher de soleil d’hiver sur Palais, que je ne vis point en personne…
Renseignements
castel-clara.com
Photos © Castel Clara/ C. Riedel/ D. Lynch – MEP pour l’homme au cerveau-éclair
Légendes :
Les Aiguilles de Port-Coton, peintes par Monet, ici songe printanier, après moult tempêtes hivernales !
La terrasse du Café Clara sur l’anse de Goulphar.
Chaque fenêtre est une carte postale.
Buffet de midi, fruits de mer : pouce-pied ou araignée ?
Piscine sur mer. Le Castel Clara Thalasso & Spa a un nouveau bassin à contre-courant. Comme l’esprit bellilois ?