Je reviens de 3 jours à Lisbonne
33ième fois pour moi, voire 43
Toute première pour Lou, 11 ans alors :
Trop bien, trop court.
Bonne mise en yeux pour elle j’espère
Moi son mézant père,
car j’interdis le second jour dans notre chambre d’hôtel
la télévision longue durée
bouche ouverte
si enfantine
Premier jour donc, levés tôt, débarqués par Aiglazur
Une fois enchambrés avec vue sur le pont du 25 avril
Dans ma pension secrète dominant le
Mirador Sao Pedro de Alcantara
situé dans le Bairro Alto
(Où nous dînons le prmier soir en terrasse avec Lou s’endormant, fatiguée par le réveil aux aurores de ce matin-là)
Il fait partie du jardin de San Pedro de Alcantara.
L’une des meilleures vues de Lisbonne
sur le château Saint-Georges, la cathédrale, la vieille ville,
l’église San Roque non loin.
Il domine la place des Restauradores
Comme ça grimpe sec,
Les paresseux montent en route pour la gloire :
Ce qui veut dire avec le funiculaire Da Gloria
Une fois le Rendez-vous téléphonique pris avec les cousins.
Bien
Relaxés
On va se promener
Lou vote pour la plage
Nous allons à la plage
Je l’emmené à la gare de Cais do Sodre
Qui a tant changé
Depuis que j’avais 11 ans
Les trains sont fermés
Plus de mômes qui montent gratuit
Entre deux wagons
En risquant leur vie
Sur la ligne de Cascais
Elle choisit la plage de Sao Pedro de Estoril
qu’elle voit passer à gauche du train
Nous marchons jusque là
une fois débarqués à Cascais
qu’elle aime moins
Je me souviens de la soirée passée en 1992
Dans une jolie maison d’apparat jaune
Que je lui montre
Située juste à gauche de la Praia da Rainha, la plage préférée de ma mère
Il y a là la maison de fonction
De cet enfoiré d’ambassadeur du Japon
Dedans, on donnait un soir de juin 1992
Une réception pour un groupe d’artistes et moi
On y vit passer du Portugal le déchu roi
Discret et élégant amateur d’art
Finement moustachu
Féru de Beaux-arts
Comme il se doit
Pour un exil de roi
Après, l’on dormit
Dans des lits bateaux
Tout en bois
Comme en cabines :
L’une des 123 meilleurs nuits de mon existence et de son excitance
Lou à ma grande joie a connue mon – et son – arrière arrière cousine Christine,
Médecin anesthésiste aux urgences de l’hôpital Sao Joao
et son mari Joao Lisboa, professeur et critique de musique
qui travaille le second degré à l’oral
et nourrit un drôle de blog bien nourri, Lishbuna
qui vaut le détour
Ce blog s’appelle « Provas de contacto »
il y a relayé aussitôt
les kitschissimes peintures du père Pal Sarkosy
que je lui ai fait découvrir
pour sa plus grande délectation
ils habitent tous deux depuis des lustres
(Pas Pal, mes cousins)
Un 4 pièces fermé à double chats
enfermés
où l’on fume force cigarettes
comme dans l’ancien temps
sans crainte de vie à trépas
il y a même un cendrier rempli
au bord de la vasque de la salle de bains
Chose qui devient rare
Bref, c’est à Benfica,
Dans un ILM le long d’une artère bagnolarde
Non loin du stade et son équipe de footeux
du Benfica clube de Lisboa
Je les adore mes cousins, les footeux je m’en fous
Le Roi du Portugal n’est plus qu’une toile
Tout ça fait bien dans le paysage
Inter rieur
De ma part reconstruit
Au fil des (é)mois
Sur leurs conseils, nous sommes allé le lendemain
Juste à côté de notre hôtel
A l’arrière duquel
On a une belle vue sur le Pont du 25 avril
(Réplique de celui de San Francisco)
L’hôtel est juste en dessous de la joliment nommée
Place du Principe réel
Doté d’un arbre à racines lianes
Au jardin Botanique rua da escola Politecnica
et sa serre à papillons monarque ;
Tôt le matin, une employée botaniste nous a tout expliqué
Notamment comment repérer sur feuille
les larves et leur variété
Lou, l’ayant aidé
à ensuite prélevé subtilisé 2 larves,
transbordées dans une boîte d’allumettes jusqu’à Paris,
relâchées au jardin d’Acclimatation 48 heures plus tard…
l’honneur de la vie était sauf
je n’aurais pas voulu qu’elles étouffent
j’imagine les 2 larves devenues papillons
ou sitôt mangées par un moineau
sans la protection de leur volière
Lou et moi sommes aussi
allé prendre le bateau
Apanhar o barco
Para Cacilhas
Le ferry d’une rive à l’autre
On le prend Cais do Sodré
10 minutes
hors flux
des transhumances du quotidien
car on est dimanche
et vous voila à Cacilhas
sur l’autre rive
pas grand-chose là-bas
Quelques cafés où offrir à Lou un guarana « Antarctica »
Soda au goût chewingumesque
et à moi uma bica
un petit noir tassé de marque Cafés Nicola
vite fait on monte pour redescendre la rue principale
et ses commerces figés pour partie dans les limbes
d’une esthétique somewhere between 65 & 78
des relents de vieux lisbonne banlieusard populaire
se mêlant aux sardines fumantes du dimanche midi
et aus souvenirs des traversées de ce ferry
avec mes grands-parents
vers 75
peu après qu’ils aient acheté
sur le conseil de ma mère
un deux pièces au bord de Lisbonne
à Picheleira, quartier populaire périphérique, l’équivalent des Lilas ou de Saint Ouen, les puces en moins, mais encore plein de vieilles dames en noir d’antan seules, ayant enterré depuis belle lurette leurs bonhommes.
