« Si j’étais Dieu, je me méfierai des architectes : leur but secret ? Reconstruire le paradis perdu ». Ainsi parlait Jean Balladur. Sa cité balnéaire, utopie réalisée si ce n’est paradis retrouvé, inspira longtemps de l’embarras.
Aujourd’hui, elle respire et inspire.
Aperçu ci-dessus-dessous, avec ces deux images issues de l’iconographie officielle de la station (détails de façade à motifs géométriques de toute beauté, plage idéale, retouchée je suppose, rondeur de l’immeuble en dos de tortue fantasmé) Confirmation de l’essai avec la grande Pyramide imaginée par Jean Balladur en 1974. C’est la tautologie fondatrice d’une utopie réalisée, longtemps décriée, toujours dénigrée par nombre de régionaux de l’étape : La station balnéaire de la Grande Motte, réalisée par Jean Balladur….
La pyramide tripode en est l’étendard.
Il s’inspira pour cette pyramide de temples mexicains à degrés, étudiés lors d’un voyage d’étude (un peu initiatique aussi, sans en faire le scénario potentiel d’un prochain film de Jan Kounen) au Mexique. Or, il passa au retour par la Brasília d’Oscar Niemeyer érigée en 1960, s’en inspira aussi. Reprit d’ailleurs l’appellation brasiliense de « Place des 3 Pouvoirs » pour celle, certes plus modeste, qui allait voir le jour devant l’Hôtel de ville de la Grande Motte (place restaurée à l’occasion de son 40’ième anniversaire en octobre 2014). Il étudia aussi un bref temps à l’atelier du Corbusier, dont l’ombre plane un petit chouilla au dessus de Brasília. Et surtout de Chandigarh, sa cité capitale de la modernité en Inde…
Nous y reviendrons : ces cités furent hybridées lors d’une exposition photographique par nous cet été à la Grande Motte, puis début octobre 2014 pour les quarante ans du Plan pilote balladurien et de sa cité sortie de cécité… La grande hotte pyramidale seventies en diable, nonobstant ses allures de temple sacrificiel pré-colombien, ne sacrifie personne. Sauf un caniche en laisse de temps en temps : il le faut bien pour réguler la ressource ici…
Présentation et texte introductifs ici :
Regards sur 2 capitales et 1 cité remarquables, remarquées
« 3 villes du Patrimoine du XXième , 3 utopies concrètes »
Chandigarh, Brasilià, La Grande Motte
sur le site Concrete Hub :
http://concrete-hub.com/stephane-herbert-chandigarh-brasilia-capitales-modernite/
http://concrete-hub.com/stephane-herbert-grande-motte-12/
http://concrete-hub.com/stephane-herbert-grande-motte-22/
L’exposition est susceptible de voyager, de devenir un doc, en mettant l’accent sur ce que l’on voudra :
(controverses et averses suscitées par ces bâtis, mise en perspective historique, évolutions, témoignages etc.)
Exposition en quatre temps :
– Au printemps/été 2014.
– En octobre 2014, à l’occasion des 40 ans des débuts au Point Zéro de La Grande Motte,
cette autre utopie architecturale réalisée.
– Second semestre 2015, lieu(x) à suivre
– Open future…
Cette Grande Motte se découpe sur fond de Pic saint Loup au loin, d’ellipses ventrues, préfigurant les courbes du couchant (le côté yin féminin), avance un éperon raide de 60 degrés vers le levant (yang masculin), sert d’amer aux navigateurs.
Elle se croque dans son côté daté, à servir dans ses rouleaux de mer nimbés d’Azur… et à repeindre souvent pour cause d’embruns. I leave it loving its postcard’s side…
Je la quitte en aimant son côté carte postale ou BD de Moebius, autre créateur d’utopies réalisables. Il y a aussi les Cités obscures de Schuiten et Peeters. La grande Motte pourrait jouer les prolongations de ces univers.
Ici la voila rhabillée en 2011 par Hervé Di Rosa, voisin sétois d’en face (côté mer).
