010114, vagues, origine, Courbet

Toujours ce petit fétichisme pour les dates tombant à pic et les variations triangulaires, mes prochaines seront Le 4/1/14, le 1/4/14.

Le 6/7/14 fera ensuite bon poids avec le lendemain, 7/7/14. 2013-12-31 17.29.26

je croyais avoir pris en photo la vague normande 20 fois peinte par Gustave Courbet sur le tas, à Etretat, mais elle a disparu de mon écran, de ma rétine, point. Sa mer vient du fond des âges<b>Jean-Désiré-Gustave Courbet</b> : La Vaguenota Cézanne, ma rétine aussi. bd_courbet_vague

Je me contenterai de Courseulles-sur-Mer, qui n’a pas disparue de ma conscience radar.

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La mer orageuse, dit aussi La vague

Au cours de l’été 1869, Courbet s’installe à Etretat, petite ville normande où Delacroix, Boudin ou Jongkind sont déjà venus se confronter à la mer. Les falaises de craie, la lumière subtile, la violence des tempêtes comme le calme des flots de cette région aux cieux changeants lui fournissent de nouveaux sujets.
Ici, l’artiste donne une vision intense de la mer orageuse, tourmentée et inquiétante, traduisant la puissance sauvage des forces naturelles. « Sa marée vient du fond des âges » dira Paul Cézanne. Travaillant au couteau une matière épaisse, Courbet parvient en effet à donner une impression d’éternité. Il construit son tableau en trois bandes horizontales : le rivage sur lequel reposent deux barques, les flots traités dans une gamme vert sombre relevée du blanc de l’écume et le ciel chargé de nuages.
Dans le Gil Blas du 28 septembre 1886, Guy de Maupassant relate ainsi la visite qu’il fit à Courbet lors de son séjour à Etretat : « Dans une grande pièce nue, un gros hommes graisseux et sale collait avec un couteau de cuisine, des plaques de couleur blanche sur une grande toile nue. De temps en temps il allait appuyer son visage à la vitre et regardait la tempête. La mer venait si près qu’elle semblait battre la maison enveloppée d’écume et de bruit. L’eau salée frappait les carreaux comme une grêle et ruisselait sur les murs. Sur la cheminée, une bouteille de cidre à côté d’un verre à moitié plein. De temps en temps, Courbet allait en boire quelques gorgées, puis revenait à son oeuvre.

C‘est pas romançé comme il faut, ça, avé un coup de cidre pour faire avancer la barque ? Or cette oeuvre devint La vague et fit quelque bruit par le monde, mais moins que son origine (Src : Musée Orsay et moi en retoucheur)

Bis en abyme :

C’est au Havre que Gustave Courbet (1819-1877) découvre la mer, lors d’un voyage qu’il effectue sur la côte normande en 1841, avec son ami d’enfance Urbain Cuenot. Il revient sur les bords de la Manche en 1852 et, de 1865 à 1869, séjourne régulièrement au Havre, à Honfleur, Trouville, Deauville et Étretat. C’est là qu’il peint ce qu’il appelle des « paysages de mer », c’est-à-dire des « mers orageuses », des « trombes » ou des « vagues ». Se démarquant radicalement du genre traditionnel de la « marine », qui cède encore souvent au pittoresque (scènes de naufrage, de pêche…) quand il ne s’agit pas d’épisodes d’histoire navale, Courbettrouve son inspiration dans une approche directe de la mer. Fasciné par le spectacle de l’océan et par le mouvement rapide, insaisissable et continuellement renouvelé de la houle, il cherche à en saisir la puissance. Peignant inlassablement les mêmes motifs, il invente avant Monet et les impressionnistes le concept de « série ».

Au cours de l’été 1869, Courbet s’installe à Étretat, petite ville de pêcheurs nichée au fond d’une valleuse qu’enserrent d’impressionnantes falaises de craie. C’est là qu’après avoir peint « neuf paysages de mer desquels [il est] content », il décide de « commencer […] un paysage de mer de 1 m 60 pour l’exposition [n’ayant] jamais exposé ce genre ». L’artiste ambitionne en effet de présenter au Salon de Paris de l’année suivante une toile de la série, mais dans des dimensions bien supérieures à celles de ses tableaux précédents. Il en présente finalement deux : La falaise à Étretat après l’orage et La mer orageuse (toutes deux au musée d’Orsay). Tels des pendants évoquant les variations atmosphériques – avec d’un côté le déchaînement et de l’autre l’apaisement de la nature –, les deux toiles offrent deux points de vue différents sur le site. Si la falaise blanche et la grève occupent une part importante de la composition de La falaise à Étretat, mettant ainsi en valeur l’aspect minéral du lieu, c’est la mer houleuse sous un ciel chaotique qui est le sujet principal de La mer orageuse. La critique, unanime, loue les deux œuvres.