Avec encore de petites vieilles (velinhas) en noir
Comme ma grand-tante Cristina
(qui tenait une papeterie rua da Alcantara près de la mer);
Du populo sur le pavé
des regards à la dérobée
des curiosités pour le demi-étranger
cette affabilité à causer
qui fait de chaque portugais
un causador potentiel
comme moi, d’ailleurs
Le tout a coté du stade d’une petite équipe de footeux
O Campo do Vitória Clube
(cf les photos aériennes, très reconstituantes)
dont 35 ans après ma mère ne me passe même pas les clefs
car elle l’a sanctuarisé :
tout est resté tel quel depuis 1974
pas un achat, pas un changement ni une peinture
les couches et calques du photoshop mémoriel
y sont tels quels
que dans la tête de ma mère
D’ailleurs le chauffe-eau est mort
sans avoir été remplacé
Je ne demande pas mieux que de le faire faire !
Eau chaude, gaz et électricité coupée, pigeons nidifiant sur le lavoir du balcon
Ma mère ne paie même plus les impôts locaux
elle a décidé que c’était trop cher
je ne peux le faire à sa place
du coup, un procès se prépare certainement un jour
(PS : oui, 3 ans plus tard, la copropriété l’a l’intenté).
Ces clefs
Qui sont aussi celle de ma mémoire
je ne les aurais certainement hélas
que post matermortem
C’est triste
Mais comme dit ma cousine
C’est comme ça
3 ans et demi, plus tard,
J’ai fini par les avoir
il y a 6 mois
et ai pu constater l’étendue des dégâts
et le courrier d’huisser sur la porte
bien affiché sur ma rétine
quand j’y suis passé.
Pour finir ces 3 jours à Lisbonne
Il fallait faire découvrir à Lou
Un tramway
On ne prit pas le 28
Au trajet fort beau mais
Toujours bondé* de touristes
Car mythique depuis Fernando Pessoa
On prit le tramway 12
(tram carrera 12) *
Qui fait un très joli tour de la Praca Das Figueras
Jusqu’à la Cathédrâle ( A Sé)
Et au château Sao Jorge
Avec le mirador Santa Lusia
Qui donne sur la mer
Achevant de faire de moi un Portugais
Coté mère
* aussi bondé que le Bonde, ligne de Tramway qui dessert le quartier de Santa Teresa à Rio de Janeiro. Là, les mêmes mômes continuent à grimper à la sauvette comme du temps de mes 11 ans, j’en avais croisé un avec un vrai pistolet gun dans un sac en plastique de supermarché, à peine fermé, le tenant sur ses genoux à côté de moi, sueurs froides, de ma part, discrétion assurée !
Voir ici les larves sur le site de la serre (estufa) du jardin botanique :
http://static.publico.clix.pt/borboletasnaweb/
chercher celle datée du 12 avril, elles y mangent les feuilles, en léger accéléré me semble t’il.
Le site du jardin botanique :
En bonus, mon texte sur la Biennale de Design publié dans TGV Magazine en
TGV Mag octobre 2009
Evénement/Europe/ Lisbonne
Design & architecture
Une biennale très tentante : « EXD’09 »
Comme tous les deux ans, Experimenta design, biennale dédiée cette année à la dimension du temps dans le design, l’architecture et la créativité, se déroula jusqu’au 8 novembre. 4 expositions, 60 projets indépendants à picorer sans tarder aux 4 coins de la belle Lisbonne.