La grande hotte aspire et inspire… Des connections. Notamment l’une des rares collections de design inspirées par le mobilier urbain d’une ville. Les seuls précédents concernent les villes de Bràsilia et Chandigarh, tiens donc ! Cette collection a été crée par Oxyo et présentée à Paris le 15 janvier 2014 chez « Made in design« , espace étendard des studios et objets de design. Ce fut un fructueux showtime à la Tati pour de beaux objets : une lampe, une banquette en S d’après celles en béton le long de la mer, etc.
Playtime pour la Motte !
Bientôt ce sera une nouvelle pièce de mobilier urbain, cet été déjà. Un certain Rudy Ricciotti ne dit pas non. Il vient de confirmer. Ce sera prêt pour cet été,merci Rudi ! Il a paraît-il par ailleurs de bons souvenirs de jeunes vacances passées ici…
A vivre par « bobo » temps, la grande Motte fut une petite dune originelle à son « Point Zéro » en 1974. Elle fêtera ses 40 ans le premier octobre 2014… Elle aspire au renouveau, s’achète peu à peu une âme d’esthète débarrassée de ses complexes depuis son label « Patrimoine du XXe siècle » (obtenu en 2011) pour monter en gamme…
Obsession universelle ces temps ci que celle de monter en gamme! En serait-elle gaga ? Pas plus que le reste du monde. Grand bien lui en fasse…
Un jour – maybe – la Grande Motte demandera, un autre elle obtiendra son classement UNESCO. Vers 2027 ? Qui sait. Avant, elle aura créé son Centre d’interprétation, vers 2017 ? Au Point Zéro, ce bâtiment originel ainsi en réaffectation. Rien ne presse pour un projet de classement, laissons lui longue maturation comme à un vin de garde. Elle sera alors d’autant plus en droit de le faire, sans qu’on la prenne pour une grenouille se gonflant en boeuf… Elle respirera. Souhaitons-le lui car elle inspire aussi… la mer, l’air. A le sens du vide. Du vert, du plein. Pas du trop plein. Flamands roses aperçus en saison des amours, en repartant le long de l’ėtang d’Or, vers Montpellier le 1er mars. C’est juste bon d’être là…
Le bleu du ciel en adjuvant transcendant y aide bien sûr. D’autant plus après l’expérience d’une nuit et aimable papotage de petit déjeuner chez une accorte habitante au sommet. Elle demeure en pointe triangulaire de l’un des premiers immeubles pyramides du centre-ville, le Delta.
Vue sur la marina côté pile. Et canopée verte baignant les immeubles côté face. Juste à droite, l’ovale du Palais des Congrès, structure digne d’un décor des Shaddocks, sixties pur jus… Aperçu sur cette route vintage en plein second souffle. Qui ne sent plus le soufre et organise en juin son festival d’architectures vives…
S’expose en mai aux Designers’ Days parisiens (du 20 au 25 mai) à l’Espace Bastille Desgn center Richard-Lenoir, au 74 du boulevard éponyme. Connexions formelles, passé vers futur antérieur…
Enfin voici un lien vers mon précédent article après un premier mini-séjour ici, trois ans plus tôt. Ce qui permet de voir l’évolution. Entretemps, tout le parcours consultable en QR code a par exemple été mis en place par l’OT, comme prévu… So smart… phone.
Fort bien fait, d’après ceux que j’ai vu sur place, consultables aussi sur le site de l’office de tourisme, dont les nouveaux bureaux blanc néovintage, me font penser à une robe banc crème écume, géométrisante,à la façon du couturier André Courrèges dans ses grandes années…
La Grande Motte, enfant des sixties Courrèges et de Baby Doll, temple du soleil sans sacrifices autres que les barbecues lumineux dans la chaleur de l’été (Pour mémoire, chanson et mini-tube déjà lointain – 2008 – de la barbue-bobo Sébastien Tellier) Hmmmm, y aurait-il anguille sous roche ?
