Je lui disais que je n’achetais plus Charlie-Hebdo depuis mon adolescence. Je me souviens d’une discussion avec François Cavana à un Salon du Livre vers 2008. Il me demandait pourquoi, je répondis, je ne sais pas, mais un peu comme si c’était une affaire classée pour moi, ce temps-là, ce regard qui m’avait tant fait rire. Il va sans dire qu’il le déplorait, un peu résigné. Mais en fait, non, il était trop plein de vitalité, ce soir-là comme les autres, avec Willem le flegmatique à ses côtés.Evidemment, on comprend mieux la crise de la presse aussi… S’abonner, j’ai toujours trouvé cela répétitif. Par définition, oui, mais vraiment pas à mon goût.
Je me souviens de son compère le Professeur Choron, qui m’avait prospecté en personne à une terrasse de café de la butte aux Cailles vers 1995 pour me vendre un exemplaire de son magazine « La Mouise » crée sur le tard, bien après Hara Kiri. Evidemment je l’avais acheté, mais avait décliné l’offre d’abonnement. il m’avait regardé comme un peu résigné, lui aussi, m’avait-il semblé.
Quel bonheur de tomber sur lui au débotté d’une terrasse d’été
d’la Butte aux petites rues pavées bourrées aux as de cailles à lunettes solaires
Irréel de le voir en chair et en os, plutôt qu’en trombinoscope dans l’une des Fiches du professeur Choron qui avait fait les délices de cette même adolescence à copains de lycée.
Je me souviens que ma maman était titulaire d’une authentique « Carte de conne » faisant partie d’un lot à découper dans un Hara Kiri vers 1976, un peu comme les gadgets de Pif, mais en moins con, enfin plus Choron. Il y avait aussi celle de flic, de salaud et j’en oublie. Elle l’a longtemps conservée bien en évidence entre les photos de famille sur une commode, ce qui gageait bien son humour salvateur, enfin tant soit peu. Ca mettait aussi un peu d’huile dans les rouages d’un adolescent avec sa mère pour le même prix…
D’ailleurs, un autre de la bande Charlie/Hara’, Jacques Chessex, passait parfois à la maison, elle connaissait aussi 2 acteurs du Magic Circus de Jérôme Savary, dont l’un, François Bory avait loué sa bobine en gros plan, et en mode chiffonné, à une publicité pour Alka-Selzer J’avais bien ri de la voir dans la rue en panneaux 4 par 3 ou sur les arrêts de bus, je ne sais plus trop. Hara Kiri pour une époque, celle des seventies contestataires se gaussant de tout… Tchao Cavana, mais Charlie, sans moi, est toujours là…
Les cartes de cons tricolores ont été rééditées il y a environ trois ans : un libraire de trente ans, installé au Sang d’encre il y a 6 mois, avec lequel je discutais hier, possède la sienne, me confia t’il tandis qu’on regardait Feu François en Une du Monde, qu’un lecteur venait d’acheter. Rien ne se perd…
En bonus :
Toujours – & à jamais –
sans coup férir
de l’éternité
chercher la DLC
(Date limite de consomption ) Ca s’arrête quand ? Etait-il besoin
de le préciser ?