Le programme souligne « Comment pensons-nous au temps ces jours-ci ? En un sens, tout dans nos vies s’y rapporte. Comment le design s’est t ‘il approprié l’idée et les flux de temps dans un présent qui accélère sans cesse et communique en temps réel ? » Bref, le temps est élastique mais pas trop, et aussi tentant que cette dixième édition. Courez-y à travers débats, conférences et interventions dans la ville, en présence d’architectes, graphistes et designers. Une expérimentation protéiforme quasi-gratuite à découvrir avec 258 participants de 23 pays, 4 expositions, des visites guidées pour les non-spécialistes. En parallèle, un circuit de 60 projets indépendants (Les tangences) dans divers lieux emblématiques du Lisbonne contemporain (du Musée du Chiado à la fondation Gulbenkian, en passant par le Lounging space ou le Palais Braancamp, dominant la ville). Visite en 4 temps.
1 Le musée Berardo à Belèm (inauguré en 2006) accueille « Quick Quick Slow, texte, image et temps ». Le commissaire d’exposition Emily King, historienne britannique du design, propose une large rétrospective de la production graphique du 20e siècle. En cartographiant les influences et les impacts réciproques du graphisme imprimé et animé. Du russe Rodchenko jusqu’à la franco-iranienne Marjane Satrapi. Une mine d’or iconographique, depuis les exercices abstraits des premiers modernistes et des cinéastes pionniers des années 1920 jusqu’aux actuels travaux collaboratifs sur le Web (Networking) et séquences animées pour le cinéma et la publicité. L’occasion d’étudier d’un oeil détaché l’apparition du mouvement et la considération du temps dans la discipline. Et, juste à côté, la collection de 863 œuvres d’art (dont on a pu voir une sélection à Paris au musée du Luxembourg, l’automne dernier) de Berardo, équivalent portugais du magnat collectionneur Pinault.
2 Le nouveau Musée Orient, ouvert en 2008 est au cœur des réalités avec l’expo « Timeless, less is better » : Intemporel, moins, c’est mieux ». Son propos : Puisque les crises nous obligent à vivre avec moins, autant transformer cette contrainte en cercle vertueux. Et en profiter pour renouveler les cycles de production en développant produits et stratégies moins -et mieux -disants. Exemple avec l’habitat : la construction de maison neuve low cost d’une agence Sud Africaine. L’occasion aussi de découvrir les miniatures asiatiques de ce Musée Oriente, réhabilitation d’un site de salage de poissons sur les quais de l’ancien quartier portuaire d’Alcantara, au bord du Tage (près du pont rouge du 25 Avril, réplique du Golden Gate de San Franscisco).
3 Le musée des Beaux-Arts zoome sur 18 designers émergents dont les travaux contestent (autant que possible) les logiques traditionnelles de productions industrielles. L’exposition « entre élasticité et responsabilité socioculturelle » part du postulat suivant. Au fil du temps, les projets se transforment en objectifs réels, le plus souvent dans le cadre d’une production de masse qui ne conçoit que « des variations répétitives de formules existantes ». Des contraintes commerciales et temporelles ici perçues comme moins-values : du coup, le projet s’appauvrit, sans pour autant aller dans le sens du « less is better »…
4 Tangentes et projets spéciaux
60 projets, majoritairement portugais, couvrant les champs de l’architecture, de l’urbanisme, du design interactif, des arts visuels, de la mode et de la bijouterie, rendent compte de l’expérimentation de la jeune génération de créateurs. Un projet spécial : « Luanda, anatomie de la vitesse » présente le regard de 3 artistes sur le développement express de la capitale de l’Angola (ex-colonie portugaise).
Un concours concernant la construction d’un pont cyclable et piéton achèvera de rendre compte de l’air du temps mondial : frénétique, mais la jouant durable. D’ailleurs, cerise sur le gâteau de l’itinérance, on peut circuler à vélo (prêté aux visiteurs dans le cadre de la biennale). Histoire d’être durablement correct. Et presque aussi fluide que le temps.
Christophe Riedel
ExperimentaDesign Lisboa 2009 (jusqu’au 08/11)
Site (anglais) : www.experimentadesign.pt
Tél. : 00 351 210 993 045
Fin
Nb : icono envoyée à Nadia et Pascal D. pour télécharger + d’icono :
http://www.experimentadesign.pt/press/eng/press/img/experimentadesign.htm