Rien à voir : Vers la fin du printemps, il y aura en tout cas aussi un lâcher pédagogique d’une trentaine de tortues convalescentes, transfuges du CESTMed (Le Centre d’Etudes et de Sauvegarde des Tortues Marines de Méditerranée)du Grau du Roy, la station voisine, dans les eaux lagunaires, au bonheur des visiteurs adultes et enfants à venir, espère t’on, si les tortues veulent bien se montrer en surface. Cela se fait le 14 mai 2014 :
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em>Dans le cadre de la création du Centre de Soins qui ouvrira très prochainement à La Grande Motte,
nous vous invitons à assister à la mise à l’eau des premières tortues marines
en présence des porteurs du projet à savoir les représentants de la Ville de La Grande Motte et du Centre d’Etude et Sauvegarde des Tortues marines en Méditerranée.
Rendez-vous mardi 13 mai à 11H00 Etang du Ponant ( suivre la canalette qui longe la résidence de tourisme « Le Bélambra)
Hélas, elles ne seront pas habillées en Alaïa ni en petite robe de Paco Raba,nne collection 66 ou 77… mais la rondeur de leur carapace me fait songer à celle des immeubles de la partie féminine de notre cité radieuse… par beau temps.
Interdit de leur grimper dessus, en revanche : ce n’est pas contractuel, cela ne se fait pas. Mais, alvéole pour alvéole, rien n’interdit par contre de dessiner des immeubles tortues. Autant de parallèles potentiels… d’analogies rêvées vers le ciel d’un réel vaguement chamanique dont un Balladur en imaginaire précolombien s’inspira pour en tisser un blanc grand boa urbain littoral
N’y serai/fus certes pas
au lâcher de tortues mais
cela me fait bien plaisir, ayant visité le CestMed
et son lot de tortues scarifiées
Leurs carapaces m’ sont lointaines résurgences
de ronds immeubles
Tels le $ Poséidon $
Et s’il se mouvait lentement
vers on ne sait où ?
Oui, ce serait Poséidon de tortue…
Voici deux liens d’intérêt en termes de convergence, filiations, arborescence
d’utopies urbaines réalisées, de l’aura qui en résulte, traces, perspectives …
Passé et présent :
Cette Expo au Frac Centre, Orléans :
http://www.frac-centre.fr/villes-visionnaires-605.html
Futur
Le projet Herzog & De Meuron de la Tour Triangle à Paris XV, qui connaît des péripéties, comme d’habitude (ce qui rappelle votre propre genèse polémique) :
http://www.lemonde.fr/politique/article/2014/10/28/paris-le-projet-de-la-tour-triangle-vacille_4513825_823448.html
Descriptif de l’expo, qui vous met des ailes et du baume au coeur : )
« Conçue en deux volets, l’un historique, l’autre prospectif, cette exposition rend hommage à l’historien et critique Michel Ragon qui, dans ses ouvrages Où vivrons-nous demain ? (1963) ou Prospective et Futurologie (1978), fit découvrir les enjeux de cette architecture expérimentale au coeur de la collection du Frac Centre.
Dans l’après-guerre, des architectes refusent le diktat de l’architecture fonctionnaliste pour s’engager dans une redéfinition radicale de la ville. De l’analyse précise des mutations sociologiques de leur époque, ils tirent des
« systèmes urbains » capables d’organiser de façon globale et d’anticiper les nouveaux modes de vie occidentaux.
Yona Friedman est l’un des premiers à théoriser les principes d’un urbanisme spatial à l’échelle planétaire. Ses études sur la mobilité, énoncées dès 1956, influent largement sur le développement du courant « futurologique » qui traverse les années 1960 et dont Michel Ragon se fait le porte-voix.
Au travers de revues et au sein du GIAP (Groupe international d’Architecture Prospective), il diffuse les nombreuses recherches de cet urbanisme « prospectif » : ces cités du futur déploient de gigantesques infrastructures hors-sol, qui favorisent une circulation libre et continue des hommes et des informations.
L’exposition s’attache à restituer cette quête de nouveaux territoires et de configurations urbaines capables d’accueillir les citadins à venir, à travers six sections thématiques et une centaine de maquettes, dessins et photomontages.
Entre pragmatisme et utopie, les projets présentés, pour la plupart issus des collections du Frac Centre, incarnent l’optimisme des « années pop », le mythe d’une culture en quête de loisirs et de consommation, fascinée par le rêve cybernétique et la conquête spatiale…. »