Bienvenue à 120 mètres sous terre à l’Aven d’Orgnac, découvert en 1935, étendu en 1965. On a descendu 40 étages en 10 minutes sans y penser, happé par une symphonie muette de concrétions parlantes. Et on ne pénètre que deux des 40 hectares de cet immense réseau utérin. Je crois que cette caverne est la plus majestueuse exposition de sculptures ex nihilo qu’il m’a été donné de traverser… Il y eut aussi, parmi mes plus sublimes méandres mémoriels, façon Proust Marcel, le gouffre de Padirac :
L’on y descend par nacelle, avant de canoter dans l’obscur sur un lac… Vision tout droit surgie d’un film de Bunuel ou Raoul Ruiz.
Difficile d’échapper aux sempiternels commentaires phalliques de mâles présents en descendant dans l’Aven d’Orgnac chevauchant en lumières séquencées, dirigées par les guides au fil des visites, depuis la réhabilitation en Grand site en 2003. Tout au long, des visions suscitent d’arrache-pied à certains hallucinations vaguement orgiaques.
Ce n’est pas grave car, de cristallisation en forme suggestive,
on voit bien que l’âge de la retraite a ici été reculé à 75 000 ans. Voire 120 millions d’années : le temps de leur gestation géologique.
Du coup, tout cela gagnerait à être traité au Calgon, on en a pas sous la main du temps, tant pis pour l’anti calcaire ! Cela me rappelle avec bonheur un idéal de tours sans fin d’un Brancusi naturel se reproduisant lui aussi sans fin. Au doux rythme d’un centimètre cube de stalactite par siècle.
Trois couches, 3 strates en Ardèche disais-je.
Nous sommes a 20 km de la grotte Chauvet dont le clone/reproduction visitable ( sur le modèle de « Lascaux 2 », mais en plus innovant) ouvrira en 2015.
Remontons à la surface, en ascenseur, ce qui est forcément immoral, on devrait le faire à genoux, jusqu’à la seconde strate en surface, à terre.
En AOP Coteaux d’Ardèche
On a dégusté une cinquantaine de vins de 2009 à 2012 en 24 heures, de trois appellations au bon rapport qualité prix. Outre la sus-nommée, on tâta des Côtes du Vivarais (ancien nom de l’Ardèche jusqu’en 1790) sorties de leur cuisses en 1999, année d’obtention de l’Aop . Elles peinent forcément à se faire un nom, cela viendra peut-être, car ce nom de Vivarais , vif & bon vivant, résonne bien, non ?
Il y eut aussi ces bons vieux Côtes du Rhône.
Les vendanges commencent, avec 3 semaines de retard cette année, comme partout.
Peu importe dans l’absolu, sauf qu’on se plaint ici et la de pertes de 30 % sur quelques cépages.
La suite en strate trois vers les cieux refermés d’un lieu rare racheté en 2000 par un médecin retraité, a une congrégation de religieuses allogènes de Bourg Saint-Andėol :
le Palais des évêques (ouvert lors des JP et sur RV sur son site).
On y dégusta moult Côtes du Rhône, dont certains estoient de qualité, après transfert diligent de Montélimar.
Il faut visiter ce lieu dont les cuisines seraient aussi l’une des trois plus belles a cheminées du XViėme siècle. Le propriétaire montre comment il a du les dégager d’une horrible couche de ciment blanc..
J’oubliais de citer les gorges de La Baume ci-dessous où je dormis en coulis a l’hôtel de la Garenne du village désert, tout de vielle pierre brossée de près, de Labaume. Et encore en dessous les superbes et récents jardins pédagogiques Olivier de Serres, du nom du botaniste émérite contemporain de Montaigne : on ne sait s’ils se rencontrèrent, en tout cas leurs petits chèvres Picodon Maison à son effigie sont excellents :
et m’en fus pérégriner au petit matin clair, à lumière d’été retrouvée.
Les gorges en strate en sous-couche de conscience intermédiaire : celle du réveil, celles qui me saisiraient par relents immortels dans les vignes sans pâmoison.
Vins d’Ardèche en chiffres
10 500 hectares autour des Gorges de l’Ardèche, des Cévennes à la Vallée du Rhône.
IGP Ardèche – IGP Ardèche mention coteaux de l’Ardèche | 7500 hectares |
AOP Côtes du Rhône | 1400 hectares |
AOP Côtes du Vivarais | 500 hectares |
Sans IG – Ex Vin de Table | 1100 hectares |
- 1700 viticulteurs organisés en 16 caves coopératives – dont 13 regroupées au sein d’UVICA – Vignerons Ardéchois
- et son tout nouveau tout beau navire muséal NeoVinum inauguré en juin 2013
- 70 caves particulières.
- Récolte totale (IGP Ardèche – Vin de Pays des Coteaux de l’Ardèche, AOC et Sans IG) 550 000 hectolitres dans les bonnes années, soit 21 % de la production de la région Rhône-Alpes.
- 15 millions de bouteilles commercialisées, dont 20 % à l’export.
- 30 pays consomment des vins de l’Ardèche du sud.
- Premier producteur de Vins de Pays de la Région Rhône-Alpes, 4ème vignoble national producteur de vins de cépage en IGP.