En ce début novembre, nous sommes à la fête, y compris dans le métro : plein de stations sont tapissées de ses photos (en lieu et place des habituelles pubs pour Gaby Olidays en tranches fines ou la 6G instant fun lyophilisé). Oublions le jour des morts, les murs et inversement. Faisons plus que murmurer :
sautons et dansons aux Tuileries, sous la pluie, au mépris des sarcasmes de la météo.
Car voici un autre accrochage que celui à voir au Jeu de Paume, à Paris (jusqu’au 4 janvier 2016 du début d’un millénaire bientôt fini, toutes proportions gardées).
Mister Halsman y sera aussi sautillant, divers et primesautier à Paris au Jeu de Paume qu’à Lausanne au Palais de l’Elysée, ici… Et de bien peu , ils se pâme, pour notre palmarès d’amour de ses oeuvres.
« Quand vous demandez à quelqu’un de sauter, celui-ci consacre son attention à l’acte, au saut lui-même. Du coup, le masque tombe et la vraie personnalité apparaît. » L’inventeur de cette philo sur pellicule lui donna un nom : Jumpology. Sautologie ?
Philippe Halsman, qui bondira pour toujours dans la mémoire, est au Musée de l’Elysée à Lausanne, qui s’est « plongé dans les archives familiales, réunissant 300 images et documents originaux, des débuts à Paris dans les années 30 au succès new-yorkais des années 70. »
De l’art qui détonne, comme l’influx vital chez ceux qu’il fait sauter, captés en impesanteur, du moins est-ce l’impression que cela donne.
Né en Lettonie, resté en France 10 ans, le jeune photographe de mode de Vogue fuit au début de la seconde guerre mondiale Paris et ses amis de la Galerie de la Pléiade, fameux lieu de l’avant-garde où d’autres hommes regards (Man Ray, André Kertész et Brassaï) présentent leurs œuvres. Aux Etats-Unis, il devient vite l’un des principaux collaborateurs du magazine Life, pour lequel il réalisera 101 portraits en couverture (Churchill, Hitchcock, JFK, Einstein…). En 1948, il rencontre Salvador Dali.
Tentant de saisir toute la folie créatrice du moustachu si tape à l’oeil, il lui propose de le suivre. Les deux hommes collaboreront pendant 30 ans et 47 séances, léguant un florilège d’idées photographiques du tonnerre ! J’avais découvert des clichés de l’album qui en résulta, Moustaches, peu connu, dans une galerie parisienne germanopratine de la rue de Seine, la galerie de l’agence de photographes Magnum, éditrice du livre, j’en ris encore quand j’y pense… Il est vraiment plein de trouvailles visuelles dont ce duo avait le secret.
Ici, mon article dans Où ?printemps 2014
Halsman conçoit et réalise pour lui un célèbre crâne, composé d’un tableau vivant de sept femmes nues, dont Dali a eu l’idée. De même pour l’incroyable photo ci-dessus : Trois chats, un seau d’eau et déjà une idée bondissant en l’air…
Celle-ci est ma préférée
En 1951, NBC lui commande une série de portraits de vedettes de la scène, parmi lesquels les Marx Brothers. L’idée propulsive ayant fait son chemin, Halsman fera sauter 170 célébrités jusqu’à sa disparition en 1979 Selon la légende, Madame Henri Ford fut la première. Suivront un livre, Philippe Halsman’s Jump Book et une exposition mettant en scène une centaine de personnalités bondissantes, de la duchesse de Windsor à Richard Nixon, en passant par Marylin Monroe.
D’abord effrayée de révéler sa personnalité lors d’une séance de pose, celle-ci se prête de nouveau au jeu 5 ans plus tard, quand Life lui propose de figurer en couverture pour illustrer un dossier Jumpology. Elle considère cette demande comme une performance. Pendant trois heures, l’actrice sautera donc 200 fois devant l’objectif pour un saut parfait. Etonnez-moi, aimait à dire le photographe à ses modèles.
C’est fait, parfait, pas surfait. Surréel comme on l’aima, serait-on tenté de susurrer… Il faudrait en reproduire une série pour chaque génération de vivants. Qui s’y met ?
Exposition « Philippe Halsman, Etonnez-moi ! » – Jusqu’au 11 mai, au Musée de l’Elysée, Lausanne
Série Jumpology sur le site de Halsman.
Un intéressant billet sur les juteux pompages/analogies que la publicité tire de cette imagerie sautante.
Photos et légendes, copyright Musée de l’Elysée, etc
Philippe Halsman, Dalí Atomicus, 1948, Musée de l’Elysée © 2013 Archives Philippe Halsman / Magnum Photos, Droits exclusifs pour les images de Salvador Dalí : Fundació Gala-Salvador Dalí, Figueres, 2014
Philippe Halsman, Plantées comme deux sentinelles, mes moustaches défendent l’entrée de ma personne, Dalí’s Mustache, 1954, Archives Philippe Halsman © 2013 Philippe Halsman Archive / Magnum Photos, Droits exclusifs pour les images de Salvador Dalí : Fundació Gala-Salvador Dalí, Figueres, 2014
Philippe Halsman, Jean Cocteau, l’artiste multidisciplinaire, 1949, Archives Philippe Halsman © 2013 Philippe Halsman Archive / Magnum Photos
Philippe Halsman, Marilyn Monroe, 1959. Musée de l’Elysée © 2013, Archives Philippe Halsman / Magnum
Philippe Halsman, Portrait d’Alfred Hitchcock pour la promotion du film Les Oiseaux, 1962, Musée de l’Elysée © 2013 Philippe Halsman Archive / Magnum Photos
Hi guys, feel free to share that handsome work!
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