Courbet peint trois autres versions de La mer orageuse. Les deux premières reprennent, dans des dimensions plus modestes, la composition du tableau aujourd’hui conservé au musée d’Orsay. La dernière, acquise par le MuMa, se distingue par un cadrage plus resserré au niveau du ciel, lequel se trouve réduit de moitié. Ce parti pris a pour effet de concentrer l’attention sur la mer déchaînée et sur cette vague fantastique, comme figée dans son mouvement. L’artiste offre une vision particulièrement intense d’une mer tourmentée et inquiétante. Travaillant au couteau une matière épaisse, Courbet parvient à traduire la puissance sauvage des forces naturelles. « Sa marée vient du fond des âges », dira plus tard Cézanne. Etretat : intérieur du Trou de l »homme :240px-Etretat_trou_à_l'homme<b>Jean-Désiré-Gustave Courbet</b> : La VagueLa vague vient du fond des âgeschez Gustave, il en fut de même pour son tableau L’origine du monde, autre vague vaginale comme surgie du fond des vagissements… 492377-france-art-exhibition-courbet

Sur une grande route, il n’est pas rare de voir une vague,

une vague toute seule, une vague a part de l’Océan.

Henri Michaux, Ailleurs

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Bis repetitat, d’une vague à l’autre, glissements du sens et retrouvailles : 492443-origine

L’histoire remonte à 2010, lorsqu’un amateur d’art acquiert le tableau d’une «belle lascive» dans la boutique d’un antiquaire parisien, pour 1 400 euros. De retour chez lui, il remarque que les bords de la toile (41 centimètres sur 33) ont été découpés, comme si l’œuvre était extraite d’une plus grande. Le découvreur remarque aussi qu’elle n’est pas signée. Par contre, au verso, un cachet, peut-être celui d’un nom de marchand de couleurs de l’époque. Persuadé de détenir une perle rare, le collectionneur, à partir de 2012, passe des heures dans les bibliothèques pour découvrir l’identité de cette femme. Puis une nuit… «Fébrile, il pioche l’Origine sur Internet, l’imprime grandeur nature (46 cm x 55 cm), la superpose à son tableau avec un léger décalage… Et c’est la révélation», explique Paris Match.

En juin, la chance lui sourit à nouveau : il découvre une reproduction du tableau de Gustave Courbet, la Femme au perroquet (conservé au Metropolitan Museum of Art de New York), dont le portrait correspond au sien. La femme s’appelle Joanna Hiffernan, une irlandaise, modèle et maîtresse du peintre français, elle serait également le modèle de l’Origine du monde. Après quatre mois d’investigation, il rencontre Jean-Jacques Fernier, expert à l’Institut Gustave-Courbet, «le seul à attribuer officiellement des œuvres du maître et à certifier ou non les hypothèses», souligne Paris Match.

L’expert confirme que le tableau scandaleux est une œuvre incomplète, issue d’une plus grande. Le collectionneur confie sa belle aux experts du Centre d’analyses et de recherche en art et archéologie (Caraa), qui, après avoir passé tous les examens, confirme que tout correspond point par point, jusqu’à l’écartement des poils du pinceau (1). Toutes ces preuves lèvent les réserves de Jean-Jacques Fernier qui l’inscrit au tome III du «catalogue raisonné de Gustave Courbet». Fernier imagine, dessins à l’appui, que les dimensions de l’œuvre d’origine pourraient être de 120 x 100 centimètres.

Au musée Courbet à Ornnas, on est plus circonspect. Contactée par Libération, la conservatrice en chef et directrice du musée, Frédérique Thomas-Maurin, déclare«qu’elle n’est pas convaincue», d’autre part, «il n’y a aucune preuve du côté des musées de France». La toile reproduite dans Paris Match, «est très éloignée des autres portraits de cette femme, Jo, même si je ne l’ai pas vue».

Selon elle, «ce n’était pas l’objet de la commande du diplomate turc de l’époque, Khalil-Bey»… Src : Libération citant Match le 07/02/13.

Peut-être que l’exposition que le musée Gustave Courbet consacrera à l’Origine du monde, en 2014, permettra d’en savoir plus.

(1) Le laboratoire tient à préciser que seule l’analyse des pigments lui avait été confiée. De plus le CARAA n’a fait aucun rapprochement entre ces deux toiles lors du rapport analytique fourni au propriétaire. Les conclusions du rapports stipulaient : «Tous les pigments analysés dans cette œuvre sont parfaitement contemporains de la deuxième moitié du XIXème siècle».

J’adore aussi son autoportrait à 25 ans, Le désespéré :ornans

« Il voyait le monde moderne, avec toutes ses institutions et ses idées, dans un océan de boue. C’était, à ses yeux, une Atlantide submergée dans un dépotoir. Impossible d’arriver à une autre conception. » Léon Bloy – Le Désespéré (1887)

Et moi, qui ne le suis point, quoiqu’au double de l’âge du Gustave d’alors :

2013-12-31 17.18.55

Serai-je je aussi, à l’instar de l’aventure moderne,

une Atlantide submergée dans un dépotoir ?

Un promeneur existentiel perché sur quelque lyrique piédestal ?

LePromeneur

Le promeneur au-dessus des brumes – Caspar David Friedrich (1818)

Le Promeneur (La chapelle ou le bazar)

Un jour que je me promenais,
Dérivant sur les boulevards,
Au sortir d’un estaminet,
Fendant la foule des bavards.

La panse pleine et le cœur vide,
J’allais mon chemin par hasard.
Et, j’aboutis, d’un pas avide,
Entre une chapelle et un bazar.

J’avisai chacune des portes :
Soit les emplettes, soit la prière.
J’ai poussé, en quelques sortes,
Celle où je vis d’la lumière.

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